Prévalence et impact de l’instabilité chronique de cheville chez les traileurs : une étude épidémiologique sur les sentiers

Introduction

Plus de 70 % de la population a déjà subi une entorse latérale de cheville (LAS) [1]. Parmi eux, 70 % récidivent, et 40 % développent une instabilité chronique de cheville (ICC), augmentant le risque d’arthrose [2]. L’ICC est décrite selon un modèle bio-psycho-social, influencé par divers facteurs [3]. Le Trail Running (TRu) et l’Ultra-Trail Running (UTRu) sont des pratiques en pleine croissance, souvent associée aux LAS. Pourtant, aucune étude n’a exploré l’épidémiologie d’ICC chez les traileurs. Les objectifs de cette étude sont de fournir un aperçu ciblé de la prévalence des ICC en TRu et UTRu et d’établir un état des lieux de cette blessure dans cette discipline en termes de pratique, de pathologies associées, de caractéristiques de terrain et de données socio-médicales.

Matériel et méthodes

Pour cette étude descriptive non-randomisée, un autoquestionnaire en ligne disponible en versions française et anglaise a été construit et testé au travers de 14 entretiens cognitifs. Cette recherche, approuvée en Comité de Protection des Personnes (CPP) et inscrite sur Clinical Trials, s’est déroulée sur 3 mois pendant la saison de compétition. Les participants devaient être majeurs et avoir participé à au moins une compétition de TRu ou UTRu. Le questionnaire a été diffusé par 5 grandes organisations de TRu à 26 073 traileurs. Il est composé de 6 thèmes, avec des scénarios conditionnels, pour classer les participants en groupes contrôle, copers, et ICC grâce au CAIT [4] inclus en fin de questionnaire.

Résultats

Mille trois cent quarante-huit hommes et femmes ont répondu au questionnaire. Huit cent trente-huit traileurs de 45 nationalités différentes, âgés de 18 à 72 ans ont participé en intégralité. Puis, 62,3 % des athlètes de TRu ont déjà subi une LAS, 45 % d’entre eux spécifiquement lors de la pratique du TRu. La prévalence d’ICC s’élève à 20,2 % dans cette population selon le CAIT, la prévalence de copers est de 51,7 %. Plus de 50 % des participants ICC ont des antécédents de pathologies au niveau du membre inférieur contre 35,5 % au sein du groupe contrôle. Au total, 57,4 % des participants ICC ont déjà eu une prise en charge kinésithérapique dans le cadre de LAS contre 42,7 % chez les copers.

Discussion/Conclusion

Le CAIT utilisé pour évaluer l’ICC offre une bonne sensibilité et spécificité pour les instables chroniques mais pas chez les copers. Il existe une forte prévalence de LAS et d’ICC dans le TRu, associée à des caractéristiques spécifiques de la pratique et du terrain, des pathologies du dos ou des membres inférieurs et des données socio-médicales.