Justin DESTOOP , Hyacinthe OUEDRAOGO , Xinggang LU , Adrien MONS , Morgane BOURNE-WATRIN , Aude VALOIS , Carl LAMOUREUX , Aurore DUPONT , Pierre COUPPIÉ
{"title":"在波涛汹涌的水域潜水:法属圭亚那淡水溪流的毒害","authors":"Justin DESTOOP , Hyacinthe OUEDRAOGO , Xinggang LU , Adrien MONS , Morgane BOURNE-WATRIN , Aude VALOIS , Carl LAMOUREUX , Aurore DUPONT , Pierre COUPPIÉ","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.004","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>L’envenimation par piqûre de raie d’eau douce expose à des complications potentiellement graves. L’objectif de ce travail était de décrire la clinique, la microbiologie et la prise en charge des cas hospitalisés dans le service de Dermatologie au centre hospitalier de Cayenne.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>De novembre 2020 à octobre 2022, les cas d’envenimation par des raies d’eau douce hospitalisés ont été inclus de façon prospective. Les données socio-démographiques, les antécédents, le lieu de l’envenimation, le délai avant la prise en charge, les signes cliniques, les prélèvements microbiologiques et les traitements ont été recueillis.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sept hommes ont été inclus d’un âge moyen de 31 ans dont : 6/7 travaillaient lors de l’envenimation ; 3/7 sur le Haut-Maroni, 2/7 à l’Oyapock, 1 à Cayenne. Tous avaient consulté au moins deux médecins et reçu l’association amoxicilline-acide clavulanique avant l’hospitalisation. Le délai médian entre l’envenimation et l’hospitalisation était de 7 jours. Les piqûres concernaient uniquement les membres inférieurs (2 pieds, 1 talon, 1 cheville, 1 jambe, 1 creux poplité, 1 cuisse). Deux patients présentaient un sepsis (qSoFA = 2). Tous présentaient une infection bactérienne (2 dermohypodermites, 1 arthrite de la cheville, 2 pyomyosites, 1 abcès plantaire, 2 ulcères infectés) ; 1 avait une section du talon d’Achille ; 1 patient était bactériémique à <em>Aeromonas hydrophila</em> et <em>Edwardsiella tarda</em>. Les prélèvements locaux ont montré 2 cultures monomicrobiennes et 5 polymicrobiennes (> 5 germes) incluant dans 5/7 des entérobactéries, 4/7 du S. aureus, 2/7 des germes anaérobies et du <em>P. aeruginosa</em>. Quatre avaient des germes aquatiques (2 <em>Aeromonas hydrophila</em>, 1 <em>Cetobacterium semarae</em>, 1 <em>Vagococcus fluvialis</em>). Six ont reçu une antibiothérapie par pipéracilline/tazobactam et clindamycine secondairement adaptée à la documentation. La durée médiane de traitement était de 16 jours. Tous ont eu une chirurgie (5 parages avec nécrosectomie, 1 mise à plat d’abcès, 1 lavage articulaire) dont 3 une reprise chirurgicale.</div></div><div><h3>Discussions et conclusions</h3><div>L’envenimation par les raies est singulière en raison de son caractère pénétrant et de la flore aquatique atypique qui infecte la piqûre initiale. Les atteintes périarticulaires sont à risque de complications graves (rupture tendineuse, arthrite, pyomyosite, sepsis). 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Plongée en eaux troubles : l’envenimation par les raies d’eau douce en Guyane française
Introduction
L’envenimation par piqûre de raie d’eau douce expose à des complications potentiellement graves. L’objectif de ce travail était de décrire la clinique, la microbiologie et la prise en charge des cas hospitalisés dans le service de Dermatologie au centre hospitalier de Cayenne.
Méthodes
De novembre 2020 à octobre 2022, les cas d’envenimation par des raies d’eau douce hospitalisés ont été inclus de façon prospective. Les données socio-démographiques, les antécédents, le lieu de l’envenimation, le délai avant la prise en charge, les signes cliniques, les prélèvements microbiologiques et les traitements ont été recueillis.
Résultats
Sept hommes ont été inclus d’un âge moyen de 31 ans dont : 6/7 travaillaient lors de l’envenimation ; 3/7 sur le Haut-Maroni, 2/7 à l’Oyapock, 1 à Cayenne. Tous avaient consulté au moins deux médecins et reçu l’association amoxicilline-acide clavulanique avant l’hospitalisation. Le délai médian entre l’envenimation et l’hospitalisation était de 7 jours. Les piqûres concernaient uniquement les membres inférieurs (2 pieds, 1 talon, 1 cheville, 1 jambe, 1 creux poplité, 1 cuisse). Deux patients présentaient un sepsis (qSoFA = 2). Tous présentaient une infection bactérienne (2 dermohypodermites, 1 arthrite de la cheville, 2 pyomyosites, 1 abcès plantaire, 2 ulcères infectés) ; 1 avait une section du talon d’Achille ; 1 patient était bactériémique à Aeromonas hydrophila et Edwardsiella tarda. Les prélèvements locaux ont montré 2 cultures monomicrobiennes et 5 polymicrobiennes (> 5 germes) incluant dans 5/7 des entérobactéries, 4/7 du S. aureus, 2/7 des germes anaérobies et du P. aeruginosa. Quatre avaient des germes aquatiques (2 Aeromonas hydrophila, 1 Cetobacterium semarae, 1 Vagococcus fluvialis). Six ont reçu une antibiothérapie par pipéracilline/tazobactam et clindamycine secondairement adaptée à la documentation. La durée médiane de traitement était de 16 jours. Tous ont eu une chirurgie (5 parages avec nécrosectomie, 1 mise à plat d’abcès, 1 lavage articulaire) dont 3 une reprise chirurgicale.
Discussions et conclusions
L’envenimation par les raies est singulière en raison de son caractère pénétrant et de la flore aquatique atypique qui infecte la piqûre initiale. Les atteintes périarticulaires sont à risque de complications graves (rupture tendineuse, arthrite, pyomyosite, sepsis). Une prise en charge conjointe médico-chirurgicale apparait indispensable dans le contexte.