{"title":"Actualités sur les hépatites B et D","authors":"K. Lacombe","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.008","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.008","url":null,"abstract":"<div><div>L'augmentation de l'espérance de vie dans le monde s'est accompagnée d'une augmentation de la morbi-mortalité liée aux hépatites virales chroniques. L’étude dite « <em>Global Burden of Diseases</em> » a classé la mortalité par cirrhose comme 16<sup>e</sup> cause de décès en 2019, sans progrès entre 1990, 2000 et 2020. Ceci pose la question de l'efficacité du dépistage, du lien au soin et du traitement des personnes infectées relevant d'une prise en charge thérapeutique. Depuis 2017, les indications de traitements se sont beaucoup élargies, en stipulant qu'au-delà du traitement des patients présentant une hépatite active, il fallait également envisager d'introduire le tenofovir ou l'entecavir chez tout patient en phase anciennement qualifiée de « tolérance immune » s'il a plus de 30 ans, et chez tous ceux en phase anciennement qualifiée de « portage inactif » s'ils ont des antécédents familiaux de maladie terminale du foie.</div><div>Depuis 2024, il existe des recommandations précises de traitement des femmes pour contrôler la transmission mère enfant pendant la grossesse, avec une mise sous traitement par analogue nucléosidique qui doit être envisagé de façon très large, en particulier dans les pays où la quantification de l'ADN-VHB n'est pas accessible. L'un des déterminants majeurs de la morbi-mortalité en cas d'infection VHB est la coinfection par l'hépatite Delta, parfois non diagnostiquée, alors même que tout AgHBs positif doit faire rechercher les Ac anti-VHD et une quantification de l'ARN-VHD en cas de positivité. Le seul traitement disponible du VHD était jusqu’à présent l'interféron α2 pégylé. Depuis deux ans, il existe une nouvelle molécule inhibant l'entrée du VHB et du VHD dans les hépatocytes, le bulevirtide qui s'administre au quotidien par voie sous-cutanée. Le maniement de cet antiviral direct est complexe, avec des règles d'arrêt peu évidentes, impliquant que les patients VHB-VHD, et a fortiori si coinfectés par le VIH, doivent bénéficier d'une prise en charge experte et multidisciplinaire.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Pages S3-S4"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143387371","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
C. Michaud , B. Bidaud , M. Boutrou J. Bordalo Miller , A. Magno de Castro , M. Barbier , M. Cebe , J. Gomes , M. Nacher , A. Lucarelli , S. Rhodes , E. Mosnier
{"title":"Coopération transfrontalière en santé sexuelle et reproductive: impacts d'un partenariat amazonien sur les parcours de soins pour les personnes vivant avec le VIH","authors":"C. Michaud , B. Bidaud , M. Boutrou J. Bordalo Miller , A. Magno de Castro , M. Barbier , M. Cebe , J. Gomes , M. Nacher , A. Lucarelli , S. Rhodes , E. Mosnier","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.014","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.014","url":null,"abstract":"<div><div>En Amazonie, la France et le Brésil, deux pays qui ont des politiques engagées pour lutter contre d’épidémie de VIH font face à des problématiques communes avec une épidémie non contrôlée de VIH en particulier dans les zones transfrontalières associée à une précarité et des difficultés d'accès aux soins pour les populations clé et les orpailleurs illégaux.</div><div>Depuis 2017, une initiative de promotion globale de santé sexuelle a été développé des deux côtés de la frontière.</div><div>Ce projet, porté par des associations de la société civile binationales et une structure hospitalière a permis la mise en place d'un parcours de soin pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), couplé à une amélioration du dépistage des IST et un empowerment autour de la vie sexuelle et affective. Depuis 2019, une offre de soin est disponible à la ville frontière brésilienne pour les PVVIH stabilisées.</div><div>Ce programme est un succès avec une amélioration significative de la prise en soin et de la santé globale des PVVIH et une coopération transfrontalière quotidienne.</div><div>En 6 ans, le nombre de patients suivis dans la zone a triplé (46 en 2017 versus 164 en 2023) dont les trois quarts avec une charge virale inférieure à 400 copies et aucune nouvelle transmission materno-fœtale. Depuis 2019, 42 PVVIH pris en soin par le système français poursuivent actuellement leur suivi du côté brésilien exclusivement.</div><div>Plus de 50 réunions transfrontalières se sont tenues, y compris au cours de la pandémie de SarsCOV2, où en dépit de la fermeture stricte de la frontière, des autorisations spéciales ont été délivrés aux patients non stabilisés pour poursuivre les soins du côté français.</div><div>Dans les contextes globalisés, la coopération transfrontalière est indispensable pour améliorer la santé des populations des deux rives et lutter efficacement contre les maladies infectieuses. Des initiatives transnationales basées sur les forces de chacun sont nécessaires pour réussir à vaincre l’épidémie de VIH à travers le monde.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S6"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143387641","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Présentation des Unités Mobiles en Mayotte: Une Approche Innovante pour Réduire les Inégalités d'Accès aux Soins","authors":"N. Blouin","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.015","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.015","url":null,"abstract":"<div><div>Fondée en 2014, a pour mission de réduire les inégalités d'accès aux soins grâce à une approche innovante basée sur des unités mobiles. Ces camions de prévention interviennent directement auprès des populations isolées, notamment dans l'ouest de la France (Bretagne et Pays de la Loire), pour offrir des actions de prévention, et des conseils en matière de santé publique. Cette approche repose sur la philosophie de l’« aller-vers », c'est-à-dire que les professionnels de santé accompagnées par des bénévoles sortent de leurs structures habituelles pour rencontrer les personnes sur leur lieu de vie, rétablissant ainsi un lien social et facilitant l'accès aux droits.</div><div>L'objectif est de répondre aux situations de décrochage social, où de nombreuses personnes n'ont pas recours aux soins ou aux droits sociaux auxquels elles ont droit. L'association prône des valeurs d'humanisme, de solidarité, et d'universalité, en proposant des services gratuits et accessibles à tous, sans conditions ni stigmatisation. Ces initiatives sont portées par des équipes multidisciplinaires, composées notamment de médecins généralistes, d'infirmières, et de médiateurs en santé.</div><div>Depuis sa création, <em>À vos soins</em> a considérablement évolué, passant de 0 à 3 500 patients en dix ans. Avec un budget annuel de 2,3 millions d'euros et une équipe de 30 équivalents temps plein, l'association gère cinq camions de prévention et deux jardins thérapeutiques. Ces camions offrent des services variés, notamment des soins infirmiers, des consultations médicales, des dépistages, et des actions de prévention dans divers domaines de la santé.</div><div>L'un des projets phares de l'association est Les MarSOINS, une unité mobile dont l'objectif principal est de réduire les inégalités sociales d'accès aux soins et aux droits à Mayotte. Depuis son lancement en 2017, cette initiative a réalisé plus de 10 000 dépistages, couvrant un large éventail de services, allant des soins dentaires aux checkups de santé, en passant par les informations sur le tabac, les relations affectives, la santé sexuelle, et les dépistages auditifs et visuels. Environ 50 % des personnes dépistées ont été orientées vers des soins plus approfondis.</div><div>Les résultats obtenus grâce à Les MarSOINS sont significatifs: des milliers de personnes en situation de précarité ont été réorientées vers les soins appropriés, ce qui a contribué à améliorer leur santé globale. Parmi les bénéficiaires, une grande partie n'avait pas de médecin traitant et vivait dans des zones où l'accès aux soins était très limité. Les actions menées ont permis de rétablir un lien crucial avec le système de santé pour ces populations.</div><div>L'approche « aller-vers » de <em>À vos soins</em> prouve que l'innovation sociale peut répondre aux défis posés par l'isolement géographique et social. En allant directement à la rencontre des personnes vulnérables, les unités mobiles permettent d'améliorer l'accès aux soins et aux","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Pages S6-S7"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143387644","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Infectiologie et coordination des Centres Délocalisés de Prévention et de Soins (CDPS) en Guyane","authors":"C. Michaud","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.045","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.045","url":null,"abstract":"<div><div>Les rôles et responsabilités du poste d'infectiologue au sein des Centres Délocalisés de Prévention et de Soins (CDPS) en Guyane sont multiples. Ce territoire, caractérisé par sa diversité écosystémique et démographique, offre des défis spécifiques en matière de santé publique.</div><div>Les CDPS, avec leurs 3 hôpitaux de proximité et 13 centres répartis sur le territoire, desservent une population croissante de 50 000 habitants. Ce réseau vise à combler les inégalités territoriales d'accès aux soins, particulièrement dans des zones isolées, où l'accès à des spécialistes reste un enjeu majeur. La file active des patients a augmenté de 7,2 % depuis 2019, reflétant une demande accrue pour des services de santé spécialisés.</div><div>Depuis les années 2000, l'infectiologie s'est intégrée progressivement dans les CDPS. En 2023, deux ETP d'infectiologues y sont dédiés. Leurs activités incluent des consultations (451 en 2023), des déplacements mensuels pour atteindre les zones éloignées, et des soins spécialisés pour des pathologies complexes comme le VIH et les hépatites. Ces consultations, réalisées en binôme avec des médiateurs de santé, renforcent l'accompagnement psychosocial des patients et améliorent leur observance thérapeutique.</div><div>Les associations jouent un rôle clé en matière de prévention et d'accès aux soins pour des populations vulnérables, telles que les travailleurs du sexe ou les personnes LGBTQI+. Des services spécialisés incluent la PrEP et des consultations de santé sexuelle.</div><div>Le rôle des infectiologues s'étend également à la formation et à la recherche. Les professionnels de santé bénéficient de programmes d’éducation continue, et des projets de recherche interventionnelle, tels que « Malakit » et « Mahevih » sont développés en collaboration avec le Centre d'Investigation Clinique de Guyane.</div><div>Enfin, l'infectiologue contribue à la gestion des épidémies locales (COVID-19, dengue, paludisme, typhoïde) et à la surveillance sanitaire. L’émergence de nouvelles maladies, comme l'Oropouche, souligne l'importance d'une approche adaptable et intégrée.</div><div>En conclusion, ce poste combine des dimensions cliniques, de coordination et de recherche, tout en s'adaptant aux particularités culturelles, épidémiologiques et géographiques de la Guyane. La création prochaine d'un CHU ouvrira de nouvelles perspectives pour le développement de la recherche et l'amélioration des soins spécialisés.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S22"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143386673","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Actions de gestion des contingences","authors":"M. Öngün-Rombaldi","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.055","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.055","url":null,"abstract":"<div><div>La gestion des contingences, ou incitation motivationnelle, est une méthode qui utilise des récompenses financières ou matérielles pour motiver une personne à adopter un comportement souhaité, comme se faire vacciner, se dépister ou réduire une consommation addictive. Cette technique vise à contrebalancer le plaisir ou la récompense liés à une addiction par une autre forme de gratification, par exemple en rétribuant des périodes d'abstinence et en cessant les compensations en cas de rechute.</div></div><div><h3>Efficacité et exemples concrets</h3><div>De nombreuses études démontrent l'efficacité de cette approche, tant en addictologie que dans d'autres domaines. Par exemple, Esther Duflo a mené une expérience au Rajasthan où des incitations financières ont augmenté les taux de vaccination infantile dans les villages concernés. En addictologie, la gestion des contingences est utilisée depuis les années 1970 pour l'alcoolisme et depuis les années 1990 pour la cocaïne. Une étude récente, menée au CHU de Montpellier, a montré des résultats probants en rémunérant des usagers de drogues pour leur dépistage de l'hépatite.</div></div><div><h3>Objectifs du management des contingences</h3><div>En addictologie, la gestion des contingences ne vise pas uniquement l'abstinence. Elle s'inscrit aussi dans une logique de réduction des risques et de rétablissement, tel que défini par Bill Anthony: un processus personnel d'amélioration de la qualité de vie malgré certaines limitations. Ce rétablissement ne signifie pas nécessairement éliminer la consommation, mais plutôt aider les individus à mieux vivre et gérer leur situation. La méthode repose également sur la participation active des personnes concernées, dans une démarche coopérative.</div></div><div><h3>Réserves et obstacles</h3><div>Malgré son efficacité prouvée, la gestion des contingences reste peu utilisée, notamment en France. Cela s'explique par des réticences culturelles et morales: l'idée de « récompenser » des comportements attendus, comme l'abstinence, est mal perçue. Les consommateurs de drogues sont souvent stigmatisés, considérés comme moralement fautifs et soumis à une approche punitive. Cette vision est ancrée dans une logique répressive et moralisatrice, où le soin, bien que gratuit et anonyme, est vu comme un devoir plutôt qu'un droit pour les usagers de drogues.</div></div><div><h3>Vers un changement de perspective</h3><div>Promouvoir la gestion des contingences permettrait de changer le regard sur les consommateurs de drogues et d'amorcer une transformation des politiques publiques. Ces expériences montrent que les usagers sont capables de prendre soin de leur santé, contredisant les stéréotypes qui les dépeignent comme irresponsables. La réduction des risques, qui a déjà prouvé son efficacité dans les années sida, et la gestion des contingences partagent cette logique pragmatique et non punitive.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La gestion des contingences contribue à amél","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S27"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143386743","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Membres du congrès","authors":"","doi":"10.1016/S2772-7432(25)00068-6","DOIUrl":"10.1016/S2772-7432(25)00068-6","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page iii"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143386797","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Politiques des drogues et stigmatisation: penser et agir autrement","authors":"J.-S. Fallu","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.052","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.052","url":null,"abstract":"<div><div>L'usage de drogues, inscrit dans la culture humaine depuis toujours, est source de débats, souvent influencés par des biais politiques et idéologiques. Le regard sur les substances psychoactives diffère selon les époques et contextes sociaux, influençant les perceptions sur leur dangerosité. Cette évolution normative des représentations sociales affecte directement la législation et la stigmatisation associées aux substances, lesquelles varient selon le statut de l'utilisateur et l'usage fait des substances. Par exemple, une substance médicale prescrite peut être perçue comme une « drogue » si consommée à des fins récréatives. L'évolution des normes sociales contribue également à des changements de législation, comme la décriminalisation partielle du cannabis.</div><div>La « loi de l'effet », principe clé en pharmacologie, explique que les effets d'une substance dépendent de l'interaction entre ses propriétés, les caractéristiques individuelles de l'utilisateur, et le contexte de consommation. Les raisons pour lesquelles les individus consomment sont variées (socialisation, gestion des émotions, curiosité, etc.) et souvent motivées par des besoins psychologiques ou sociaux fondamentaux. Cette diversité de motifs montre que l'usage de substances existe sur un spectre allant de l'abstinence à la consommation problématique, en passant par des usages non problématiques ou bénéfiques. La majorité des consommateurs ne souffrent pas de conséquences négatives importantes, bien que certaines personnes puissent connaître des effets délétères, souvent liés à des conditions de consommation (exemple: mode, fréquence) plus qu'à la substance elle-même.</div><div>La notion de dangerosité des drogues est complexe et ne se limite pas à la substance en tant que telle; elle est influencée par leur statut légal et les modes et contextes de consommation. Le tabac et l'alcool, bien que légaux, présentent des risques élevés, souvent plus importants que ceux de substances illégales. Les politiques de prohibition, fondées sur des critères souvent politiques ou racistes, renforcent la dangerosité perçue et ajoutent des risques liés à l'absence de contrôle qualité des produits. En effet, le statut juridique des substances n'est pas toujours corrélé à leur niveau de danger réel, ce qui mène aussi à des effets pervers pour les jeunes, notamment par la stigmatisation.</div><div>La stigmatisation des utilisateurs, identifiée comme un déterminant social de santé, isole les individus et crée des obstacles à l'aide et aux soins. Adopter un langage non stigmatisant et favoriser l'inclusion sociale sont essentiels pour réduire ces effets néfastes. Dans ce contexte, le « trouble de l'usage de substances » (TUS) est abordé comme un continuum influencé par divers facteurs, dont biologiques, psychologiques et sociaux. Ce trouble affecte davantage les personnes issues de milieux défavorisés ou vulnérables, démontrant l'importance d'une approche compassionnelle et de soutien, en","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Pages S25-S26"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143387191","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"La Lèpre à Mayotte","authors":"M. Dumas","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.034","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.034","url":null,"abstract":"<div><div>La lèpre, ou maladie de Hansen, est une infection due à Mycobacterium leprae ayant un tropisme cutané et neurologique, d’évolution chronique. Le mode de transmission est principalement interhumain, en particulier si le patient est multibacillaire.</div><div>En 2023 64 nouveaux cas de lèpre ont été diagnostiqués à Mayotte, avec 52 formes multibacillaire et 12 paucibacillaires. Une étude épidémiologique portant sur la période de 2006 à 2019 à Mayotte décrivait 674 nouveaux cas dont 332 (49,3 %) autochtones, 185 (27,4 %) importés et 157 (23,3 %) d'origine indéterminée. 91 % des cas importés étaient des patients de Anjouan. L'incidence moyenne annuelle sur cette période était de 2,2 cas pour 10 000 habitants et la prévalence de 3,11 pour 10 000 habitants, dépassant le seuil OMS de problème de santé publique fixé à 1/100 000. L’âge moyen était de 29,8 ans. La lèpre est donc un problème de santé publique à Mayotte, notamment chez les migrants originaires de Anjouan.</div><div>La présentation clinique est polymorphe mais doit être évoqué devant des lésions de type papulo-nodules fermes de couleur peau distribués de manière symétriques sur les oreilles, le visage ou les extrémités ou encore devant une ou plusieurs macules ou tâches hypochromiques rondes à ovales allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres, hypoesthésiques au toucher. L'atteinte neurologique se présente sous la forme d'une hypertrophie nerveuse et d'une neuropathie périphérique longueur dépendante se compliquant de troubles moteurs et trophiques à l'origine de handicaps chroniques.</div><div>Le diagnostic est clinique mais on peut s'aider d'une biopsie cutanée à la recherche du bacille. L'analyse du suc dermique par frottis n'est pas réalisée à Mayotte.</div><div>Le traitement est rendu complexe par le suivi difficile des patients, notamment du fait de leur situation irrégulière à l'origine de multiples reconduite à la frontière. Ceci entraine de nombreuses interruptions qui rallongent la durée totale du traitement. Le traitement repose sur une polychimiothérapie composée de trois médicaments pour éviter l'apparition de résistance: rifampicine, dapsone (après élimination d'un déficit en G6PD) et clofazimine. En cas de déficit en G6PD, la dapsone pourra être remplacée par de la clarithromycine.</div><div>Selon l'OMS ce traitement sera instauré pour une durée de 6 mois en cas de forme paucibacillaire et 12 mois en cas de forme multibacillaire, mais les habitudes locales proposent un traitement pour une durée de 12 mois en cas de forme paucibacillaire et 24 mois en cas de forme multibacillaire. Les états réactionnels (ER) sont des complications immunitaires de la lèpre. Elles sont de deux types: réaction de réversion (type 1) et érythème noueux lépreux (type 2) et peuvent être délétères pour la peau, les nerfs, les articulations, voire mettre en jeu le pronostic vital dans de rares cas. Les ER représentent un autre enjeu thérapeutique, car souvent à l'origine d'une corti","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S17"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143387296","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"La RDR (Réduction Des Risques) en CAARUD - itinéraire du dehors au dedans","authors":"C. Alixe","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.062","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.062","url":null,"abstract":"<div><div>Le Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues (CAARUD) de la Croix-Rouge française de Martinique œuvre depuis plusieurs années sur le territoire en vue d'aller vers les personnes en grande précarité consommatrice de produits psychoactifs. Les maraudes de repérages ont permis d'identification du public, ses pratiques et lieux de consommations. Toutes ces informations ont défini le planning des maraudes et faciliter l'aller vers les personnes. La mise en œuvre de la réduction des risques a été progressive d'abord par la distribution de matériels, puis par de l'accès aux droits et aux soins des personnes. Pour répondre aux besoins grandissant, l’équipe s'est renforcée avec un infirmier et une éducatrice spécialisée. Avec les personnes reçues nous avons commencé à dessiner des parcours de prise en soin. La prise en charge en rue trouve ses limites tant pour les professionnels que les personnes accompagnées. C'est ainsi que nous avons réfléchis à la mise en place d'un accueil de jour. Nous avons créé un espace sécurisé ou les personnes en rue consommatrices de produits psychoactifs peuvent venir se reposer, bénéficier d'un accès à l'hygiène (douche et vestiaire), d'un repas chaud et d'espaces de détente. C'est une petite unité qui met les personnes à distance des produits et des violences. Il s'agit pour les personnes d'un espace de répit. L'accueil est ouvert le mercredi et le vendredi en accueil mixte (homme et femme). Le jeudi l'accès du site est uniquement dédiée aux femmes. Les personnes peuvent être reçu par une éducatrice spécialisée le mercredi et l'infirmier le vendredi. Nous sommes passés d'un dispositif totalement mobile à une offre plus étoffé dans un CAARUD fixe. Cet espace de répit est une réponse supplémentaire apporter aux personnes en addiction le plus précaires.</div><div>Cet espace permet de se réapproprier certains codes du vivre ensemble. La personne sollicite à son rythme les professionnels présents pour ses démarches. C'est un espace où l'on créé de la cohésion sociale avec des activités collectives et participes rythmés par les événements culturels de la Martinique.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Pages S30-S31"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143387303","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Coordination de la riposte contre le choléra à Mayotte - Retour d'expérience de l’épidémie de choléra à Mayotte, 2024","authors":"J. Durand","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.038","DOIUrl":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.038","url":null,"abstract":"<div><div>La présentation décrit la stratégie de l'ARS pour coordonner la riposte contre l’épidémie de choléra à Mayotte. Cette stratégie repose sur trois axes principaux: le renforcement de la surveillance, l'organisation de la prise en charge des patients, et le déploiement d'actions de terrain pour interrompre les chaînes de transmission.</div><div>En 2024, l'ARS a adopté une approche proactive en phase pré-épidémique, incluant des mesures de prévention, une gestion rigoureuse des cas confirmés et un contrôle environnemental. Le processus comprend l'isolement des cas, le traitement des contacts, la vaccination autour des foyers de contamination, ainsi que la désinfection des zones affectées.</div><div>Le système de surveillance a été renforcé par plusieurs mesures: la traçabilité des voyageurs pour détecter rapidement les cas potentiels; le déploiement d'un dispositif de surveillance à base communautaire permettant de recenser les cas de diarrhée et de déshydratation à domicile ou dans des points de collecte; et la mise en place d'une ligne de régulation dédiée pour assurer une réponse rapide aux signalements.</div><div>La prise en charge des patients a été organisée via une filière dédiée utilisant des ambulances et des véhicules spécialisés (SMUR et SDIS) pour transporter les patients tout en minimisant le risque de contagion. La vaccination des professionnels de santé en première ligne a été mise en œuvre pour limiter la transmission, et une unité de traitement spécifique a été déployée au Centre Hospitalier de Mayotte pour isoler les cas de choléra.</div><div>Pour limiter la propagation du choléra, des équipes d'intervention rapide ont été formées et mobilisées afin de mener des investigations médicales, d'identifier les contacts proches des cas confirmés, et de repérer les sources potentielles de contamination. Les contacts proches ont reçu un traitement prophylactique, et la vaccination préventive a été proposée aux habitants des quartiers touchés. Des équipes de désinfection sont intervenues dans les domiciles dans les 24 heures suivant la détection d'un cas, et dans un rayon de 50 mètres autour du foyer. Des kits d'hygiène ont été distribués aux foyers concernés pour encourager de bonnes pratiques d'hygiène et faciliter la désinfection en cas de réapparition de symptômes. Au total, 99 % des 219 cas identifiés ont été désinfectés cela a été permis par l'instauration d’équipes d'astreintes pouvant intervenir sept jours sur sept d'avril à septembre.</div><div>Les associations de promotion de la santé ont sensibilisé la population aux pratiques sanitaires, installé des dispositifs de lavage des mains, et participé aux campagnes de vaccination préventive. Des points d'eau potable ont été aménagés à proximité des quartiers et des centres de dépistage ont été créés dans les zones de forte circulation pour faciliter l'accès aux soins.</div><div>Les facteurs de risque identifiés ont permis de cibler et vacciner 35 000 personnes, en tenant compt","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S19"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"143387372","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}