{"title":"AL - ABŪHĀŠIMǦUBBĀʾĪ、代数和推断","authors":"M. Rashed","doi":"10.1017/s0957423920000028","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Cet article vise à restituer la doctrine du « signe du manifeste au caché » d'Abū Hāšim al-Ğubbāʾī (888-933). Il montre qu'Abū Hāšim a tendu à interpréter ce signe comme une inférence, dont il a reconnu deux types principaux : le type-1 (la « communauté de preuve », al-ištirāk fī al-dalāla) procède par déduction analytique de concepts en neutralisant les conditions de réalisation de ces derniers, c'est-à-dire leur soubassement ontologique. C'est, typiquement, la procédure la plus directement consonante avec l'ontologie modale d'Abū Hāšim. Le type-2 (la « communauté de cause », al-ištirāk fī al-ʿilla) exhibe un même rapport de causalité au plan du connu et au plan de l'inconnu et considère que la causalité au plan du connu est elle-même la cause de la causalité au plan de l'inconnu. Cette partition parfaitement inédite dans la philosophie et le kalām est en revanche préfigurée dans la doctrine de la preuve exposée par al-Ḫwārizmī dans son Algèbre. Al-Ḫwārizmī distingue en effet entre la preuve « par la cause » (bi-al-ʿilla), qui consiste à transférer une certaine déduction géométrique au plan de l'algèbre et la preuve « par l'expression » (bi-al-lafẓ) qui opère directement sur les expressions algébriques, qu'elle réduit analytiquement. En se fondant sur un texte d'Abū Hāšim consacré à la connaissance humaine qui paraît se référer à l’œuvre d'al-Ḫwārizmī, l'article suggère pour finir que le parallèle conceptuel étroit entre la doctrine de la preuve d'al-Ḫwārizmī et la doctrine du signe d'Abū Hāšim pourrait ne pas être une simple coïncidence. Deux appendices ont été ajoutés. Le premier traite de la lecture par al-Fārābī de la théorie de l'inférence d'Abū Hāšim. Le second, en s'appuyant sur toutes les données disponibles, établit pour la première fois les dates correctes et précises de la vie d'Abū Hāšim.","PeriodicalId":43433,"journal":{"name":"Arabic Sciences and Philosophy","volume":"205 1","pages":"191-228"},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2020-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"ABŪ HĀŠIM AL-ǦUBBĀʾĪ, ALGÈBRE ET INFÉRENCE\",\"authors\":\"M. Rashed\",\"doi\":\"10.1017/s0957423920000028\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Cet article vise à restituer la doctrine du « signe du manifeste au caché » d'Abū Hāšim al-Ğubbāʾī (888-933). 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Cet article vise à restituer la doctrine du « signe du manifeste au caché » d'Abū Hāšim al-Ğubbāʾī (888-933). Il montre qu'Abū Hāšim a tendu à interpréter ce signe comme une inférence, dont il a reconnu deux types principaux : le type-1 (la « communauté de preuve », al-ištirāk fī al-dalāla) procède par déduction analytique de concepts en neutralisant les conditions de réalisation de ces derniers, c'est-à-dire leur soubassement ontologique. C'est, typiquement, la procédure la plus directement consonante avec l'ontologie modale d'Abū Hāšim. Le type-2 (la « communauté de cause », al-ištirāk fī al-ʿilla) exhibe un même rapport de causalité au plan du connu et au plan de l'inconnu et considère que la causalité au plan du connu est elle-même la cause de la causalité au plan de l'inconnu. Cette partition parfaitement inédite dans la philosophie et le kalām est en revanche préfigurée dans la doctrine de la preuve exposée par al-Ḫwārizmī dans son Algèbre. Al-Ḫwārizmī distingue en effet entre la preuve « par la cause » (bi-al-ʿilla), qui consiste à transférer une certaine déduction géométrique au plan de l'algèbre et la preuve « par l'expression » (bi-al-lafẓ) qui opère directement sur les expressions algébriques, qu'elle réduit analytiquement. En se fondant sur un texte d'Abū Hāšim consacré à la connaissance humaine qui paraît se référer à l’œuvre d'al-Ḫwārizmī, l'article suggère pour finir que le parallèle conceptuel étroit entre la doctrine de la preuve d'al-Ḫwārizmī et la doctrine du signe d'Abū Hāšim pourrait ne pas être une simple coïncidence. Deux appendices ont été ajoutés. Le premier traite de la lecture par al-Fārābī de la théorie de l'inférence d'Abū Hāšim. Le second, en s'appuyant sur toutes les données disponibles, établit pour la première fois les dates correctes et précises de la vie d'Abū Hāšim.
期刊介绍:
Arabic Sciences and Philosophy (ASP) is an international journal devoted to the Arabic sciences, mathematics and philosophy in the world of Islam between the eighth and eighteenth centuries, in a cross-cultural context. In 2009, the journal extended its scope to include important papers on scientific modernization from the nineteenth century in the Islamic world. Together with original studies on the history of all these fields, ASP also offers work on the inter-relations between Arabic and Greek, Indian, Chinese, Latin, Byzantine, Syriac and Hebrew sciences and philosophy. Casting new light on the growth of these disciplines, as well as on the social and ideological context in which this growth took place, ASP is essential reading for those interested in these areas.