S. Mitrovic , A. Boucly , M. Carmagnat , L. Savale , X. Jaïs , E. Lazaro , E. Berthoux , N. Schleinitz , M.R. Ghigna , J. Kedra , C. Roussin , X. Mariette , M. Humbert , O. Sitbon , D. Montani , B. Fautrel
{"title":"斯蒂尔病的肺动脉高压与 HLADRB1*15、巨噬细胞活化综合征和血液中嗜酸性粒细胞过多有关。","authors":"S. Mitrovic , A. Boucly , M. Carmagnat , L. Savale , X. Jaïs , E. Lazaro , E. Berthoux , N. Schleinitz , M.R. Ghigna , J. Kedra , C. Roussin , X. Mariette , M. Humbert , O. Sitbon , D. Montani , B. Fautrel","doi":"10.1016/j.rhum.2024.10.309","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La maladie de Still (MS) est une maladie auto-inflammatoire sporadique non familiale, sans base génétique connue à ce jour. Récemment, des atteintes pulmonaires graves ont été rapportées, combinant une atteinte interstitielle et des images de protéinose alvéolaire. Ces atteintes ont été associées à des antécédents de syndrome d’activation macrophagique (SAM) et à la présence d’une hyperéosinophilie et de l’allèle HLA DRB1*15. En parallèle, quelques cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ont été rapportés, sans qu’un lien ait été établi entre ces 2 types d’atteintes pulmonaires. Nous rapportons ici la plus grande série d’HTAP survenant dans le contexte de MS.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Seize patients adultes avec MS avec HTAP (groupe HTAP+) ont été identifiés par un appel à observation du réseau CRI-IMIDIATE et une recherche dans le registre du réseau français de l’HTAP. Leurs caractéristiques et l’évolution de leur pathologie ont été comparées de façon rétrospective à celles de l’ensemble des 111 patients adultes avec MS sans HTAP (groupe contrôle HTAP−) suivis dans le service de rhumatologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (CRMR CEREMAIA). Tous les patients remplissaient les critères de Yamaguchi ou de Fautrel. L’HTAP devait être confirmée par cathétérisme cardiaque droit.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les patients du groupe HTAP+ avaient un profil très différent de contrôles HTAP− (<span><span>Tableau 1</span></span>) : 100 % versus 69,4 % de femmes (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,006), 75 % de Noirs versus 57,7 % de Caucasiens (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001). Les patients HTAP+ avaient une MS plus active à la fois au diagnostic et tout au long de leur évolution avec plus de myalgies, adénopathies, hépatomégalies et/ou tests hépatiques anormaux, hépatites aiguës (transaminases<!--> <!-->><!--> <!-->10<!--> <!-->N), splénomégalies, péricardites et pleurésies. Les patients HTAP+ présentaient plus souvent un SAM (62,5 % contre 14,4 %, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001), avec dans 7/10 cas des épisodes multiples (≥<!--> <!-->2). Plus de patients dans le groupe HTAP+ ont développé une éosinophilie au cours de leur évolution (68,7 % versus 7,2 % dans le groupe HTAP−, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001). Chez les 79 patients qui ont pu être typés, la prévalence d’un allèle HLA DRB1*15 a été trouvée plus fréquemment chez les patients du groupe HTAP+ (respectivement 72,7 % versus 32,3 % des cas, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,002) (<span><span>Tableau 2</span></span>). Il n’y avait pas de différence en termes de nombre de patients ayant reçu des glucocorticoïdes, de l’anakinra ou un anti-IL-6 au cours de l’évolution. Cependant, les patients HTAP+ ont reçu plus souvent du canakinumab, du méthotrexate ou un immunosuppresseur, témoignant d’une MS sous-jacente plus active (<span><span>Tableau 2</span></span>). Les patients HTAP+ ont eu plus de réactions médicamenteuses aux inhibiteurs de l’IL-1 et/ou de l’IL-6 (37,5 % versus 7,2 % chez les patients HTAP−, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,002) ; celles-ci ont toutes été confirmées par un dermatologue et/ou un allergologue et leur nature est détaillée dans la légende du <span><span>Tableau 1</span></span>B. La mortalité était plus importante dans le groupe HTAP+ (37,5 % versus 0,9 %, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001) et tous les décès étaient en rapport avec une poussée sévère de la MS (5 poussées avec défaillance multiviscérale dans le groupe HTAP+ et une hépatite fulminante fatale dans le groupe HTAP−) (<span><span>Tableau 2</span></span>, <span><span>Fig. 1</span></span>).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>L’HTAP est différente des atteintes pulmonaires de la MS, mais elle se développe sur le même terrain. Cela renforce l’association entre l’allèle HLA DRB1*15 et les formes graves de MS, et l’intérêt de sa recherche dans les formes très actives de MS. Cette proximité soulève également la question des thérapies ciblant les cellules T associées à un blocage de l’IL-1 ou de l’IL-6 chez ces patients.</div></div>","PeriodicalId":38943,"journal":{"name":"Revue du Rhumatisme (Edition Francaise)","volume":"91 ","pages":"Pages A26-A27"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"L’hypertension artérielle pulmonaire dans la maladie de Still est associée au HLADRB1*15, au syndrome d’activation macrophagique et à l’hyperéosinophilie sanguine\",\"authors\":\"S. Mitrovic , A. Boucly , M. Carmagnat , L. Savale , X. Jaïs , E. Lazaro , E. Berthoux , N. Schleinitz , M.R. Ghigna , J. Kedra , C. Roussin , X. Mariette , M. Humbert , O. Sitbon , D. Montani , B. Fautrel\",\"doi\":\"10.1016/j.rhum.2024.10.309\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Introduction</h3><div>La maladie de Still (MS) est une maladie auto-inflammatoire sporadique non familiale, sans base génétique connue à ce jour. Récemment, des atteintes pulmonaires graves ont été rapportées, combinant une atteinte interstitielle et des images de protéinose alvéolaire. Ces atteintes ont été associées à des antécédents de syndrome d’activation macrophagique (SAM) et à la présence d’une hyperéosinophilie et de l’allèle HLA DRB1*15. En parallèle, quelques cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ont été rapportés, sans qu’un lien ait été établi entre ces 2 types d’atteintes pulmonaires. Nous rapportons ici la plus grande série d’HTAP survenant dans le contexte de MS.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Seize patients adultes avec MS avec HTAP (groupe HTAP+) ont été identifiés par un appel à observation du réseau CRI-IMIDIATE et une recherche dans le registre du réseau français de l’HTAP. Leurs caractéristiques et l’évolution de leur pathologie ont été comparées de façon rétrospective à celles de l’ensemble des 111 patients adultes avec MS sans HTAP (groupe contrôle HTAP−) suivis dans le service de rhumatologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (CRMR CEREMAIA). Tous les patients remplissaient les critères de Yamaguchi ou de Fautrel. L’HTAP devait être confirmée par cathétérisme cardiaque droit.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les patients du groupe HTAP+ avaient un profil très différent de contrôles HTAP− (<span><span>Tableau 1</span></span>) : 100 % versus 69,4 % de femmes (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,006), 75 % de Noirs versus 57,7 % de Caucasiens (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001). Les patients HTAP+ avaient une MS plus active à la fois au diagnostic et tout au long de leur évolution avec plus de myalgies, adénopathies, hépatomégalies et/ou tests hépatiques anormaux, hépatites aiguës (transaminases<!--> <!-->><!--> <!-->10<!--> <!-->N), splénomégalies, péricardites et pleurésies. Les patients HTAP+ présentaient plus souvent un SAM (62,5 % contre 14,4 %, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001), avec dans 7/10 cas des épisodes multiples (≥<!--> <!-->2). Plus de patients dans le groupe HTAP+ ont développé une éosinophilie au cours de leur évolution (68,7 % versus 7,2 % dans le groupe HTAP−, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001). Chez les 79 patients qui ont pu être typés, la prévalence d’un allèle HLA DRB1*15 a été trouvée plus fréquemment chez les patients du groupe HTAP+ (respectivement 72,7 % versus 32,3 % des cas, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,002) (<span><span>Tableau 2</span></span>). Il n’y avait pas de différence en termes de nombre de patients ayant reçu des glucocorticoïdes, de l’anakinra ou un anti-IL-6 au cours de l’évolution. Cependant, les patients HTAP+ ont reçu plus souvent du canakinumab, du méthotrexate ou un immunosuppresseur, témoignant d’une MS sous-jacente plus active (<span><span>Tableau 2</span></span>). 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Cela renforce l’association entre l’allèle HLA DRB1*15 et les formes graves de MS, et l’intérêt de sa recherche dans les formes très actives de MS. 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L’hypertension artérielle pulmonaire dans la maladie de Still est associée au HLADRB1*15, au syndrome d’activation macrophagique et à l’hyperéosinophilie sanguine
Introduction
La maladie de Still (MS) est une maladie auto-inflammatoire sporadique non familiale, sans base génétique connue à ce jour. Récemment, des atteintes pulmonaires graves ont été rapportées, combinant une atteinte interstitielle et des images de protéinose alvéolaire. Ces atteintes ont été associées à des antécédents de syndrome d’activation macrophagique (SAM) et à la présence d’une hyperéosinophilie et de l’allèle HLA DRB1*15. En parallèle, quelques cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ont été rapportés, sans qu’un lien ait été établi entre ces 2 types d’atteintes pulmonaires. Nous rapportons ici la plus grande série d’HTAP survenant dans le contexte de MS.
Patients et méthodes
Seize patients adultes avec MS avec HTAP (groupe HTAP+) ont été identifiés par un appel à observation du réseau CRI-IMIDIATE et une recherche dans le registre du réseau français de l’HTAP. Leurs caractéristiques et l’évolution de leur pathologie ont été comparées de façon rétrospective à celles de l’ensemble des 111 patients adultes avec MS sans HTAP (groupe contrôle HTAP−) suivis dans le service de rhumatologie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (CRMR CEREMAIA). Tous les patients remplissaient les critères de Yamaguchi ou de Fautrel. L’HTAP devait être confirmée par cathétérisme cardiaque droit.
Résultats
Les patients du groupe HTAP+ avaient un profil très différent de contrôles HTAP− (Tableau 1) : 100 % versus 69,4 % de femmes (p = 0,006), 75 % de Noirs versus 57,7 % de Caucasiens (p < 0,0001). Les patients HTAP+ avaient une MS plus active à la fois au diagnostic et tout au long de leur évolution avec plus de myalgies, adénopathies, hépatomégalies et/ou tests hépatiques anormaux, hépatites aiguës (transaminases > 10 N), splénomégalies, péricardites et pleurésies. Les patients HTAP+ présentaient plus souvent un SAM (62,5 % contre 14,4 %, p < 0,0001), avec dans 7/10 cas des épisodes multiples (≥ 2). Plus de patients dans le groupe HTAP+ ont développé une éosinophilie au cours de leur évolution (68,7 % versus 7,2 % dans le groupe HTAP−, p < 0,0001). Chez les 79 patients qui ont pu être typés, la prévalence d’un allèle HLA DRB1*15 a été trouvée plus fréquemment chez les patients du groupe HTAP+ (respectivement 72,7 % versus 32,3 % des cas, p = 0,002) (Tableau 2). Il n’y avait pas de différence en termes de nombre de patients ayant reçu des glucocorticoïdes, de l’anakinra ou un anti-IL-6 au cours de l’évolution. Cependant, les patients HTAP+ ont reçu plus souvent du canakinumab, du méthotrexate ou un immunosuppresseur, témoignant d’une MS sous-jacente plus active (Tableau 2). Les patients HTAP+ ont eu plus de réactions médicamenteuses aux inhibiteurs de l’IL-1 et/ou de l’IL-6 (37,5 % versus 7,2 % chez les patients HTAP−, p = 0,002) ; celles-ci ont toutes été confirmées par un dermatologue et/ou un allergologue et leur nature est détaillée dans la légende du Tableau 1B. La mortalité était plus importante dans le groupe HTAP+ (37,5 % versus 0,9 %, p < 0,0001) et tous les décès étaient en rapport avec une poussée sévère de la MS (5 poussées avec défaillance multiviscérale dans le groupe HTAP+ et une hépatite fulminante fatale dans le groupe HTAP−) (Tableau 2, Fig. 1).
Conclusion
L’HTAP est différente des atteintes pulmonaires de la MS, mais elle se développe sur le même terrain. Cela renforce l’association entre l’allèle HLA DRB1*15 et les formes graves de MS, et l’intérêt de sa recherche dans les formes très actives de MS. Cette proximité soulève également la question des thérapies ciblant les cellules T associées à un blocage de l’IL-1 ou de l’IL-6 chez ces patients.
期刊介绍:
Revue de la Société française de rhumatologie, la Revue du rhumatisme publie des articles originaux, des éditoriaux, des revues generales, des faits cliniques, des notes techniques, des lettres à la rédaction, concernant les maladies des articulations, des os et du rachis. En outre, quatre fois par an, des monographies traitent de sujets importants dans la spécialité, sous forme de mises au point de qualité