{"title":"Un essai de mise en relation des histoires récentes de la statistique et de la sociologie","authors":"A. Desrosières","doi":"10.52983/crev.vi0.1","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.1","url":null,"abstract":"\u0000 \u0000 \u0000Une réflexion sur les relations entre statisticiens et sociologues ne peut se contenter de confronter des problématiques et des démarches, tant celles-ci semblent résulter de l’inscription institutionnelle, des trajectoires professionnelles des uns et des autres et des marchés de leurs productions respectives. L’histoire des deux groupes, en particulier, permet de comprendre leurs relations, ou absences de relations, actuelles et son étude est indispensable pour situer les apports et les limites des travaux de chaque groupe, limites inscrites dans les conditions sociales de formation, de recrutement, de carrière, de financement, etc. Ainsi le système statistique français s’est développé, depuis la fin du dix-neuvième siècle, en diverses étapes tendant à la constitution d’un réseau d’institutions, dont l’Insee est la principale, dotées simultanément de moyens importants, d’une certaine autonomie administrative et d’une compétence socialement reconnue, fondée en particulier sur un recrutement comparable à celui des corps à haut prestige social : ces divers traits ne sont pas réunis de façon similaire dans la plupart des autres pays. La sociologie française, pour sa part, héritière d’une tradition intellectuelle brillante, issue de la philosophie, a eu dans un premier temps une insertion universitaire. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, l’extension rapide du marché des diverses sciences sociales a simultanément accru les moyens de la sociologie et entraîné son émiettement, en raison de sa position relative par rapport aux autres sciences sociales (économie, démographie, d’une part, histoire ou ethnologie, de l’autre) et d’un développement, par le biais de la politique contractuelle, d’un grand nombre de centres de recherches de petite taille et de statut précaire : certains d’entre eux ont produit des travaux importants mais ne disposaient en général pas de relais institutionnels suffisants pour garantir leur suivi et leur reproduction. Une étude du développement concret des sciences sociales en France ne peut donc isoler un de ces deux ensembles, tant chacun d’entre eux a eu à se définir, au moins à certains moments, par rapport aux autres, comme le montrent l’examen historique et l’interview de quelques-uns des acteurs de cette histoire. \u0000 \u0000 \u0000","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-05","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128400238","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Réflexions sur la portée sociologique des diverses phases du travail statistique","authors":"A. Desrosières","doi":"10.52983/crev.vi0.67","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.67","url":null,"abstract":"Les liens entre l’Insee et la recherche économique sont explicités et institutionnalisés depuis longtemps, en particulier au sein de l’Unité de Recherche de cet Institut, largement centrée sur des recherches économétriques. En revanche, l’apport de l’Insee à la recherche sociologique est plus rarement décrit, et encore moins revendiqué, dans la mesure où la plupart des enquêtes de l’Insee sont conçues à des fins d’éclairage de la gestion économique ou administrative, ou en vue des travaux de prévision utilisant les modèles de la comptabilité nationale, et non explicitement dans le cadre de recherches sociologiques. Pourtant, ces enquêtes et recensements ne constituent pas seulement une mine irremplaçable de données chiffrées pour les chercheurs, mais leur conception, leur préparation, leur réalisation, leur exploitation et l’analyse de leurs résultats sont autant d’occasions de poser, et souvent de résoudre, des problèmes sociologiques sur lesquels les « praticiens chercheurs » de l’Insee ont accumulé une expérience très grande : les difficultés rencontrées sont bien sûr « techniques », mais leur traitement implique une réflexion théorique que l’on voudrait suggérer ici très brièvement, en décrivant les six étapes qui découpent, en partie arbitrairement, les différentes phases d’une opération statistique.","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"14 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2021-01-04","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"125100242","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Effets de méthode","authors":"J. Combessie","doi":"10.52983/crev.vi0.23","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.23","url":null,"abstract":"\u0000 \u0000 \u0000S’il y a de nombreuses manières d’étendre ou de restreindre un objet d’étude, on ne peut, s’agissant de sciences sociales, négliger les variations affectant l’aire géographique, la dimension historique, le nombre d’individus étudiés ni l’extension du thème ou domaine. Il est évident que modifier une de ces dimensions peut affecter les autres. Mais on tend à l’heure actuelle à imputer à l’extension numérique de l’objet — et à la technique quantifiée qui lui correspond — des effets propres sur l’objet, sur ce qu’elle en saisit et ce qu’elle en méconnaît. L’argumentation n’est pas sans rappeler des débats analogues construits autour d’oppositions temporelles (temps long, temps court) ou plus spatialisantes (micro, macro). Notre intention n’est pas de nier l’existence d’effets de méthode sur l’objet à la constitution duquel elles participent, mais il nous apparaît que celles qui sont le plus couramment relevées ne sont imputables à aucune différence d’extension de l’objet en tant que telle, ni temporelle, ni spatiale, ni numérique, ni thématique, mais à la diversité des points de vue qui sont pris sur l’objet ou, en d’autres termes, au nombre de relations différentes dans lequel il est inséré et qui le constituent au sens plein comme objet social. En d’autres termes encore, il nous semble qu’on oublie trop souvent de peser (et le cas échéant d’opposer) les conséquences sur l’objet de deux approches qui sont très strictement affaires de méthode (et sont en droit indépendantes des propriétés intrinsèques de l’objet) : une approche compréhensive dans laquelle l’objet est compris dans et comme un faisceau dense de relations, une approche par abstraction généralisante qui déploie (explique) un ou quelques aspects isolés (isolés donc abstraits) de l’objet, aspects qui, par et dans l’abstraction même qui les constitue, sont homogènes et donc aisément comparables et généralisables. \u0000 \u0000 \u0000","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"2 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"124445452","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"Statistique, monographie et groupes sociaux","authors":"P. Champagne","doi":"10.52983/crev.vi0.27","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.27","url":null,"abstract":"On oppose souvent, dans les manuels de sciences sociales, les méthodes d’enquête dites « qualitatives », « intensives » et « micro-sociologiques », comme les monographies locales, aux méthodes dites « quantitatives », « extensives » et « macro-sociologiques », comme les enquêtes statistiques par sondages portant sur une aire géographique étendue. Cette distinction, apparemment simple, risque cependant de fermer la réflexion méthodologique dans la mesure où ces oppositions pédagogiques plus que scientifiques paraissent aujourd’hui évidentes. La force de cette classification formelle tient au fait qu’elle s’appuie sur des dichotomies scolaires (qualité/quantité, micro/macro, etc.) ; mais elle tient aussi au fait qu’elle renvoie à la vieille opposition entre « individu » et « société ». Dans cette logique, on considère la monographie et l’analyse de cas comme bien adaptées pour saisir le particulier, le singulier, bref, l’individu et sa psychologie, alors que les enquêtes statistiques par questionnaires sont censées saisir plutôt le collectif, le social ou, comme disent certains, le « sociologique ». Or, cette opposition, loin d’aider à un usage raisonné des méthodes d’enquêtes, fait écran à un certain nombre de problèmes proprement sociologiques comme celui de la nature des groupes sociaux.","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"21 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"2020-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"128313243","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}
{"title":"La source et l’objet","authors":"C. Baudelot","doi":"10.52983/crev.vi0.21","DOIUrl":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.21","url":null,"abstract":"\u0000 \u0000 \u0000Les sociologues utilisant les statistiques et les statisticiens produisant de plus en plus souvent des données sociologiques, il est tentant, dans la chaleur d’un colloque interdisciplinaire, de déclarer abolie la frontière entre les deux disciplines et de célébrer la naissance d’une supra-discipline, la socio-statistique (ou la stati-sociologie, au choix). Nous voudrions montrer que, s’il leur arrive de se rencontrer et de coopérer, les deux disciplines ne risquent en aucune façon de converger et encore moins de se confondre, tant diffèrent les conditions de leur exercice, aussi bien que le type de rationalité qui les caractérisent. Statisticiens de l’Insee et sociologues ont pourtant affaire à la même réalité : la réalité sociale. Il leur arrive même, pour étudier certains phénomènes, de recourir aux mêmes méthodes d’observation, par exemple l’analyse longitudinale. Il est intéressant, dans ces conditions, d’examiner la façon dont les uns et les autres s’y sont pris pour constituer et exploiter leurs panels respectifs. Afin de raisonner sur des données comparables, on se limitera à des panels ayant trait aux revenus et aux profils de gain au cours de la vie active. \u0000 \u0000 \u0000","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"7 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0,"publicationDate":"1900-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":null,"resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":"129313331","PeriodicalName":null,"FirstCategoryId":null,"ListUrlMain":null,"RegionNum":0,"RegionCategory":"","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":"","EPubDate":null,"PubModel":null,"JCR":null,"JCRName":null,"Score":null,"Total":0}