{"title":"Marie de France : l’invention d’une voix","authors":"N. Koble","doi":"10.58282/colloques.6241","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6241","url":null,"abstract":"Pour Agathe, et Jean-MichelIntroduction– Une voix qui porteLa voix est au cœur du travail d’invention de Marie de France, particulierement dans les lais. La variation sur la parabole des talents, sur laquelle s’ouvre le prologue general, assimile en contexte litteraire le « talent » (a la fois « desir » et « decision » en ancien francais) a l’eloquence, la promesse d’epanouissement de la fleur a une floraison rhetorique, qui reprend un topos herite de l’art oratoire antique pour l’appliquer a l’invention litteraire contemporaine de l’autrice, et a son avenir1.Marie, dans cette translation, comme disaient les medievaux, se figure en mediatrice, dans une chaine d’oralite qui est explicite tout au long du recueil pour parler de sa genese et de sa transmission2 : mediatrice entre ce qu’elle a entendu conter, les aventures que les Bretons ont eux-memes entendues, entre les conteurs et ses auditeurs contemporains – processus de transmission qui suppose a son tour une performance, regulierement rappelee et appelee dans le texte meme, associee a la signature de l’autrice dans le petit prologue : « Or Oez, seignurs, ke dit Marie/ Ki en sun tens pas ne s’oblie3». Cette vocalite premiere et secondaire propre a la transmission des œuvres est encore enrichie par le processus de composition lui-meme, au xiie siecle. L’ecriture est a la fois un travail de conservation second et de transmission parallele, dont il ne faut pas minimiser l’importance (puisque c’est le recueil tel qu’il a ete co","PeriodicalId":109782,"journal":{"name":"Marie de France, en son temps","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"132517290","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Scènes de la reconnaissance dans les Lais de Marie de France. Mémoire, identité, invention littéraire","authors":"M. Séguy","doi":"10.58282/colloques.6251","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6251","url":null,"abstract":"Pour Francis DubostUne mere reconnait subitement sa fille qu’elle a abandonnee a sa naissance. Un roi reconnait dans un loup qu’il rencontre dans la foret une humanite qui l’attache a lui. Un jeune homme refuse de reconnaitre sa faiblesse et se condamne a mort, avec son amante. Des etres surnaturels reconnaissent immediatement celle ou celui qu’ils vont aimer alors qu’ils ne l’ont jamais vu(e). Une narratrice qui se nomme « Marie » en appelle a la reconnaissance des lecteurs / auditeurs presents et futurs. Tous les lais du recueil Harley 978 s’organisent autour d’une ou de plusieurs scenes de reconnaissance – ou de non-reconnaissance – toujours investies d’une importance decisive dans l’intrigue qui se deroule dans l’univers de fiction. L’importance de la reconnaissance se verifie egalement dans cette autre intrigue qui se joue au niveau de l’invention et de la narration des lais, telle qu’elle peut se lire, en particulier, dans les differents prologues et epilogues des textes du recueil. Dans cette intrigue metadiscursive, la reconnaissance est a la fois l’enjeu et l’objet de l’entreprise poetique. Il s’agit en effet pour l’instance auctoriale qui se nomme « Marie » dans le prologue de Guigemar de se faire reconnaitre de ses lecteurs / auditeurs presents et futurs : de ne pas s’oublier « en sun tens »1 (c’est la l’enjeu explicite de la composition des lais narratifs), en assurant la reconnaissance, dans le temps, de chansons entendues autrefois (objet declare, et maintes foi","PeriodicalId":109782,"journal":{"name":"Marie de France, en son temps","volume":"30 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-13","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"131132593","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"La figure royale dans les Lais et les Fables de Marie de France","authors":"Baptiste Laïd","doi":"10.58282/colloques.6247","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6247","url":null,"abstract":"L’importance de la figure royale dans la litterature francaise naissante reflete naturellement celle qu’elle occupait dans les societes qui la produisirent : meme quand le roi n’est pas protagoniste du recit ou il apparait, son nom seul suffit a evoquer l’empire qu’il exerce sur l’ensemble d’un espace fictionnel dont il est souvent a la fois le dirigeant supreme et la figure de proue.Trois rois et trois noms dominent ainsi le xiie siecle et tracent, pour rester dans des lignes assez generales, trois periodes litteraires : Charlemagne incarne l’epopee telle qu’elle se fixe a l’ecrit au debut du siecle ; Alexandre resume a lui seul la mode des romans antiques qui s’empare du monde francophone dans les annees 1140 et 1150 ; le personnage d’Arthur enfin les egale en notoriete au cours des dernieres decennies du siecle dans le sous-genre du roman breton. Ces trois personnages ont deja fait l’objet de nombreuses etudes1, en particulier celles de Dominique Boutet.Ces etudes ont montre l’evolution generale du traitement de la figure royale au cours du siecle. Il s’ouvre en effet avec une œuvre, La Chanson de Roland (1100), dans laquelle « l’image royale est a son plus haut degre2 » sous les traits de Charlemagne, un roi juste, brave, reflechi, autoritaire et soutenu par Dieu, une image que conforte meme une chanson fragmentaire comme Gormont et Isembart ou une autre partiellement humoristique comme Le Pelerinage de Charlemagne (1140). Cette perspective ideologique particulierement la","PeriodicalId":109782,"journal":{"name":"Marie de France, en son temps","volume":"138 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-12","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124002869","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"L’Espurgatoire seint Patriz « première œuvre littéraire à parler du Purgatoire »1","authors":"M. L. Goff","doi":"10.58282/colloques.6249","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6249","url":null,"abstract":"","PeriodicalId":109782,"journal":{"name":"Marie de France, en son temps","volume":"29 22 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-12","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128155051","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Ne pot eslire le meillur. L’écriture du Chaitivel et l’impossible singularisation","authors":"V. Obry","doi":"10.58282/colloques.6245","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6245","url":null,"abstract":"Le Chaitivel et la casuistique amoureuse : les difficultes du choixDans les lais du Chaitivel et d’Eliduc, Marie de France met en recitune reflexion sur la relation amoureuse face a l’exces : au heros Eliduc dont le nom dit la difficulte du choix entre Guildeluec et Guilliadun1, repond la dame anonyme incapable d’eslire2 parmi ses quatre pretendants celui a qui elle doit accorder son amour. Variations en miroir inverse d’une meme configuration amoureuse3, les deux lais ont pour autre point commun de n’etre conserves que dans le manuscrit Harley 9784. Independamment des aleas de la transmission materielle des lais au Moyen Âge, il est peu etonnant que le Chaitivel ne figure pas dans le manuscrit dit S des Lais (Bibliotheque nationale de France, nouvelles acquisitions francaises 1104), qui regroupe neuf des douze recits de Marie de France en adoptant une perspective moins auctoriale que generique, puisqu’ils y sont associes a d’autres lais composes aux xiie et xiiie siecles5. Le Chaitivel s’inscrit en effet avec difficulte dans un ensemble generique dont le critere definitoire serait l’aventure reposant sur la confrontation de deux mondes, telle que l’identifie Jean Frappier6.Il n’y aurait qu’un monde dans le Chaitivel, l’univers courtois et sans merveille interroge, peut-etre mis en cause, car sa logique est poussee dans ses retranchements7. Cette caracteristique a pu conduire a faire de ce recit une prefiguration des « lais purement courtois8 » du xiiie siecle, ou, comme dans","PeriodicalId":109782,"journal":{"name":"Marie de France, en son temps","volume":"104 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-12","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123850928","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Du joi occitan à la joie dans les Lais de Marie de France. Marie et la lyrique des troubadours","authors":"Milena Mikhaïlova Makarius","doi":"10.58282/colloques.6243","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6243","url":null,"abstract":"[Jaufre Rudel mourant dans les bras de la Comtesse de Tripoli (Chansonnier provencal, Paris, BnF, fr. 854, fol. 121v)]A l’oree de son recueil, Marie declare ecrire, assembler et offrir ses lais sous les auspices de la joie. La sienne et celle du roi, lecteur ideal et souverain de « tute joie » :En l’honur de vus, nobles reis,Ki tant estes pruz e curteis,A ki tute joie s’enclineE en ki quoer tuz biens racine,M’entremis des lais assembler,Par rime faire e reconter.En mun quoer pensoe e diseie,Sire, kes vos presentereie.Si vos les plaist a receveir,Mult me ferez grant joie aveir,A tuz jurz mais en serrai liee. (v. 43-53)1La joie est donc partout, du cote de la conception comme de la reception. La dedicace resonne comme une exhortation de la part de Marie d’entendre les lais qui suivent sur le plan affectif. Or, la notion de la joie n’est pas un sujet facile a aborder. Contrairement a d’autres emotions comme la peur, la honte, la colere ou l’orgueil, la joie apparait comme une notion molle car ne portant pas en soi une forte interrogation apte a susciter le conflit motivant toute narration. Sans doute est-ce la raison pour laquelle elle a peu attire l’attention des critiques qui s’interessent aux emotions dans la litterature depuis les annees 1990. Aborder la question de la joie dans les lais revient a se rappeler d’abord que, nourris de la lyrique occitane meridionale, les recits medievaux en langue d’oil ont herite du concept du joi, emotion centrale structurant l’imaginaire er","PeriodicalId":109782,"journal":{"name":"Marie de France, en son temps","volume":"103 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-12","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"116174693","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Introduction : Le partage des temps","authors":"M. Séguy","doi":"10.58282/colloques.6239","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.6239","url":null,"abstract":"[Paris, BnF, Bibliotheque de l’Arsenal, ms. 3142, fol.256a]Oez, seignurs, ke dit Marie,Ki en sun tens pas ne s’oblie1.Ne pas se derober quand vient son tourDans le prologue de Guigemar, le premier des douze lais rassembles dans le manuscrit de Londres, British Library, Harley 978, une instance auctoriale qui se nomme « Marie » prend la parole pour defendre son entreprise litteraire et revendiquer la place qui lui revient sur la scene courtoise. Cette place, c’est celle d’une autrice « de grant pris », soutient-elle sans ambages, dont les detracteurs sont assimiles aux « losengiers » de la canso, ces medisants qui jalousent le bonheur des amants et s’attachent a leur nuire :Celui deivent la gent loerKi en bien fait de sei parlerMais quant il ad en un paisHumme u femme de grant pris,Cil ki de sun bien unt envieSuvent en dient vileinie :Sun pris li volent abeissier […]Nel voil mie pur ceo laissier,Si gangleur u losengierLe me volent a mal turner (Guigemar, v. 6-17) En mettant d’emblee le programme esthetique du recueil qui s’ouvre sous l’egide de la fin’amor, ce passage tres celebre ne signale pas simplement la dette qu’entretiennent les lais narratifs vis-a-vis de la lyrique courtoise, dont l’article de Milena Mikhailova analyse, dans ce dossier, toute la richesse. Il dit aussi ce que la posture d’autrice que Marie revendique si hautement, dans ces vers liminaires, doit a celle des amants de la canso, c’est-a-dire en quoi, au fond, elle s’autorise de son seul desir (qui, dans l","PeriodicalId":109782,"journal":{"name":"Marie de France, en son temps","volume":"10 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2019-06-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123762153","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}