Utilisation des feuilles d’argent durant la grossesse en Guyane (Projet Fey Darjan -2023)

Introduction

Les feuilles d'Ocotea guianensis Aubl., ou « fey darjan » en créole, sont fréquemment citées par les femmes guyanaises pour l'accouchement. Bien que cet usage ait été décrit dans des études ethnographiques, sa fréquence d'utilisation n'avait pas été quantifiée en Guyane. Le profil des utilisatrices, les modalités d'utilisation et l'impact sur l'accouchement et le post- partum immédiat restaient également à déterminer. L’objectif principal était donc d'estimer la prévalence de l'utilisation des feuilles d’argent chez les femmes qui accouchent en Guyane.

Méthodes

Il s'agissait d'une étude transversale descriptive menée dans les maternités de Cayenne et de Kourou. Des médiatrices multilingues ont soumis un questionnaire quantitatif structuré de 10 minutes aux participantes, dans le post-partum immédiat. Des entretiens qualitatifs individuels ont aussi été menés auprès des soignantes et patientes.

Résultats

Les données ont été recueillies auprès de 332 femmes entre le 21 mars et le 10 juillet 2023. La prévalence d'utilisation dans l'échantillon était de 10 %. Les feuilles étaient généralement utilisées sous forme de bain de siège. Le profil des utilisatrices était celui de femmes nées en Guyane avec un niveau d'éducation et un statut social relativement élevé. L'étude n'avait pas mis en évidence de détresse fœtale ou de complications obstétricales majeures chez les femmes qui utilisaient les feuilles d’argent par rapport à celles qui n'en utilisaient pas.

Conclusion

Ainsi, l'utilisation de la fey darjan concernait au moins une femme sur 10 accouchant à Cayenne et à Kourou. En raison de la petite taille de l'échantillon d'utilisatrices et d'une sous-déclaration potentielle, cette étude n'avait peut-être pas mis en évidence tous les profils d'utilisatrices.

Néanmoins, les premiers résultats de cette enquête sont rassurants quant à l’association de cet usage avec certaines complications obstétricales. Des études complémentaires sur un échantillon plus important et non réalisé en maternité, permettraient de confirmer ces premiers résultats.

Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.