A. Deroux , O. Souchaud-Debouverie , E. Lazaro , C. Guillaud , N. Morel , R. Outh , A. Bigot , V. Le Guern , G. Guettrot Imbert , N. Costedoat-Chalumeau
{"title":"妊娠期自身免疫性溶血性贫血的前瞻性研究:GR2研究结果","authors":"A. Deroux , O. Souchaud-Debouverie , E. Lazaro , C. Guillaud , N. Morel , R. Outh , A. Bigot , V. Le Guern , G. Guettrot Imbert , N. Costedoat-Chalumeau","doi":"10.1016/j.revmed.2025.03.003","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>L’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) est une pathologie rare de prédominance féminine, qui peut donc concerner la femme en âge de procréer. Son incidence annuelle est de l’ordre de 1/100 000. La série rétrospective la plus récente publiée dans <em>Blood</em> en 2023 comportait 45 grossesses sur les 25 dernières années. 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Toutes ont répondu au traitement avec succès.</div><div>L’accouchement est survenu à un terme moyen de 38<!--> <!-->SA, déclenché dans 25 % pour 4 grossesses, par césarienne (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3) pour utérus cicatriciel (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1), souffrance fœtale (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) et programmé (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). Une patiente a développé un diabète gestationnel (sous prednisone 10<!--> <!-->mg/jour). Une insuffisance placentaire est survenue dans pour deux grossesses (RCIU et prééclampsie, les deux grossesses étant sous corticoïdes faible dose respectivement pour un lupus et l’AHAI) ; aucune thrombose n’est survenue au cours du suivi. Il n’a pas été rapporté de complications néonatales sous réserve d’un contrôle de l’hémoglobine et une recherche d’hémolyse néonatale seulement dans 2 cas.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>En accord avec le PNDS, les AHAI étaient en rémission en début de grossesse mais la recherche d’une hémolyse transitoire du nouveau-né était rarement recherchée. La grossesse est habituellement considérée comme une période à risque d’aggravation de l’AHAI, avec effectivement un taux de poussée de 10 % dans notre étude, mais surtout de 30 % dans le post-partum, jusqu’alors peu décrit. Malgré le risque accru thrombotique en cas d’AHAI active nous n’avons pas observé de thromboses. Par contre, le taux de complications maternofœtales semblait plus important que celui attendu dans la population générale, et correspondait aux données décrites dans la littérature au cours des AHAI (25 % de complications). 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Étude prospective des anémies hémolytiques auto-immunes au cours des grossesses : résultats de l’étude du GR2
Introduction
L’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) est une pathologie rare de prédominance féminine, qui peut donc concerner la femme en âge de procréer. Son incidence annuelle est de l’ordre de 1/100 000. La série rétrospective la plus récente publiée dans Blood en 2023 comportait 45 grossesses sur les 25 dernières années. Nous rapportons une série prospective de patientes avec une AHAI diagnostiquée avant ou pendant la grossesse, issue de la cohorte de l’étude du GR2.
Patients et méthodes
Les critères d’inclusion étaient (1) inclusion dans l’étude prospective multicentrique française du GR2 (ClinicalTrials.gov, NCT02450396) ; (2) un diagnostic d’AHAI ; (3) une grossesse évolutive après 12 semaines d’aménorrhée (SA). Nous avons analysé l’ensemble des grossesses incluses de 2014 à 2023.
Résultats
Douze grossesses ont été analysées chez 9 patientes (3 patientes suivies pendant deux grossesses). Une maladie auto-immune était associée dans 6 cas (50 %) : un lupus systémique (n = 3), une hépatite auto-immune (n = 1), un DICV (n = 1) et une SEP (n = 1) ; 3 patientes avaient des anticorps antiphospholipides (APL) dont une répondant aux critères du syndrome des APL. Le diagnostic d’AHAI était antérieur à la grossesse pour 10 grossesses (83 %) ou fait au cours de la grossesse (17 %) respectivement au cinquième et septième mois. Il s’agissait d’AHAI à anticorps chaud (n = 7, 58 %) ou biphasiques initialement (n = 3, 25 %), rarement des anticorps froids isolés (n = 2, 17 %).
Au cours de la visite d’inclusion, l’AHAI était en rémission pour les 10 grossesses avec diagnostic préalable d’AHAI. Parmi celles-ci, 8 (80 %) étaient sous traitement, essentiellement une corticothérapie faible dose (n = 3, médiane 10 mg/jour), de l’hydroxychloroquine (n = 3), de l’azathioprine (n = 2), et du rituximab (n = 1), arrêté au diagnostic de la grossesse). Les maladies auto-immunes associées étaient également considérées comme contrôlées avant la grossesse.
La grossesse était spontanée dans 100 % des cas. Une poussée a été observée au cours de la grossesse chez une des 10 patientes avec AHAI antérieure, traitée par corticoïdes et ciclosporine et en post-partum chez 3 autres avec nécessité d’une adaptation thérapeutique (introduction d’une corticothérapie). Les AHAI diagnostiquées pendant la grossesse (n = 2) ont été traitées par corticoïdes en décroissance progressive et aspirine dont une dans un contexte de découverte de biologie APL. Toutes ont répondu au traitement avec succès.
L’accouchement est survenu à un terme moyen de 38 SA, déclenché dans 25 % pour 4 grossesses, par césarienne (n = 3) pour utérus cicatriciel (n = 1), souffrance fœtale (n = 1) et programmé (n = 1). Une patiente a développé un diabète gestationnel (sous prednisone 10 mg/jour). Une insuffisance placentaire est survenue dans pour deux grossesses (RCIU et prééclampsie, les deux grossesses étant sous corticoïdes faible dose respectivement pour un lupus et l’AHAI) ; aucune thrombose n’est survenue au cours du suivi. Il n’a pas été rapporté de complications néonatales sous réserve d’un contrôle de l’hémoglobine et une recherche d’hémolyse néonatale seulement dans 2 cas.
Conclusion
En accord avec le PNDS, les AHAI étaient en rémission en début de grossesse mais la recherche d’une hémolyse transitoire du nouveau-né était rarement recherchée. La grossesse est habituellement considérée comme une période à risque d’aggravation de l’AHAI, avec effectivement un taux de poussée de 10 % dans notre étude, mais surtout de 30 % dans le post-partum, jusqu’alors peu décrit. Malgré le risque accru thrombotique en cas d’AHAI active nous n’avons pas observé de thromboses. Par contre, le taux de complications maternofœtales semblait plus important que celui attendu dans la population générale, et correspondait aux données décrites dans la littérature au cours des AHAI (25 % de complications). Le recueil des inclusions continu et un appel à observation a été élargi à l’ensemble des membres de CERECAI.
期刊介绍:
Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English.
La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.