{"title":"Études littéraires africaines by Tina Harpin (review)","authors":"Pamela Ohene-Nyako","doi":"10.1353/nef.2023.a905946","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905946","url":null,"abstract":"Reviewed by: Études littéraires africaines by Tina Harpin Pamela Ohene-Nyako Harpin, Tina, et Claudine Raynaud, coordonnatrices. “(Re)lire les féminismes noirs.” Études littéraires africaines, no 51, 2021. ISSN 07694563. 159 p. Le dossier “(Re)lire les féminismes noirs” participe de la visibilité, en milieu universitaire francophone, de contributions intellectuelles et politiques de femmes issues de l’Afrique subsaharienne et de sa diaspora. Il s’inscrit dans une littérature grandissante sur le sujet, comme le démontre la publication récente d’un autre ouvrage [End Page 251] collectif sur la thématique, Africana. Figures de femmes et formes de pouvoir (2022), coordonné par Christine Le Quellec Cottier et Valérie Cossy. Le motif initial du dossier est double. Il s’agit, d’une part, de valoriser diverses formes de “mobilisation” et de “conscience féministe[s]” (8) à l’aune des violences structurelles, passées et contemporaines, perpétrées à l’égard des femmes afrodescendantes et de leurs communautés d’appartenance. D’autre part, sur le plan de la connaissance, les profils et écrits sélectionnés pour ce numéro contribuent à élargir notre compréhension des féminismes noirs dans une approche globale et complexifiée (10–12). Dans cette perspective, les coordonnatrices Tina Harpin et Claudine Raynaud s’inscrivent dans la continuité et l’élargissement du recueil de 2008 d’Elsa Dorlin, Black Feminism: anthologie du féminisme africain-américain 1975–2000, en proposant une sélection de textes d’auteures majeures du féminisme noir, traduits et rendus accessibles en français. Sans prétendre à l’exhaustivité, “(Re)lire les féminismes noirs” élargit le champ géographique au-delà des États-Unis et dresse en outre un kaléidoscope de la diversité des pensées féministes de huit femmes écrivaines, militantes et universitaires. Celles-ci incluent l’universitaire et militante marxiste afroaméricaine Angela Davis; la poétesse et écrivaine lesbienne caribéenne-étasunienne Audre Lorde; la féministe, auteure et anthropologue sénégalaise Awa Thiam; les romancières nigérianes Flora Nwapa et Chimamanda Ngozi Adichie; la journaliste et écrivaine hip-hop Joan Morgan; la militante et auteure afro-américaine d’origine haïtienne Roxane Gay; et, enfin, la philosophe et militante afro-brésilienne Djamila Ribeiro. Grâce à cette sélection, le féminisme noir est compris et présenté, dans le volume, comme foncièrement pluriel, comme l’indique le titre du dossier. Aussi, cette conception du féminisme noir intègre-t-elle tant les interconnections entre racisme, sexisme, capitalisme et monde carcéral (tel que l’articule Angela Davis et tel que le démontre Tina Harpin), que les enjeux liés à la maternité, à la féminité et à l'oppression économique en contexte colonial—comme dans le cas de Flora Nwapa, présenté par Cédric Courtois. L’analyse de Claudine Raynaud revient sur la pensée d’Audre Lorde qui insistait autant sur la nécessité de questionner l’homophobie au prisme de la dimension rac","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"115 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136003160","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"“L’Écrivain, c’est le miroir de sa société”: Entretien avec la romancière camerounaise Djaïli Amadou Amal","authors":"Djaïli Amadou Amal, Charlotte Mackay","doi":"10.1353/nef.2023.a905933","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905933","url":null,"abstract":"“L’Écrivain, c’est le miroir de sa société”Entretien avec la romancière camerounaise Djaïli Amadou Amal Djaïli Amadou Amal (bio) and Charlotte Mackay (bio) Cet entretien a été réalisé via téléconférence (Zoom) le 21 décembre 2022. Suite à la retranscription de l’enregistrement, certaines parties ont été sélectionnées et adaptées à la publication, avec l’accord de l’autrice. Figurant parmi les plumes contemporaines camerounaises et africaines les plus connues et célébrées, Djaïli Amadou Amal est née en 1975 dans la communauté peule de Maroua à l’extrême nord du Cameroun. Bien qu’elle soit issue d’un milieu aisé, sa vie n’est pas facile. Adolescente, elle est mariée de force à un premier époux bien plus âgé qu’elle. Si elle réussit à s’extraire de cette première union, son second mariage ne sera pas plus épanouissant à cause d’un mari violent qui, au moment de leur rupture, enlève leurs deux filles. Amadou Amal s’installe à Yaoundé où elle intègre le Cercle de la Nolica (Nouvelle littérature camerounaise) et participe aux ateliers de l’écriture pendant plus d’une année, puis elle vend ses bijoux pour financer son projet littéraire. Son premier roman, Walaande, l’art de partager un mari, paru chez Ifrikiya en 2010, sera rapidement remarqué pour ses qualités littéraires ainsi que son engagement. Un deuxième roman, Mistiriijo, la mangeuse d’âmes, suivra trois ans plus tard. Si sa renommée est déjà bien établie au sein de l’institution littéraire camerounaise et dans d’autres pays d’Afrique francophone, c’est la réédition et la publication en France aux Éditions Emmanuelle Collas de son troisième roman Munyal, les larmes de la patience sous le titre Les Impatientes, lauréat du Prix Goncourt des Lycéens en 2020, qui la projettera au premier plan de la scène littéraire mondiale francophone. Son quatrième roman, Cœur du Sahel, vient de paraître en 2022 chez la même éditrice, et adopte à nouveau la perspective réaliste sociale désormais indissociable de l’écriture amalienne. Amadou Amal est une écrivaine résolument engagée qui prête sa voix aux sans-voix dans le but de lever le voile sur une gamme de tabous sociétaux, culturels et religieux touchant à la (sur)vie, à l’épanouissement et à la dignité des habitants de sa région natale. Ses écrits portent une attention particulière à la condition féminine, un engagement qui se trouve reflété dans les actions de son association Femmes du Sahel. Son œuvre littéraire et son parcours lui ont valu un Doctorat Honoris Causa de l’Université Sorbonne Nouvelle, le 28 novembre 2022 à Paris, un honneur qu’elle a dédié “à toutes les femmes du monde” (“Distinction” s.p.). [End Page 199] charlotte mackay: Êtes-vous venue à l’écriture ou est-ce l’écriture qui est venue à vous? Avez-vous toujours su que vous finiriez écrivaine? djaïli amadou amal: Quand on a tellement de passion pour la lecture, l’écriture vient automatiquement. J’ai toujours lu depuis l’âge de huit ans. J’ai commencé à écrire adolescente quand j’avais déjà b","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"26 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136003165","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Cahiers Robinson by Francis Marcoin (review)","authors":"Suzanne Pouliot","doi":"10.1353/nef.2023.a905944","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905944","url":null,"abstract":"Reviewed by: Cahiers Robinson by Francis Marcoin Suzanne Pouliot Marcoin, Francis, coordonnateur. “La littérature de jeunesse de la maternelle à l’Université.” Cahiers Robinson, no 52, 2022. ISBN 9782848325354. 194 p. Dans son introduction, Francis Marcoin présente les principales contributions fran-çaises, dans le cadre de l’enseignement littéraire, tel que vécu dans l’Hexagone. Ce qui est affirmé, haut et fort, ne vaut que pour ce pays, précisons-le d’emblée. Ailleurs, notamment dans les pays influencés par les pays anglo-saxons et les pays nordiques, les modalités scolaires concernant l’enseignement et la place occupée par la littérature pour la jeunesse, en classe, de la maternelle à l’université, sont plus souples et les prescriptions institutionnelles moins lourdes que celles qui sont imposées en France. Pour Anne Besson, “Les littératures de l’imaginaire contemporaines pour la jeunesse au collège (sont) des ressources inexplorées” (13–21). Aussi, dès l’introduction, Besson affirme que les ados mettent au premier rang de leur plaisir de lire, les genres de l’imaginaire, dont les ouvrages sont publiés dans des collections qui leur sont destinées. Or, constate Besson, de nombreuses offres pédagogiques sont mises à disposition pour le corps enseignant qui en méconnaît l’existence. Pour pallier cette ignorance observée, l’autrice passe en revue les ressources éditoriales mises à la disposition de la scolarisation, étant donné que ce genre est légitimé dans les programmes scolaires français, et ce, malgré la réticence de certains inspecteurs scolaires qui peuvent en entraver l’exploitation. Selon Silène Edgar, citée en référence, les dossiers pédagogiques et leur format standardisé facilitent l’exploitation en classe de la littérature de jeunesse contemporaine. Pour sa part, Isabelle Harbonnier-Valdher s’attarde sur “La littérature de jeunesse sur les étagères du CDI” (23–34). En contexte franco-français, les centres de documentation et d’information (CDI) jouent de fait un rôle important dans la diffusion et la formation à la littérature pour la jeunesse, auprès du corps enseignant et des élèves qui fréquentent ces lieux. C’est du moins ce que précise l’autrice. En tant que documentaliste, Harbonnier-Valdher constate la dichotomie qui existe entre œuvres patrimoniales obligatoires à lire, en classe, valorisées par les programmes scolaires, et la timide présence d’œuvres de littérature pour la jeunesse, [End Page 244] lues surtout pour divertir. Face à cette dichotomie, les documentalistes et les mai-sons d’édition misent sur de nombreux dispositifs pour réduire l’écart entre les deux univers littéraires, car, en fin de piste, la littérature pour la jeunesse mérite d’être partagée, connue et appréciée comme l’attestent les recherches universitaires qui suggèrent de nouvelles pistes d’interventions didactiques, grâce à leurs études sur le terrain, notamment. Dans la même foulée ou presque, Isabelle-Rachel Casta résume, avec moult exemples, les qu","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"9 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136002945","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"La Parole “autochtone” de Déwé Görödé","authors":"Laté Lawson-Hellu","doi":"10.1353/nef.2023.a905923","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905923","url":null,"abstract":"Abstract: En écrivant son roman Tâdo, Tâdo wéé! Ou “No more baby” (2012), la romancière d’origine néocalédonienne, et kanak du point de vue culturel, Déwé Görödé, propose un regard historique et personnel sur l’actualité politique de son espace d’origine, durant le 20e siècle. Ce regard, qui se veut à la fois personnel et collectif, s’inscrit, du point de vue épistémologique, dans la vision du monde de sa culture de référence et de revendication, sa parole “autochtone.” Toutefois, ce roman dépasse la simple revendication d’un espace culturel. Le recours aux approches herméneutiques et éthiques actuelles, comme la théorie du care [soin] ou, moins récemment, la perspective postcoloniale, démarches adossées à la réflexion proposée par la philosophie écologique, permet d’entrevoir les éléments de réponse de la romancière aux grands enjeux contemporains, y compris existentiels, de la vie de l’être humain.","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"2018 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136002946","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Redessiner les archives familiales: Mise en tensions graphiques dans Les Jardins du Congo de Nicolas Pitz et Elle ne parlait jamais du Congo de Nicolas Wouters","authors":"Alicia Lambert","doi":"10.1353/nef.2023.a905931","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905931","url":null,"abstract":"Abstract: Cet article examine la manière dont les bandes dessinées Les Jardins du Congo (2013), de Nicolas Pitz, et Elle ne parlait jamais du Congo (2017), de Nicolas Wouters, revisitent les archives familiales dont les artistes ont hérité de leurs grands-parents ayant vécu au Congo belge. L’analyse examine comment, dans ces démarches postmémorielles, plusieurs tensions graphiques, textuelles, visuelles, séquentielles et tabulaires révèlent d’autres tensions idéologiques, qui témoignent d’un conflit mémoriel entre deux générations. Les artistes prennent en main les archives familiales—ils sélectionnent, manipulent, cadrent, redessinent—afin de dévoiler les absences et les hypocrisies qui caractérisent des images idéalisées et simplifiées. Les œuvres montrent ainsi la capacité que possède la bande dessinée de décentrer les archives et le regard colonial, tout en attirant l’attention sur leur propre subjectivité et leur propre ambivalence.","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"115 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136002949","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Écrire pour devenir soi ou un autre? À travers trois œuvres polynésiennes de référence","authors":"Daniel Margueron","doi":"10.1353/nef.2023.a905924","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905924","url":null,"abstract":"Abstract: La culture polynésienne contemporaine est prise entre quatre pôles: en premier lieu, l’adulation pour une culture ancestrale, sous la forme d’une attirance irrépressible jouée, rejouée, spectacularisée avec ses effets de réalités historiques et légendaires supposées, et conçue dans un esprit de reconquête et de nostalgie; en deuxième lieu, une perception de la Polynésie produite par une littérature allogène autant protéiforme qu’abondante; en troisième lieu, un dépôt culturel bâti par la famille, l’éducation, l’école, la vie et par des lectures personnelles; enfin, une écriture autochtone qui exprime une entropie visible et déroutante créée par l’histoire. De quels éléments internes et externes est composée l’individualité de l’être écrivant? Comment se conjuguent en écriture les visions du passé, la perception des autres et le ressenti, voire le vécu contemporain? Les écrivains polynésiens forment-ils un bloc uni en matière de positionnement politique et littéraire, ou un large éventail? Il s’agira peut-être, en se basant sur l’historicité de la littérature polynésienne, de distinguer différentes générations d’écrivains.","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"10 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136003170","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Transpositions: Migration, Translation, Music by Alison Rice (review)","authors":"Ramona Mielusel","doi":"10.1353/nef.2023.a905935","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905935","url":null,"abstract":"Reviewed by: Transpositions: Migration, Translation, Music by Alison Rice Ramona Mielusel Rice, Alison, coordonnatrice. Transpositions: Migration, Translation, Music. Liverpool, Liverpool UP, 2021. ISBN 9781789621112. 304 p. L’intérêt pour les mouvements migratoires dans la Méditerranée a toujours été et reste un sujet d’actualité, prisé des écrivains, cinéastes, musiciens et artistes des deux côtés de la mer. Au courant des années 2000, en particulier, on y assiste à l’accroissement d’un flux migratoire significatif vers l’Europe, qui contribue à l’intérêt que portent les chercheurs en études francophones et postcoloniales à ce sujet. Le phénomène fait l’objet de plusieurs colloques et publications, qui tentent tous de décortiquer ce sujet controversé et sensible; au point où le défi des publications actuelles consiste largement à aborder cette problématique sous un angle nouveau et original. Or, c’est précisément le but du récent ouvrage coordonné par Alison Rice, Transpositions: Migration, Translation, Music, paru en 2021 chez Liverpool University Press. Comme l’indique le titre du volume, Rice prend pour principal fil conducteur de cette série de réflexions le terme “transpositions” et ses multiples significations: réécriture, variations, déplacements, changements de place, remplacements, changements d’horizon d’attente, entre autres. Ainsi, nous offre-t-elle une nouvelle optique de lecture sur les différentes productions artistiques francophones, depuis les années 1990 jusqu’à nos jours. Plus précisément, les douze contributrices et contributeurs ayant participé à ce volume illustrent une compréhension du terme moteur qui en souligne la perméabilité, notamment à l’intersection de divers genres artistiques tels la littérature, le cinéma, le théâtre et la musique. De fait, ces “transpositions” semblent se manifester dans des formes artistiques caractérisées par une interpénétration entre variations langagières et artistiques, qui reflètent ainsi les mouvements et croisements migratoires dans l’espace géographique méditerranéen—espace politique et culturel fortement chargé, reliant l’histoire commune (passée et présente) de l’Europe et du Maghreb. Autrement dit, ce sont ces mêmes réalités reliées à l’immigration et aux déplacements des frontières (territoriales et imaginaires) qui sont transposées dans des formes artistiques et linguistiques complexes, et qui sont dès lors abordées par les écrivains, cinéastes, dramaturges et compositeurs sous un angle plus personnel. Dans ce même ordre d’idées, le volume contient des analyses d’œuvres qui convoquent la traduction, l’adaptation cinématographique ou théâtrale, la composition musicale, la poésie en image, le documentaire biographique, le témoignage artistique et l’influence linguistique sur la lingua franca (dans ce cas le français), et qui concrétisent de ce fait à la fois une transposition et une intersection des média artistiques: vidéos, photographie, poésie, images, dessins, musique et danse","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"10 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136002950","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Queer Velocities: Time, Sex, and Biopower on the Early Modern Stage by Jennifer Eun-Jung Row (review)","authors":"Jennifer Tamas","doi":"10.1353/nef.2023.a905942","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905942","url":null,"abstract":"Reviewed by: Queer Velocities: Time, Sex, and Biopower on the Early Modern Stage by Jennifer Eun-Jung Row Jennifer Tamas Row, Jennifer Eun-Jung. Queer Velocities: Time, Sex, and Biopower on the Early Modern Stage. Evanston, Northwestern UP, 2022. ISBN 9780810144705, 224 p. Queer Velocities s’ouvre sur une introduction qui met à l’honneur une œuvre d’Isaac de Benserade, sans doute moins connue que les quatre pièces canoniques de Jean Racine et de Pierre Corneille que Jennifer E. Row analyse ensuite. Il s’agit de la première comédie de Benserade intitulée Iphis et Iante, qui aborde frontalement la question de l’homosexualité féminine en imaginant ce que produirait le mariage de deux personnes du même sexe dans la France du 17e siècle. Row nous guide habilement dans ce texte avec une attention et une finesse d’analyse exemplaires en ce qu’elle épingle le vocabulaire et les faits de style qui décrivent l’émerveillement de deux femmes découvrant leur corps pendant leur nuit de noces. Notons que Benserade reprend à Ovide cette fable mais qu’il la change de manière significative en imaginant la métamorphose d’Iphis en homme non avant mais après la nuit de [End Page 236] noces, ce qui lui permet de parler de la rencontre voluptueuse des corps féminins. Row se sert notamment des vers et du lexique pour élaborer les concepts nécessaires à l’interprétation comme à la méthodologie déployée dans les quatre chapitres suivants. Il est toujours difficile de résumer une thèse sans l’affaiblir, mais la démarche s’attache visiblement à démontrer qu’une expérience de queerness naîtrait d’un temps non linéaire qu’il est possible de dégager dans le théâtre classique à travers les rapports de pouvoir (chap. 1, Le Cid), l’union amoureuse au-delà du vivant (chap. 2, Andromaque), l’ordre politico-religieux (chap. 3, Polyeucte) ou les liens polyamoureux (chap. 4, Bérénice). Ces rapports de force et de transgression induisent un questionnement sur le temps et les affects. Row recourt ainsi à la notion de velocity (en tant que “vitesse” mais aussi en tant que “direction”) pour réfléchir au tempo du texte, à ses retards, ses hésitations, mais aussi à ses effets de suspense, d’attente et à l’alternance entre rapidité et lenteur. Dès lors, tout écart par rapport aux normes classiques et dramaturgiques est source d’intérêt. A contrario, la linéarité renverrait pour sa part à la norme sexuelle (avec un jeu de mots sur “straight”). De manière surprenante, la notion de velocity et ce qui en découle éclipsent celles qui trouvent leurs équivalents dans la dramaturgie classique et dans les traités rhétoriques de l’époque (on raisonne alors en termes de copia, brevitas, tension, nœud, acmé, catastrophe, etc.). Dans cette perspective, l’approche aristotélicienne (notamment La Poétique que ne cessent d’interroger les dramaturges de l’époque) est également évacuée: l’analyse temporelle de Row se passe de notions telles que le “temps tragique,” la “fatalité” ou la “prédiction.” Rien n’est ","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"14 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136002955","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Roman de la post-migration ou paradoxes de l’identité connectée: Présence et déliaison de l’Algérie dans L’Art de perdre d’Alice Zeniter","authors":"Amaury Dehoux","doi":"10.1353/nef.2023.a905930","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905930","url":null,"abstract":"Abstract: Cet article envisage la post-migration comme source de configurations identitaires spécifiques dans L’Art de perdre d’Alice Zeniter. Il montre que la protagoniste, née en France, entretient un rapport ambivalent à l’Algérie dont sont originaires son père et son grand-père. Pour ce faire, l’analyse détaille d’abord en quoi Naïma actualise une mise à distance de l’Algérie par l’abandon d’une série de référents culturels, parmi lesquels l’islam. Par la suite, on montre que, malgré cet éloignement, la protagoniste continue à se heurter à la prégnance de l’Algérie comme part de son histoire familiale. C’est pourquoi on propose finalement de lire la connexion partielle à l’Algérie comme une façon d’assumer l’ambivalence et de penser l’identité post-migrante d’ascendance algérienne en France.","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"2 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136003161","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Autofiction et fiction d’une identité multiculturelle. Qu’est-ce que l’illustration chez Yiling Changues?","authors":"Irina Armianu","doi":"10.1353/nef.2023.a905920","DOIUrl":"https://doi.org/10.1353/nef.2023.a905920","url":null,"abstract":"Abstract: Les œuvres plastiques et les illustrations de Yiling Changues rappellent le lyrisme de Gauguin, tout comme elles évoquent l’identité mêlée d’une Polynésienne métissée. En revenant sur ses origines multiculturelles, l’artiste, de retour dans ses îles, se confie: “On part pour mieux revenir” (Rambaud 1). Cet article examine en quoi l’enjeu de cette identité culturelle est la création d’une œuvre d’art comme lieu de mémoire du multiculturalisme à Tahiti. Yiling s’y réapproprie ses racines dans un métissage des traditions folkloriques chinoises et tahitiennes, pour remplir un “vide” qu’elle considère comme essentiel dans son voyage vers une identité culturelle intériorisée. Incursion dans le passé, l’ambiance moderne de son style et de sa technique retient l’attention: des lignes en noir et blanc impriment comme des impulsions énergiques aux contours d’une nature exotique. Ces lignes ondulatoires transmettent la spontanéité de la vie locale, reliant de façon surprenante la modernité du style et de la technique à l’illustration de la nature et de la vie des gens portraitisés.","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"68 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"136002953","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}