{"title":"法属圭亚那监狱人工阴茎结节:2023年现状","authors":"Jérémy VERGEZ , Sébastien RABIER , Lydia BRAHIM , Vanessa SCHIEMSKY , Aude LUCARELLI , Timothée BONIFAY","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.016","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les nodules péniens artificiels, appelés « bouglous » ou « dominos » en Guyane française, sont des objets centimétriques, fabriqués à la main, insérés sous la peau du pénis dans le but d’augmenter le plaisir au cours du rapport sexuel. C’est une pratique d’origine asiatique vieille de plus de 1000 ans, qui s’observe maintenant dans les milieux à prédominance masculine et notamment le milieu carcéral. En Guyane française, le phénomène semble de plus en plus courant, ce qui nous a motivé à faire un état de lieux, en décrivant les méthodes, pratiques et complications liées à l’utilisation de ces nodules.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Il s’agit d’une étude descriptive transversale de type enquête avec auto-questionnaire distribué à l’ensemble des détenus masculins et majeurs au moins de juin 2023. Les questions portaient sur leurs données sociodémographiques, puis sur les méthodes, pratiques et complications concernant les nodules péniens artificiels. Nous avons interrogé en détail les détenus sur le nombre, la taille, la localisation des dominos, le matériau utilisé, la nature des complications et leur délai de survenue. Une partie sexologie a aussi été abordée pour rapporter l’avis des partenaires de la part des détenus.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur 779 détenus, seulement 132 ont répondu au questionnaire de manière interprétable, et parmi eux 87 ont déclaré être porteurs de bouglous. Seulement 22 détenus ont déclaré avoir eu un problème après la pose, toutes complications confondues mais 30 détenus ont déclaré une douleur rapportée par leur partenaire au cours du rapport sexuel à cause des dominos, 15 ont déclaré un saignement rapporté par leur partenaire.</div></div><div><h3>Discussions et conclusions</h3><div>Malgré des données purement déclaratives recueillies en l’absence de l’enquêteur, le phénomène semble toucher une population de plus en plus jeune et se répandre en dehors de l’univers carcéral sur le territoire guyanais, ce qui pourrait motiver des campagnes d’information sur le sujet pour éviter qu’il ne soit approprié de manière informelle et adoptée de manière excessive. 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Nodules péniens artificiels au centre pénitentiaire de Guyane française : état des lieux en 2023
Introduction
Les nodules péniens artificiels, appelés « bouglous » ou « dominos » en Guyane française, sont des objets centimétriques, fabriqués à la main, insérés sous la peau du pénis dans le but d’augmenter le plaisir au cours du rapport sexuel. C’est une pratique d’origine asiatique vieille de plus de 1000 ans, qui s’observe maintenant dans les milieux à prédominance masculine et notamment le milieu carcéral. En Guyane française, le phénomène semble de plus en plus courant, ce qui nous a motivé à faire un état de lieux, en décrivant les méthodes, pratiques et complications liées à l’utilisation de ces nodules.
Méthodes
Il s’agit d’une étude descriptive transversale de type enquête avec auto-questionnaire distribué à l’ensemble des détenus masculins et majeurs au moins de juin 2023. Les questions portaient sur leurs données sociodémographiques, puis sur les méthodes, pratiques et complications concernant les nodules péniens artificiels. Nous avons interrogé en détail les détenus sur le nombre, la taille, la localisation des dominos, le matériau utilisé, la nature des complications et leur délai de survenue. Une partie sexologie a aussi été abordée pour rapporter l’avis des partenaires de la part des détenus.
Résultats
Sur 779 détenus, seulement 132 ont répondu au questionnaire de manière interprétable, et parmi eux 87 ont déclaré être porteurs de bouglous. Seulement 22 détenus ont déclaré avoir eu un problème après la pose, toutes complications confondues mais 30 détenus ont déclaré une douleur rapportée par leur partenaire au cours du rapport sexuel à cause des dominos, 15 ont déclaré un saignement rapporté par leur partenaire.
Discussions et conclusions
Malgré des données purement déclaratives recueillies en l’absence de l’enquêteur, le phénomène semble toucher une population de plus en plus jeune et se répandre en dehors de l’univers carcéral sur le territoire guyanais, ce qui pourrait motiver des campagnes d’information sur le sujet pour éviter qu’il ne soit approprié de manière informelle et adoptée de manière excessive. Cette pratique pourrait être source de douleur et de saignements génitaux chez les partenaires, essentiellement féminins dans le contexte guyanais. Il faudrait enfin mener une étude directement auprès de cette population féminine qui n’a pas encore été interrogée dans la littérature.