{"title":"Rupture des spécialités de Rifampicine : quel impact sur la prise en charge des patients","authors":"I. Dosda , M. Deliat , F. Haneche , F. El Kouari","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.04.110","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>En 2023, la classe des médicaments anti-infectieux est la troisième classe la plus déclarée comme étant en rupture ou en tension d'approvisionnement par l'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé). Depuis mars 2024 la rifampicine quel que soit sa forme galénique a été contingentée. Il a été demandé aux médecins prescripteurs de remplir un formulaire à destination de la pharmacie de l'hôpital ou d'officine pour toute initiation d'un traitement par rifampicine. Les pharmacies ne peuvent commander sans ce formulaire dûment complété. Cette organisation a entrainé d'énormes difficultés d'initiation des traitements chez les patients notamment lors du passage en ville du patient. Le but de notre étude est d'évaluer l'impact de ce contingentement sur la prise en charge médicamenteuse des patients.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Extraction depuis notre DPI (Dossier Patient Informatisé) de toutes les prescriptions de rifampicine toutes galéniques confondues du 21 mars 2024 au 20 janvier 2025. Relevé des indications, des posologies, ainsi que l'historique des dépannages faits aux patients sortants n'ayant pas retrouvé de traitement en ville.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur 10 mois nous avons traités 61 patients, 44% (27/61) sont des tuberculoses maladies, 38% (23/61) des IOA documentées à Staphylocoques, 2/61 sont des infections à Mycobacterium atypiques, 6/61 sont des prophylaxies suite à un cas de méningite, 2/61 sont des endocardites infectieuses. Toutes les indications correspondent à celles restreintes du contingentement. Le patient était de retour à domicile avec son traitement dans 67% des cas (41/61), dans 63% (26/41) ce sont des patients tuberculoses, 17% (7/41) des IOA. Lors d'un retour à domicile la pharmacie a dû dépanner les patients pour assurer une continuité de traitement dans 27% des cas, 3 patients tuberculeux, 2 IOA et les 6 prophylaxies. Les dépannages concernaient dans 10/11 cas de la rifampicine comprimés et dans le dernier cas du RIFATER.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La mise en place d'une livraison contingentée nominative des différentes formes de rifampicine par l'ANSM a entrainé des difficultés dans le parcours de soins des patients notamment à l'interphase critique ville/hôpital. En moyenne il a été constaté qu'une officine de ville mettait 7 à 10 jours à recevoir le traitement du patient et pouvoir le dispenser. En attendant le patient se retrouvait en rupture de traitement et se retournait vers l'hôpital. La pharmacie de l'hôpital dépannait, quand le stock le permettait, 10 jours de traitements après avoir contacté l'officine de ville en attendant la livraison de celle-ci. Nous pouvons nous interroger sur le devenir des 31 patients en retour à domicile qui ne se sont pas manifestés pour un dépannage : l'officine de ville avait-elle du stock ? Ce sont-ils retrouvés en rupture temporaire de traitement ? Dans une majorité des cas ces patients étaient atteints de tuberculose documentée. La rupture de certains médicaments antibiotiques constitue clairement un enjeu de santé publique. Depuis fin janvier 2025 ce contingentement à l'étape de livraison n'est plus nominatif, nous pouvons espérer donc une meilleure fluidité de la prise en charge future des patients sous rifampicine.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 2","pages":"Page S54"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S277274322500217X","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
En 2023, la classe des médicaments anti-infectieux est la troisième classe la plus déclarée comme étant en rupture ou en tension d'approvisionnement par l'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé). Depuis mars 2024 la rifampicine quel que soit sa forme galénique a été contingentée. Il a été demandé aux médecins prescripteurs de remplir un formulaire à destination de la pharmacie de l'hôpital ou d'officine pour toute initiation d'un traitement par rifampicine. Les pharmacies ne peuvent commander sans ce formulaire dûment complété. Cette organisation a entrainé d'énormes difficultés d'initiation des traitements chez les patients notamment lors du passage en ville du patient. Le but de notre étude est d'évaluer l'impact de ce contingentement sur la prise en charge médicamenteuse des patients.
Matériels et méthodes
Extraction depuis notre DPI (Dossier Patient Informatisé) de toutes les prescriptions de rifampicine toutes galéniques confondues du 21 mars 2024 au 20 janvier 2025. Relevé des indications, des posologies, ainsi que l'historique des dépannages faits aux patients sortants n'ayant pas retrouvé de traitement en ville.
Résultats
Sur 10 mois nous avons traités 61 patients, 44% (27/61) sont des tuberculoses maladies, 38% (23/61) des IOA documentées à Staphylocoques, 2/61 sont des infections à Mycobacterium atypiques, 6/61 sont des prophylaxies suite à un cas de méningite, 2/61 sont des endocardites infectieuses. Toutes les indications correspondent à celles restreintes du contingentement. Le patient était de retour à domicile avec son traitement dans 67% des cas (41/61), dans 63% (26/41) ce sont des patients tuberculoses, 17% (7/41) des IOA. Lors d'un retour à domicile la pharmacie a dû dépanner les patients pour assurer une continuité de traitement dans 27% des cas, 3 patients tuberculeux, 2 IOA et les 6 prophylaxies. Les dépannages concernaient dans 10/11 cas de la rifampicine comprimés et dans le dernier cas du RIFATER.
Conclusion
La mise en place d'une livraison contingentée nominative des différentes formes de rifampicine par l'ANSM a entrainé des difficultés dans le parcours de soins des patients notamment à l'interphase critique ville/hôpital. En moyenne il a été constaté qu'une officine de ville mettait 7 à 10 jours à recevoir le traitement du patient et pouvoir le dispenser. En attendant le patient se retrouvait en rupture de traitement et se retournait vers l'hôpital. La pharmacie de l'hôpital dépannait, quand le stock le permettait, 10 jours de traitements après avoir contacté l'officine de ville en attendant la livraison de celle-ci. Nous pouvons nous interroger sur le devenir des 31 patients en retour à domicile qui ne se sont pas manifestés pour un dépannage : l'officine de ville avait-elle du stock ? Ce sont-ils retrouvés en rupture temporaire de traitement ? Dans une majorité des cas ces patients étaient atteints de tuberculose documentée. La rupture de certains médicaments antibiotiques constitue clairement un enjeu de santé publique. Depuis fin janvier 2025 ce contingentement à l'étape de livraison n'est plus nominatif, nous pouvons espérer donc une meilleure fluidité de la prise en charge future des patients sous rifampicine.