{"title":"法属圭亚那的疟疾战略:PK6村,偏远地区人口的诊断和护理范例","authors":"Delphine PATAROT , Lucie HOUSSAIS , Camille CHASSOUANT , Perrine FELLER , Benjamin DE VALENCE , Anissa DESMOULIN , Paul LE TURNIER , Martial ROZE , Adriana NASARE DE OLIVEIRA , Andréa PIRES DE OLIVEIRA , Diana PEREZ ARANGUENA , Elidiana RIBEIRO SANTOS , Gilcélia ROUSSE , Ramona AQUINO DEULERIO , Mattieu HERMENEGILDO GOMES , Jean-Marckenson THERASSE , Natacha ZEPHIRIN , Arsène AMADOUHE KPANGON , Mosa TSAFEHY , Elodie CHANE-KI , Loïc EPELBOIN","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.082","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La Guyane, dernier territoire français endémique du paludisme, connaît une recrudescence de Plasmodium vivax depuis fin 2023, touchant principalement les orpailleurs clandestins éloignés des structures de soins.</div><div>L’accès au traitement complet (artéméther-luméfantrine [AL] ou chloroquine, et primaquine [PQ]) est freiné par les délais de rendu du test de déficit en G6PD, indispensable à la délivrance de la PQ. Cette situation contribue au maintien d’un réservoir parasitaire, notamment sur le site isolé d’orpaillage « Crique Nationale », inaccessible aux interventions directes.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une stratégie de diagnostic et de traitement rapide a été mise en place dans un village de passage des orpailleurs, à PK6. Chaque mardi d’avril à octobre 2024, des équipes mixtes (médiateurs, infirmiers et infectiologues) ont dépisté les personnes symptomatiques par tests rapides de diagnostic (TDR) et par un test rapide de dosage du G6PD. Les patients positifs en TDR étaient traités sur place par AL et/ou PQ. Des prélèvements biologiques supplémentaires (frottis, PCR, dosage standard G6PD) étaient réalisés pour confirmation et suivi.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur la période d’étude, 27 missions hebdomadaires ont été réalisées, soit 289 consultations pour 145 patients. Le ratio H/F était de 2,1, et la médiane d’âge de 37 ans. 96 patients (66 %) ont déclaré travailler dans l’orpaillage, dont 51 (53 %) sur le site Crique Nationale.</div><div>Dans la population d’orpailleur testée, 10 % avaient un TDR positif, 17 % un FGE positif, 26 % avaient une PCR positive. Parmi les 77 personnes testées, un patient avait un déficit en G6PD sur le TDR, confirmé au laboratoire. Parmi les orpailleurs, 54 % personnes ont reçu un traitement par AL, 71 % un traitement par PQ. Parmi les 80 personnes ayant reçu la primaquine, 46 % personnes ont été revues à J7, 15 % à J14 et 12 % à J21. Neuf pourcent ont dû interrompre le traitement à cause des effets indésirables non graves. Trente- neuf personnes ont eu un traitement par AL alors que la PCR était négative, sans effets indésirables rapportés.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Ce dispositif a permis de traiter de nombreuses personnes éloignées du soin par schizonticide et/ou hypnozoïtocide, avec un bénéfice à la fois individuel et collectif, par action sur le principal réservoir de P. vivax sur le Bouclier des Guyanes. Sans qu’il soit possible d’établir un lien causalité, une diminution progressive du nombre d’accès palustre a été constatée dans cette population, conduisant à l’interruption des misions fin octobre 2024.</div><div>Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 3","pages":"Page S40"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Stratégie de lutte contre le paludisme en Guyane : village PK6, un exemple de diagnostic et de prise en charge d’une population en milieu isolé\",\"authors\":\"Delphine PATAROT , Lucie HOUSSAIS , Camille CHASSOUANT , Perrine FELLER , Benjamin DE VALENCE , Anissa DESMOULIN , Paul LE TURNIER , Martial ROZE , Adriana NASARE DE OLIVEIRA , Andréa PIRES DE OLIVEIRA , Diana PEREZ ARANGUENA , Elidiana RIBEIRO SANTOS , Gilcélia ROUSSE , Ramona AQUINO DEULERIO , Mattieu HERMENEGILDO GOMES , Jean-Marckenson THERASSE , Natacha ZEPHIRIN , Arsène AMADOUHE KPANGON , Mosa TSAFEHY , Elodie CHANE-KI , Loïc EPELBOIN\",\"doi\":\"10.1016/j.mmifmc.2025.07.082\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Introduction</h3><div>La Guyane, dernier territoire français endémique du paludisme, connaît une recrudescence de Plasmodium vivax depuis fin 2023, touchant principalement les orpailleurs clandestins éloignés des structures de soins.</div><div>L’accès au traitement complet (artéméther-luméfantrine [AL] ou chloroquine, et primaquine [PQ]) est freiné par les délais de rendu du test de déficit en G6PD, indispensable à la délivrance de la PQ. 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Le ratio H/F était de 2,1, et la médiane d’âge de 37 ans. 96 patients (66 %) ont déclaré travailler dans l’orpaillage, dont 51 (53 %) sur le site Crique Nationale.</div><div>Dans la population d’orpailleur testée, 10 % avaient un TDR positif, 17 % un FGE positif, 26 % avaient une PCR positive. Parmi les 77 personnes testées, un patient avait un déficit en G6PD sur le TDR, confirmé au laboratoire. Parmi les orpailleurs, 54 % personnes ont reçu un traitement par AL, 71 % un traitement par PQ. Parmi les 80 personnes ayant reçu la primaquine, 46 % personnes ont été revues à J7, 15 % à J14 et 12 % à J21. Neuf pourcent ont dû interrompre le traitement à cause des effets indésirables non graves. 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Stratégie de lutte contre le paludisme en Guyane : village PK6, un exemple de diagnostic et de prise en charge d’une population en milieu isolé
Introduction
La Guyane, dernier territoire français endémique du paludisme, connaît une recrudescence de Plasmodium vivax depuis fin 2023, touchant principalement les orpailleurs clandestins éloignés des structures de soins.
L’accès au traitement complet (artéméther-luméfantrine [AL] ou chloroquine, et primaquine [PQ]) est freiné par les délais de rendu du test de déficit en G6PD, indispensable à la délivrance de la PQ. Cette situation contribue au maintien d’un réservoir parasitaire, notamment sur le site isolé d’orpaillage « Crique Nationale », inaccessible aux interventions directes.
Méthodes
Une stratégie de diagnostic et de traitement rapide a été mise en place dans un village de passage des orpailleurs, à PK6. Chaque mardi d’avril à octobre 2024, des équipes mixtes (médiateurs, infirmiers et infectiologues) ont dépisté les personnes symptomatiques par tests rapides de diagnostic (TDR) et par un test rapide de dosage du G6PD. Les patients positifs en TDR étaient traités sur place par AL et/ou PQ. Des prélèvements biologiques supplémentaires (frottis, PCR, dosage standard G6PD) étaient réalisés pour confirmation et suivi.
Résultats
Sur la période d’étude, 27 missions hebdomadaires ont été réalisées, soit 289 consultations pour 145 patients. Le ratio H/F était de 2,1, et la médiane d’âge de 37 ans. 96 patients (66 %) ont déclaré travailler dans l’orpaillage, dont 51 (53 %) sur le site Crique Nationale.
Dans la population d’orpailleur testée, 10 % avaient un TDR positif, 17 % un FGE positif, 26 % avaient une PCR positive. Parmi les 77 personnes testées, un patient avait un déficit en G6PD sur le TDR, confirmé au laboratoire. Parmi les orpailleurs, 54 % personnes ont reçu un traitement par AL, 71 % un traitement par PQ. Parmi les 80 personnes ayant reçu la primaquine, 46 % personnes ont été revues à J7, 15 % à J14 et 12 % à J21. Neuf pourcent ont dû interrompre le traitement à cause des effets indésirables non graves. Trente- neuf personnes ont eu un traitement par AL alors que la PCR était négative, sans effets indésirables rapportés.
Conclusion
Ce dispositif a permis de traiter de nombreuses personnes éloignées du soin par schizonticide et/ou hypnozoïtocide, avec un bénéfice à la fois individuel et collectif, par action sur le principal réservoir de P. vivax sur le Bouclier des Guyanes. Sans qu’il soit possible d’établir un lien causalité, une diminution progressive du nombre d’accès palustre a été constatée dans cette population, conduisant à l’interruption des misions fin octobre 2024.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.