Une exposition développementale combinée à un déséquilibre alimentaire et à un perturbateur endocrinien induit des lésions prostatiques chroniques : mécanismes d’action

Le cancer de la prostate a des facteurs de risques à la fois hormonaux et nutritionnels [1]. Plusieurs études suggèrent une association positive entre l’obésité et le risque de cancer de la prostate, en particulier les formes agressives de la maladie [2], [3]. Cependant, les mécanismes ne sont pas encore entièrement compris.

Notre objectif était d’examiner les effets combinés de l’exposition, pendant le développement précoce, à un régime alimentaire riche en matières grasses (RRG) et à un xénœstrogène (Estradiol benzoate, EB) sur la prostate adulte. Pour cela, des rats sont exposés pendant la gestation et jusqu’à leur sevrage à un RRG (60 % de matières grasses) ou à un régime normal. À la naissance, les rats mâles sont alors exposés ou non à l’EB, du jour 1 au jour 5 après la naissance. Les rats sont sacrifiés à l’âge adulte. Ce protocole définit 4 groupes : témoin (régime normal, non exposé à l’EB) ; exposé uniquement au RRG ; exposé uniquement à l’EB ; exposé aux deux facteurs de risque (RRG + EB). Nos résultats montrent que les rats exposés à la fois à un RRG et à l’EB présentent des lésions de la prostate plus importantes que les rats exposés uniquement à l’un ou l’autre facteur de risque. Ces lésions sont une augmentation de la taille de la prostate, une hyperplasie des cellules épithéliales et un nombre élevé de foyers inflammatoires. Ces rats présentent également des niveaux plus élevés des cytokines pro-inflammatoires TNFa, IL6 et CCL2/MCP1 et une activation accrue de l’inflammasome (NLRP3).

En conclusion, ces résultats suggèrent qu’une exposition combinée à un déséquilibre alimentaire et à des xénoestrogènes pendant le développement précoce peuvent avoir des effets durables, augmenter le risque d’inflammation chronique de la prostate à l’âge adulte, facteur de risque du cancer de la prostate [4], [5].