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Abstract
Pour Agathe, et Jean-MichelIntroduction– Une voix qui porteLa voix est au cœur du travail d’invention de Marie de France, particulierement dans les lais. La variation sur la parabole des talents, sur laquelle s’ouvre le prologue general, assimile en contexte litteraire le « talent » (a la fois « desir » et « decision » en ancien francais) a l’eloquence, la promesse d’epanouissement de la fleur a une floraison rhetorique, qui reprend un topos herite de l’art oratoire antique pour l’appliquer a l’invention litteraire contemporaine de l’autrice, et a son avenir1.Marie, dans cette translation, comme disaient les medievaux, se figure en mediatrice, dans une chaine d’oralite qui est explicite tout au long du recueil pour parler de sa genese et de sa transmission2 : mediatrice entre ce qu’elle a entendu conter, les aventures que les Bretons ont eux-memes entendues, entre les conteurs et ses auditeurs contemporains – processus de transmission qui suppose a son tour une performance, regulierement rappelee et appelee dans le texte meme, associee a la signature de l’autrice dans le petit prologue : « Or Oez, seignurs, ke dit Marie/ Ki en sun tens pas ne s’oblie3». Cette vocalite premiere et secondaire propre a la transmission des œuvres est encore enrichie par le processus de composition lui-meme, au xiie siecle. L’ecriture est a la fois un travail de conservation second et de transmission parallele, dont il ne faut pas minimiser l’importance (puisque c’est le recueil tel qu’il a ete co