一个主要的挑战:思考人种学描述

F. Laplantine
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Il s’agit de faire voir avec des mots, lesquels ne peuvent être interchangeables, tout particulièrement lorsque l’on se donne pour objectif de rendre compte de la manière la plus minutieuse et différenciée possible de la spécificité des situations, chaque fois inédites, à laquelle on est confronté.\n La rationalité explicative qui s’élabore dans un processus de substitution de l’invisible (concept) au visible (sensations) et du général au particulier est aujourd’hui l’objet d’un scepticisme croissant, et il n’est pas impossible que la description ethnographique qui, elle, s’en tient au voir et est à la recherche de l’écriture de ce qui particularise, connaisse un regain d’actualité. Mais cette activité, dont cette conférence montrera qu’elle ne peut être considérée comme subalterne (une espèce de « degré zéro de la connaissance ») n’a paradoxalement jamais été pensée comme telle par les anthropologues qui pourtant la tiennent pour la catégorie principale de notre discipline.\n La difficulté vient du fait que la description ethnographique non seulement ne dissocie pas l’étude de la culture (ethnos) de la question de l’écriture (graphê), mais fait précisément de leur relation sa spécificité. Procédant à la transformation du regard en langage, elle suppose, si nous voulons la comprendre, que nous nous interrogions sur les rapports du visible au dicible ou plus exactement au lisible. L’ethnographie, c’est de la réalité sociale devenue langage, et qui s’inscrit dans un réseau d’intertextualité : l’anthropologie, qui entretient un rapport nécessaire avec du déjà dit et du déjà écrit. 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摘要

民族志描述(字面上的文化写作),没有它就不可能有人类学,是一种模糊的语言和视觉活动,几乎可以说,就像马塞尔·杜尚(Marcel Duchamp)对绘画的描述一样,是一种“视网膜活动”。它关注细节——以及细节中的细节——是由一种观察的经验组织起来的,这种经验试图发展一种不断回归观察的知识(人类学)。但它不仅仅是看到,而是让别人看到,也就是说,把已经看到但现在已经不存在的东西写下来。民族志作为差异的书写方式,是一种延迟的书写方式,它不能适应语言的冷漠(=没有差异),相反,它被要求使用语言的句法和词汇资源。这是一个用不可互换的语言来表达的问题,特别是当一个人的目标是尽可能详细和有区别地描述他所面临的情况的特殊性时,这些情况总是新的。理性解释的一个看不见的替代过程中(一般),可见(感觉)和基本概念在特别是现在越来越怀疑的对象,并不是不可能的,描述她的民族志,坚持见和编剧正在寻找这particularise,重新了解时事。但是,这次会议将表明,这种活动不能被认为是次要的(一种“零程度的知识”),但矛盾的是,人类学家从来没有这样认为过,尽管如此,他们仍然把它作为我们学科的主要类别。困难在于,民族志的描述不仅没有将文化(民族)的研究与文字(图形)的问题分离开来,而且使它们之间的关系成为一种特殊的关系。在将视觉转化为语言的过程中,它假定,如果我们想要理解它,我们必须质疑可见与可说或更确切地说可读的关系。人种学是一种已成为语言的社会现实,它是互文性网络的一部分:人类学,它与已经说过和写过的东西保持着必要的关系。在这种情况下,社会现实和文本现实之间的关系是什么?如何不仅建立一个文本社会,而且建立一个文本社会?
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
Un défi majeur : penser la description ethnographique
La description ethnographique (littéralement l’écriture de la culture), sans laquelle il n’y a pas d’anthropologie possible est une activité indistinctement linguistique et visuelle, on pourrait presque dire, comme Marcel Duchamp le disait de la peinture, une « activité rétinienne ». Attentive au détail — et aux détails du détail — elle s’organise à partir d’une expérience du voir qui tente d’élaborer un savoir (l’anthropologie) qui sans cesse fait retour au voir. Mais elle ne consiste pas seulement à voir, mais à faire voir, c’est-à-dire à écrire ce que l’on a vu et qui maintenant n’est plus. L’ethnographie comme écriture de la différence est une écriture différée qui ne saurait s’accommoder d’une indifférence (=sans différence) linguistique, mais est au contraire appelée à la mise en oeuvre des ressources syntaxiques et lexicales de la langue. Il s’agit de faire voir avec des mots, lesquels ne peuvent être interchangeables, tout particulièrement lorsque l’on se donne pour objectif de rendre compte de la manière la plus minutieuse et différenciée possible de la spécificité des situations, chaque fois inédites, à laquelle on est confronté. La rationalité explicative qui s’élabore dans un processus de substitution de l’invisible (concept) au visible (sensations) et du général au particulier est aujourd’hui l’objet d’un scepticisme croissant, et il n’est pas impossible que la description ethnographique qui, elle, s’en tient au voir et est à la recherche de l’écriture de ce qui particularise, connaisse un regain d’actualité. Mais cette activité, dont cette conférence montrera qu’elle ne peut être considérée comme subalterne (une espèce de « degré zéro de la connaissance ») n’a paradoxalement jamais été pensée comme telle par les anthropologues qui pourtant la tiennent pour la catégorie principale de notre discipline. La difficulté vient du fait que la description ethnographique non seulement ne dissocie pas l’étude de la culture (ethnos) de la question de l’écriture (graphê), mais fait précisément de leur relation sa spécificité. Procédant à la transformation du regard en langage, elle suppose, si nous voulons la comprendre, que nous nous interrogions sur les rapports du visible au dicible ou plus exactement au lisible. L’ethnographie, c’est de la réalité sociale devenue langage, et qui s’inscrit dans un réseau d’intertextualité : l’anthropologie, qui entretient un rapport nécessaire avec du déjà dit et du déjà écrit. Quelles sont dans ces conditions les relations entre la réalité sociale et la réalité textuelle ? Comment se construit non seulement la société comme texte, mais la société du texte?
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