{"title":"氧化亚氮中毒的处理:基于新阿基坦中毒控制中心和阿基坦 CEIP-A 数据的回顾性研究","authors":"Magali Labadie , Benjamin Lesi , Amélie Daveluy , Christine Tournoud , Camille Paradis","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.041","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>La consommation de N<sub>2</sub>O à visée récréative devient un problème de santé publique. En inhalation, il induit une oxydation irréversible de la cobalamine, inhibe la formation de la deuxième forme active de la cobalamine et aboutit à une carence en vitamine B12 sérique, à une augmentation de l’homocystéinémie et de l’acide méthylmalonique plasmatique. Il en résulte, entre autres, une axonopathie responsable d’une sclérose combinée de la moelle (SCM), une anémie mégaloblastique et des évènements cardiovasculaires graves. La prise en charge est encore mal connue par les professionnels de santé. L’objectif est donc d’analyser les cas symptomatiques d’intoxication par le protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O), de discuter de leur prise en charge après revue de la littérature et de proposer un protocole adapté aux services d’urgence.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Étude rétrospective descriptive multicentrique des cas d’exposition imputables au N<sub>2</sub>O à visée récréative entre le 1<sup>er</sup> janvier 2019 et le 31 octobre 2022 en Aquitaine (33, 64, 40 et 47) à partir des données du centre antipoison (CAP) et du centre d’addictovigilance (CEIP-A). Les dossiers ont été dédoublonnés. Les paramètres étudiés étaient la date de survenue de l’intoxication, l’âge, le sexe, les symptômes, les résultats des examens complémentaires, le traitement, l’évolution et la gravité.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Soixante cas ont été inclus (36 cas pour le CEIP-A) et 54 pour le CAP, 2, 5, 38, 15 cas respectivement pour 2019, 2020, 2021, et 2022 (jusqu’en octobre). Le sex-ratio est de 2, l’âge médian de 21 (13 ; 39) ans. Les symptômes étaient neurologiques (55 cas, 92 %) (dont 11 cas de sclérose combinée de la moelle), digestifs (27 %), cardiovasculaires (17 %), et psychiatriques (8 %) ; 39 patients ont bénéficié d’examens biologiques, dont 16 (41 %) sans anomalie, 16 (41 %) avec anomalies (16 avec une homocystéinémie > 16 μmol/L, 8 avec une vitamine B12 sérique < 200 pg/ml, 2 avec un acide méthylmalonique urinaire augmenté et 1 avec des folates sériques diminués < 5 μg/L) et 7 (18 %) patients pour lesquels les résultats étaient inconnus. 58 examens complémentaires ont été réalisés (31 IRM moelle, 17 EMG, 6 ECG, 2 TDM cérébraux, 2 TDM abdominal, et 1 échographie abdominale). Seulement 10 patients ont reçu de la vitamine B12 IM, 11 patients de la vitamine B12 IM et B9 per os, 1 patient de la vitamine B12 IM, B9 per os, et des immunoglobulines IV, et 1 patient de la vitamine B12 IM et une plasmaphérèse. Cinquante (83 %) patients ont été pris en charge dans un service d’urgence, et 18 (30 %) patients ont été hospitalisés, dont 1 en réanimation pour des convulsions. La gravité était faible, moyenne et forte pour respectivement pour 26 (43 %), 33 (55 %) et 1 (2 %) cas. Il n’y a pas eu de décès. L’évolution était favorable pour 22 (37 %) patients, mais était inconnue pour 38 (63 %) patients.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les résultats sont en accord avec la littérature et montrent des complications sévères telles que la SCM pour lesquelles les examens d’imagerie sont insuffisants. Le dosage du protoxyde d’azote dans les matrices biologiques est difficile en raison de son élimination rapide. L’exploration biologique repose donc sur les anomalies aspécifiques secondaires et non réalisables en urgence (diminution du taux de vitamine B12 plasmatique, augmentation du taux d’acide méthylmalonique urinaire et de l’homocystéinémie) et qui ne sont pas réalisées systématiquement. Certains patients quittent les services d’urgence sans traitement vitaminique malgré une indication évidente. Une prise en charge avec une fiche synthétique est proposée et sera à confronter aux prochaines recommandations produites par le groupe de travail national sur le sujet (voir <span><span>www.protoside.com</span><svg><path></path></svg></span>).</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S29"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Quelle prise en charge des intoxications par le protoxyde d’azote : étude rétrospective à partir des données du centre antipoison de Nouvelle-Aquitaine et du CEIP-A d’Aquitaine\",\"authors\":\"Magali Labadie , Benjamin Lesi , Amélie Daveluy , Christine Tournoud , Camille Paradis\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2025.01.041\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Objectif</h3><div>La consommation de N<sub>2</sub>O à visée récréative devient un problème de santé publique. 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L’objectif est donc d’analyser les cas symptomatiques d’intoxication par le protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O), de discuter de leur prise en charge après revue de la littérature et de proposer un protocole adapté aux services d’urgence.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Étude rétrospective descriptive multicentrique des cas d’exposition imputables au N<sub>2</sub>O à visée récréative entre le 1<sup>er</sup> janvier 2019 et le 31 octobre 2022 en Aquitaine (33, 64, 40 et 47) à partir des données du centre antipoison (CAP) et du centre d’addictovigilance (CEIP-A). Les dossiers ont été dédoublonnés. Les paramètres étudiés étaient la date de survenue de l’intoxication, l’âge, le sexe, les symptômes, les résultats des examens complémentaires, le traitement, l’évolution et la gravité.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Soixante cas ont été inclus (36 cas pour le CEIP-A) et 54 pour le CAP, 2, 5, 38, 15 cas respectivement pour 2019, 2020, 2021, et 2022 (jusqu’en octobre). Le sex-ratio est de 2, l’âge médian de 21 (13 ; 39) ans. Les symptômes étaient neurologiques (55 cas, 92 %) (dont 11 cas de sclérose combinée de la moelle), digestifs (27 %), cardiovasculaires (17 %), et psychiatriques (8 %) ; 39 patients ont bénéficié d’examens biologiques, dont 16 (41 %) sans anomalie, 16 (41 %) avec anomalies (16 avec une homocystéinémie > 16 μmol/L, 8 avec une vitamine B12 sérique < 200 pg/ml, 2 avec un acide méthylmalonique urinaire augmenté et 1 avec des folates sériques diminués < 5 μg/L) et 7 (18 %) patients pour lesquels les résultats étaient inconnus. 58 examens complémentaires ont été réalisés (31 IRM moelle, 17 EMG, 6 ECG, 2 TDM cérébraux, 2 TDM abdominal, et 1 échographie abdominale). Seulement 10 patients ont reçu de la vitamine B12 IM, 11 patients de la vitamine B12 IM et B9 per os, 1 patient de la vitamine B12 IM, B9 per os, et des immunoglobulines IV, et 1 patient de la vitamine B12 IM et une plasmaphérèse. Cinquante (83 %) patients ont été pris en charge dans un service d’urgence, et 18 (30 %) patients ont été hospitalisés, dont 1 en réanimation pour des convulsions. La gravité était faible, moyenne et forte pour respectivement pour 26 (43 %), 33 (55 %) et 1 (2 %) cas. Il n’y a pas eu de décès. L’évolution était favorable pour 22 (37 %) patients, mais était inconnue pour 38 (63 %) patients.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les résultats sont en accord avec la littérature et montrent des complications sévères telles que la SCM pour lesquelles les examens d’imagerie sont insuffisants. Le dosage du protoxyde d’azote dans les matrices biologiques est difficile en raison de son élimination rapide. L’exploration biologique repose donc sur les anomalies aspécifiques secondaires et non réalisables en urgence (diminution du taux de vitamine B12 plasmatique, augmentation du taux d’acide méthylmalonique urinaire et de l’homocystéinémie) et qui ne sont pas réalisées systématiquement. 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Quelle prise en charge des intoxications par le protoxyde d’azote : étude rétrospective à partir des données du centre antipoison de Nouvelle-Aquitaine et du CEIP-A d’Aquitaine
Objectif
La consommation de N2O à visée récréative devient un problème de santé publique. En inhalation, il induit une oxydation irréversible de la cobalamine, inhibe la formation de la deuxième forme active de la cobalamine et aboutit à une carence en vitamine B12 sérique, à une augmentation de l’homocystéinémie et de l’acide méthylmalonique plasmatique. Il en résulte, entre autres, une axonopathie responsable d’une sclérose combinée de la moelle (SCM), une anémie mégaloblastique et des évènements cardiovasculaires graves. La prise en charge est encore mal connue par les professionnels de santé. L’objectif est donc d’analyser les cas symptomatiques d’intoxication par le protoxyde d’azote (N2O), de discuter de leur prise en charge après revue de la littérature et de proposer un protocole adapté aux services d’urgence.
Méthode
Étude rétrospective descriptive multicentrique des cas d’exposition imputables au N2O à visée récréative entre le 1er janvier 2019 et le 31 octobre 2022 en Aquitaine (33, 64, 40 et 47) à partir des données du centre antipoison (CAP) et du centre d’addictovigilance (CEIP-A). Les dossiers ont été dédoublonnés. Les paramètres étudiés étaient la date de survenue de l’intoxication, l’âge, le sexe, les symptômes, les résultats des examens complémentaires, le traitement, l’évolution et la gravité.
Résultats
Soixante cas ont été inclus (36 cas pour le CEIP-A) et 54 pour le CAP, 2, 5, 38, 15 cas respectivement pour 2019, 2020, 2021, et 2022 (jusqu’en octobre). Le sex-ratio est de 2, l’âge médian de 21 (13 ; 39) ans. Les symptômes étaient neurologiques (55 cas, 92 %) (dont 11 cas de sclérose combinée de la moelle), digestifs (27 %), cardiovasculaires (17 %), et psychiatriques (8 %) ; 39 patients ont bénéficié d’examens biologiques, dont 16 (41 %) sans anomalie, 16 (41 %) avec anomalies (16 avec une homocystéinémie > 16 μmol/L, 8 avec une vitamine B12 sérique < 200 pg/ml, 2 avec un acide méthylmalonique urinaire augmenté et 1 avec des folates sériques diminués < 5 μg/L) et 7 (18 %) patients pour lesquels les résultats étaient inconnus. 58 examens complémentaires ont été réalisés (31 IRM moelle, 17 EMG, 6 ECG, 2 TDM cérébraux, 2 TDM abdominal, et 1 échographie abdominale). Seulement 10 patients ont reçu de la vitamine B12 IM, 11 patients de la vitamine B12 IM et B9 per os, 1 patient de la vitamine B12 IM, B9 per os, et des immunoglobulines IV, et 1 patient de la vitamine B12 IM et une plasmaphérèse. Cinquante (83 %) patients ont été pris en charge dans un service d’urgence, et 18 (30 %) patients ont été hospitalisés, dont 1 en réanimation pour des convulsions. La gravité était faible, moyenne et forte pour respectivement pour 26 (43 %), 33 (55 %) et 1 (2 %) cas. Il n’y a pas eu de décès. L’évolution était favorable pour 22 (37 %) patients, mais était inconnue pour 38 (63 %) patients.
Conclusion
Les résultats sont en accord avec la littérature et montrent des complications sévères telles que la SCM pour lesquelles les examens d’imagerie sont insuffisants. Le dosage du protoxyde d’azote dans les matrices biologiques est difficile en raison de son élimination rapide. L’exploration biologique repose donc sur les anomalies aspécifiques secondaires et non réalisables en urgence (diminution du taux de vitamine B12 plasmatique, augmentation du taux d’acide méthylmalonique urinaire et de l’homocystéinémie) et qui ne sont pas réalisées systématiquement. Certains patients quittent les services d’urgence sans traitement vitaminique malgré une indication évidente. Une prise en charge avec une fiche synthétique est proposée et sera à confronter aux prochaines recommandations produites par le groupe de travail national sur le sujet (voir www.protoside.com).