Marie Heraudeau , Sandra Thorigne , Véronique Ferey , Reynald Le Boisselier , Joanna Bourgine , Thomas Freret , Véronique Lelong-Boulouard , Alexandre Cesbron
{"title":"合成苯并二氮杂卓的溴唑仑急性中毒:临床表现和毒理学筛查的价值","authors":"Marie Heraudeau , Sandra Thorigne , Véronique Ferey , Reynald Le Boisselier , Joanna Bourgine , Thomas Freret , Véronique Lelong-Boulouard , Alexandre Cesbron","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.077","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><div>Présenter un cas d’intoxication au bromazolam, une benzodiazépine de synthèse émergente dans les milieux récréatifs (Green, J Anal Toxicol, 2024, 48, 566-72).</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Un homme de 38<!--> <!-->ans est admis aux urgences dans un contexte de somnolence intense. Ses traitements habituels (zolpidem, alprazolam, buprénorphine, lamotrigine, lithium) sont sécurisés sous coffre à son domicile et leur administration est exclusivement assurée par un infirmier, qui possède la clé. À l’admission, l’examen clinique retrouve un score de Glasgow initial de 15, avec agitation nécessitant une contention mécanique et des pupilles intermédiaires. Rapidement, son état de vigilance se dégrade et son score de Glasgow chute à 10. Un test à l’ANEXATE® (flumazénil) à 0,4<!--> <!-->mg permet la récupération d’un score de Glasgow à 14. Un test au NARCAN® (naloxone) est réalisé mais ne permet pas d’amélioration neurologique. L’examen clinique ne révèle pas d’anomalies majeures, hormis quelques ronchis à l’auscultation pulmonaire. Les analyses biologiques rapportent une élévation des créatines phosphokinases (CPK) à 418 UI/L. Après transfert en réanimation, le patient demeure somnolent avec des accès d’agitation nécessitant une contention mécanique. Il présente une amélioration clinique après 4<!--> <!-->jours d’hospitalisation permettant un interrogatoire. Le patient rapporte une consommation de 5<!--> <!-->g de cannabis et de substances commandées sur internet. Son conjoint confirme avoir découvert une poudre blanche que le patient a consommé le jour de son admission, en pensant qu’il s’agissait d’amphétamines, suivie d’une amnésie.</div><div>Devant le contexte clinique, des dépistages toxicologiques de routine par méthode immunochimique ainsi que par criblages LC-MS/MS et GC-MS sont réalisés sur l’échantillon urinaire prélevé à l’admission. Un criblage de la poudre blanche, apportée par le conjoint, est également effectué par GC-MS.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les dépistages urinaires sont positifs aux amphétamines et cannabis ainsi qu’à son traitement habituel (benzodiazépine et buprénorphine). L’éthylémie est négative. Les criblages toxicologiques urinaires révèlent la présence de lamotrigine, zopiclone, norbuprénorphine, alprazolam et son métabolite (alpha-hydroxyalprazolam) ainsi que de 4-fluoroamphétamine et bromazolam, respectivement amphétamine et benzodiazépine de synthèse. Le criblage de la poudre blanche détecte également la présence de bromazolam. Les dosages plasmatiques sont en attente de réception des solutions pures de bromazolam et de 4-fluoroamphétamine.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>L’analyse toxicologique a mis en évidence une polyintoxication impliquant des drogues de synthèse, à savoir la 4-fluoroamphétamine et le bromazolam. Ces substances peuvent entraîner une augmentation des CPK (Le Duff, Bulletin CRIM, 1999, 81). De par leurs activités similaires aux benzodiazépines, les benzodiazépines de synthèse sont susceptibles d’entraîner des effets secondaires semblables. Compte-tenu de leur puissance élevée, de faibles doses peuvent induire des effets importants comme une somnolence ou sédation sévère, agitation, ou encore amnésie retrouvés chez ce patient (UNODC, 2024, Volume VII). La consommation de 4-fluoroamphétamine peut également être responsable des épisodes d’agitation observés (Gerostamoulos, J Anal Toxicol, 2023, 47, 191–96). Le test positif à l’ANEXATE® et les immuno-analyses auraient pu, sans criblage supplémentaire, faire croire à une intoxication à l’alprazolam, présent dans son traitement habituel.</div><div>Le screening urinaire et l’analyse de la substance consommée ont ainsi permis l’identification du bromazolam au lieu des amphétamines suspectées initialement, soulignant l’importance de la réalisation de recherches larges dans les cas de polyintoxications, notamment en cas de symptômes discordants.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S50"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Intoxication aiguë au bromazolam, une benzodiazépine de synthèse : présentation clinique et intérêt du dépistage toxicologique\",\"authors\":\"Marie Heraudeau , Sandra Thorigne , Véronique Ferey , Reynald Le Boisselier , Joanna Bourgine , Thomas Freret , Véronique Lelong-Boulouard , Alexandre Cesbron\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2025.01.077\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Objectifs</h3><div>Présenter un cas d’intoxication au bromazolam, une benzodiazépine de synthèse émergente dans les milieux récréatifs (Green, J Anal Toxicol, 2024, 48, 566-72).</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Un homme de 38<!--> <!-->ans est admis aux urgences dans un contexte de somnolence intense. 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Intoxication aiguë au bromazolam, une benzodiazépine de synthèse : présentation clinique et intérêt du dépistage toxicologique
Objectifs
Présenter un cas d’intoxication au bromazolam, une benzodiazépine de synthèse émergente dans les milieux récréatifs (Green, J Anal Toxicol, 2024, 48, 566-72).
Méthodes
Un homme de 38 ans est admis aux urgences dans un contexte de somnolence intense. Ses traitements habituels (zolpidem, alprazolam, buprénorphine, lamotrigine, lithium) sont sécurisés sous coffre à son domicile et leur administration est exclusivement assurée par un infirmier, qui possède la clé. À l’admission, l’examen clinique retrouve un score de Glasgow initial de 15, avec agitation nécessitant une contention mécanique et des pupilles intermédiaires. Rapidement, son état de vigilance se dégrade et son score de Glasgow chute à 10. Un test à l’ANEXATE® (flumazénil) à 0,4 mg permet la récupération d’un score de Glasgow à 14. Un test au NARCAN® (naloxone) est réalisé mais ne permet pas d’amélioration neurologique. L’examen clinique ne révèle pas d’anomalies majeures, hormis quelques ronchis à l’auscultation pulmonaire. Les analyses biologiques rapportent une élévation des créatines phosphokinases (CPK) à 418 UI/L. Après transfert en réanimation, le patient demeure somnolent avec des accès d’agitation nécessitant une contention mécanique. Il présente une amélioration clinique après 4 jours d’hospitalisation permettant un interrogatoire. Le patient rapporte une consommation de 5 g de cannabis et de substances commandées sur internet. Son conjoint confirme avoir découvert une poudre blanche que le patient a consommé le jour de son admission, en pensant qu’il s’agissait d’amphétamines, suivie d’une amnésie.
Devant le contexte clinique, des dépistages toxicologiques de routine par méthode immunochimique ainsi que par criblages LC-MS/MS et GC-MS sont réalisés sur l’échantillon urinaire prélevé à l’admission. Un criblage de la poudre blanche, apportée par le conjoint, est également effectué par GC-MS.
Résultats
Les dépistages urinaires sont positifs aux amphétamines et cannabis ainsi qu’à son traitement habituel (benzodiazépine et buprénorphine). L’éthylémie est négative. Les criblages toxicologiques urinaires révèlent la présence de lamotrigine, zopiclone, norbuprénorphine, alprazolam et son métabolite (alpha-hydroxyalprazolam) ainsi que de 4-fluoroamphétamine et bromazolam, respectivement amphétamine et benzodiazépine de synthèse. Le criblage de la poudre blanche détecte également la présence de bromazolam. Les dosages plasmatiques sont en attente de réception des solutions pures de bromazolam et de 4-fluoroamphétamine.
Conclusion
L’analyse toxicologique a mis en évidence une polyintoxication impliquant des drogues de synthèse, à savoir la 4-fluoroamphétamine et le bromazolam. Ces substances peuvent entraîner une augmentation des CPK (Le Duff, Bulletin CRIM, 1999, 81). De par leurs activités similaires aux benzodiazépines, les benzodiazépines de synthèse sont susceptibles d’entraîner des effets secondaires semblables. Compte-tenu de leur puissance élevée, de faibles doses peuvent induire des effets importants comme une somnolence ou sédation sévère, agitation, ou encore amnésie retrouvés chez ce patient (UNODC, 2024, Volume VII). La consommation de 4-fluoroamphétamine peut également être responsable des épisodes d’agitation observés (Gerostamoulos, J Anal Toxicol, 2023, 47, 191–96). Le test positif à l’ANEXATE® et les immuno-analyses auraient pu, sans criblage supplémentaire, faire croire à une intoxication à l’alprazolam, présent dans son traitement habituel.
Le screening urinaire et l’analyse de la substance consommée ont ainsi permis l’identification du bromazolam au lieu des amphétamines suspectées initialement, soulignant l’importance de la réalisation de recherches larges dans les cas de polyintoxications, notamment en cas de symptômes discordants.