{"title":"护理人员对圭亚那西部姑息治疗患者多元文化主义的看法","authors":"Olivier ANGÉNIEUX , Marylène FILBET","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.025","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les Soins Palliatifs (SP) visent à améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies incurables, en apportant un soulagement physique, psychologique, spirituel et social. En Guyane, département multiculturel et multilingue marqué par une forte immigration, cette mission se heurte à des défis spécifiques, notamment à l’Ouest, dans la région de Saint-Laurent-du-Maroni. Le contexte local, avec une population hétérogène composée de Bushinengués, Haïtiens, Créoles, Amérindiens, Brésiliens, Indonésiens ou encore ressortissants du Guyana, complexifie les prises en charge. L’objectif de cette étude était d’explorer le ressenti des soignants vis-à-vis de la diversité culturelle des patients en SP dans cette région.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une étude qualitative a été menée auprès de 20 professionnels de santé du CH Ouest Guyanais (CHOG) impliqués dans les Lits Identifiés Soins Palliatifs (LISP). Les participants comprenaient des médecins, infirmiers, aides-soignants, un psychologue et un kinésithérapeute. Une grille d’entretien semi-directif a permis d’interroger les soignants sur leurs perceptions de la diversité culturelle, les difficultés rencontrées, les stratégies mises en œuvre et les propositions d’amélioration. Tous les entretiens ont été menés en tête-à-tête, enregistrés, transcrits puis analysés selon une méthode thématique qualitative.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>La majorité des participants reconnaissait l’impact des différences culturelles sur la prise en charge : langues multiples, croyances sur la maladie et la mort, structures familiales complexes, rituels religieux et pratiques de médecine traditionnelle. Les principales difficultés relevées étaient la barrière linguistique, les malentendus sur les décisions médicales, et l’inadéquation entre certaines attentes culturelles et les soins hospitaliers. Cependant, les soignants exprimaient aussi un ressenti globalement positif, décrivant cette diversité comme source d’enrichissement personnel et professionnel. Les solutions mises en place incluaient le recours à des médiateurs ou à des collègues issus des mêmes cultures que les patients. Certains soignants jouaient un rôle de « ressources culturelles » au sein des équipes. Cinq grands thèmes ont émergé : reconnaissance des différences culturelles, obstacles à la communication, stratégies d’adaptation, importance de la médiation, et valorisation des compétences culturelles dans les soins.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Notre échantillon comprenait une population de soignants dont l’âge moyen (43 ans) était relativement proche de celui des personnels soignants en France : 41 ans (source Insee). Concernant le sex-ratio, notre échantillon était composé de 65 % de femmes (n = 13) ce qui va dans le sens du sex-ratio des soignants à l’hôpital en général puisque largement représentés par les femmes (la quasi parité pour les médecins, mais 70 % de femmes chez les IDE et 90 % chez les AS). La moyenne de l’expérience professionnelle de l’échantillon (13 ans et demi, dont 7 ans en SP) lui confère une certaine crédibilité. L’indication de l’origine culturelle des soignants, pour laquelle il n’y a pas de point de comparaison statistique retrouvé, n’a été précisée que pour étayer l’hypothèse de l’intérêt, dont nous parlerons, d’une diversité culturelle dans l’équipe soignante notamment en SP. Dans notre étude, une grande majorité des participants reconnaissait des différences culturelles chez les patients pris en charge en SP : spécificités linguistiques et culturelles (croyances liées aux maladies et à la mort, organisation familiale, rituels religieux et traditions, tradithérapies et habitudes alimentaires). Dans la littérature, de nombreux auteurs ont écrit sur la manière de prendre en charge des patients avec des histoires culturelles différentes dans un contexte de SP et de fin de vie. Certains de nos participants mettaient en avant des difficultés liées à ces différences (barrière linguistique et croyances sur la maladie et la mort gênant la communication, complexité du modèle familial opacifiant la prise de décision, milieux communautaires défavorisés, spécificités des manières d’expression des émotions, cohabitation difficile entre certains rituels, certaines tradithérapies et les soins médicaux surtout hospitaliers), mais il était admis par beaucoup qu’il était une valeur intrinsèque au métier que de s’adapter et que cela était très enrichissant humainement et professionnellement. De nombreuses publications montrent l’intérêt, pour le bien-être des patients en fin de vie, de SP « sensibles à la culture », c’est-à-dire empreints d’une manière d’être attentive et respectueuse des différences culturelles. La spiritualité au sens large (pas seulement celle associée à la religiosité) a été souvent abordée par nos participants (rituels, incantations, croyances, vision de la vie et de la mort). Des auteurs ont également mis en lumière l’importance du respect de la spiritualité pour le bien-être en fin de vie. Il ressort de notre étude que les difficultés peuvent souvent être amoindries par des attitudes ouvertes, empathiques, culturellement sensibles ainsi que par la médiation. Cette médiation pouvait être faite par des médiateurs professionnels dont le rôle a été souvent mis en avant par nos participants, mais également par les soignants dits ressources, c’est-à-dire ceux imprégnés par des connaissances ethnoculturelles soit parce qu’ils sont issus de manière native des diversités culturelles, soit parce qu’ils ont acquis ces connaissances par l’expérience et l’intérêt pour ces cultures.</div><div>L’échantillon étudié, composé majoritairement de femmes (65 %), reflète la structure du personnel soignant hospitalier en France. L’ancienneté des professionnels interrogés confère de la solidité aux données recueillies. L’étude confirme que les SP en contexte multiculturel exigent une approche empathique, ouverte et adaptée, notamment dans un territoire comme la Guyane, où les patients viennent de cultures très diverses. Les résultats rejoignent la littérature sur les SP dits « culturellement sensibles » et soulignent l’importance de la reconnaissance des croyances, de la spiritualité et des pratiques culturelles dans l’accompagnement de la fin de vie.</div></div><div><h3>Conclusions</h3><div>Les soignants interrogés perçoivent la diversité culturelle comme un défi, mais surtout comme une richesse. La médiation, les compétences interculturelles et l’adaptation des pratiques professionnelles sont des leviers essentiels pour améliorer la qualité des soins palliatifs en Guyane.</div><div>Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 3","pages":"Pages S12-S13"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Ressenti des soignants vis-à-vis du multiculturalisme des patients pris en charge en soins palliatifs à l’Ouest Guyanais\",\"authors\":\"Olivier ANGÉNIEUX , Marylène FILBET\",\"doi\":\"10.1016/j.mmifmc.2025.07.025\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Introduction</h3><div>Les Soins Palliatifs (SP) visent à améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies incurables, en apportant un soulagement physique, psychologique, spirituel et social. En Guyane, département multiculturel et multilingue marqué par une forte immigration, cette mission se heurte à des défis spécifiques, notamment à l’Ouest, dans la région de Saint-Laurent-du-Maroni. Le contexte local, avec une population hétérogène composée de Bushinengués, Haïtiens, Créoles, Amérindiens, Brésiliens, Indonésiens ou encore ressortissants du Guyana, complexifie les prises en charge. L’objectif de cette étude était d’explorer le ressenti des soignants vis-à-vis de la diversité culturelle des patients en SP dans cette région.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une étude qualitative a été menée auprès de 20 professionnels de santé du CH Ouest Guyanais (CHOG) impliqués dans les Lits Identifiés Soins Palliatifs (LISP). Les participants comprenaient des médecins, infirmiers, aides-soignants, un psychologue et un kinésithérapeute. Une grille d’entretien semi-directif a permis d’interroger les soignants sur leurs perceptions de la diversité culturelle, les difficultés rencontrées, les stratégies mises en œuvre et les propositions d’amélioration. Tous les entretiens ont été menés en tête-à-tête, enregistrés, transcrits puis analysés selon une méthode thématique qualitative.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>La majorité des participants reconnaissait l’impact des différences culturelles sur la prise en charge : langues multiples, croyances sur la maladie et la mort, structures familiales complexes, rituels religieux et pratiques de médecine traditionnelle. Les principales difficultés relevées étaient la barrière linguistique, les malentendus sur les décisions médicales, et l’inadéquation entre certaines attentes culturelles et les soins hospitaliers. Cependant, les soignants exprimaient aussi un ressenti globalement positif, décrivant cette diversité comme source d’enrichissement personnel et professionnel. Les solutions mises en place incluaient le recours à des médiateurs ou à des collègues issus des mêmes cultures que les patients. Certains soignants jouaient un rôle de « ressources culturelles » au sein des équipes. Cinq grands thèmes ont émergé : reconnaissance des différences culturelles, obstacles à la communication, stratégies d’adaptation, importance de la médiation, et valorisation des compétences culturelles dans les soins.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Notre échantillon comprenait une population de soignants dont l’âge moyen (43 ans) était relativement proche de celui des personnels soignants en France : 41 ans (source Insee). Concernant le sex-ratio, notre échantillon était composé de 65 % de femmes (n = 13) ce qui va dans le sens du sex-ratio des soignants à l’hôpital en général puisque largement représentés par les femmes (la quasi parité pour les médecins, mais 70 % de femmes chez les IDE et 90 % chez les AS). La moyenne de l’expérience professionnelle de l’échantillon (13 ans et demi, dont 7 ans en SP) lui confère une certaine crédibilité. L’indication de l’origine culturelle des soignants, pour laquelle il n’y a pas de point de comparaison statistique retrouvé, n’a été précisée que pour étayer l’hypothèse de l’intérêt, dont nous parlerons, d’une diversité culturelle dans l’équipe soignante notamment en SP. Dans notre étude, une grande majorité des participants reconnaissait des différences culturelles chez les patients pris en charge en SP : spécificités linguistiques et culturelles (croyances liées aux maladies et à la mort, organisation familiale, rituels religieux et traditions, tradithérapies et habitudes alimentaires). Dans la littérature, de nombreux auteurs ont écrit sur la manière de prendre en charge des patients avec des histoires culturelles différentes dans un contexte de SP et de fin de vie. Certains de nos participants mettaient en avant des difficultés liées à ces différences (barrière linguistique et croyances sur la maladie et la mort gênant la communication, complexité du modèle familial opacifiant la prise de décision, milieux communautaires défavorisés, spécificités des manières d’expression des émotions, cohabitation difficile entre certains rituels, certaines tradithérapies et les soins médicaux surtout hospitaliers), mais il était admis par beaucoup qu’il était une valeur intrinsèque au métier que de s’adapter et que cela était très enrichissant humainement et professionnellement. De nombreuses publications montrent l’intérêt, pour le bien-être des patients en fin de vie, de SP « sensibles à la culture », c’est-à-dire empreints d’une manière d’être attentive et respectueuse des différences culturelles. La spiritualité au sens large (pas seulement celle associée à la religiosité) a été souvent abordée par nos participants (rituels, incantations, croyances, vision de la vie et de la mort). Des auteurs ont également mis en lumière l’importance du respect de la spiritualité pour le bien-être en fin de vie. Il ressort de notre étude que les difficultés peuvent souvent être amoindries par des attitudes ouvertes, empathiques, culturellement sensibles ainsi que par la médiation. Cette médiation pouvait être faite par des médiateurs professionnels dont le rôle a été souvent mis en avant par nos participants, mais également par les soignants dits ressources, c’est-à-dire ceux imprégnés par des connaissances ethnoculturelles soit parce qu’ils sont issus de manière native des diversités culturelles, soit parce qu’ils ont acquis ces connaissances par l’expérience et l’intérêt pour ces cultures.</div><div>L’échantillon étudié, composé majoritairement de femmes (65 %), reflète la structure du personnel soignant hospitalier en France. L’ancienneté des professionnels interrogés confère de la solidité aux données recueillies. L’étude confirme que les SP en contexte multiculturel exigent une approche empathique, ouverte et adaptée, notamment dans un territoire comme la Guyane, où les patients viennent de cultures très diverses. Les résultats rejoignent la littérature sur les SP dits « culturellement sensibles » et soulignent l’importance de la reconnaissance des croyances, de la spiritualité et des pratiques culturelles dans l’accompagnement de la fin de vie.</div></div><div><h3>Conclusions</h3><div>Les soignants interrogés perçoivent la diversité culturelle comme un défi, mais surtout comme une richesse. La médiation, les compétences interculturelles et l’adaptation des pratiques professionnelles sont des leviers essentiels pour améliorer la qualité des soins palliatifs en Guyane.</div><div>Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.</div></div>\",\"PeriodicalId\":100906,\"journal\":{\"name\":\"Médecine et Maladies Infectieuses Formation\",\"volume\":\"4 3\",\"pages\":\"Pages S12-S13\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2025-08-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Médecine et Maladies Infectieuses Formation\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225005525\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225005525","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Ressenti des soignants vis-à-vis du multiculturalisme des patients pris en charge en soins palliatifs à l’Ouest Guyanais
Introduction
Les Soins Palliatifs (SP) visent à améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies incurables, en apportant un soulagement physique, psychologique, spirituel et social. En Guyane, département multiculturel et multilingue marqué par une forte immigration, cette mission se heurte à des défis spécifiques, notamment à l’Ouest, dans la région de Saint-Laurent-du-Maroni. Le contexte local, avec une population hétérogène composée de Bushinengués, Haïtiens, Créoles, Amérindiens, Brésiliens, Indonésiens ou encore ressortissants du Guyana, complexifie les prises en charge. L’objectif de cette étude était d’explorer le ressenti des soignants vis-à-vis de la diversité culturelle des patients en SP dans cette région.
Méthodes
Une étude qualitative a été menée auprès de 20 professionnels de santé du CH Ouest Guyanais (CHOG) impliqués dans les Lits Identifiés Soins Palliatifs (LISP). Les participants comprenaient des médecins, infirmiers, aides-soignants, un psychologue et un kinésithérapeute. Une grille d’entretien semi-directif a permis d’interroger les soignants sur leurs perceptions de la diversité culturelle, les difficultés rencontrées, les stratégies mises en œuvre et les propositions d’amélioration. Tous les entretiens ont été menés en tête-à-tête, enregistrés, transcrits puis analysés selon une méthode thématique qualitative.
Résultats
La majorité des participants reconnaissait l’impact des différences culturelles sur la prise en charge : langues multiples, croyances sur la maladie et la mort, structures familiales complexes, rituels religieux et pratiques de médecine traditionnelle. Les principales difficultés relevées étaient la barrière linguistique, les malentendus sur les décisions médicales, et l’inadéquation entre certaines attentes culturelles et les soins hospitaliers. Cependant, les soignants exprimaient aussi un ressenti globalement positif, décrivant cette diversité comme source d’enrichissement personnel et professionnel. Les solutions mises en place incluaient le recours à des médiateurs ou à des collègues issus des mêmes cultures que les patients. Certains soignants jouaient un rôle de « ressources culturelles » au sein des équipes. Cinq grands thèmes ont émergé : reconnaissance des différences culturelles, obstacles à la communication, stratégies d’adaptation, importance de la médiation, et valorisation des compétences culturelles dans les soins.
Discussion
Notre échantillon comprenait une population de soignants dont l’âge moyen (43 ans) était relativement proche de celui des personnels soignants en France : 41 ans (source Insee). Concernant le sex-ratio, notre échantillon était composé de 65 % de femmes (n = 13) ce qui va dans le sens du sex-ratio des soignants à l’hôpital en général puisque largement représentés par les femmes (la quasi parité pour les médecins, mais 70 % de femmes chez les IDE et 90 % chez les AS). La moyenne de l’expérience professionnelle de l’échantillon (13 ans et demi, dont 7 ans en SP) lui confère une certaine crédibilité. L’indication de l’origine culturelle des soignants, pour laquelle il n’y a pas de point de comparaison statistique retrouvé, n’a été précisée que pour étayer l’hypothèse de l’intérêt, dont nous parlerons, d’une diversité culturelle dans l’équipe soignante notamment en SP. Dans notre étude, une grande majorité des participants reconnaissait des différences culturelles chez les patients pris en charge en SP : spécificités linguistiques et culturelles (croyances liées aux maladies et à la mort, organisation familiale, rituels religieux et traditions, tradithérapies et habitudes alimentaires). Dans la littérature, de nombreux auteurs ont écrit sur la manière de prendre en charge des patients avec des histoires culturelles différentes dans un contexte de SP et de fin de vie. Certains de nos participants mettaient en avant des difficultés liées à ces différences (barrière linguistique et croyances sur la maladie et la mort gênant la communication, complexité du modèle familial opacifiant la prise de décision, milieux communautaires défavorisés, spécificités des manières d’expression des émotions, cohabitation difficile entre certains rituels, certaines tradithérapies et les soins médicaux surtout hospitaliers), mais il était admis par beaucoup qu’il était une valeur intrinsèque au métier que de s’adapter et que cela était très enrichissant humainement et professionnellement. De nombreuses publications montrent l’intérêt, pour le bien-être des patients en fin de vie, de SP « sensibles à la culture », c’est-à-dire empreints d’une manière d’être attentive et respectueuse des différences culturelles. La spiritualité au sens large (pas seulement celle associée à la religiosité) a été souvent abordée par nos participants (rituels, incantations, croyances, vision de la vie et de la mort). Des auteurs ont également mis en lumière l’importance du respect de la spiritualité pour le bien-être en fin de vie. Il ressort de notre étude que les difficultés peuvent souvent être amoindries par des attitudes ouvertes, empathiques, culturellement sensibles ainsi que par la médiation. Cette médiation pouvait être faite par des médiateurs professionnels dont le rôle a été souvent mis en avant par nos participants, mais également par les soignants dits ressources, c’est-à-dire ceux imprégnés par des connaissances ethnoculturelles soit parce qu’ils sont issus de manière native des diversités culturelles, soit parce qu’ils ont acquis ces connaissances par l’expérience et l’intérêt pour ces cultures.
L’échantillon étudié, composé majoritairement de femmes (65 %), reflète la structure du personnel soignant hospitalier en France. L’ancienneté des professionnels interrogés confère de la solidité aux données recueillies. L’étude confirme que les SP en contexte multiculturel exigent une approche empathique, ouverte et adaptée, notamment dans un territoire comme la Guyane, où les patients viennent de cultures très diverses. Les résultats rejoignent la littérature sur les SP dits « culturellement sensibles » et soulignent l’importance de la reconnaissance des croyances, de la spiritualité et des pratiques culturelles dans l’accompagnement de la fin de vie.
Conclusions
Les soignants interrogés perçoivent la diversité culturelle comme un défi, mais surtout comme une richesse. La médiation, les compétences interculturelles et l’adaptation des pratiques professionnelles sont des leviers essentiels pour améliorer la qualité des soins palliatifs en Guyane.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.