Catherine Bertrand (Présidente de la Société française de médecine de catastrophe)
{"title":"技术、解毒剂和新设备","authors":"Catherine Bertrand (Présidente de la Société française de médecine de catastrophe)","doi":"10.1016/j.pxur.2023.07.028","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>La France a déclassifié les plans NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) dès les années 2000 et les centres d’enseignement des soins d’urgence (CESU) ont formé des milliers de personnels pour se protéger des conséquences d’événements impliquant des produits radio nucléaires, chimiques et biologiques et prendre en charge les patients intoxiqués, contaminés ou infectés. L’enjeu est de garder le niveau de préparation et d’entraînement des personnels afin d’avoir le niveau opérationnel requis.</p><p>En cas de risques NRC, les consignes consistent pour le patient à protéger immédiatement les voies de pénétration des toxiques (aériennes, digestives, muqueuses oculaires et voies cutanées) et à procéder à une décontamination d’urgence. La décontamination approfondie, avec douche, protège les établissements et est systématique pour les patients (hors urgences absolues) en cas de contamination NR et pour deux familles de toxiques chimiques (neurotoxiques organophosphorés et vésicants). Actuellement, les dispositifs de décontamination approfondie de troisième génération ont une rentabilité de 140 patients valides par heure.</p><p>Les formations doivent mettre l’accent sur les procédures de prise en charge des urgences médico-chirurgicales NR et C, ainsi que sur l’utilisation des antidotes. La contamination interne NR est une urgence thérapeutique et les antidotes seront injectés dans les deux heures. Les antidotes disponibles pour reverser les effets des neurotoxiques, des vésicants et des opioïdes doivent être injectés sans délai car ces toxiques sont létaux <span>[1]</span>. L’utilisation de seringues à plusieurs compartiments tels que les seringues Ineurope® est à privilégier ainsi que les syrettes d’atropine dosées à 2, 1 et 0,5<!--> <!-->mg facilitant les réinjections en présence d’une intoxication par neurotoxiques organophosphorés (NOP). L’oxime pour être efficace doit réagir avec le toxique au niveau de la liaison chimique enzymatique. Il faut donc l’injecter vite pour éviter le phénomène de vieillissement (présent pour le soman et certains pesticides) et à la bonne dose. Sur le tabun, aucune oxime n’est efficace. L’utilisation malveillante récente en Angleterre et en Malaisie des nouveaux agents neurotoxiques (Novichok) et du VX ajoutent une difficulté car une intoxication percutanée peut passer inaperçue au début et les patients sont asymptomatiques. Dans ce cas, les laboratoires doivent être en mesure de mesurer l’activité cholinestérasique globulaire (ACHE) qui va permettre de suivre l’efficacité de l’oxime et l’évolution de l’intoxication.</p><p>Un autre point de vigilance consiste à anticiper sur ce qui se passera pendant la première heure qui sera chaotique tant que le toxique ne sera pas identifié de façon précise et ne pas sous-estimer les réactions humaines : est ce que les patients seront compliants pour se séparer de leurs effets personnels, comment faudra-t-il gérer les familles ? Les personnels doivent pouvoir se protéger avec des cagoules, connectés à des cartouches filtrantes, de port immédiat et porter des gants afin d’orienter les patients vers des zones balisées et distribuer des kits de décontamination.</p><p>Des dotations en matériels : dosimètres opérationnels, appareils de détection chimique (AP2C) nécessitent des tutoriels pour assurer leur utilisation. Les personnels de santé ont des équipements de protection individuelle (EPI) extrêmement protecteurs à condition de bien les choisir en fonction des tâches de chacun pour ne pas subir des contraintes physiologiques incapacitantes <span>[2]</span>.</p><p>Le dénombrement, la traçabilité des patients et traitements bénéficient du dispositif SINUS de version 4 mais sans solution actuelle pour répondre au principe de précaution inscrit dans la constitution.</p></div>","PeriodicalId":100904,"journal":{"name":"Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives","volume":"7 3","pages":"Page 222"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Les techniques, les antidotes et les nouveaux dispositifs\",\"authors\":\"Catherine Bertrand (Présidente de la Société française de médecine de catastrophe)\",\"doi\":\"10.1016/j.pxur.2023.07.028\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><p>La France a déclassifié les plans NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) dès les années 2000 et les centres d’enseignement des soins d’urgence (CESU) ont formé des milliers de personnels pour se protéger des conséquences d’événements impliquant des produits radio nucléaires, chimiques et biologiques et prendre en charge les patients intoxiqués, contaminés ou infectés. L’enjeu est de garder le niveau de préparation et d’entraînement des personnels afin d’avoir le niveau opérationnel requis.</p><p>En cas de risques NRC, les consignes consistent pour le patient à protéger immédiatement les voies de pénétration des toxiques (aériennes, digestives, muqueuses oculaires et voies cutanées) et à procéder à une décontamination d’urgence. La décontamination approfondie, avec douche, protège les établissements et est systématique pour les patients (hors urgences absolues) en cas de contamination NR et pour deux familles de toxiques chimiques (neurotoxiques organophosphorés et vésicants). Actuellement, les dispositifs de décontamination approfondie de troisième génération ont une rentabilité de 140 patients valides par heure.</p><p>Les formations doivent mettre l’accent sur les procédures de prise en charge des urgences médico-chirurgicales NR et C, ainsi que sur l’utilisation des antidotes. La contamination interne NR est une urgence thérapeutique et les antidotes seront injectés dans les deux heures. Les antidotes disponibles pour reverser les effets des neurotoxiques, des vésicants et des opioïdes doivent être injectés sans délai car ces toxiques sont létaux <span>[1]</span>. L’utilisation de seringues à plusieurs compartiments tels que les seringues Ineurope® est à privilégier ainsi que les syrettes d’atropine dosées à 2, 1 et 0,5<!--> <!-->mg facilitant les réinjections en présence d’une intoxication par neurotoxiques organophosphorés (NOP). L’oxime pour être efficace doit réagir avec le toxique au niveau de la liaison chimique enzymatique. Il faut donc l’injecter vite pour éviter le phénomène de vieillissement (présent pour le soman et certains pesticides) et à la bonne dose. Sur le tabun, aucune oxime n’est efficace. 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Les personnels de santé ont des équipements de protection individuelle (EPI) extrêmement protecteurs à condition de bien les choisir en fonction des tâches de chacun pour ne pas subir des contraintes physiologiques incapacitantes <span>[2]</span>.</p><p>Le dénombrement, la traçabilité des patients et traitements bénéficient du dispositif SINUS de version 4 mais sans solution actuelle pour répondre au principe de précaution inscrit dans la constitution.</p></div>\",\"PeriodicalId\":100904,\"journal\":{\"name\":\"Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives\",\"volume\":\"7 3\",\"pages\":\"Page 222\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2023-09-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1279847923000782\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1279847923000782","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Les techniques, les antidotes et les nouveaux dispositifs
La France a déclassifié les plans NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) dès les années 2000 et les centres d’enseignement des soins d’urgence (CESU) ont formé des milliers de personnels pour se protéger des conséquences d’événements impliquant des produits radio nucléaires, chimiques et biologiques et prendre en charge les patients intoxiqués, contaminés ou infectés. L’enjeu est de garder le niveau de préparation et d’entraînement des personnels afin d’avoir le niveau opérationnel requis.
En cas de risques NRC, les consignes consistent pour le patient à protéger immédiatement les voies de pénétration des toxiques (aériennes, digestives, muqueuses oculaires et voies cutanées) et à procéder à une décontamination d’urgence. La décontamination approfondie, avec douche, protège les établissements et est systématique pour les patients (hors urgences absolues) en cas de contamination NR et pour deux familles de toxiques chimiques (neurotoxiques organophosphorés et vésicants). Actuellement, les dispositifs de décontamination approfondie de troisième génération ont une rentabilité de 140 patients valides par heure.
Les formations doivent mettre l’accent sur les procédures de prise en charge des urgences médico-chirurgicales NR et C, ainsi que sur l’utilisation des antidotes. La contamination interne NR est une urgence thérapeutique et les antidotes seront injectés dans les deux heures. Les antidotes disponibles pour reverser les effets des neurotoxiques, des vésicants et des opioïdes doivent être injectés sans délai car ces toxiques sont létaux [1]. L’utilisation de seringues à plusieurs compartiments tels que les seringues Ineurope® est à privilégier ainsi que les syrettes d’atropine dosées à 2, 1 et 0,5 mg facilitant les réinjections en présence d’une intoxication par neurotoxiques organophosphorés (NOP). L’oxime pour être efficace doit réagir avec le toxique au niveau de la liaison chimique enzymatique. Il faut donc l’injecter vite pour éviter le phénomène de vieillissement (présent pour le soman et certains pesticides) et à la bonne dose. Sur le tabun, aucune oxime n’est efficace. L’utilisation malveillante récente en Angleterre et en Malaisie des nouveaux agents neurotoxiques (Novichok) et du VX ajoutent une difficulté car une intoxication percutanée peut passer inaperçue au début et les patients sont asymptomatiques. Dans ce cas, les laboratoires doivent être en mesure de mesurer l’activité cholinestérasique globulaire (ACHE) qui va permettre de suivre l’efficacité de l’oxime et l’évolution de l’intoxication.
Un autre point de vigilance consiste à anticiper sur ce qui se passera pendant la première heure qui sera chaotique tant que le toxique ne sera pas identifié de façon précise et ne pas sous-estimer les réactions humaines : est ce que les patients seront compliants pour se séparer de leurs effets personnels, comment faudra-t-il gérer les familles ? Les personnels doivent pouvoir se protéger avec des cagoules, connectés à des cartouches filtrantes, de port immédiat et porter des gants afin d’orienter les patients vers des zones balisées et distribuer des kits de décontamination.
Des dotations en matériels : dosimètres opérationnels, appareils de détection chimique (AP2C) nécessitent des tutoriels pour assurer leur utilisation. Les personnels de santé ont des équipements de protection individuelle (EPI) extrêmement protecteurs à condition de bien les choisir en fonction des tâches de chacun pour ne pas subir des contraintes physiologiques incapacitantes [2].
Le dénombrement, la traçabilité des patients et traitements bénéficient du dispositif SINUS de version 4 mais sans solution actuelle pour répondre au principe de précaution inscrit dans la constitution.