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Victimes « au carré » : dénonciation des iniquités dans la reconnaissance des victimes d’attentats (France, 2015)
Parmi les reactions qui ont suivi les attaques terroristes islamistes qui ont eu lieu en 2015 sur le sol francais, de nombreux commentaires denoncent ce qu’ils considerent comme un traitement inequitable des victimes. Les victimes en question sont parfois precisement celles des attentats (‘on fait plus de cas de la mort des dessinateurs de Charlie Hebdo que de celle de l’agent de maintenance’), parfois les victimes des attentats de 2015 sur le sol francais au regard des victimes d’autres attentats commis dans d’autres spheres geo-politiques (‘on n’en a pas fait autant pour les 29 morts de la fusillade de Sousse’) ; il s’agit parfois enfin d’etablir un parallele entre le traitement des victimes bien reelles avec le traitement imagine des victimes d’un attentat fictif (‘si les victimes avaient travaille pour Valeurs actuelles, on n’en aurait pas fait tout un foin’). Partant des reflexions de Perelman sur la regle de justice, l’article examine ces denonciations d’un « deux poids, deux mesures » dans le traitement des victimes, qui font des victimes moins reconnues, ou moins mediatisees, des victimes « au carre ». Il montre que cette regle peut etre mobilisee dans des constructions argumentatives visant des conclusions differentes : denonciation d’une injustice/ retablissement de la justice. Il met au jour la facon dont cette « elevation au carre » de certaines victimes constitue parfois le symptome d’une logique du ressentiment, revelatrice de tensions et de tendances au repli identitaire identifiables dans la societe francaise actuelle.