{"title":"« Quelque chose d’inaudible à propos d’un prophète et d’un hamster » : le terrorisme à la Mathias Énard","authors":"Kathryne Fontaine","doi":"10.29173/cf745","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf745","url":null,"abstract":"Dans Fanaticism: The Uses of an Idea (2010), Alberto Toscano dénonce la tendance actuelle à qualifier de « fanatique » tout comportement extrémiste, voire d’entêtement sur des questions sociales. Notre époque semble résolue à « écraser l’infâme », à poursuivre le noble combat entamé au XVIII e siècle contre l’intolérance, croisade toutefois bancale car fondée sur une vision réductrice que l’Occident se fait du danger qui la guette. Aveuglée par ce que Slavoj Žižek nomme la violence visible et subjective – par exemple celle d’un attentat à la bombe –, l’époque contemporaine négligerait de considérer la violence systémique, conséquence désastreuse du fonctionnement de nos systèmes économiques et politiques, ceux-là en grande partie, comme le rappelle Toscano, hérités des Lumières. Ce sont ces forces sournoises mais dominantes que Mathias Énard démasque dans son Bréviaire des artificiers (2007), récit autodérisoire de 113 pages qui cherche, dans un concentré de références littéraires et politiques évoquant autant Virgile, Pascal, Hugo et Flaubert que Proudhon, Mao, Ben Laden et Kadhafi, à « éveiller les masses » abruties par la télévision et les actualités qui tendent à laisser penser que la principale menace à la paix séculaire de notre société s’incarne dans la figure du kamikaze ou du tueur de masse. Récupérant l’esthétique d’un conte voltairien et la dialectique maître-esclave hégélienne, et rappelant sur le ton érudico-ironique propre à Énard la genèse des fanatismes contemporains, ce « manuel de terrorisme à l’usage des débutants » contribue, par un volte-face que seul peut-être le permet une œuvre littéraire, non pas à parfaire la formation de l’individu subversif cherchant à « secouer le joug ancillaire », mais à décrire le climat global de peur et d’insécurité engendré par un terrorisme plus insidieux qu’explosif et à enseigner, à ceux susceptibles d’en bénéficier, les moyens de perpétuer ce monde bâti sur les artifices.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"42 6","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139131153","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Charles Lévesque, entre les genres Luc Bonenfant, Université du Québec à Montréal","authors":"Luc Bonenfant","doi":"10.29173/cf748","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf748","url":null,"abstract":"Cet article aborde l’œuvre de Charles Lévesque (1817-1859) à partir de l’idée d’une « étiologie de l’oubli » afin de faire l’hypothèse d’une liminarité constitutive où jouent des ressorts esthétiques et formels lui permettant de se décentrer par rapport aux enjeux consacrés de la littérature canadienne-française d’alors. Lue à partir de ses jeux formels et rythmiques tout autant que depuis la singularité de sa voix, l’œuvre de Lévesque montre en effet son originalité pleine, alors qu’elle se situe entre les genres (ce mot étant entendu tout autant au sens de « catégorie littéraire » que du « genre sexué »).","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"113 26","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139134387","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Mémoire et littérature : la trace mémorielle et le souvenir de la traite des Noirs dans « La Trace : Agouzou femme esclave » de Monique Arien-Carrère","authors":"Aubain Pemangoyi Leyika","doi":"10.29173/cf747","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf747","url":null,"abstract":"Le discours littéraire permet d’explorer le passé pour mieux comprendre le présent et préparer l’avenir. Il remémore les événements du passé en proie à la disparition, rend hommage aux tribulations des ancêtres et lie passé et présent. La question de la mémoire et le désir de sa transmission occupent une place considérable dans la littérature contemporaine. Ainsi la question de la mémoire et la volonté de se souvenir s’avèrent omniprésents dans le roman « La Trace : Agouzou femme esclave » de l’écrivaine antillaise Monique Arrien-Carrère publié en 2021. À travers un dispositif narratif polyphonique, il réinterroge l’histoire de l’esclavage colonial, matrice de l’imaginaire antillais pour se souvenir. Cette rétrospection permet de déchiffrer dans l’esclavage des Noirs les éléments nécessaires à la construction mémorielle familiale ou collective et à l’interprétation et la compréhension de la société antillaise. Car le retour en arrière tel qu’envisagé par l’auteure permet de mieux comprendre les configurations du présent, d’avoir une conscience historique et d’entretenir la réminiscence du passé de la traite des Noirs dans l’univers antillais. Notre étude s’intéresse au récit de la mémoire dans le roman d'Arien-Carrère. Elle s'appuie tout d’abord sur l’analyse historique,puis sur l’aspect socio-anthropologique en établissant le rapport entre le passé et le présent.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":" 1255","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139135966","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"La couleur comme vecteur des idées politiques dans l’imaginaire social et littéraire francophone africain : cas de La Vie et demie de Sony Labou Tansi","authors":"Bénicien Bouchedi Nzouanga","doi":"10.29173/cf746","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf746","url":null,"abstract":"Par le vecteur des idées sociales et politiques de la couleur, nous entendons étudier les représentations littéraires qui permettent une saisie corpopoétique de la couleur noire dans La vie et demie de Sony Labou Tansi. Nous analyserons la mise en texte de quelques réalités et pratiques répressives entretenues par les pouvoirs politiques et les dictatures tropicales qui véhiculent une certaine conscience de la violence destructrice engendrée par certaines entités. Dans l’optique de comprendre les enjeux et les mécanismes esthétiques qui sous-tendent les rapports symboliques entre le corps et la couleur dans la représentation romanesque subsaharienne, nous inspirerons des positions interactives de la figure du Guide Providentiel et sa suite ainsi que celles de Martial, Chaïdana et leurs partisans. Nous montrerons d’abord comment les couleurs participent symboliquement à l’identification et la catégorisation sociale et politique dans un espace, ensuite comment la transposition du paradigme de la couleur s’impose aux imaginaires corporels pour produire des discours particuliers.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"89 17","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139132131","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Perte, exil et mémoire dans Prendre refuge de Zeina Abirached et Mathias Énard","authors":"Isabelle Bernard","doi":"10.29173/cf744","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf744","url":null,"abstract":"Cet article parcourt un roman graphique qui fait date dans l’histoire littéraire récente puisqu’il a été conçu par la dessinatrice Zeina Abirached en étroite collaboration avec l’écrivain Mathias Énard. Selon un plan triaxial, nous constaterons que l’esthétique de l’artiste a été revigorée par l’apport du romancier vers une ouverture et une hybridité fructueuses. Nous verrons que l’animation d’une réfugiée en figure centrale découle d’un puissant devoir moral des deux artistes qui nourrit une réflexion sur la nécessité pour les victimes de guerre de témoigner et de voir recueillis leurs témoignages dans un devoir de mémoire qui doit, pour les sociétés contemporaines, être autant individuel que collectif.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"115 44","pages":""},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2023-12-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"139135215","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Paris gisant sous « le démon de l’électricité » : une lecture de Paris au XXe siècle (1863) de Jules Verne","authors":"K. Ayed","doi":"10.29173/cf616","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf616","url":null,"abstract":"Paris au XXe siècle, roman de Jules Verne censuré par son éditeur Hetzel et de ce fait peu connu, trace les contours d’un monde cauchemardesque où l’homme est piégé par le progrès, l’industrie et l’économie. Aux fondements de la société futuriste imaginée par l’auteur, Paris se mue en ville tentaculaire abritant des automates dotés de cœurs industriels qui méprisent l’art et répugnent les artistes. Le personnage principal, poète déchu rejeté et par sa famille et par la société, se mue en anti-héros et tourne en rond dans une ville qui gît sous le poids écrasant du « démon de l’électricité » et où seuls scientifiques, industriels et banquiers triomphent. Le dégoût et le désenchantement marquent l’œuvre de bout en bout l’enfermant dans une circularité qui reflète celle de la ville, concentrique, dont on ne peut échapper que pour trouver la mort.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"16 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-06-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128939910","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"De l’homme machine à l’homme social, la ville industrielle dans Sans Famille et En Famille d’Hector Malot","authors":"Hélène Charderon","doi":"10.29173/cf617","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf617","url":null,"abstract":"La question sociale est au cœur de deux œuvres littéraires pour enfants d'Hector Malot - Sans Famille, roman publié en 1878, et En Famille, roman publié en 1893. Dans ces deux textes, l’auteur nous donne à lire les aventures de jeunes enfants qui sont confrontés à la ville industrielle au cours de leur cheminement. Observateur critique de son époque, Hector Malot met en texte tout un réseau de représentations qui opposent la campagne paradisiaque et l’enfer de la ville industrielle, d’une part, et la déchéance sociale et le besoin imminent de réforme, d’autre part. Cet article se propose d’interroger le message social véhiculé par le prisme du regard des enfants qui observent la société industrielle dans laquelle ils évoluent. Sans Famille et En Famille sont les deux seules œuvres pour enfants dans lesquelles Hector Malot fournit autant de détails sur l’impact de l’industrie non seulement sur le paysage français, mais aussi sur le cœur des hommes. Comme leurs titres respectifs le soulignent, nous pouvons retracer une véritable continuité entre ces deux romans : tout se passe comme si En Famille était le prolongement et l’aboutissement de la réflexion sociale amorcée dans Sans Famille.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"54 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-06-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"130939141","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"De la ficelle au cercueil. Nelly Arcan sur la manière d’interpeller la vie du côté de la mort","authors":"A. Pop","doi":"10.29173/cf618","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf618","url":null,"abstract":"Lorsqu’elle se donna la mort en 2009, Nelly Arcan léguait une œuvre réduite mais saisissante (deux récits et deux romans), empreinte de son mal de vivre et de ses expériences d’escorte. À partir d’une convergence symbolique centrée sur son année de naissance nous proposons une lecture entrecroisée, selon les grilles avancées par Deleuze et Guattari dans Mille plateaux et par Jacques Derrida, dans La Vérité en peinture. Nous osons une approche rhizomatique de ses écrits, à la lumière de ce que serait la généalogie sérielle mise en rapport avec un mode et un monde de consommation. Lignée symbolique, horizontale et paradigmatique (au sens que lui prête Derrida), l’œuvre de Nelly Arcan s’ouvre en permanence et dialectiquement à l’objet. Son discours sur l’industrie du corps dans un monde en surproduction se donne à lire en clé marchande. Comment peut-on rattacher Arcan à une généalogie imaginaire (tribale) à travers l’écriture ? De quelle façon le corps-objet, récurrent dans les écrits de Nelly Arcan, entre-t-il dans la logique sérielle ? Et dans quelle mesure tribu et série peuvent-elles assurer une postérité ? Autant de points d’interrogations auxquels nous proposons non pas de réponses mais des prolongements rhizomatiques.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"09 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-06-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"131588052","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Postures langagières chez Janis Otsiemi et Mongo Beti","authors":"A. Togola","doi":"10.29173/cf619","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf619","url":null,"abstract":"Cet article examine la posture langagière dans le roman d’Afrique francophone à partir des polars de Janis Otsiemi et Mongo Beti. Il pose l’hypothèse que la posture langagière chez ces deux écrivains traduit une réalité sociale, complexifiée par la défense d’une identité nationale. Loin d’être seulement une langue argotique, elle est aussi la continuation d’une manière d’écrire dont les racines sont à rechercher dans la littérature policière des années 50. À l’instar du néo-polar français soixante-huitard, issu de la filiation du roman noir américain dont le type d’écriture violente et syncopée permet aux auteurs de critiquer avec virulence les travers sociaux, Janis Otsiemi et Mongo Beti proposent de nouvelles orientations thématiques et de nouvelles configurations de l’enquête, en tenant un discours à la fois critique et ironique sur les sociétés africaines. Chez eux, le polar est le lieu d’une inventivité linguistique dont l’écriture reprend les grandes articulations en termes de subversion.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"140 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-06-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"115731541","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Aux origines du tourisme lent : le sensualisme du XVIIIe siècle et les réorientations du regard du voyageur","authors":"Jean-Jacques Tatin-Gourier","doi":"10.29173/cf620","DOIUrl":"https://doi.org/10.29173/cf620","url":null,"abstract":"La place croissante des descriptions , souvent dénommées \"tableaux\" dans les récits de voyage du XVIIIe siècle, interroge. Au midi du siècle, cet essor fait pour une part écho à une demande de connaissances objectives que le succès de l'Encyclopédie a indéniablement confortée. Ces connaissances attendues du voyage sont en fait d'ordres très divers : connaissances relevant de l'histoire naturelle (faune, flore, roches etc) mais aussi des moeurs et de l'histoire des pays visités. L'impact des grandes sommes des Lumières (de l'Histoire naturelle de Buffon à l'Encyclopédie et à l'Esprit des lois de Montesquieu) est manifeste. Mais dans une autre gamme de récits de voyage, plus tardive dans le siècle, il faut également prendre en compte les auto-mises en scène d'un narrateur voyageur de plus en plus attaché à noter ses sensations, ses rêveries, ses sentiments et ses remémorations. Le rythme même du récit de voyage se trouve alors fortement affecté et nécessairement ralenti : les étapes du voyage ne tiennent pas tant à des repères géographiques qu'à la succession de paysages mentaux différents. Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau s'avèrent alors particulièrement suggestives et les polygraphes de la fin du XVIIIe siècle (Louis Sébastien Mercier et Rétif de la Bretonne), dans le récit de leurs déambulations parisiennes, développeront particulièrement ce type d'écriture.","PeriodicalId":126777,"journal":{"name":"Convergences francophones","volume":"40 21","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2022-06-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"113934001","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}