Plaies oculaires pénétrantes de l’enfant : profil clinique et impact psychosocial dans le sud tunisien

Introduction

Les plaies oculaires pénétrantes chez l’enfant posent un problème de santé publique par leur fréquence, gravité et impact psychosocial. Cette étude décrit le profil clinique et psychosocial de ces traumatismes chez des enfants du sud tunisien et identifie les facteurs de mauvais pronostic.

Patients et méthodes

Nous avons réalisé une étude rétrospective sur 86 enfants hospitalisés pour une plaie oculaire pénétrante au CHU Habib Bourguiba de Sfax (janvier 2015–décembre 2021). Les données démographiques, cliniques et les modalités de traitement ont été recueillies, ainsi que l’impact sur la qualité de vie via deux échelles psychométriques.

Résultats

Nos patients, âgés en moyenne de 7,21 ans, présentent un sexe ratio de 2,44. Les traumatismes, toujours unilatéraux (57 % OD), surviennent souvent en été et le week-end. La cornée est atteinte dans 91,9 % des cas, avec une taille de plaie moyenne de 6,24 mm. L’hernie de l’iris et la cataracte traumatique sont les lésions associées les plus fréquentes. Les patients ont été opérés en urgence, avec un délai moyen de 15 heures. Lors du suivi, 40,7 % des patients présentaient une amblyopie profonde, définie par une acuité visuelle finale (AVF) ≤ 1/10, seuil retenu pour caractériser un mauvais pronostic fonctionnel. Les facteurs de mauvais pronostic incluent l’acuité visuelle initiale (AVI) faible ≤ 1/10, l’atteinte de l’axe visuel, la taille > 5 mm, l’athalamie, l’hyphéma, la cataracte traumatique, l’atteinte du segment postérieur et le recours à des interventions chirurgicales supplémentaires. L’impact psychosocial, notamment émotionnel, était significatif, plus important que l’impact physique. 14,5 % des patients avaient un état de stress post-traumatique grave nécessitant un suivi pédopsychiatrique.

Conclusion

Une prise en charge multidisciplinaire est nécessaire pour ces enfants. Cependant, la prévention reste le pilier le plus important de lutte contre ces incidents.

Introduction

Penetrating ocular injuries in children are a public health issue due to their frequency, severity, and psychosocial impact. This study describes the clinical and psychosocial profile of such injuries in children from southern Tunisia and identifies poor prognostic factors.

Patients and methods

We conducted a retrospective study of 86 children hospitalized for penetrating ocular injuries at Habib Bourguiba University Hospital in Sfax from January 2015 to December 2021. Demographic, clinical, and treatment data were collected, as well as impact on quality of life as measured using two validated psychometric scales.

Results

The mean age of the patients was 7.21 years, with a male-to-female ratio of 2.44. All injuries were unilateral, with 57% affecting the right eye, and most occurred during the summer and on weekends. Corneal injuries were observed in 91.9% of cases, with a mean wound size of 6.24 mm. Iris herniation and traumatic cataract were the most common associated lesions. All patients underwent emergency surgery, with a mean delay of 15 hours after the injury. At follow-up, 40.7% of patients had developed severe amblyopia, defined as a final visual acuity (FVA) ≤ 1/10 – the threshold used to define a poor functional prognosis. Poor prognostic factors included low initial visual acuity (IVA ≤ 1/10), visual axis involvement, wound size > 5 mm, hyphema, aphakia, traumatic cataract, posterior segment involvement, and additional surgeries. The psychosocial impact, especially emotional distress, was significant, exceeding physical impacts. 14.5% of patients suffered from severe post-traumatic stress disorder, requiring specialized psychiatric care.

Conclusion

A multidisciplinary approach is essential for these children, but prevention remains the key strategy to reduce such injuries and their long-term consequences.