Réponse opérationnelle au paludisme à Plasmodium vivax chez les orpailleurs illégaux en Guyane: un dispositif d'accès au diagnostic et au traitement hors les murs
D. Patarot , L. Houssais , P. Feller , M. Rozé , Y. Lazrek , C. Michaud , Y. Andro , L. Musset , M. Oberlis , L. Epelboin
{"title":"Réponse opérationnelle au paludisme à Plasmodium vivax chez les orpailleurs illégaux en Guyane: un dispositif d'accès au diagnostic et au traitement hors les murs","authors":"D. Patarot , L. Houssais , P. Feller , M. Rozé , Y. Lazrek , C. Michaud , Y. Andro , L. Musset , M. Oberlis , L. Epelboin","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.04.039","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>En 2023, la Guyane a connu une recrudescence de <em>Plasmodium vivax</em>, touchant particulièrement les orpailleurs illégaux, éloignés des structures de soins. Ces populations présentaient un accès limité à un traitement complet incluant le traitement éradicateur par primaquine (PQ), après vérification du déficit en G6PD. Les difficultés de suivi et l'absence de traitement par PQ favorisaient la transmission et la persistance régionale du foyer de paludisme.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Face à ces enjeux, une stratégie a été mise en place entre avril et octobre 2024: des équipes mixtes (médiateurs en santé, infirmiers, infectiologues) ont mené des missions hebdomadaires au village PK6, près de Kourou, lieu de passage sur le littoral des orpailleurs illégaux. Des tests diagnostiques rapides (TDR) pour le paludisme et le dosage de la G6PD étaient réalisés, avec délivrance sur place d'artéméther/luméfantrine (AL) et de PQ, selon les cas. Un diagnostic microscopique et moléculaire, ainsi qu'un suivi hebdomadaire complétaient le dispositif.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>En 27 missions, 289 consultations ont été menées pour 145 patients (H/F=2,1; âge med=37 ans). Parmi eux, 122 (84%) étaient nés au Brésil, avec une médiane de séjour en Guyane de 7 ans. 66% des patients déclaraient travailler dans l'orpaillage. À l'interrogatoire, 63 (43%) patients présentaient un antécédent de paludisme en 2023-2024, dont seulement 7 (11%) traités par AL/PQ, et 31 (49%) par AL seul. Lors des 289 consultations, 135 patients (46%) présentaient des symptômes récents compatibles avec un paludisme: 90 (66%) fièvre, 20 frissons (15%), 67 myalgies (49%), 94 (69%) céphalées, 35 (25%) douleurs abdominales, et 19 diarrhées (14%). Les TDR ont révélé un taux de positivité de 9% (13/132), les FGE 14% (17/22 <em>P. vivax</em>) et les PCR 22% (33/144 avec 31 à <em>P. vivax</em>). Un déficit en G6PD a été confirmé chez un patient. Un total de 67 patients ont reçu un traitement par AL et 85 par PQ. Cependant, seuls 47% (40/85) des patients traités par PQ ont été revus à J7, 18% (16/85) à J14, et 12% (10/85) à J21. Des interruptions de traitement ont été recensé chez 9% (8/85) de la population traitée pour effets secondaires mineurs. Parmi les 23 cas de paludisme diagnostiqués (21 <em>P. vivax</em>; 2 <em>P. falciparum</em>), 18 ont reçu un traitement curatif par AL sur site, 4 à l'hôpital. 20 traitements éradicateurs par PQ ont été délivré aux patients positifs à <em>P. vivax.</em> Une personne dont seule la PCR était positive à <em>P. vivax</em>, a été perdue de vue.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Ce dispositif innovant a permis un accès direct au diagnostic et au traitement, avec un bénéfice individuel et collectif. L'absence de cas sur plusieurs semaines a conduit à l'arrêt des missions médicalisés. Elles ont laissé la place à la prévention par la mise à disposition de kits permettant l'auto-diagnostic et d'auto-traitement auprès de la même population cible.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 2","pages":"Pages S19-S20"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225001461","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
En 2023, la Guyane a connu une recrudescence de Plasmodium vivax, touchant particulièrement les orpailleurs illégaux, éloignés des structures de soins. Ces populations présentaient un accès limité à un traitement complet incluant le traitement éradicateur par primaquine (PQ), après vérification du déficit en G6PD. Les difficultés de suivi et l'absence de traitement par PQ favorisaient la transmission et la persistance régionale du foyer de paludisme.
Matériels et méthodes
Face à ces enjeux, une stratégie a été mise en place entre avril et octobre 2024: des équipes mixtes (médiateurs en santé, infirmiers, infectiologues) ont mené des missions hebdomadaires au village PK6, près de Kourou, lieu de passage sur le littoral des orpailleurs illégaux. Des tests diagnostiques rapides (TDR) pour le paludisme et le dosage de la G6PD étaient réalisés, avec délivrance sur place d'artéméther/luméfantrine (AL) et de PQ, selon les cas. Un diagnostic microscopique et moléculaire, ainsi qu'un suivi hebdomadaire complétaient le dispositif.
Résultats
En 27 missions, 289 consultations ont été menées pour 145 patients (H/F=2,1; âge med=37 ans). Parmi eux, 122 (84%) étaient nés au Brésil, avec une médiane de séjour en Guyane de 7 ans. 66% des patients déclaraient travailler dans l'orpaillage. À l'interrogatoire, 63 (43%) patients présentaient un antécédent de paludisme en 2023-2024, dont seulement 7 (11%) traités par AL/PQ, et 31 (49%) par AL seul. Lors des 289 consultations, 135 patients (46%) présentaient des symptômes récents compatibles avec un paludisme: 90 (66%) fièvre, 20 frissons (15%), 67 myalgies (49%), 94 (69%) céphalées, 35 (25%) douleurs abdominales, et 19 diarrhées (14%). Les TDR ont révélé un taux de positivité de 9% (13/132), les FGE 14% (17/22 P. vivax) et les PCR 22% (33/144 avec 31 à P. vivax). Un déficit en G6PD a été confirmé chez un patient. Un total de 67 patients ont reçu un traitement par AL et 85 par PQ. Cependant, seuls 47% (40/85) des patients traités par PQ ont été revus à J7, 18% (16/85) à J14, et 12% (10/85) à J21. Des interruptions de traitement ont été recensé chez 9% (8/85) de la population traitée pour effets secondaires mineurs. Parmi les 23 cas de paludisme diagnostiqués (21 P. vivax; 2 P. falciparum), 18 ont reçu un traitement curatif par AL sur site, 4 à l'hôpital. 20 traitements éradicateurs par PQ ont été délivré aux patients positifs à P. vivax. Une personne dont seule la PCR était positive à P. vivax, a été perdue de vue.
Conclusion
Ce dispositif innovant a permis un accès direct au diagnostic et au traitement, avec un bénéfice individuel et collectif. L'absence de cas sur plusieurs semaines a conduit à l'arrêt des missions médicalisés. Elles ont laissé la place à la prévention par la mise à disposition de kits permettant l'auto-diagnostic et d'auto-traitement auprès de la même population cible.