Richeval Camille , Gish Alexandr , Viard Marie Céline , Gaulier Jean-Michel
{"title":"桔梗碱,桔梗中唯一值得关注的生物碱?病例报告","authors":"Richeval Camille , Gish Alexandr , Viard Marie Céline , Gaulier Jean-Michel","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.051","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Dans la littérature, peu de publications rapportant des cas de consommation de kratom sont documentés de données analytiques dans des matrices biologiques variées (sang, urine, cheveux, ongles).</div><div>Dans cette situation, nous rapportons le cas d’une patiente, de 40 ans, admise aux urgences suite à l’apparition d’une crise d’angoisse, des palpitations, des sueurs, d’une sensation de chaud-froid, et des céphalées survenue après l’ingestion d’une tisane au kratom. À l’examen clinique, le bilan est normal : Glasgow 15, bilan hémodynamique stable. Elle tient un discours cohérent, sans céphalée, ni douleur thoracique, ni trouble fonctionnel digestif. Il lui est administré un comprimé de 25 mg d’Atarax®. Lors de l’entretien, la patiente, ayant des antécédents de dépendance à la codéine, déclare consommer régulièrement depuis 3 ans du kratom en tisane, et avoir augmenté la quantité journalière à 20 g depuis quelques mois. Des prélèvements sanguin et urinaire sont réalisés à son admission ; des cheveux et des ongles sont prélevés le lendemain. La patiente confie également un reliquat d’échantillon de kratom (poudre verte) consommé.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Ces échantillons sont analysés par CL-SMHR selon des méthodologies déjà publiées <span><span>[1]</span></span> intégrant l’usage de bibliothèques spectrales incluant des substances d’origine végétale <span><span>[2]</span></span>. Les cheveux sont analysés après une segmentation en 7 tronçons de 2 cm, sauf pour le dernier segment (12 cm). Les alcaloïdes et leurs métabolites identifiés sont recherchés in silico à l’aide du logiciel UNIFI™ combiné au réseau moléculaire, en renseignant les différentes voies métaboliques plausibles.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Le criblage toxicologique réalisé dans les prélèvements biologiques met en évidence des principes actifs de médicaments : paracétamol, hydroxyzine, doxylamine et leurs métabolites, ainsi que de l’éphédrine et de la diphénhydramine dans les cheveux et ongles.</div><div>L’analyse de la poudre de kratom permet d’identifier plusieurs composés : la mitragynine à une teneur de 1,9 % ainsi que d’autres alcaloïdes, la spéciolliatine, et la spéciogynine, deux stéréo-isomères de la mitragynine et la paynanthéine, un analogue déhydrogéné de la mitragynine. La concentration sanguine de mitragynine est de 42 ng/mL, dans les cheveux à 2460 et 1790 pg/mg respectivement pour le segment proximal et distal et dans les ongles à 659 pg/mg.</div><div>Ces alcaloïdes sont également identifiés dans tous les échantillons biologiques. L’exploitation des données permet de caractériser in vivo dans l’urine, de nombreux métabolites hydroxylés et déméthylés de la mitragynine et de ses analogues, générés in silico.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Le kratom est issu de la préparation des feuilles de Mitragyna speciosa de la famille des Rubiaceae, plante arborescente d’Asie du Sud-Est. Traditionnellement, le kratom était utilisé comme stimulant léger ou pour traiter certains maux courants (fièvre, diarrhées et douleurs). Depuis quelques années son usage s’est répandu aux États-Unis puis en Europe, Il est consommé pour ses bienfaits réputés dans la douleur, la dépression ou comme auto-substitution aux opiacés ou à des fins récréatives. Cette plante renferme de nombreux alcaloïdes. Les principaux principes actifs sont la mitragynine et la 7-hydroxymitraginine, en effet ce cas permet de mettre en évidence d’autres alcaloïdes tels que paynanthéine, spéciolliatine, spéciogynine décrits dans la littérature <span><span>[3]</span></span>, <span><span>[4]</span></span> et de leurs métabolites <span><span>[5]</span></span>. À ce titre, l’identification des métabolites des alcaloïdes dans l’urine peut ainsi permettre de documenter une prise de kratom dans des prélèvements biologiques liquides réalisés à distance. Par ailleurs, la détection de tous les alcaloïdes dans tous les segments de cheveux et les ongles, dont les concentrations sont cohérentes avec ce qui a été décrit dans la littérature <span><span>[6]</span></span>, peut conforter l’hypothèse d’une prise répétée de kratom sur plusieurs mois.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S35"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Mitragygine, seul alcaloïde d’intérêt du kratom ? 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Lors de l’entretien, la patiente, ayant des antécédents de dépendance à la codéine, déclare consommer régulièrement depuis 3 ans du kratom en tisane, et avoir augmenté la quantité journalière à 20 g depuis quelques mois. Des prélèvements sanguin et urinaire sont réalisés à son admission ; des cheveux et des ongles sont prélevés le lendemain. La patiente confie également un reliquat d’échantillon de kratom (poudre verte) consommé.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Ces échantillons sont analysés par CL-SMHR selon des méthodologies déjà publiées <span><span>[1]</span></span> intégrant l’usage de bibliothèques spectrales incluant des substances d’origine végétale <span><span>[2]</span></span>. Les cheveux sont analysés après une segmentation en 7 tronçons de 2 cm, sauf pour le dernier segment (12 cm). Les alcaloïdes et leurs métabolites identifiés sont recherchés in silico à l’aide du logiciel UNIFI™ combiné au réseau moléculaire, en renseignant les différentes voies métaboliques plausibles.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Le criblage toxicologique réalisé dans les prélèvements biologiques met en évidence des principes actifs de médicaments : paracétamol, hydroxyzine, doxylamine et leurs métabolites, ainsi que de l’éphédrine et de la diphénhydramine dans les cheveux et ongles.</div><div>L’analyse de la poudre de kratom permet d’identifier plusieurs composés : la mitragynine à une teneur de 1,9 % ainsi que d’autres alcaloïdes, la spéciolliatine, et la spéciogynine, deux stéréo-isomères de la mitragynine et la paynanthéine, un analogue déhydrogéné de la mitragynine. 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Par ailleurs, la détection de tous les alcaloïdes dans tous les segments de cheveux et les ongles, dont les concentrations sont cohérentes avec ce qui a été décrit dans la littérature <span><span>[6]</span></span>, peut conforter l’hypothèse d’une prise répétée de kratom sur plusieurs mois.</div></div>\",\"PeriodicalId\":23170,\"journal\":{\"name\":\"Toxicologie Analytique et Clinique\",\"volume\":\"37 1\",\"pages\":\"Page S35\"},\"PeriodicalIF\":1.8000,\"publicationDate\":\"2025-03-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Toxicologie Analytique et Clinique\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000514\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"Q4\",\"JCRName\":\"TOXICOLOGY\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000514","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
Mitragygine, seul alcaloïde d’intérêt du kratom ? A propos d’un cas
Objectif
Dans la littérature, peu de publications rapportant des cas de consommation de kratom sont documentés de données analytiques dans des matrices biologiques variées (sang, urine, cheveux, ongles).
Dans cette situation, nous rapportons le cas d’une patiente, de 40 ans, admise aux urgences suite à l’apparition d’une crise d’angoisse, des palpitations, des sueurs, d’une sensation de chaud-froid, et des céphalées survenue après l’ingestion d’une tisane au kratom. À l’examen clinique, le bilan est normal : Glasgow 15, bilan hémodynamique stable. Elle tient un discours cohérent, sans céphalée, ni douleur thoracique, ni trouble fonctionnel digestif. Il lui est administré un comprimé de 25 mg d’Atarax®. Lors de l’entretien, la patiente, ayant des antécédents de dépendance à la codéine, déclare consommer régulièrement depuis 3 ans du kratom en tisane, et avoir augmenté la quantité journalière à 20 g depuis quelques mois. Des prélèvements sanguin et urinaire sont réalisés à son admission ; des cheveux et des ongles sont prélevés le lendemain. La patiente confie également un reliquat d’échantillon de kratom (poudre verte) consommé.
Méthode
Ces échantillons sont analysés par CL-SMHR selon des méthodologies déjà publiées [1] intégrant l’usage de bibliothèques spectrales incluant des substances d’origine végétale [2]. Les cheveux sont analysés après une segmentation en 7 tronçons de 2 cm, sauf pour le dernier segment (12 cm). Les alcaloïdes et leurs métabolites identifiés sont recherchés in silico à l’aide du logiciel UNIFI™ combiné au réseau moléculaire, en renseignant les différentes voies métaboliques plausibles.
Résultats
Le criblage toxicologique réalisé dans les prélèvements biologiques met en évidence des principes actifs de médicaments : paracétamol, hydroxyzine, doxylamine et leurs métabolites, ainsi que de l’éphédrine et de la diphénhydramine dans les cheveux et ongles.
L’analyse de la poudre de kratom permet d’identifier plusieurs composés : la mitragynine à une teneur de 1,9 % ainsi que d’autres alcaloïdes, la spéciolliatine, et la spéciogynine, deux stéréo-isomères de la mitragynine et la paynanthéine, un analogue déhydrogéné de la mitragynine. La concentration sanguine de mitragynine est de 42 ng/mL, dans les cheveux à 2460 et 1790 pg/mg respectivement pour le segment proximal et distal et dans les ongles à 659 pg/mg.
Ces alcaloïdes sont également identifiés dans tous les échantillons biologiques. L’exploitation des données permet de caractériser in vivo dans l’urine, de nombreux métabolites hydroxylés et déméthylés de la mitragynine et de ses analogues, générés in silico.
Conclusion
Le kratom est issu de la préparation des feuilles de Mitragyna speciosa de la famille des Rubiaceae, plante arborescente d’Asie du Sud-Est. Traditionnellement, le kratom était utilisé comme stimulant léger ou pour traiter certains maux courants (fièvre, diarrhées et douleurs). Depuis quelques années son usage s’est répandu aux États-Unis puis en Europe, Il est consommé pour ses bienfaits réputés dans la douleur, la dépression ou comme auto-substitution aux opiacés ou à des fins récréatives. Cette plante renferme de nombreux alcaloïdes. Les principaux principes actifs sont la mitragynine et la 7-hydroxymitraginine, en effet ce cas permet de mettre en évidence d’autres alcaloïdes tels que paynanthéine, spéciolliatine, spéciogynine décrits dans la littérature [3], [4] et de leurs métabolites [5]. À ce titre, l’identification des métabolites des alcaloïdes dans l’urine peut ainsi permettre de documenter une prise de kratom dans des prélèvements biologiques liquides réalisés à distance. Par ailleurs, la détection de tous les alcaloïdes dans tous les segments de cheveux et les ongles, dont les concentrations sont cohérentes avec ce qui a été décrit dans la littérature [6], peut conforter l’hypothèse d’une prise répétée de kratom sur plusieurs mois.