2030 -2024年圭亚那疟疾死灰复燃

L. Epelboin , M. Oberlis
{"title":"2030 -2024年圭亚那疟疾死灰复燃","authors":"L. Epelboin ,&nbsp;M. Oberlis","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.01.043","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>La Guyane a connu une réémergence du paludisme due à <em>Plasmodium vivax</em> en fin 2023- début 2024, marquant une rupture après des années de diminution progressive du nombre de cas annuels, passant de plus de 3000 cas en 2009 à 50 cas environ en 2022. Ce phénomène épidémique a touché à la fois les zones littorales et les sites d'orpaillage isolés. Les populations affectées incluent les orpailleurs, les militaires, et les habitants de certaines communes du littoral non exposées depuis des décennies. Les facteurs contributifs incluent des changements environnementaux (effet El Niño, sécheresse exceptionnelle en 2023), l'arrêt d'interventions ciblées, telles que Malakit et Palustop et des mouvements de populations associées à l'orpaillage illégal en provenance de régions du Brésil endémiques pour <em>P. vivax</em>.</div><div>L'un des moyens de lutter contre l’épidémie serait de traiter efficacement les patients atteints de paludisme à <em>Plasmodium vivax</em>, l'approche initiale consiste à administrer de l'artéméther/luméfantrine (en l'absence de chloroquine), suivie d'un traitement par la primaquine pour éradiquer les formes dormantes du parasite dans le foie. Cependant, cette stratégie présente plusieurs défis. Les rechutes sont fréquentes et semblent survenir plus souvent après l'utilisation artéméther/luméfantrine comparé à la chloroquine. Par ailleurs, des difficultés se posent dans le suivi des patients: certains, traités en ville ou aux urgences, ne sont pas correctement référés à l'Unité des Maladies Infectieuses et Tropicales (UMIT), ce qui complique leur prise en charge. Le parcours thérapeutique impose également des contraintes, notamment le dosage de la primaquine à J0, J3 et J7, avec les résultats disponibles seulement à J14 et la délivrance du traitement à J28. Ce protocole, complexe et prolongé, s’étale sur 14 jours de traitement par primaquine, suivis de bilans supplémentaires à J35 et J42, rendant l'observance thérapeutique difficile pour de nombreux patients.</div><div>Plusieurs solutions ont permis d'améliorer plusieurs points : l'obtention de la chloroquine depuis les Pays-Bas (arrêt de la commercialisation en France en 2022), l'utilisation en hors les murs du TDR G6PD, la délivrance à J0 de la primaquine au lieu de J14. En plus de l'optimisation des traitements antipaludiques d'autres points ont été améliorés comme le dépistage, le traitement et le suivi des patients asymptomatiques dans certaines localités particulièrement touchées, la recherche proactive des perdus de vue, et la réactivation des interventions communautaires notamment via des équipes mobiles dédiées au paludisme de la Croix Rouge française et de l’équipe mobile de santé publique en communes (EMSPEC) affiliées aux centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS).</div><div>Cette résurgence illustre l'importance de maintenir des efforts constants en matière de prévention et de prise en charge des maladies vectorielles en Guyane. Une approche multidimensionnelle est essentielle pour limiter l'impact de cette épidémie et prévenir de futures ré-émergences et de se diriger vers l’élimination du paludisme en Guyane, comme espéré par l'OMS.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 1","pages":"Page S21"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-02-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Ré-émergence du paludisme en Guyane en 2023-2024\",\"authors\":\"L. Epelboin ,&nbsp;M. Oberlis\",\"doi\":\"10.1016/j.mmifmc.2025.01.043\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><div>La Guyane a connu une réémergence du paludisme due à <em>Plasmodium vivax</em> en fin 2023- début 2024, marquant une rupture après des années de diminution progressive du nombre de cas annuels, passant de plus de 3000 cas en 2009 à 50 cas environ en 2022. 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摘要

圭亚那在2023年底至2024年初经历了间日疟原虫疟疾的复发,标志着多年来每年病例数逐渐下降的局面出现了逆转,从2009年的3000多例下降到2022年的约50例。这种流行病影响了沿海地区和孤立的金矿开采地点。受影响的人群包括淘金者、军人和一些沿海社区的居民,这些社区几十年来一直没有受到影响。促成因素包括环境变化(El Nino效应、2023年的异常干旱)、马拉基特和帕鲁托普等有针对性干预措施的停止,以及与巴西间日疟流行地区非法采伐有关的人口流动。对付这一流行病的一种方法是有效地治疗间日疟原虫疟疾患者,最初的方法是使用青蒿琥酯/ lumefantrin(在不使用氯喹的情况下),然后用primaquin治疗,以根除潜伏在肝脏中的寄生虫。然而,这一战略带来了几个挑战。复发很常见,与氯喹相比,使用青蒿琥酯/ lumefantrin后似乎更频繁。此外,在监测病人方面也存在困难:一些在城市接受治疗或在急诊室接受治疗的病人没有适当地转介给传染病和热带疾病股,这使他们的护理复杂化。治疗过程也带来了一些限制,特别是Primaquin在J0、J3和J7的剂量,只有J14的结果和J28的治疗。这个复杂而漫长的方案需要14天的primaquin治疗,然后在J35和J42进行额外的评估,这使得许多患者难以依从治疗。一些解决方案已经在几个方面取得了改进:从荷兰获得氯喹(法国将于2022年停止销售),在场外使用TDR G6PD,在J0而不是J14分发primaquin。除了优化抗疟疾治疗外,其他方面也得到了改善,如在特别受影响的地区对无症状患者的筛查、治疗和监测,以及对失明患者的主动追踪;以及重新启动社区干预措施,特别是通过法国红十字会疟疾流动小组和隶属于非本地化预防和护理中心(CDPS)的社区公共卫生流动小组。这一疫情表明,在圭亚那继续努力预防和管理病媒疾病是多么重要。必须采取多管齐下的办法,以限制这一流行病的影响,防止今后再次出现疟疾,并朝着世卫组织所希望的在圭亚那消除疟疾的方向前进。
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
Ré-émergence du paludisme en Guyane en 2023-2024
La Guyane a connu une réémergence du paludisme due à Plasmodium vivax en fin 2023- début 2024, marquant une rupture après des années de diminution progressive du nombre de cas annuels, passant de plus de 3000 cas en 2009 à 50 cas environ en 2022. Ce phénomène épidémique a touché à la fois les zones littorales et les sites d'orpaillage isolés. Les populations affectées incluent les orpailleurs, les militaires, et les habitants de certaines communes du littoral non exposées depuis des décennies. Les facteurs contributifs incluent des changements environnementaux (effet El Niño, sécheresse exceptionnelle en 2023), l'arrêt d'interventions ciblées, telles que Malakit et Palustop et des mouvements de populations associées à l'orpaillage illégal en provenance de régions du Brésil endémiques pour P. vivax.
L'un des moyens de lutter contre l’épidémie serait de traiter efficacement les patients atteints de paludisme à Plasmodium vivax, l'approche initiale consiste à administrer de l'artéméther/luméfantrine (en l'absence de chloroquine), suivie d'un traitement par la primaquine pour éradiquer les formes dormantes du parasite dans le foie. Cependant, cette stratégie présente plusieurs défis. Les rechutes sont fréquentes et semblent survenir plus souvent après l'utilisation artéméther/luméfantrine comparé à la chloroquine. Par ailleurs, des difficultés se posent dans le suivi des patients: certains, traités en ville ou aux urgences, ne sont pas correctement référés à l'Unité des Maladies Infectieuses et Tropicales (UMIT), ce qui complique leur prise en charge. Le parcours thérapeutique impose également des contraintes, notamment le dosage de la primaquine à J0, J3 et J7, avec les résultats disponibles seulement à J14 et la délivrance du traitement à J28. Ce protocole, complexe et prolongé, s’étale sur 14 jours de traitement par primaquine, suivis de bilans supplémentaires à J35 et J42, rendant l'observance thérapeutique difficile pour de nombreux patients.
Plusieurs solutions ont permis d'améliorer plusieurs points : l'obtention de la chloroquine depuis les Pays-Bas (arrêt de la commercialisation en France en 2022), l'utilisation en hors les murs du TDR G6PD, la délivrance à J0 de la primaquine au lieu de J14. En plus de l'optimisation des traitements antipaludiques d'autres points ont été améliorés comme le dépistage, le traitement et le suivi des patients asymptomatiques dans certaines localités particulièrement touchées, la recherche proactive des perdus de vue, et la réactivation des interventions communautaires notamment via des équipes mobiles dédiées au paludisme de la Croix Rouge française et de l’équipe mobile de santé publique en communes (EMSPEC) affiliées aux centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS).
Cette résurgence illustre l'importance de maintenir des efforts constants en matière de prévention et de prise en charge des maladies vectorielles en Guyane. Une approche multidimensionnelle est essentielle pour limiter l'impact de cette épidémie et prévenir de futures ré-émergences et de se diriger vers l’élimination du paludisme en Guyane, comme espéré par l'OMS.
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