{"title":"La fantaisie dans la poésie du Chat Noir : une fantaisie de pacotille ?","authors":"Caroline Crépiat","doi":"10.58282/colloques.2571","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.2571","url":null,"abstract":"La revue du Chat Noir1, regroupant « une Societe bruyante et gaie de jeunes hommes2 », constitue, en adequation avec l’esprit de cabaret et d’avant‑garde de la fin du xixe siecle, un cadre en marge de la societe dont les valeurs dominantes, tels le bon sens, l’esprit de serieux, le positivisme, le scientisme et le materialisme, sont remises en cause. Les poetes du Chat Noir fondent en effet leur esthetique sur l’ecart, sur l’excentricite vis‑a‑vis du discours officiel et normatif, dont ils pronent le retournement : il s’agit d’aller a rebours des conventions en en ebranlant les fondements par la parodie, le demantelement et la profanation des formes traditionnelles et des schemas convenus, devenus, selon eux, des automatismes d’ecriture. Dans ce contexte, la fantaisie, ce « domaine libre […], ou tous les ecarts de l’imagination sont toleres jusqu’aux limites du gout3 », semble avoir tout particulierement sa place.Pourtant, si la fantaisie « plan[ait] [...] toutes ailes deployees4 » au‑dessus des œuvres de leurs precurseurs, les Hydropathes, comme le souligne Emile Goudeau, on peut se questionner sur son statut dans la poesie de la revue du Chat Noir : le terme de fantaisie est etonnamment rarement cite, aux profits d’autres termes plus « modernes », est employe a contre‑courant, enfin ses apparitions font le plus souvent signe vers un ecroulement, une disparition. Nous pouvons alors nous demander dans quelle mesure les poetes du Chat Noir, plutot que de demanteler cette notio","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"24 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2016-10-08","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"127800670","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Romantisme et fantaisie","authors":"M. Brix","doi":"10.58282/colloques.2608","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.2608","url":null,"abstract":"Dans une serie d’ouvrages et d’articles parus depuis 1999, j’ai propose et defendu l’hypothese qu’il existait en France deux romantismes, et que le terme de « fantaisie » pourrait constituer une etiquette pertinente pour recouvrir et designer une des branches de cette opposition1. Il faut voir d’abord que « romantisme » est un mot qui ne parait pas pouvoir etre mis en correspondance avec une esthetique precise. Il renvoie plutot a un besoin de renouvellement, de regeneration de l’art, qui s’est manifeste a une epoque – le debut du xixe siecle – ou la litterature, et en particulier la poesie, apparaissait enlisee dans l’academisme et ayant perdu tout lien avec le monde contemporain, le temps present. Selon un phenomene bien connu en politique, quelques idees simples suffisent a coaliser et federer des individus dans l’opposition, mais il est frequent qu’une fois parvenus au pouvoir, ceux-ci laissent apparaitre de profondes divisions. C’est ce qui s’est passe avec les romantiques : unis dans une detestation commune des « perruques », qui occupaient le champ litteraire, ils ont montre de grandes divergences entre eux a partir du moment ou leur victoire est devenue un fait accompli et ou leur regne a commence. La question de cette opposition n’est pas neuve, meme si la detection des mesententes entre ecrivains « renovateurs » a pu etre problematique. Est ici en cause l’habilete qu’a montree Victor Hugo a faire de son combat le combat de tous, et a eclipser les voix contradictoire","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"10 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-10-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"125389835","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Musset en fantaisie : itinéraire de Mardoche à Mimi Pinson","authors":"S. Ledda","doi":"10.58282/colloques.2661","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.2661","url":null,"abstract":"C’est un triste metier que de suivre la foule, Et de vouloir crier plus fort que les meneurs, Pendant qu’on se raccroche au manteau des traineurs. « Dedicace » de La Coupe et les Levres, 1832.L’ensemble de la carriere artistique de Musset se place sous le signe de la fantaisie, autrement dit du refus de « suivre la foule » et de tenir le « manteau des traineurs » comme on tient les cordons d’une procession funebre. Non que le poete ait toujours revendique l’etendard esthetique de la fantaisie – il se defie trop des bannieres ou des poetiques – mais la critique a tres tot employe ce terme pour decrire sa maniere poetique. En decembre 1829, quand paraissent les Contes d’Espagne et d’Italie, le mot « fantaisie » est couramment utilise par la critique pour designer des œuvres ou dominent l’imagination et la liberte de ton. C’est en ce sens que Musset l’utilise dans la preface du recueil comme dans le dialogue des Marrons du feu.Rafael, cassant son verre. Aussi vrai que voilaUn verre de casse. – Mon amour s’en allaBientot. – Que voulez-vous ? moi, j’ai donne ma vieA ce dieu faineant qu’on nomme fantaisie.C’est lui qui, triste ou fou, de face ou de profil,Comme un polichinel me traine au bout d’un fil ;Lui qui tient les cordons de ma bourse, et la guideDe mon cheval ; jaloux, badaud, constant, perfide,En chasse au point du jour dimanche, et vendrediCloue sur l’oreiller jusque et passe midi.Ainsi je vais en tout – plus vain que la fumeeDe ma pipe, – accrochant tous les paves1. […]A","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"103 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-10-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130194496","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Petits châteaux de Bohême, Prose et poésie de Gérard de Nerval : un prosimètre fantaisiste ?","authors":"Marie Frisson","doi":"10.58282/colloques.2615","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.2615","url":null,"abstract":"« Loue soit Dieu ! puisque dans ma misere, De tous les biens qu’il voulut m’enlever, Il m’a laisse le bien que je prefere O mes amis, quel plaisir de rever, De se livrer au cours de ses pensees, Par le hasard l’une a l’autre enlacees, Non par dessein : le dessein y nuirait. L’heureux loisir qui delasse ma vie Perd de son charme en perdant son secret ; Il est volage, irregulier, distrait ; Le nonchaloir ajoute a son attrait, Et sa douceur est dans sa fantaisie. » Charles Nodier, Le Fou du Piree, conte (1835).« Supposez que je reve. » Jacques Derrida, Fichus (2002)A un Alexandre Dumas un peu trop prompt a enterrer sa raison, faisant rimer imagination avec hallucination, Gerard de Nerval repond dans la celebre lettre-preface des Filles du feu : « Moi, je m’etais brode sur toutes les coutures. – Du moment que j’avais cru saisir la serie de toutes mes existences anterieures, il ne m’en coutait pas plus d’avoir ete prince, roi, mage, genie et meme Dieu, la chaine etait brisee et marquait les heures pour des minutes. Ce serait le Songe de Scipion, la Vision du Tasse, ou la Divine Comedie du Dante, si j’etais parvenu a concentrer mes souvenirs en un chef d’œuvre1. » Par l’image de la broderie, c’est une des cles de l’œuvre nervalienne qui est donnee – une ecriture masquant et exhibant les sutures, conjuguant gout de l’ornement et liberte de l’invention, dans le vœu tantot jubilatoire, tantot desespere, de reunir des traits epars. On le voit, le poete s’inscrit ici dans la filiation","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"73 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-10-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124698391","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Fantaisie et histoire littéraire","authors":"Filip Kekus, Antoine Piantoni","doi":"10.58282/colloques.2579","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.2579","url":null,"abstract":"La fantaisie figure au rang de ces nombreuses notions problematiques dont le xixe siecle a le secret et a travers lesquelles le debat litteraire et artistique de l’epoque s’est construit. Etudier la fantaisie, c’est etre face a une notion que l’on sait au cœur des preoccupations esthetiques de tout un siecle a partir du romantisme mais qui ne se laisse pas reduire a une formule unique convaincante, c’est etre face a une evidence mais qui s’est jusqu’ici toujours refusee a etre fixee par aucune etiquette.La notion, tant alors qu’aujourd’hui, exerce une reelle seduction et tout se passe comme si le terme de fantaisie, comme l’a dit Bernard Vouilloux, tenait « sa force d’imposition du flou qu’il autorise 1 ». La fantaisie, a l’evidence, doit une part de son durable succes au fait qu’il semble s’agir d’une notion fourre‑tout, capable de se preter aux besoins de chacun, de se plier a toutes les contradictions. Tout en fascinant, elle egare tant elle est complaisante aux fantaisies de chacun. « En realite, nous avons “une certaine idee” de la fantaisie 2 » comme l’ont ecrit Jean‑Louis Cabanes et Jean‑Pierre Saidah, la remarque vaut aussi bien pour nous que pour la periode qui nous occupe. La notion est fuyante, glissante. On a tres vite fait, en effet, tout en croyant en parler, de parler d’autre chose et inevitablement de generer des confusions parasites, car il y a le mot sans la chose et la chose sans le mot. Un rapide survol des catalogues de bibliotheques suffit a s’en persuad","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"92 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-10-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"123972958","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Fantaisie des « peintures idiotes ». La génération surréaliste au défi de la beauté moderne","authors":"Adrien Cavallaro","doi":"10.58282/colloques.2561","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.2561","url":null,"abstract":"[Aragon] s’est si bien souvenu de l’Alchimie du verbe, hier matin, devant la Samaritaine ! Il faut l’entendre sur l’esthetique commerciale. Son eloquence a la couleur de celle de Mouvement […] avec je ne sais quoi de tres enfantin : la voix, sans doute, et puis1…?On sait quelle fortune les formules rimbaldiennes rencontrent depuis plus d’un siecle aupres des ecrivains et des critiques, qui les brandissent avec plus ou moins de discernement. Il suffit de citer la plus fameuse, « il faut etre absolument moderne », pour qu’aussitot d’autres surgissent, « l’amour est a reinventer », « posseder la verite dans une âme et un corps », ou encore « la main a plume vaut la main a charrue », dont Breton se souvient avec emotion dans les Entretiens qu’il accorde a Andre Parinaud en 19512. Dans cet immense reservoir de notre modernite, le gout des « peintures idiotes », detaille dans le second des « delires » d’Une saison en enfer, est devenu la banniere archetypique d’une predilection moderne pour les arts populaires3. Privee de la suite de l’enumeration, la formule a fini par la synthetiser (et c’est en ce sens qu’elle sera ici employee), au risque d’en occulter des enjeux pourtant essentiels, comme le partage ambigu entre les arts visuels et verbaux, ou la disposition syntaxique heteroclite de l’ensemble. Or, c’est en lui restituant une coloration fantaisiste,discutee dans le texte rimbaldien, qu’il devient possible d’envisager son inscription dans une histoire litteraire qui vers la f","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"24 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-10-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"127798104","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Fantaisie et théorie littéraire : richesses d’un paradoxe. Le cas des poètes Fantaisistes","authors":"Amandine Cyprès","doi":"10.58282/colloques.2565","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/colloques.2565","url":null,"abstract":"On sait les difficultes qui s’annoncent au chercheur voulant circonscrire et definir la Fantaisie. Quel regard critique porter en effet sur une notion dont les criteres sont censes echapper aux categorisations, et, comme l’ont note Jean‑Louis Cabanes et Jean‑Pierre Saidah, dont « l’essence est precisement de refuser toute essence »1 ? Cette apparente contradiction, une « petite troupe »2 de poetes s’y est vue confrontee lorsqu’il s’est agi de se construire et s’affirmer comme groupe dans le paysage litteraire francais du debut du xxe siecle. A partir des annees 1910, autour de Francis Carco, et avec pour figure tutelaire Paul‑Jean Toulet, s’est ainsi peu a peu constituee une « Ecole Fantaisiste » pour laquelle, notamment, le refus du manifeste eut valeur en soi de… manifeste ! Se mefiant de la declamation comme de la proclamation, ils etaient avant tout quelques amis (meme si certains ne se rencontrerent jamais), et ce lien fut peut‑etre le meilleur ciment permettant de les relier. Ainsi par exemple, les specialistes du groupe, a la suite de Carco lui‑meme, ont souvent note que Robert de la Vaissiere, dit Claudien3, par ses themes et son ecriture, apparaissait en marge des autres membres principaux que sont Jean‑Marc Bernard, Jean Pellerin, Tristan Dereme, Leon Verane, puis Philippe Chabaneix. On se propose ici d’interroger la notion de fantaisie replacee dans le contexte historique, puis dans les espaces generiques qui l'accueillent : peut‑on reperer des specificites de cett","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"643 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2015-10-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"127537722","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}