{"title":"圭亚那的LGBTQI+恐惧症及其后果","authors":"Laurent DEJAULT","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.003","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Dresser un état des lieux des LGBTQ+phobies (lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, transgenres, queer et autres identités de genre ou orientations sexuelles minoritaires) en Guyane et étudier leurs conséquences, puis proposer des pistes d’amélioration.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une étude transversale via un questionnaire anonymisé diffusé sur les réseaux sociaux en mai 2023 pendant 15 jours à l’occasion de la commémoration de la disparition de l’homosexualité de la liste des maladies par l’OMS. Analyse bivariée sur un groupe de répondants de tous âges quel que soit l’orientation sexuelle vs un groupe de répondants LGBTQ+ à 38 questions fermées sauf 3 à réponses ouvertes et courtes. L’objet du questionnaire étant de dresser les caractéristiques et profils des répondants à l’enquête, de recenser les actes d’homophobie ou de transphobie, leur typologie (nature, fréquence notamment en Guyane, contexte) ainsi que leurs conséquences sur l’orientation sexuelle, le vécu de la sexualité, le retentissement psychologique (l’homophobie intériorisée, le mal-être généré), la déclaration de ces actes LGBTQ+phobes, la connaissance des recours possibles et d’accompagnement. La loi sur le mariage pour tous a été évoquée car portée par une guyanaise en son temps, ainsi que la visibilité LGBTQ en Guyane et les moyens d’une meilleure intégration.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>224 répondants dont 95 constituent le sous-groupe LGBTQ+ et sont caractérisés par leur réponse sur l’orientation sexuelle ainsi que l’identité de genre. Tous originaires de Guyane ou y ayant vécu significativement (moyenne de séjour 10 ans). Âge médian de 30 à 40 ans avec des extrêmes de 16 à 77 ans. Nette prévalence des caucasiens (67 % des répondants alors qu’ils ne représentent que 12 % de la population). Nette prévalence des répondants dans les zones urbanisées du littoral Guyanais et plus précisément Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury. Sous-représentation des communes de l’intérieur et de l’Ouest Guyanais. Statut socio professionnel et religiosité comparables dans les deux groupes.</div></div><div><h3>Discussions</h3><div>Célibat plus prononcé dans le groupe LGBTQ+ (47 % des répondants versus 24 % chez les non-LGBTQ+). Faible implication du médecin dans la vie sexuelle des répondants LGBTQ+ alors que les risques sanitaires notamment de suicide sont plus élevés et que les actes de LGBTQ+phobie concernent 70 % de l’échantillon. Situation d’autant plus préoccupante que les conséquences sur la santé mentale des actes homophobes et transphobes ne sont pas neutres (homophobie intériorisée, mal être, risque suicidaire). Sous déclaration des actes de discrimination liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. Repérage d’une plus grande fréquence de ces actes homophobes transphobes au sein de la cellule familiale ainsi qu’en milieu universitaire ou scolaire. Méconnaissance déclarée des recours possibles chez 45 % des répondants LGBTQ+. Les LGBTQ+ phobies ne semblent pas plus fréquentes en Guyane qu’ailleurs à l’analyse des données. Ces LGBTQ+ phobies ont eu pour effet d’entraîner l’exil ou l’intention d’exil des concernés hors de la Guyane pour 15 % des victimes afin de mieux vivre leur sexualité. Même si le mariage pour tous fait l’unanimité dans les deux groupes en termes d’avancée sociale il ne convainc pas le groupe LGBTQ+ d’être un meilleur facteur d’intégration (70 % de réponses non positives sur l’impact du mariage homosexuel en Guyane). Religion et influences ethniques et culturelles sont désignées comme majoritairement à l’origine des actes d’homophobie et de transphobie. Il est important de lutter contre les actes de LGBTQ+ phobies source de mal-être reconnue unanimement chez tous les répondants.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Prendre quelques mesures outre l’application des recommandations du conseil des ministres de l’Europe, de la DILCRAH ou du rapport parlementaire de 2018 sur les LGBTQ+phobies : Informer, éduquer, aborder le sujet des discriminations en milieu scolaire. Renforcer la position des associations. Dynamiser la vie LGBT en Guyane dans des conditions sécuritaires. Organiser des manifestations culturelles et sportives intégratives inclusives dans un esprit de bienveillance. Enquêter sur la sous-implication apparente des acteurs de santé, favoriser la formation et l’écoute de ces derniers aux problématiques LGBTQ+. Promouvoir les recours possibles au public LGBTQ+ en cas d’agression.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 3","pages":"Pages S1-S2"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"LGBTQI+ phobies en Guyane et leurs conséquences\",\"authors\":\"Laurent DEJAULT\",\"doi\":\"10.1016/j.mmifmc.2025.07.003\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Introduction</h3><div>Dresser un état des lieux des LGBTQ+phobies (lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, transgenres, queer et autres identités de genre ou orientations sexuelles minoritaires) en Guyane et étudier leurs conséquences, puis proposer des pistes d’amélioration.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une étude transversale via un questionnaire anonymisé diffusé sur les réseaux sociaux en mai 2023 pendant 15 jours à l’occasion de la commémoration de la disparition de l’homosexualité de la liste des maladies par l’OMS. Analyse bivariée sur un groupe de répondants de tous âges quel que soit l’orientation sexuelle vs un groupe de répondants LGBTQ+ à 38 questions fermées sauf 3 à réponses ouvertes et courtes. L’objet du questionnaire étant de dresser les caractéristiques et profils des répondants à l’enquête, de recenser les actes d’homophobie ou de transphobie, leur typologie (nature, fréquence notamment en Guyane, contexte) ainsi que leurs conséquences sur l’orientation sexuelle, le vécu de la sexualité, le retentissement psychologique (l’homophobie intériorisée, le mal-être généré), la déclaration de ces actes LGBTQ+phobes, la connaissance des recours possibles et d’accompagnement. La loi sur le mariage pour tous a été évoquée car portée par une guyanaise en son temps, ainsi que la visibilité LGBTQ en Guyane et les moyens d’une meilleure intégration.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>224 répondants dont 95 constituent le sous-groupe LGBTQ+ et sont caractérisés par leur réponse sur l’orientation sexuelle ainsi que l’identité de genre. Tous originaires de Guyane ou y ayant vécu significativement (moyenne de séjour 10 ans). Âge médian de 30 à 40 ans avec des extrêmes de 16 à 77 ans. Nette prévalence des caucasiens (67 % des répondants alors qu’ils ne représentent que 12 % de la population). Nette prévalence des répondants dans les zones urbanisées du littoral Guyanais et plus précisément Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury. Sous-représentation des communes de l’intérieur et de l’Ouest Guyanais. Statut socio professionnel et religiosité comparables dans les deux groupes.</div></div><div><h3>Discussions</h3><div>Célibat plus prononcé dans le groupe LGBTQ+ (47 % des répondants versus 24 % chez les non-LGBTQ+). Faible implication du médecin dans la vie sexuelle des répondants LGBTQ+ alors que les risques sanitaires notamment de suicide sont plus élevés et que les actes de LGBTQ+phobie concernent 70 % de l’échantillon. Situation d’autant plus préoccupante que les conséquences sur la santé mentale des actes homophobes et transphobes ne sont pas neutres (homophobie intériorisée, mal être, risque suicidaire). Sous déclaration des actes de discrimination liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. Repérage d’une plus grande fréquence de ces actes homophobes transphobes au sein de la cellule familiale ainsi qu’en milieu universitaire ou scolaire. Méconnaissance déclarée des recours possibles chez 45 % des répondants LGBTQ+. Les LGBTQ+ phobies ne semblent pas plus fréquentes en Guyane qu’ailleurs à l’analyse des données. Ces LGBTQ+ phobies ont eu pour effet d’entraîner l’exil ou l’intention d’exil des concernés hors de la Guyane pour 15 % des victimes afin de mieux vivre leur sexualité. Même si le mariage pour tous fait l’unanimité dans les deux groupes en termes d’avancée sociale il ne convainc pas le groupe LGBTQ+ d’être un meilleur facteur d’intégration (70 % de réponses non positives sur l’impact du mariage homosexuel en Guyane). Religion et influences ethniques et culturelles sont désignées comme majoritairement à l’origine des actes d’homophobie et de transphobie. Il est important de lutter contre les actes de LGBTQ+ phobies source de mal-être reconnue unanimement chez tous les répondants.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Prendre quelques mesures outre l’application des recommandations du conseil des ministres de l’Europe, de la DILCRAH ou du rapport parlementaire de 2018 sur les LGBTQ+phobies : Informer, éduquer, aborder le sujet des discriminations en milieu scolaire. Renforcer la position des associations. Dynamiser la vie LGBT en Guyane dans des conditions sécuritaires. Organiser des manifestations culturelles et sportives intégratives inclusives dans un esprit de bienveillance. Enquêter sur la sous-implication apparente des acteurs de santé, favoriser la formation et l’écoute de ces derniers aux problématiques LGBTQ+. 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Dresser un état des lieux des LGBTQ+phobies (lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, transgenres, queer et autres identités de genre ou orientations sexuelles minoritaires) en Guyane et étudier leurs conséquences, puis proposer des pistes d’amélioration.
Méthodes
Une étude transversale via un questionnaire anonymisé diffusé sur les réseaux sociaux en mai 2023 pendant 15 jours à l’occasion de la commémoration de la disparition de l’homosexualité de la liste des maladies par l’OMS. Analyse bivariée sur un groupe de répondants de tous âges quel que soit l’orientation sexuelle vs un groupe de répondants LGBTQ+ à 38 questions fermées sauf 3 à réponses ouvertes et courtes. L’objet du questionnaire étant de dresser les caractéristiques et profils des répondants à l’enquête, de recenser les actes d’homophobie ou de transphobie, leur typologie (nature, fréquence notamment en Guyane, contexte) ainsi que leurs conséquences sur l’orientation sexuelle, le vécu de la sexualité, le retentissement psychologique (l’homophobie intériorisée, le mal-être généré), la déclaration de ces actes LGBTQ+phobes, la connaissance des recours possibles et d’accompagnement. La loi sur le mariage pour tous a été évoquée car portée par une guyanaise en son temps, ainsi que la visibilité LGBTQ en Guyane et les moyens d’une meilleure intégration.
Résultats
224 répondants dont 95 constituent le sous-groupe LGBTQ+ et sont caractérisés par leur réponse sur l’orientation sexuelle ainsi que l’identité de genre. Tous originaires de Guyane ou y ayant vécu significativement (moyenne de séjour 10 ans). Âge médian de 30 à 40 ans avec des extrêmes de 16 à 77 ans. Nette prévalence des caucasiens (67 % des répondants alors qu’ils ne représentent que 12 % de la population). Nette prévalence des répondants dans les zones urbanisées du littoral Guyanais et plus précisément Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury. Sous-représentation des communes de l’intérieur et de l’Ouest Guyanais. Statut socio professionnel et religiosité comparables dans les deux groupes.
Discussions
Célibat plus prononcé dans le groupe LGBTQ+ (47 % des répondants versus 24 % chez les non-LGBTQ+). Faible implication du médecin dans la vie sexuelle des répondants LGBTQ+ alors que les risques sanitaires notamment de suicide sont plus élevés et que les actes de LGBTQ+phobie concernent 70 % de l’échantillon. Situation d’autant plus préoccupante que les conséquences sur la santé mentale des actes homophobes et transphobes ne sont pas neutres (homophobie intériorisée, mal être, risque suicidaire). Sous déclaration des actes de discrimination liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. Repérage d’une plus grande fréquence de ces actes homophobes transphobes au sein de la cellule familiale ainsi qu’en milieu universitaire ou scolaire. Méconnaissance déclarée des recours possibles chez 45 % des répondants LGBTQ+. Les LGBTQ+ phobies ne semblent pas plus fréquentes en Guyane qu’ailleurs à l’analyse des données. Ces LGBTQ+ phobies ont eu pour effet d’entraîner l’exil ou l’intention d’exil des concernés hors de la Guyane pour 15 % des victimes afin de mieux vivre leur sexualité. Même si le mariage pour tous fait l’unanimité dans les deux groupes en termes d’avancée sociale il ne convainc pas le groupe LGBTQ+ d’être un meilleur facteur d’intégration (70 % de réponses non positives sur l’impact du mariage homosexuel en Guyane). Religion et influences ethniques et culturelles sont désignées comme majoritairement à l’origine des actes d’homophobie et de transphobie. Il est important de lutter contre les actes de LGBTQ+ phobies source de mal-être reconnue unanimement chez tous les répondants.
Conclusion
Prendre quelques mesures outre l’application des recommandations du conseil des ministres de l’Europe, de la DILCRAH ou du rapport parlementaire de 2018 sur les LGBTQ+phobies : Informer, éduquer, aborder le sujet des discriminations en milieu scolaire. Renforcer la position des associations. Dynamiser la vie LGBT en Guyane dans des conditions sécuritaires. Organiser des manifestations culturelles et sportives intégratives inclusives dans un esprit de bienveillance. Enquêter sur la sous-implication apparente des acteurs de santé, favoriser la formation et l’écoute de ces derniers aux problématiques LGBTQ+. Promouvoir les recours possibles au public LGBTQ+ en cas d’agression.