{"title":"护理人员的悲伤——但他们在说什么呢?","authors":"Martine Ruszniewski","doi":"10.1016/j.medpal.2025.01.001","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Travailler en USP devient mortifère. C’est un autre monde. C’est baigner dans des séparations permanentes surtout quand il y a un attachement au patient et aux familles. Le deuil des soignants : non, ce n’est pas celui d’un être cher, mais alors de quel deuil s’agit-il ? – Le deuil de la vocation de guérir ? – Le deuil d’un accompagnement « idéal » ? – Le deuil d’une vocation mise à mal faute de temps, de moyens ? On est affecté, les soignants le sont, mais de quelle souffrance s’agit-il, de quel deuil ? Lors d’un groupe de parole, une psychologue annonce qu’elle change de service : Pourquoi ce départ ? Elle se met à pleurer, c’est trop dur de voir les patients jeunes mourir, d’accueillir l’effondrement des familles en deuil, d’être témoin de la souffrance de jeunes enfants bientôt orphelins de leur père, de leur mère. Elle ne pleure pas celui qui est mort, mais elle vit une identification/projection « c’est insupportable, on n’en peut plus de voir les gens mourir ». Deuil de l’insouciance. Deuil d’une vie immortelle, nos patients nous rappellent sans cesse que nous sommes mortels.</div></div><div><div>Working in a palliative care unit becomes mortifying. It is another world. It is bathed in permanent separations, especially when there is an attachment to the patient's family. The grief of caregivers: no, it is not the grief of a loved one, but what kind of grief is it? – The mourning of the vocation to heal? – The mourning of an “ideal” companionship? – Mourning the loss of a calling that has been compromised by lack of time and resources? We are affected, and so are the caregivers, but what kind of suffering are we talking about, what kind of mourning? During a discussion group, a psychologist announces that she is changing departments: Why are you leaving? She starts to cry: it is too hard to see young patients die, to welcome the collapse of grieving families, to witness the suffering of young children soon to be orphaned by their fathers and mothers. She does not mourn the one who has died, but she does experience identification/projection: “it is unbearable, we cannot stand seeing people die”. Mourning for carefree life. Mourning for an immortal life: our patients constantly remind us that we are mortal.</div></div>","PeriodicalId":42610,"journal":{"name":"Medecine Palliative","volume":"24 2","pages":"Pages 87-91"},"PeriodicalIF":0.3000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Le deuil des soignants – mais de quoi parle-t-on ?\",\"authors\":\"Martine Ruszniewski\",\"doi\":\"10.1016/j.medpal.2025.01.001\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><div>Travailler en USP devient mortifère. 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Le deuil des soignants – mais de quoi parle-t-on ?
Travailler en USP devient mortifère. C’est un autre monde. C’est baigner dans des séparations permanentes surtout quand il y a un attachement au patient et aux familles. Le deuil des soignants : non, ce n’est pas celui d’un être cher, mais alors de quel deuil s’agit-il ? – Le deuil de la vocation de guérir ? – Le deuil d’un accompagnement « idéal » ? – Le deuil d’une vocation mise à mal faute de temps, de moyens ? On est affecté, les soignants le sont, mais de quelle souffrance s’agit-il, de quel deuil ? Lors d’un groupe de parole, une psychologue annonce qu’elle change de service : Pourquoi ce départ ? Elle se met à pleurer, c’est trop dur de voir les patients jeunes mourir, d’accueillir l’effondrement des familles en deuil, d’être témoin de la souffrance de jeunes enfants bientôt orphelins de leur père, de leur mère. Elle ne pleure pas celui qui est mort, mais elle vit une identification/projection « c’est insupportable, on n’en peut plus de voir les gens mourir ». Deuil de l’insouciance. Deuil d’une vie immortelle, nos patients nous rappellent sans cesse que nous sommes mortels.
Working in a palliative care unit becomes mortifying. It is another world. It is bathed in permanent separations, especially when there is an attachment to the patient's family. The grief of caregivers: no, it is not the grief of a loved one, but what kind of grief is it? – The mourning of the vocation to heal? – The mourning of an “ideal” companionship? – Mourning the loss of a calling that has been compromised by lack of time and resources? We are affected, and so are the caregivers, but what kind of suffering are we talking about, what kind of mourning? During a discussion group, a psychologist announces that she is changing departments: Why are you leaving? She starts to cry: it is too hard to see young patients die, to welcome the collapse of grieving families, to witness the suffering of young children soon to be orphaned by their fathers and mothers. She does not mourn the one who has died, but she does experience identification/projection: “it is unbearable, we cannot stand seeing people die”. Mourning for carefree life. Mourning for an immortal life: our patients constantly remind us that we are mortal.
期刊介绍:
La revue des soins palliatifs, des soins de support, de l''accompagnement et de l''éthique et pratique médicales. Un lieu d''information et de réflexion. Outil de transmission et d''échange des différents savoirs scientifiques, Médecine palliative vous permettra d''enrichir et d''élargir vos connaissances grâce à une approche globale, transversale et pluridisciplinaire.Les différents acteurs, professionnels ou non, impliqués dans la prise en charge palliative et continue ainsi que dans l''accompagnement et dans la réflexion éthique rendent compte de leurs travaux, de leurs expériences, de leur vécu, de leur dynamisme et de leur complémentarité.Un contenu scientifique riche dans sa diversité. Retrouvez une information variée : synthèses sur des sujets médicaux, publications d''études originales, rapports de pratiques, informations professionnelles, expériences partagées, analyses de presse, agenda...