A. Boyard , C. Cosnard , C. Le Pors , C. Abasq-Thomas , M. Grandgeorge , L. Misery , S. Henry , J.M. Roué
{"title":"PRURINEO:对可能受瘙痒症影响的婴儿进行前瞻性、描述性行为研究","authors":"A. Boyard , C. Cosnard , C. Le Pors , C. Abasq-Thomas , M. Grandgeorge , L. Misery , S. Henry , J.M. Roué","doi":"10.1016/j.fander.2024.09.491","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les prérequis anatomiques et fonctionnels du prurit sont présents dès la naissance. Néanmoins, il est généralement considéré que les nourrissons de moins de 6 mois ne se grattent pas. Pour cette raison le prurit est largement sous-estimé et sous-traité dans cette population et son existence est même parfois niée. L’objectif de cette étude était d’analyser les comportements potentiellement associés au prurit chez le nourrisson de moins de 6 mois souffrant de dermatite atopique (DA).</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Il s’agissait d’une étude prospective monocentrique. Des nourrissons de moins de 6 mois ont été inclus selon deux bras: un groupe sain et un groupe atteint de DA d’intensité modérée (SCORAD 25–50) ou sévère (SCORAD<!--> <!-->><!--> <!-->50). Les nourrissons étaient enregistrés en vidéo pendant au moins 5<!--> <!-->minutes, en décubitus dorsal, dans des conditions standardisées. Les vidéos étaient analysées en aveugle a posteriori par un laboratoire spécialisé en éthologie humaine. Selon la méthode du scan-sampling, chaque mouvement du corps et chaque posture de membres étaient relevés toutes les 5 secondes. Une analyse de sous-population sans les nourrissons atteints de DA sévères était prévue a priori, afin d’identifier une différence de comportement présent dès un stade modéré de DA.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Quarante-neuf nourrissons ont été inclus dans l’étude, 21 sujets sains d’âge médian 2,6 mois et 27 sujets ayant une DA dont 19 DA modérée d’âge médian 4,3 mois et 8 DA sévères d’âge médian de 4,0 mois. Après exclusion des sujets dont la qualité vidéo ne permettait pas l’analyse éthologique et des nourrissons de moins de 2,5 mois devant l’hétérogénéité d’âge des sujets sains, 34 nourrissons âgés de 2,5 à 6 mois ont été inclus dans l’analyse principale. On observait des mouvements des mains, plus fréquents dans le groupe DA par rapport aux nourrissons sains dans la population principale (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0, 01) comme dans la sous-population de nourrissons ayant une DA modérée (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,01). L’analyse vidéo a montré, chez la moitié des nourrissons atteints de DA, la présence d’auto-contacts avec mouvements de préhension, pouvant s’identifier comme un comportement immature de grattage ou de pincement. La distribution statistique de ce comportement était plus importante dans le groupe DA (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,03). Des analyses de corrélations montraient que ce comportement de grattage était associé à un SCORAD élevé mais sans association avec l’âge. Les mouvements des mains n’étaient associés ni à l’âge, ni au SCORAD.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Cette étude révèle que les nourrissons de moins de 6 mois souffrant a priori de prurit ont plus de mouvement des mains et d’auto-contacts. L’analyse posturale n’a pas permis de préciser les postures exactes des mains, mais il pourrait s’agir de mouvements d’extension tels qu’observés chez les patients souffrant de douleurs à cet âge ou de mouvements précurseurs du grattage. Les nourrissons présentaient ce comportement précurseur du grattage en peau lésée et non lésée, alors que l’on sait que le prurit ne se limite pas aux lésions dans la DA. Cette étude suggère de rechercher de tels mouvements chez les nourrissons afin dépister tôt un prurit qui ne peut pas encore s’exprimer par le grattage.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Il s’agit de la première étude mettant en évidence certains comportements pouvant être identifiés chez les nourrissons souffrant de prurit, avant même qu’ils ne développent la capacité motrice pour se gratter.</div></div>","PeriodicalId":100088,"journal":{"name":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","volume":"4 8","pages":"Pages A70-A71"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-11-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"PRURINEO : étude prospective, descriptive, comportementale du nourrisson potentiellement atteint de prurit\",\"authors\":\"A. Boyard , C. Cosnard , C. Le Pors , C. Abasq-Thomas , M. Grandgeorge , L. Misery , S. Henry , J.M. Roué\",\"doi\":\"10.1016/j.fander.2024.09.491\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Introduction</h3><div>Les prérequis anatomiques et fonctionnels du prurit sont présents dès la naissance. Néanmoins, il est généralement considéré que les nourrissons de moins de 6 mois ne se grattent pas. Pour cette raison le prurit est largement sous-estimé et sous-traité dans cette population et son existence est même parfois niée. L’objectif de cette étude était d’analyser les comportements potentiellement associés au prurit chez le nourrisson de moins de 6 mois souffrant de dermatite atopique (DA).</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Il s’agissait d’une étude prospective monocentrique. Des nourrissons de moins de 6 mois ont été inclus selon deux bras: un groupe sain et un groupe atteint de DA d’intensité modérée (SCORAD 25–50) ou sévère (SCORAD<!--> <!-->><!--> <!-->50). Les nourrissons étaient enregistrés en vidéo pendant au moins 5<!--> <!-->minutes, en décubitus dorsal, dans des conditions standardisées. Les vidéos étaient analysées en aveugle a posteriori par un laboratoire spécialisé en éthologie humaine. Selon la méthode du scan-sampling, chaque mouvement du corps et chaque posture de membres étaient relevés toutes les 5 secondes. Une analyse de sous-population sans les nourrissons atteints de DA sévères était prévue a priori, afin d’identifier une différence de comportement présent dès un stade modéré de DA.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Quarante-neuf nourrissons ont été inclus dans l’étude, 21 sujets sains d’âge médian 2,6 mois et 27 sujets ayant une DA dont 19 DA modérée d’âge médian 4,3 mois et 8 DA sévères d’âge médian de 4,0 mois. Après exclusion des sujets dont la qualité vidéo ne permettait pas l’analyse éthologique et des nourrissons de moins de 2,5 mois devant l’hétérogénéité d’âge des sujets sains, 34 nourrissons âgés de 2,5 à 6 mois ont été inclus dans l’analyse principale. On observait des mouvements des mains, plus fréquents dans le groupe DA par rapport aux nourrissons sains dans la population principale (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0, 01) comme dans la sous-population de nourrissons ayant une DA modérée (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,01). L’analyse vidéo a montré, chez la moitié des nourrissons atteints de DA, la présence d’auto-contacts avec mouvements de préhension, pouvant s’identifier comme un comportement immature de grattage ou de pincement. La distribution statistique de ce comportement était plus importante dans le groupe DA (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,03). Des analyses de corrélations montraient que ce comportement de grattage était associé à un SCORAD élevé mais sans association avec l’âge. Les mouvements des mains n’étaient associés ni à l’âge, ni au SCORAD.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Cette étude révèle que les nourrissons de moins de 6 mois souffrant a priori de prurit ont plus de mouvement des mains et d’auto-contacts. L’analyse posturale n’a pas permis de préciser les postures exactes des mains, mais il pourrait s’agir de mouvements d’extension tels qu’observés chez les patients souffrant de douleurs à cet âge ou de mouvements précurseurs du grattage. Les nourrissons présentaient ce comportement précurseur du grattage en peau lésée et non lésée, alors que l’on sait que le prurit ne se limite pas aux lésions dans la DA. Cette étude suggère de rechercher de tels mouvements chez les nourrissons afin dépister tôt un prurit qui ne peut pas encore s’exprimer par le grattage.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Il s’agit de la première étude mettant en évidence certains comportements pouvant être identifiés chez les nourrissons souffrant de prurit, avant même qu’ils ne développent la capacité motrice pour se gratter.</div></div>\",\"PeriodicalId\":100088,\"journal\":{\"name\":\"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC\",\"volume\":\"4 8\",\"pages\":\"Pages A70-A71\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2024-11-14\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007517\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Annales de Dermatologie et de Vénéréologie - FMC","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2667062324007517","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
PRURINEO : étude prospective, descriptive, comportementale du nourrisson potentiellement atteint de prurit
Introduction
Les prérequis anatomiques et fonctionnels du prurit sont présents dès la naissance. Néanmoins, il est généralement considéré que les nourrissons de moins de 6 mois ne se grattent pas. Pour cette raison le prurit est largement sous-estimé et sous-traité dans cette population et son existence est même parfois niée. L’objectif de cette étude était d’analyser les comportements potentiellement associés au prurit chez le nourrisson de moins de 6 mois souffrant de dermatite atopique (DA).
Matériel et méthodes
Il s’agissait d’une étude prospective monocentrique. Des nourrissons de moins de 6 mois ont été inclus selon deux bras: un groupe sain et un groupe atteint de DA d’intensité modérée (SCORAD 25–50) ou sévère (SCORAD > 50). Les nourrissons étaient enregistrés en vidéo pendant au moins 5 minutes, en décubitus dorsal, dans des conditions standardisées. Les vidéos étaient analysées en aveugle a posteriori par un laboratoire spécialisé en éthologie humaine. Selon la méthode du scan-sampling, chaque mouvement du corps et chaque posture de membres étaient relevés toutes les 5 secondes. Une analyse de sous-population sans les nourrissons atteints de DA sévères était prévue a priori, afin d’identifier une différence de comportement présent dès un stade modéré de DA.
Résultats
Quarante-neuf nourrissons ont été inclus dans l’étude, 21 sujets sains d’âge médian 2,6 mois et 27 sujets ayant une DA dont 19 DA modérée d’âge médian 4,3 mois et 8 DA sévères d’âge médian de 4,0 mois. Après exclusion des sujets dont la qualité vidéo ne permettait pas l’analyse éthologique et des nourrissons de moins de 2,5 mois devant l’hétérogénéité d’âge des sujets sains, 34 nourrissons âgés de 2,5 à 6 mois ont été inclus dans l’analyse principale. On observait des mouvements des mains, plus fréquents dans le groupe DA par rapport aux nourrissons sains dans la population principale (p < 0, 01) comme dans la sous-population de nourrissons ayant une DA modérée (p = 0,01). L’analyse vidéo a montré, chez la moitié des nourrissons atteints de DA, la présence d’auto-contacts avec mouvements de préhension, pouvant s’identifier comme un comportement immature de grattage ou de pincement. La distribution statistique de ce comportement était plus importante dans le groupe DA (p = 0,03). Des analyses de corrélations montraient que ce comportement de grattage était associé à un SCORAD élevé mais sans association avec l’âge. Les mouvements des mains n’étaient associés ni à l’âge, ni au SCORAD.
Discussion
Cette étude révèle que les nourrissons de moins de 6 mois souffrant a priori de prurit ont plus de mouvement des mains et d’auto-contacts. L’analyse posturale n’a pas permis de préciser les postures exactes des mains, mais il pourrait s’agir de mouvements d’extension tels qu’observés chez les patients souffrant de douleurs à cet âge ou de mouvements précurseurs du grattage. Les nourrissons présentaient ce comportement précurseur du grattage en peau lésée et non lésée, alors que l’on sait que le prurit ne se limite pas aux lésions dans la DA. Cette étude suggère de rechercher de tels mouvements chez les nourrissons afin dépister tôt un prurit qui ne peut pas encore s’exprimer par le grattage.
Conclusion
Il s’agit de la première étude mettant en évidence certains comportements pouvant être identifiés chez les nourrissons souffrant de prurit, avant même qu’ils ne développent la capacité motrice pour se gratter.