{"title":"一氧化二氮:事故、袭击和死亡:无害观念已经过时!","authors":"Joëlle Micallef , Cécile Moreau , Christophe Bartoli , Anne-Laure Pelissier , Islam-Amine Larabi , Jean-Michel Gaulier , Caroline Victorri-Vigneau","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.047","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Le protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) est aujourd’hui l’une des substances les plus consommées. Dès 2019, le réseau français des Centres d’Évaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance a alerté sur les conséquences néfastes de son usage, notamment les effets somatiques, principalement neurologiques, ainsi que les troubles de l’usage (addiction). Mais qu’en est-il des accidents et des décès associés à sa consommation ? Les données à ce sujet restent très limitées, car le N<sub>2</sub>O étant un gaz difficilement identifiable, il n’est pas recherché dans les analyses de routine. Cela complique son implication directe dans les cas de décès ou d’accidents. Pourtant, on observe une forte médiatisation des accidents de la route ou d’engins motorisés à deux roues en lien avec la consommation de N<sub>2</sub>O. Face à cette situation, il devient essentiel de disposer de données précises sur l’accidentologie et les agressions impliquant le N<sub>2</sub>O.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Nous avons, par le biais des Sociétés Savantes, réunissant l’ensemble des experts concernés (SFMLEM, CNBAE et SFTA) interrogé les experts analystes, toxicologues et médecins légistes sur les cas pour lesquels ils ont été sollicités de 2018 à 2023, où l’exposition au protoxyde d’azote est fortement suspectée.</div><div>Pour chaque situation pour laquelle le protoxyde d’azote était mentionné, que ce soit chez une victime ou chez un sujet impliqué dans un accident, ainsi que toute autre situation (agression, décès hors accidentologie …), les experts renseignaient une fiche de notification avec des données sur le consommateur (sexe, âge, consommation de N<sub>2</sub>O et d’autres substances stupéfiantes ou médicamenteuses habituelle et lors de la survenue), sur le type de complication (accidentologie en précisant si la personne consommatrice suspectée est possiblement à l’origine de l’accident ou victime de l’accident ou autres situations, agression, tentative de suicide …) ainsi que les éléments permettant d’impliquer le N<sub>2</sub>O.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 27 cas concernant des sujets jeunes pour lesquels l’exposition au N<sub>2</sub>O était suspectée ont été transmis, dont la moitié de décès, tous survenus à partir de 2020. La moitié des cas concerne l’accidentologie et l’autre moitié concerne d’autres situations dont les agressions sexuelles. Les éléments permettant d’impliquer le N<sub>2</sub>O sont dans la majorité des cas la présence de cartouches, bouteilles ou ballons retrouvés dans les véhicules, des consommations ou notion de consommations rapportées par les sujets ou l’entourage. Sur les 16 cas où le N<sub>2</sub>O a été recherché dans le sang périphérique ou central et/ou dans des fragments de poumons et/ou dans l’air recueilli au niveau pulmonaire en fonction des cas, il a été détecté dans 6 situations (dont 4 fois dans le sang périphérique).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Il existe des cas impliquant le protoxyde d’azote parmi les cas transmis aux laboratoires qui concernent des sujets responsables ou victimes d’accidents de la route, d’agressions sexuelles, des intoxications, des décès dont des suicides. Ces cas sont déclarés uniquement à partir de 2020 et sont en augmentation. Il est possible de retrouver le N<sub>2</sub>O dans les liquides/tissus biologiques. Néanmoins la question de la sensibilité liée notamment au délai du recueil et à la qualité des prélèvements représente un obstacle majeur à la détection et il ne s’agit pas d’une analyse de routine.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Pages S32-S33"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Protoxyde d’azote : accidentologie, agressions et décès : fini la perception d’innocuité !\",\"authors\":\"Joëlle Micallef , Cécile Moreau , Christophe Bartoli , Anne-Laure Pelissier , Islam-Amine Larabi , Jean-Michel Gaulier , Caroline Victorri-Vigneau\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2025.01.047\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Objectif</h3><div>Le protoxyde d’azote (N<sub>2</sub>O) est aujourd’hui l’une des substances les plus consommées. 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Face à cette situation, il devient essentiel de disposer de données précises sur l’accidentologie et les agressions impliquant le N<sub>2</sub>O.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Nous avons, par le biais des Sociétés Savantes, réunissant l’ensemble des experts concernés (SFMLEM, CNBAE et SFTA) interrogé les experts analystes, toxicologues et médecins légistes sur les cas pour lesquels ils ont été sollicités de 2018 à 2023, où l’exposition au protoxyde d’azote est fortement suspectée.</div><div>Pour chaque situation pour laquelle le protoxyde d’azote était mentionné, que ce soit chez une victime ou chez un sujet impliqué dans un accident, ainsi que toute autre situation (agression, décès hors accidentologie …), les experts renseignaient une fiche de notification avec des données sur le consommateur (sexe, âge, consommation de N<sub>2</sub>O et d’autres substances stupéfiantes ou médicamenteuses habituelle et lors de la survenue), sur le type de complication (accidentologie en précisant si la personne consommatrice suspectée est possiblement à l’origine de l’accident ou victime de l’accident ou autres situations, agression, tentative de suicide …) ainsi que les éléments permettant d’impliquer le N<sub>2</sub>O.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 27 cas concernant des sujets jeunes pour lesquels l’exposition au N<sub>2</sub>O était suspectée ont été transmis, dont la moitié de décès, tous survenus à partir de 2020. 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Protoxyde d’azote : accidentologie, agressions et décès : fini la perception d’innocuité !
Objectif
Le protoxyde d’azote (N2O) est aujourd’hui l’une des substances les plus consommées. Dès 2019, le réseau français des Centres d’Évaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance a alerté sur les conséquences néfastes de son usage, notamment les effets somatiques, principalement neurologiques, ainsi que les troubles de l’usage (addiction). Mais qu’en est-il des accidents et des décès associés à sa consommation ? Les données à ce sujet restent très limitées, car le N2O étant un gaz difficilement identifiable, il n’est pas recherché dans les analyses de routine. Cela complique son implication directe dans les cas de décès ou d’accidents. Pourtant, on observe une forte médiatisation des accidents de la route ou d’engins motorisés à deux roues en lien avec la consommation de N2O. Face à cette situation, il devient essentiel de disposer de données précises sur l’accidentologie et les agressions impliquant le N2O.
Méthode
Nous avons, par le biais des Sociétés Savantes, réunissant l’ensemble des experts concernés (SFMLEM, CNBAE et SFTA) interrogé les experts analystes, toxicologues et médecins légistes sur les cas pour lesquels ils ont été sollicités de 2018 à 2023, où l’exposition au protoxyde d’azote est fortement suspectée.
Pour chaque situation pour laquelle le protoxyde d’azote était mentionné, que ce soit chez une victime ou chez un sujet impliqué dans un accident, ainsi que toute autre situation (agression, décès hors accidentologie …), les experts renseignaient une fiche de notification avec des données sur le consommateur (sexe, âge, consommation de N2O et d’autres substances stupéfiantes ou médicamenteuses habituelle et lors de la survenue), sur le type de complication (accidentologie en précisant si la personne consommatrice suspectée est possiblement à l’origine de l’accident ou victime de l’accident ou autres situations, agression, tentative de suicide …) ainsi que les éléments permettant d’impliquer le N2O.
Résultats
Au total, 27 cas concernant des sujets jeunes pour lesquels l’exposition au N2O était suspectée ont été transmis, dont la moitié de décès, tous survenus à partir de 2020. La moitié des cas concerne l’accidentologie et l’autre moitié concerne d’autres situations dont les agressions sexuelles. Les éléments permettant d’impliquer le N2O sont dans la majorité des cas la présence de cartouches, bouteilles ou ballons retrouvés dans les véhicules, des consommations ou notion de consommations rapportées par les sujets ou l’entourage. Sur les 16 cas où le N2O a été recherché dans le sang périphérique ou central et/ou dans des fragments de poumons et/ou dans l’air recueilli au niveau pulmonaire en fonction des cas, il a été détecté dans 6 situations (dont 4 fois dans le sang périphérique).
Conclusion
Il existe des cas impliquant le protoxyde d’azote parmi les cas transmis aux laboratoires qui concernent des sujets responsables ou victimes d’accidents de la route, d’agressions sexuelles, des intoxications, des décès dont des suicides. Ces cas sont déclarés uniquement à partir de 2020 et sont en augmentation. Il est possible de retrouver le N2O dans les liquides/tissus biologiques. Néanmoins la question de la sensibilité liée notamment au délai du recueil et à la qualité des prélèvements représente un obstacle majeur à la détection et il ne s’agit pas d’une analyse de routine.