{"title":"波希米亚的小城堡,gerard de Nerval的散文和诗歌:一个幻想的prosim计?","authors":"Marie Frisson","doi":"10.58282/colloques.2615","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"« Loue soit Dieu ! puisque dans ma misere, De tous les biens qu’il voulut m’enlever, Il m’a laisse le bien que je prefere O mes amis, quel plaisir de rever, De se livrer au cours de ses pensees, Par le hasard l’une a l’autre enlacees, Non par dessein : le dessein y nuirait. L’heureux loisir qui delasse ma vie Perd de son charme en perdant son secret ; Il est volage, irregulier, distrait ; Le nonchaloir ajoute a son attrait, Et sa douceur est dans sa fantaisie. » Charles Nodier, Le Fou du Piree, conte (1835).« Supposez que je reve. » Jacques Derrida, Fichus (2002)A un Alexandre Dumas un peu trop prompt a enterrer sa raison, faisant rimer imagination avec hallucination, Gerard de Nerval repond dans la celebre lettre-preface des Filles du feu : « Moi, je m’etais brode sur toutes les coutures. – Du moment que j’avais cru saisir la serie de toutes mes existences anterieures, il ne m’en coutait pas plus d’avoir ete prince, roi, mage, genie et meme Dieu, la chaine etait brisee et marquait les heures pour des minutes. Ce serait le Songe de Scipion, la Vision du Tasse, ou la Divine Comedie du Dante, si j’etais parvenu a concentrer mes souvenirs en un chef d’œuvre1. » Par l’image de la broderie, c’est une des cles de l’œuvre nervalienne qui est donnee – une ecriture masquant et exhibant les sutures, conjuguant gout de l’ornement et liberte de l’invention, dans le vœu tantot jubilatoire, tantot desespere, de reunir des traits epars. On le voit, le poete s’inscrit ici dans la filiation","PeriodicalId":177547,"journal":{"name":"Générations fantaisistes (1820-1939)","volume":"73 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2015-10-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Petits châteaux de Bohême, Prose et poésie de Gérard de Nerval : un prosimètre fantaisiste ?\",\"authors\":\"Marie Frisson\",\"doi\":\"10.58282/colloques.2615\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"« Loue soit Dieu ! puisque dans ma misere, De tous les biens qu’il voulut m’enlever, Il m’a laisse le bien que je prefere O mes amis, quel plaisir de rever, De se livrer au cours de ses pensees, Par le hasard l’une a l’autre enlacees, Non par dessein : le dessein y nuirait. L’heureux loisir qui delasse ma vie Perd de son charme en perdant son secret ; Il est volage, irregulier, distrait ; Le nonchaloir ajoute a son attrait, Et sa douceur est dans sa fantaisie. » Charles Nodier, Le Fou du Piree, conte (1835).« Supposez que je reve. » Jacques Derrida, Fichus (2002)A un Alexandre Dumas un peu trop prompt a enterrer sa raison, faisant rimer imagination avec hallucination, Gerard de Nerval repond dans la celebre lettre-preface des Filles du feu : « Moi, je m’etais brode sur toutes les coutures. – Du moment que j’avais cru saisir la serie de toutes mes existences anterieures, il ne m’en coutait pas plus d’avoir ete prince, roi, mage, genie et meme Dieu, la chaine etait brisee et marquait les heures pour des minutes. Ce serait le Songe de Scipion, la Vision du Tasse, ou la Divine Comedie du Dante, si j’etais parvenu a concentrer mes souvenirs en un chef d’œuvre1. » Par l’image de la broderie, c’est une des cles de l’œuvre nervalienne qui est donnee – une ecriture masquant et exhibant les sutures, conjuguant gout de l’ornement et liberte de l’invention, dans le vœu tantot jubilatoire, tantot desespere, de reunir des traits epars. On le voit, le poete s’inscrit ici dans la filiation\",\"PeriodicalId\":177547,\"journal\":{\"name\":\"Générations fantaisistes (1820-1939)\",\"volume\":\"73 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2015-10-09\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Générations fantaisistes (1820-1939)\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.58282/colloques.2615\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Générations fantaisistes (1820-1939)","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2615","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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摘要
“赞美上帝!”因为在我的不幸中,在他想从我那里夺走的所有财产中,他留给我的是我最喜欢的财产,我的朋友们,在他的思想过程中,通过偶然的联系而不是有意的,这是多么愉快的事啊。破坏我生命的快乐休闲失去了它的魅力,失去了它的秘密;它是不稳定的,不规则的,分散的;nonchaloir增加了它的吸引力,它的甜蜜是它的幻想。Charles Nodier, Le Fou du Piree, conte(1835)。“假设我在做梦。雅克·德里达(Jacques Derrida, Fichus, 2002)对大仲马(Alexandre Dumas)来说,他太急于埋葬自己的理性,把想象和幻觉押韵,杰拉德·德·纳瓦尔(Gerard de Nerval)在《火之女》(Filles du feu)著名的序言信中回答道:“我在所有的缝线上都绣了自己。“从我认为我已经掌握了我过去所有生活的序列的那一刻起,我就不再需要做王子、国王、法师、精灵,甚至上帝了。如果我能把我的记忆集中在一部杰作上,那一定是西庇阿的梦,杯子的幻象,或者但丁的神曲。通过刺绣的形象,nervalienne作品的关键之一被赋予了——一种隐藏和展示缝线的文字,结合了对装饰的品味和对发明的自由,在如此喜悦和绝望的愿望中,收集不同的特征。正如我们所看到的,诗人在这里是从属关系的一部分
Petits châteaux de Bohême, Prose et poésie de Gérard de Nerval : un prosimètre fantaisiste ?
« Loue soit Dieu ! puisque dans ma misere, De tous les biens qu’il voulut m’enlever, Il m’a laisse le bien que je prefere O mes amis, quel plaisir de rever, De se livrer au cours de ses pensees, Par le hasard l’une a l’autre enlacees, Non par dessein : le dessein y nuirait. L’heureux loisir qui delasse ma vie Perd de son charme en perdant son secret ; Il est volage, irregulier, distrait ; Le nonchaloir ajoute a son attrait, Et sa douceur est dans sa fantaisie. » Charles Nodier, Le Fou du Piree, conte (1835).« Supposez que je reve. » Jacques Derrida, Fichus (2002)A un Alexandre Dumas un peu trop prompt a enterrer sa raison, faisant rimer imagination avec hallucination, Gerard de Nerval repond dans la celebre lettre-preface des Filles du feu : « Moi, je m’etais brode sur toutes les coutures. – Du moment que j’avais cru saisir la serie de toutes mes existences anterieures, il ne m’en coutait pas plus d’avoir ete prince, roi, mage, genie et meme Dieu, la chaine etait brisee et marquait les heures pour des minutes. Ce serait le Songe de Scipion, la Vision du Tasse, ou la Divine Comedie du Dante, si j’etais parvenu a concentrer mes souvenirs en un chef d’œuvre1. » Par l’image de la broderie, c’est une des cles de l’œuvre nervalienne qui est donnee – une ecriture masquant et exhibant les sutures, conjuguant gout de l’ornement et liberte de l’invention, dans le vœu tantot jubilatoire, tantot desespere, de reunir des traits epars. On le voit, le poete s’inscrit ici dans la filiation