{"title":"Sur une philologie anagrammatique : rencontre d’un linguiste (Saussure) et d’un poète (Tzara).","authors":"Pierre-Yves Testenoire","doi":"10.58282/lht.822","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.822","url":null,"abstract":"Nous nous proposons de confronter deux demarches menees a une cinquantaine d’annees d’intervalle par deux auteurs qui s’ignorent mutuellement, et qu’a priori, rien ne rapproche : Ferdinand de Saussure et Tristan Tzara. Le pere de la linguistique generale et le poete dadaiste ont en commun d’avoir elabore sur deux corpus de textes, nous le verrons, radicalement differents, un mode de lecture singulier qui se caracterise par la recherche d’un phenomene poetique auquel ils ont donne le meme nom, celui d’anagramme. De fait, l’anagramme de Saussure et l’anagramme de Tzara sont deux realites differentes1. De meme, leurs travaux ne poursuivent les memes objectifs ni n’adoptent les memes methodes. Ils consistent neanmoins a faire apparaitre dans les textes etudies, par la mise en place d’un protocole complexe, des syntagmes anagrammatises, c’est-a-dire des enonces a l’etat latents. En cela, il apparait que ces deux chercheurs se livrent a une operation caracteristique du travail philologique, celle de la restitution. Des rapprochements entre les demarches de Saussure et de Tzara ont, par le passe, deja ete esquisses2. Il ne s’agit pas ici d’inventorier toutes les similitudes et les dissemblances que celles-ci peuvent presenter. Il n’entre pas non plus dans notre propos de discuter de la validite de chacune de ces theories anagrammatiques. Ce qui nous interessera, en revanche, est la dimension proprement philologique de ces deux recherches reposant sur le postulat identique d’un mode","PeriodicalId":105502,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Poétique de la philologie","volume":"64 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-11-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130712127","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Pour une poétique de l’interpolation","authors":"S. Rabau","doi":"10.58282/lht.828","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.828","url":null,"abstract":"« Interpolation : voir emendation »L’interpolation n’a pas tres bonne reputation. Une interpolation est « grossiere » ou encore « maladroite »1, quand elle n’est pas diabolique : Chez Tertullien, le diable est interpolateur, car il fausse et contrefait la creation divine, ou intercale l’ivraie dans le bon grain seme par Dieu (« interpolator segetis frumentariae2 »). Meme si l’on en reste au seul domaine de la philologie, la notion d’interpolation renvoie d’abord a un defaut du texte que doit corriger le philologue. Sorte de pendant de la lacune, le terme designe, en effet, un trop plein de texte, plus precisement l’insertion dans un texte d’une phrase ou d’un passage qui n’est pas de l’auteur. Elle appelle, en premiere analyse, non pas tant une analyse litteraire, qu’une emendation, ou tout au moins un reperage, chasse a l’inauthentique que faciliterait son caractere grossier ou maladroit. « Interpolation : voir emendation », comme le rappelle un Dictionnaire des termes litteraires paru recemment3. D’un point de vue philologique, l’interpolation constitue donc un defaut du texte ; elle emane, en outre, d’une tentative de parasiter l’acte de creation originale en modifiant partiellement l’œuvre, en y greffant des morceaux inauthentiques. Or si l’on passe de l’edition textuelle a la poetique, l’interpolation n’est plus une maniere de defigurer la creation, mais une technique d’ecriture, un moyen de creation comme un autre. Le terme renvoie bien a une insertion dans le texte, ma","PeriodicalId":105502,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Poétique de la philologie","volume":"46 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-11-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"133386772","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Réflexions de Sappho","authors":"G. Most, S. Rabau, Marie de Gandt","doi":"10.58282/lht.832","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.832","url":null,"abstract":"« Comme tout le monde le sait » : tels etaient les premiers mots de mon recit. En fait, je soupconne que la plupart de mes lecteurs n’ont jamais entendu parler de cette histoire. De nos jours, quiconque connait un tant soit peu la culture occidentale a entendu parler de Sappho, mais combien savent qu’elle aimait Phaon et s’est suicidee en se jetant du rocher de Leucas ? Ceux qui n’auraient jamais entendu parler de cette histoire n’ont pas a incriminer la formation qu’on leur a donnee. Bien au contraire, dans le contexte du vingtieme siecle, ils ont recu une excellente education. Dans notre culture contemporaine, Sappho est avant tout l’embleme de l’homosexualite feminine – c’est en son honneur que les mots « sapphique » et « lesbienne » s’appliquent a ce phenomene –, ce n’est qu’ensuite seulement qu’on la connait comme l’auteur de poemes dont un petit nombre subsiste, souvent a l’etat de fragments, bien que certains d’entre eux possedent une grande notoriete, au moins en traduction, meme en dehors du petit cercle des instituts de philologie. Quant aux details de sa biographie, ils ne suscitent guere l’interet aujourd’hui, en dehors des quelques romans historiques qui lui sont consacres2. Il y a deux siecles, au contraire, la situation etait exactement inverse. L’histoire par laquelle j’ai commence resume un roman d’Alessandro Verri, intitule Le Avventure di Saffo, poetessa di Mitilene, publie pour la premiere fois en 17813. Aujourd’hui, on a presque oublie ce roman, mais il y","PeriodicalId":105502,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Poétique de la philologie","volume":"41 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2013-11-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124119406","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Présentation : La philologie et le futur de la littérature.","authors":"S. Rabau","doi":"10.58282/lht.817","DOIUrl":"https://doi.org/10.58282/lht.817","url":null,"abstract":"A mon pereEn 1745, soit quelques deux cent seize ans avant la parution de Pale Fire et deux cent cinquante quatre ans avant qu’Eric Chevillard ne publie Les Œuvres posthumes de Thomas Pilaster, un certain Hyacynthe Cordonnier, dit Saint Hyacynthe, fit paraitre sous le nom de Matanasius Chrisostome, un etrange et fantaisiste ouvrage intitule Le Chef d’œuvre d’un inconnu, Poeme heureusement decouvert, et mis au jour avec des Remarques savantes et recherchees1. A lire l’epais et bigarre apparat critique qui precede le « chef d’œuvre », en fait une innocente et plate chanson, a parcourir les remarques qui, de rapprochements en paralleles plus savants les uns que les autres, evoquent toute une bibliotheque composite et touffue, d’Homere a Fontenelle, on renoncera vite a prendre Matanasius Chrisostome au serieux, pas plus que l’on ne prend au serieux le John Shade de Nabokov ou le Marson de Chevillard. On se persuadera que ces gloses philologiques sur un texte fictif sont pretextes a divagation, que la fausse erudition n’est qu’une autre maniere de donner voie au plaisir de la fantaisie et de l’ecriture. Dans tous ces cas, et dans quelques autres, la fiction philologique est pretexte a l’ecriture, le commentaire savant est imite pour l’invention verbale qu’il autorise. Du travail philologique, on ne retient donc pas qu’il vise a etablir une verite du texte – d’ailleurs les textes commentes eux-memes ne sont-ils pas forges pour l’occasion ? – mais plutot qu’il permet d’inventer des","PeriodicalId":105502,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Poétique de la philologie","volume":"3 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2008-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"114390111","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}