FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911353
Hanna Laruelle
{"title":"Incroyable mais vrai réal par Quentin Dupieux (review)","authors":"Hanna Laruelle","doi":"10.1353/tfr.2023.a911353","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911353","url":null,"abstract":"Reviewed by: Incroyable mais vrai réal par Quentin Dupieux Hanna Laruelle Dupieux, Quentin, réal. Incroyable mais vrai. Int. Alain Chabat, Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Benoît Magimel. Atelier de Production, 2022. Deux ans après les dompteurs de mouche géante du délirant Mandibules (2020), et plus d’une décennie après le pneu sanguinaire aux pouvoirs psychokinétiques de Rubber (2010), le maître de l’embrouillamini et du non-sens à la française revient sur les écrans avec un dixième long-métrage à l’intrigue tout aussi loufoque. Alain (Alain Chabat) et Marie (Léa Drucker), couple de quinquagénaires lambda, sans enfants ni histoires, cherchent à acquérir leur premier bien immobilier. Lors de la visite d’un pavillon de banlieue, l’agent les invite à le suivre au sous-sol de la propriété où il leur propose, avec grand enthousiasme et surtout beaucoup de mystère, d’emprunter un extraordinaire conduit qui constitue, selon lui, “le clou de la visite”: il s’agirait là d’une expérience qui “peut radicalement changer [leur] vie”! À cette intrigue énigmatique, savamment ficelée par un jeu d’ellipses en tout genre (et dont nous tairons évidemment le secret sous peine de “foutre en l’air l’effet de surprise”), se greffent d’autres éléments détonants et incongruités qui ne manquent guère d’ajouter à l’hilarante étrangeté d’un film aux frontières du surnaturel et de la science-fiction. On comptera notamment parmi les nombreuses pépites comiques et temps forts du film, un savoureux dîner mettant en scène les deux protagonistes et leurs convives, Gérard (Benoît Magimel), le patron et voisin d’Alain, et Jeanne (Anaïs Demoustier), sa jeune compagne, dont les révélations intimes et saugrenues ne manqueront guère de dérouter le spectateur. Cet épisode, qui amorce l’effet de miroir entre les deux couples, marque aussi le moment où l’intrigue secondaire se dévoile afin de permettre au réalisateur d’introduire des thèmes et préoccupations de fond tels que le mystère du temps, la peur de vieillir et l’angoisse de la mort, le narcissisme et la vanité, la modernité et l’artificialité, l’amour et les stéréotypes de genres, et plus généralement la complexité des rapports humains et le sens de la vie. Toutefois, pour autant qu’elle invite le spectateur à la réflexion et à une possible introspection, cette fable cinématographique fantaisiste, a priori fort prometteuse, est assez décevante dans la mesure où elle ne fait qu’effleurer des questions existentielles qui virent parfois aux clichés. En outre, à mesure que l’inquiétant prend le pas sur l’étrangeté, le scénario s’essouffle et bascule dans le pathos. En résulte la monotonie d’un mélodrame fantastique redondant et simplet où l’on perd trop l’originalité du style et l’humour décalé caractéristiques du réalisateur. Quant à la conclusion (si tant est qu’il y en ait vraiment une), elle est finalement peu originale, nous laissant, au mieux, perplexe, ou tout simplement de marbre. L’on déplore grandement que le cinéaste n’ait ","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136167310","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911376
Michel Gueldry
{"title":"Les passeurs de l’absolu: les grands écrivains et Dieu par Emmanuel Godo (review)","authors":"Michel Gueldry","doi":"10.1353/tfr.2023.a911376","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911376","url":null,"abstract":"Reviewed by: Les passeurs de l’absolu: les grands écrivains et Dieu par Emmanuel Godo Michel Gueldry Godo, Emmanuel. Les passeurs de l’absolu: les grands écrivains et Dieu. Artège, 2022. ISBN 979-10-336-1212-4. Pp. 282. Écrivain, essayiste, poète et professeur de lettres, Emmanuel Godo (www.emmanuel-godo.com) offre ici vingt-cinq perspectives d’écrivains et poètes, dont dix-huit Français·e·s, “mendiants en quête de vérité” (9) chrétienne largo sensu. Vignettes par le format, mini-essais dans la substance, ces explorations de l’essentiel couvrent les grands attendus (Bernanos, Bloy, Claudel, Hugo, Pascal, Péguy, Sand, Verlaine, etc.), des contemporains inspirés (Pierre Emmanuel, Sylvie Germain, Marie Noël, etc.) et d’illustres étrangers (Chesterton, Dante, etc.), tous “infatigables quêteurs de sens” (14). Six thèmes s’affirment. D’abord, l’arrogance du moi (notre faux “double” 169), la pauvreté de la condition humaine, “de l’âme qui bée à son propre manque” (152), et la vanité du monde, qui mènent à la “boiterie d’un cœur intranquille, jamais installé, jamais assis” (70). Ensuite, l’autre sens du mot pauvreté: l’effacement, le dépouillement du moi (kénose), “un état d’ignorance et de nudité” (50), “l’esprit d’enfance et du merveilleux” (90) nous ouvrant à la simplicité heureuse. Ensuite, le besoin de silence, de repos, et prière car “notre fin est dans l’impérissable” (258). Ensuite, le rôle de l’église institutionnelle, rejetée ou célébrée. Ensuite, le divin simultanément abscons et lointain, ouvert et omniprésent. Mais toujours Dieu est du côté des pauvres, faibles, et martyrs: “Il se présente à l’improviste, non pas vêtu d’or et de pourpre, mais de vent et de poussière” (265). Enfin, Godo interroge longuement les rapports entre littérature et spiritualité. La Parole inspire la parole, le Verbe mène le verbe. La poésie est “pain de fraternité qui a faim de patience et de vérité” (68), “un levain pour grandir en joie et en vérité” (220); elle est “le secret parlé” (80) permettant de “restituer chaque chose dans sa dignité fondamentale” (255) et de nous soustraire au hasard. Contre les bavardages, “[l]a littérature est l’art de récolter les vendanges imprévisibles ou le miel noir des solitudes” (114). Elle est “témoignage” (151) “dans le dru, dans le cru, dans le chu de la vie, dans le dense, dans la danse, dans l’évidence de l’incarnation” (236). Écrire “est toujours un encouragement à mieux vivre” (249) car “[l]a parole est une lutte sans merci avec ce silence et cette nuit sans visage” (263). Godo offre maints beaux commentaires mais souvent on se demande: qui parle, lui ou les écrivains? Ses dénonciations du monde moderne sont aussi répétitives. Il conspue les sceptiques mais les avancées de la laïcité dégagent ce qui est vraiment spirituel, contre la superstition, et les abus des croyants. Son ontologie (nature de l’Homme) et sa sotériologie (doctrine du salut) sont banales (aimer Jésus, Dieu est salvateur en soi); sa théodicée (réconcilier l","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136167311","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911330
Araceli Hernández-Laroche
{"title":"Stardust by Léonora Miano (review)","authors":"Araceli Hernández-Laroche","doi":"10.1353/tfr.2023.a911330","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911330","url":null,"abstract":"Reviewed by: Stardust by Léonora Miano Araceli Hernández-Laroche Miano, Léonora. Stardust. Bernard Grasset, 2022. ISBN 978-2-246-83183-9. Pp. 220. What sustains women struggling to fend off violence and hunger in the margins of French urban society? Stardust is an autobiographical novel by Léonora Miano, who waited years before attempting to revisit a painful chapter in her youth. Miano declares in the Preface, “Je connais la société française et sa propension à enfermer ses minorités en particulier dans les aspects dégradants” (8). Stardust is set in Paris when the author arrived twenty years earlier from Cameroon. The main character, Louise, another name Miano uses for herself, is a young mother raising her infant daughter, Bliss, as she struggles with housing instability and food insecurity. Louise’s life seemed to take a downturn when she lost her university scholarship and finds herself trying to stay off the streets as she cares for her child. Bliss’s unreliable father proved too much of a burden for Louise: “Lasse de l’errance en couple, incapable de continuer à se réveiller tous les matins dans une chambre d’hôtel différente qu’ils n’auraient pas les moyens de payer, elle avait préféré se débrouiller seule” (31). A fall from stability can happen quickly and getting back on track is a Sisyphean feat requiring time, resources, grit, and knowing how to navigate an opaque French bureaucratic system. Louise’s immigration status is complicated since she was awarded the opportunity to study in France; yet, her unexpected loss of academic funding and unplanned motherhood derailed her studies. Bliss, however, benefits from French citizenship and the state does not separate mothers from their children. As a female immigrant mostly abandoned by her network, including back in her native country, Louise knows that her gender both in Cameroon and in France frustrates her opportunities for acceptance with family and society. Furthermore, Louise feels resentment toward the former colonial power and its current administration, which she sees as dehumanizing individuals in search for meaningful support. Most of the French officials in public services, such as in the women’s shelter on Rue de Crimée, where Louise begins to learn how to navigate the system, display a lack of empathy and some freely make demeaning judgments on parenting or immigrant status. The palpable bias can further paralyze the hopes of women already caught in a spiral of despair and survival. The message is clear: women like Louise are not priorities in France. Hiding that sentiment is not a concern nor is the effort to hide women in vulnerable situations from public view. Her experience has taught her that “Toute nation repose sur des fictions. Dans celles qu’on nous conte de la France, il n’y a pas d’exclusion sociale. Pas d’endroits où les marginaux sont entassés, refoulés” (43). As Louise traverses a modern Kafkaesque urban journey, she persists by taking solace in the poetry and li","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136167313","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911329
Jean-François Duclos
{"title":"Le commerce des allongés par Alain Mabanckou (review)","authors":"Jean-François Duclos","doi":"10.1353/tfr.2023.a911329","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911329","url":null,"abstract":"Reviewed by: Le commerce des allongés par Alain Mabanckou Jean-François Duclos Mabanckou, Alain. Le commerce des allongés. Seuil, 2022. ISBN 978-2-02-141321-2. Pp. 304. À peine enterré au cimetière du Frère Lachaise de Pointe-Noire, et sous l’effet combiné de ce qui ressemble à un tremblement de terre et un cyclone, Liwa Ekimakingfaï, vêtu d’une “veste orange en crêpe et à larges revers”, d’une “chemise verte fluorescente” et d’un “nœud papillon blanc” (14), resurgit de sa tombe. Que s’est-il passé pour que quatre jours plus tôt ce modeste aide-cuisinier ait perdu la vie et qu’il ait eu droit à des funérailles quasi nationales? Il faut, pour y répondre, un narrateur d’une omniscience capable de passer d’un monde à l’autre et qui fasse de Liwa à la fois le personnage central et, par l’usage continu de la seconde personne du singulier, l’auditeur principal de ce récit. Liwa, dont le patronyme signifie “la mort a eu peur de moi”, se dirige d’abord vers la maison où il a vécu avec sa grand-mère. Au rythme du souvenir des jours de ses funérailles, il y revoit ceux qu’il a laissés derrière lui. Mais sa présence parmi eux n’est pas la bienvenue et de retour au cimetière, il rejoint officiellement la communauté des “allongés” dont le règlement intérieur n’a rien à envier à ceux des vivants. Chacun leur tour, et “sans distinction de classes sociales (…) maintenant révolues” (118), ils lui font le récit de leur infortune. Il ressort de ces malheurs individuels l’image d’une société dominée par l’impunité des puissants, que ces derniers agissent au nom du pays ou de Dieu. On comprend bientôt que Liwa a croisé le chemin d’un d’entre eux et signé, par l’effet de sa seule malchance, son arrêt de mort. Cette troisième et dernière partie permet de donner à ces mémoires d’outre-tombe l’unité qui semblait manquer dans les deux premières, même si les lecteurs retrouvent dès les premières pages le Pointe-Noire devenu, au fil des livres de Mabanckou, la matrice de son imaginaire. Par diffractions, le récit répond aussi à plusieurs questions d’ordre autobiographique. Que se serait-il passé si l’auteur n’avait pas quitté son pays natal? Qu’aurait-il pu lui arriver si, une fois en France, il y était retourné? Le récit répond à chacune de ces questions par une mort scandaleuse. Aussi n’est-il pas étonnant que la figure de la mère, présente dans toute l’œuvre, soit ici remplacée par celle d’une grand-mère dont le visage est sans cesse détourné, condamnant le jeune garçon défunt à ne la voir que de dos. Cette mise à distance orphique agit comme une malédiction et comme le point aveugle de l’œuvre de Mabanckou. Que la ville et ses habitants soient cette fois-ci montrés par l’intermédiaire d’un vocatif si puissant permet d’accentuer la dimension de réalisme magique présente depuis toujours chez l’auteur de Demain j’aurai vingt ans. Surtout, Le commerce des allongés (“commerce” ayant le sens de fréquentation que lui donne Montaigne) donne à ce roman une tonalité plus sombre q","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136167314","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911341
Louis Bousquet
{"title":"Gugubarra par Jacques-Olivier Trompas (review)","authors":"Louis Bousquet","doi":"10.1353/tfr.2023.a911341","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911341","url":null,"abstract":"Reviewed by: Gugubarra par Jacques-Olivier Trompas Louis Bousquet Trompas, Jacques-Olivier. Gugubarra. Au vent des îles, 2022. ISBN 978-2-36734-442-3. Pp. 175. Antoine, “un parigot un peu à côté de ses pompes” (17), promène une existence d’héritier transparente au hasard des chemins et des circonstances. Ses pérégrinations l’entraînent à la suite d’un baiser aussi mouillé qu’impromptu de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes jusqu’au fin fond du bush australien, plus précisément à Kalgoorlie, où se trouve le “superpit”, la plus grande mine d’or à ciel ouvert du continent. À l’absence de but et de direction personnelle du jeune héros, se substituent la magie et la malédiction des rencontres. Le jeune homme désœuvré voyage par désir pour retrouver les lèvres d’Anaïs, la petite bourgeoise anarchiste et délurée de la ZAD; il traverse aussi le monde par amitié pour Glen, l’écologiste militant homosexuel qui l’invite en Australie chez ses parents. Il fait alors la connaissance d’Annie et de Jim, la Française sophistiquée et manipulatrice et l’Australien brutal et prospère. En suivant Jim, le grand ordonnateur de la mine d’or et le mâle dominant de la saga, Antoine voyage finalement jusqu’à la fameuse mine d’or. Jim représente dans le roman la caricature de l’homme occidental moderne et dévastateur; il donne de grandes claques dans le dos d’Antoine quand il ne l’assomme pas de ses poings. Il ridiculise les préoccupations écologistes de son fils ainsi que les velléités artistiques de sa femme qu’il trompe comme elle le trompe; et il pille sans états d’âme la terre aurifère australienne. Les pérégrinations d’Antoine le conduisent finalement vers la belle Jenny, la jeune et séduisante policière de Kalgoorie. Il vivra avec elle une aventure digne des meilleurs romans policiers tout en faisant la rencontre déterminante du peuple aborigène. Ces voyages aléatoires, ponctués de rencontres en apparence hasardeuses et souvent trompeuses, sont dans le roman la conséquence d’un héritage délétère double qui est le véritable sujet du roman de Trompas. D’un point de vue personnel, Antoine se sent responsable, à tort, de la mort de ses parents ainsi que de celle de son grand-père. Cette culpabilité excessive, quasi maladive, accompagne chacun de ses pas et détermine son errance coupable. Mais c’est l’héritage plus large du colonialisme occidental qui est dénoncé dans le roman par la voix du grand-père, anthropologue et visionnaire: “Ce regard condescendant de l’Occident sur le reste du monde qui apporte son lot d’injustices et de jugement, de ségrégation et de mépris” (137). Antoine incarne inconsciemment, à travers son indécision et sa nonchalance séduisante, toute l’étendue de cet héritage mortifère. Or, l’auteur se refuse à tout manichéisme facile; il met dos à dos les écologistes vertueux et les exploiteurs méprisants, pour tracer le portrait riche et paradoxal d’une jeunesse occidentale déboussolée en quête de sens et celui d’autochtones marginalisés dont la culture et ","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136167588","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911317
Guillaume Barresi
{"title":"Pour une didactique contextualisée de la culture: retours d’étudiants coréens ayant séjourné en France","authors":"Guillaume Barresi","doi":"10.1353/tfr.2023.a911317","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911317","url":null,"abstract":"Abstract: L’enseignement de la culture a une place importante dans la didactique du français langue étrangère, et nombreuses sont les avancées théoriques qui soulignent la nécessité de développer chez les apprenants une “compétence” culturelle. Toutefois, l’abstraction de ces prises de position peine souvent à franchir la porte des salles de classe. Dès lors, le défi majeur de l’enseignement culturel est de didactiser avec cohérence et pragmatisme ses contenus. Notre étude présente l’analyse d’expériences d’étudiants coréens partis étudier en France, afin d’identifier les traits et phénomènes culturels qui permettront l’élaboration de pistes didactiques concrètes.","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136168897","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911342
Deborah Gaensbauer
{"title":"Le prince de Babylone by Marianne Vic (review)","authors":"Deborah Gaensbauer","doi":"10.1353/tfr.2023.a911342","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911342","url":null,"abstract":"Reviewed by: Le prince de Babylone by Marianne Vic Deborah Gaensbauer Vic, Marianne. Le prince de Babylone. Seuil, 2022. ISBN 978-2-02-150585-6. Pp. 183. This unsparing, novelized biography of Yves Saint Laurent by his niece ruthlessly dismantles the fables that he and his romantic and business partner, Pierre Bergé, meticulously crafted to enhance the prestige of his fashion house and that continue to circulate in curation of exhibitions of his designs. The fashion designer’s self-reinvention as the acronym, YSL, to transcend a louche family history anchored in French colonial Algeria, is portrayed as inevitably unsuccessful: “[l]e succès a gommé les origines, mais les origines l’ont rattrapé à son insu” (73). Vic’s blunt, often coarse, aphoristic style captures the pitilessness of the abject relationships she frames as “l’histoire d’un désir de mort qui l’habita sa vie durant” (20). Her analysis draws on diverse psychoanalytic theories and literary references, particularly to Marcel Proust and Marguerite Duras. The first pages depict a despondent, reclusive Yves Saint Laurent, ravaged by sexual profligacy, drugs, bi-polar swings and multiple suicide attempts, in his sumptuously eclectic apartment on the rue Babylone. It is 2003, one year after inability to create led to his final fashion show, an event he experienced as a kind of death analogous to the fate of his street’s namesake city. Subsequent vignettes and analytic speculations rehearse, in often lurid detail, humiliations, including violent physical abuse he endured as a homosexual youth growing up in colonial Oran. They explain, in Vic’s view, his vengeance-driven craving for fame and wealth and the frenetic debauchery that ultimately transformed “[l]e bel éphèbe au corps souple et aux traits délicats […] en vieille baudruche boulimique” (127). Reprising revelations about the Mathieu-Saint-Laurent family from her autofictional Rien de ce qui est humain n’est honteux (2018), Vic gives equal attention to Yves Saint Laurent’s inheritance of inter-generational familial trauma and denial, “[l]a honte qu’il porte sans le savoir” (69). Contextualized by the “[v]iolence intrinsèque du système colonial, violence faite aux femmes, violence faite aux pauvres en général, aux Arabes et aux Juifs” in Algeria,” her account pivots around a legacy of maternal lack and affective impairment transmitted by multiple generations of sexually abused women on his mother’s side (57). When she focuses on the legacy’s toll on the designer’s mother, Lucienne, the revelations of the tawdry reality behind the publicly purveyed fiction of his affectionate rapport with an elegant mother can be merciless, Vic’s evident affection for her uncle notwithstanding. Describing him forcing Lucienne to maintain this myth as a condition for financial support, for example, she leans in harshly: “[c]’est l’histoire d’un homme qui traite sa propre mère en femme vénale” (110). Her query early in the novel—“Que restet-il d’Yves rendu ","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136168900","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911367
James P. Gilroy
{"title":"Dream Projects in Theatre, Novels and Films: The Works of Paul Claudel, Jean Genet, and Federico Fellini by Yehuda Moraly (review)","authors":"James P. Gilroy","doi":"10.1353/tfr.2023.a911367","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911367","url":null,"abstract":"Reviewed by: Dream Projects in Theatre, Novels and Films: The Works of Paul Claudel, Jean Genet, and Federico Fellini by Yehuda Moraly James P. Gilroy Moraly, Yehuda. Dream Projects in Theatre, Novels and Films: The Works of Paul Claudel, Jean Genet, and Federico Fellini. Sussex Academic P., 2021. ISBN 978-1-78976-036-1. Pp. 149. Mallarmé’s ambition was to write a total Book that would be an Orphic explanation of the Earth. He was never able to write this book, but this frustrated ambition informed all his poetic works. In a similar way, authors Paul Claudel and Jean Genet, as well as filmmaker Federico Fellini, pursued a dream work throughout their careers that would constitute a summa of their worldviews and artistic aspirations. Like Mallarmé, all three failed to bring such a work to completion despite repeated, obsessive attempts. The works they did produce, however, expressed in different ways the themes that haunted them in their unrealized masterworks. In the case of Claudel, he was obsessed by the wish to create a dialogue between the Old and New Testaments, between Judaism and Christianity. He was torn between two views of Judaism. He saw in the Old Testament the key to the New. At the same time Christianity represented belief and truth for him while Judaism represented falsehood and disbelief. He envisioned a fourth part of his L’Otage dramatic trilogy where a dialogue between the two faiths would be enacted. He also planned an oratorio on the subject similar to his Jeanne d’Arc au bûcher. Neither project reached fulfillment. At the end of his life, Claudel became more sympathetic toward Judaism. The horror of the Holocaust led him to associate the persecution of the Jews with that of Christians by those who hate the divine. He also began but never completed a new version of another play of his, Tête d’or, about political tyranny. In this new version, there would have been a play-within-a-play about a performance of Tête d’or in a Nazi concentration camp. The performance is directed by a Jewish prisoner who becomes a self-sacrificing Christ figure. Genet had an obsession with death. His goal was to write a major essay on the nothingness of life. The work would have three parts. It would be a mirror of life, revealing its illusory nature. It would also announce a new morality, celebrating the Otherness of homosexuals and other outsiders, like racial minorities. Finally, it would present and exemplify a new aesthetic, wherein a book would effectuate the destruction of its themes, its author, and itself. Although Genet never completed this essay, Moraly finds the embodiment of its ideas in Genet’s four plays which each portray the illusory nature of human existence as role-playing, a form of revolution against accepted values and an ultimate self-destruction. Fellini made repeated efforts to produce a film titled Il Viaggio di G. Mastorna. Constantly rewritten and revised scenarios that have survived and which have been pieced together by ","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136168903","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
FRENCH REVIEWPub Date : 2023-10-01DOI: 10.1353/tfr.2023.a911352
Lucas Hollister
{"title":"Stars at Noon réal par Claire Denis (review)","authors":"Lucas Hollister","doi":"10.1353/tfr.2023.a911352","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/tfr.2023.a911352","url":null,"abstract":"Reviewed by: Stars at Noon réal par Claire Denis Lucas Hollister Denis, Claire, réal. Stars at Noon. Int. Margaret Qualley, Joe Alwyn, Benny Safdie. Ad Vitam Production, 2022. Some two hours into Claire Denis’ Stars at Noon, one encounters a scene so flagrantly amateurish and unrealistic that it calls into question either Denis’ competence as a filmmaker or, less improbably, the underlying premise of the film. In this scene, lovers on the run Trish (Margaret Qualley) and Daniel (Joe Alwyn) are crossing illegally by raft into Costa Rica. As they arrive at shore, they are accosted by gunmen intent on robbing them. The trembling camera sits on the shore behind the assailants, giving us their viewpoint as they gun down the Nicaraguans on the raft, yet allow Trish and Daniel to run past their assault rifles and escape unharmed. This set-piece, which is followed by a close shot of a dead victim in the water, suggests the extent to which Stars is a film about collateral human damage and the relationship between what we might call white plots—in this case both the love story and the political plot centered on US interference in Nicaraguan politics—and nonwhite settings. The casting of Benny Safdie as the CIA-agent villain and the fact that Robert Pattinson was initially slated to play Daniel, point to the influence of the Safdie brothers’ anti-thriller Good Time, in which Pattinson’s criminal behavior inflicts considerable harm on secondary black characters. (Denis attended the premiere of Good Time at the Cannes Film festival in 2017). Trish’s COVID-patterned dress positions her as a kind of viral agent, while the way Denis plays with who is wearing masks, where and for what reasons, recalls Denis’ longstanding Fanonian interest in the politics of exposure and racialized violence, of mask and skin. In many ways, Stars at Noon echoes White Material, wherein a privileged white subject is caught in conditions of political violence for which she is synecdochally responsible. However, in direct distinction to Isabelle Huppert’s stubbornly brave Maria, Margaret Qualley’s Trish prostitutes herself to survive, drinks, and dis solves into tears whenever she is alone. Stylistically, Stars eschews the stunning long shots of Chocolat or White Material in favor of jittery handheld shots or static compositions of seedy interiors and rundown streets. While Huppert’s Maria identifies with the land to the point of confusing herself with it, Trish wants nothing more than to flee a country she disdains; and while White Material had the grandeur and weight of a classical tragedy, Stars follows two bad people on their squalid anti-adventure. Stars is, no doubt, less aesthetically pleasing and likeable than some of Denis’ other films about the relationship between race, desire, and (geo)politics. However, the implausible survival of the central couple as they traverse a collapsing country in a drunken stupor, the pleasure they take in each other’s beautiful bodies, and the d","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136168906","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}