L’infirmière de santé publique en Guyane : un poste original et stratégique à la croisée des chemins entre hôpital, Agence régionale de Santé et Santé publique France

Introduction

La Guyane est située en forêt amazonienne et exposée aux épidémies d’agents pathogènes tropicaux et cosmopolites. Pour améliorer la surveillance des cas hospitalisés l’Agence Régionale de Santé (ARS), Santé publique France (SpF) et le CH Cayenne ont créé en 2010 le poste d’infirmière de santé publique (IDESP) au sein du service des Maladies Infectieuses et Tropicales (UMIT). L’IDESP est chargée de la surveillance épidémiologique hospitalière du CHC et du CH de Kourou pour disposer d’un système de surveillance réactif et exhaustif des cas hospitalisés en rapport avec les maladies infectieuses prioritaires. L’objectif de ce travail est de décrire le rôle original de l’IDESP.

Méthodes

Les missions de l’IDESP sont pour SpF : la surveillance épidémiologique des arboviroses épidémiques (dengue, Zika, chikungunya), du paludisme, des cas de grippe, Covid-19 et bronchiolite en réanimation et pour l’ARS : la transmission de signaux sanitaires le signalement des cas de maladies à déclaration obligatoire (MDO) et des maladies entériques. L’analyse de ses missions a été réalisée pour la période de janvier 2020 à janvier 2024. L’IDESP travaille de façon autonome à partir des systèmes informatisés des urgences, du laboratoire et du dossier patient. Elle identifie les patients suspects ou atteints des pathologies faisant l’objet d’une surveillance définie. Elle collige les renseignements administratifs, cliniques et biologiques et les critères de gravité et transmet les données à SpF. Les fiches de notifications pour le paludisme et la dengue étaient préalablement classées selon le niveau de gravité par les médecins de l’UMIT avant transmission à SpF. L’IDESP participe aussi à la réunion hebdomadaire de la Plateforme de Veille Sanitaire de l’ARS pour exposer les signaux sanitaires afin que puissent se décider des investigations de terrain et des actions à mener. Elle est aussi en interaction avec l’Institut Pasteur de la Guyane lors des épidémies, pour signaler les cas graves.

Résultats

Sur la période de l’étude, les patients avec les pathologies suivantes ont été signalés : dengue (n = 470), paludisme (n = 155), et pour cas de réanimation, Covid-19 (n = 519), grippe (n = 29) et bronchiolite (n = 23). Concernant les MDO, 283 signalements ont été réalisés principalement tuberculose (n = 218), légionellose (n = 12), typhoïde (n =1 0) et infections invasives à méningocoque (n = 6). Ce travail prospectif de collecte d’informations a permis à SpF de consolider les indicateurs épidémiologiques dans leurs publications par la description des caractéristiques des patients hospitalisés ainsi que les critères de gravité des épidémies.

Discussions et conclusions

L’IDESP assure le recueil de données des cas hospitalisés pour les pathologies infectieuses jugées prioritaires en Guyane. Elle a un rôle essentiel dans la transmission de ces informations vers les autorités sanitaires mais aussi vers les cliniciens. Elle assure le lien entre les praticiens hospitaliers, l’ARS et SpF. Son champ d’action évolue en fonction de l’actualité épidémiologique et un renfort est envisagé pour pérenniser ces activités.

Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.