{"title":"苯海拉明和奥索美嗪的化学依赖:一个可能的病例报告","authors":"Chloé Hubert , Paméla Dugues , Jean-Claude Alvarez , Islam Amine Larabi","doi":"10.1016/j.toxac.2024.09.011","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>La soumission chimique correspond à l’administration de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace à des fins criminelles ou délictuelles. Il s’agit encore aujourd’hui d’un problème sociétal pour lequel l’apport de la toxicologie analytique est important. Nous rapportons un cas de soumission chimique à la phéniramine et l’oxomémazine documenté par une analyse toxicologique.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Une patiente s’est présentée aux urgences 15<!--> <!-->heures 30<!--> <!-->minutes après avoir bu un verre offert en soirée par un inconnu, à la suite duquel elle a expérimenté une sensation de malaise, d’angoisse, de somnolence et des vomissements. La patiente présente également une amnésie partielle des faits présumés. Elle est fumeuse (2 à 3 cigarettes/jours), et ne rapporte aucun usage de substances psychoactives. L’examen clinique est normal et du sang et de l’urine sont prélevés pour des analyses toxicologiques. Nous avons réalisé une recherche exhaustive des molécules psychoactives impliquées dans la soumission chimique, ainsi que des hypoglycémiants et des antiépileptiques par LCMS/MS, GC/MS et HPLC/DAD. L’alcool est dosé par GC-FID et le GHB par GC-MS/MS.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>L’analyse sanguine a permis de détecter de la phéniramine à la concentration 0,15 ng/mL. L’analyse urinaire a confirmé la présence de phéniramine à la concentration de 8 ng/mL, et a révélé également la présence d’oxomémazine à une concentration inférieure à 0,1 ng/mL et d’autres médicaments non psychotropes (paracétamol et ibuprofène). Les concentrations de GHB retrouvées dans le sang et l’urine de la patiente sont inférieures à la LDQ (0,25<!--> <!-->mg/L). Il n’a pas été retrouvé d’alcool ni dans le sang ni dans l’urine de la patiente (LDD<!--> <!-->=<!--> <!-->0,06<!--> <!-->g/L). La recherche d’hypoglycémiants, et d’antiépileptiques dans les deux milieux biologiques est négative.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>La concentration très faible de GHB retrouvée dans le sang et l’urine correspond à une concentration endogène. La phéniramine et l’oxomémazine sont des antihistaminiques à usage systémique et commercialisés en vente libre respectivement pour le traitement des états grippaux et de la toux non productive. La phéniramine a une demi-vie d’élimination d’environ 1 heure à 1 heure et 30<!--> <!-->minutes (RCP, Fervex, ANSM, 2024). Il existe peu de données concernant la pharmacocinétique de l’oxomémazine, mais sa posologie d’une prise par jour laisse supposer d’une demi-vie longue. La patiente n’a pas mentionné avoir consommé ces deux molécules et leurs très faibles concentrations dans les échantillons biologiques semblent en faveur d’une prise unique. Toutefois, le délai de prélèvement, les demi-vies décrites et les médicaments non psychotropes retrouvés peuvent orienter vers une prise de phéniramine postérieure aux faits présumés et d’une prise d’oxomémazine antérieure aux faits. Ainsi dans un tel cas une analyse capillaire réalisée un mois après les faits présumés est indispensable pour confirmer une exposition unique à ces deux molécules. Bien que les enquêtes de l’ANSM aient décrit plusieurs cas de soumission chimique où la phéniramine et/ou l’oxomémazine ont été utilisées, les données de dosages en milieu biologique dans ces cas de soumissions chimiques n’ont à notre connaissance pas été publiées.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Ce cas illustre l’importance d’effectuer les prélèvements biologiques le plus précocement possible. En effet, la recherche de soumission chimique n’est possible que quelques heures dans le sang à quelques jours après les faits dans les urines. Toutefois, en pratique, les délais étant souvent allongés, l’analyse capillaire permet d’augmenter la fenêtre de détection mais également d’apporter des informations sur les antériorités de consommation des substances identifiées.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 4","pages":"Page 315"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-11-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Soumission chimique à la phéniramine et l’oxomémazine : à propos d’un possible cas\",\"authors\":\"Chloé Hubert , Paméla Dugues , Jean-Claude Alvarez , Islam Amine Larabi\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2024.09.011\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Objectif</h3><div>La soumission chimique correspond à l’administration de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace à des fins criminelles ou délictuelles. 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L’alcool est dosé par GC-FID et le GHB par GC-MS/MS.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>L’analyse sanguine a permis de détecter de la phéniramine à la concentration 0,15 ng/mL. L’analyse urinaire a confirmé la présence de phéniramine à la concentration de 8 ng/mL, et a révélé également la présence d’oxomémazine à une concentration inférieure à 0,1 ng/mL et d’autres médicaments non psychotropes (paracétamol et ibuprofène). Les concentrations de GHB retrouvées dans le sang et l’urine de la patiente sont inférieures à la LDQ (0,25<!--> <!-->mg/L). Il n’a pas été retrouvé d’alcool ni dans le sang ni dans l’urine de la patiente (LDD<!--> <!-->=<!--> <!-->0,06<!--> <!-->g/L). La recherche d’hypoglycémiants, et d’antiépileptiques dans les deux milieux biologiques est négative.</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>La concentration très faible de GHB retrouvée dans le sang et l’urine correspond à une concentration endogène. La phéniramine et l’oxomémazine sont des antihistaminiques à usage systémique et commercialisés en vente libre respectivement pour le traitement des états grippaux et de la toux non productive. La phéniramine a une demi-vie d’élimination d’environ 1 heure à 1 heure et 30<!--> <!-->minutes (RCP, Fervex, ANSM, 2024). Il existe peu de données concernant la pharmacocinétique de l’oxomémazine, mais sa posologie d’une prise par jour laisse supposer d’une demi-vie longue. La patiente n’a pas mentionné avoir consommé ces deux molécules et leurs très faibles concentrations dans les échantillons biologiques semblent en faveur d’une prise unique. Toutefois, le délai de prélèvement, les demi-vies décrites et les médicaments non psychotropes retrouvés peuvent orienter vers une prise de phéniramine postérieure aux faits présumés et d’une prise d’oxomémazine antérieure aux faits. Ainsi dans un tel cas une analyse capillaire réalisée un mois après les faits présumés est indispensable pour confirmer une exposition unique à ces deux molécules. Bien que les enquêtes de l’ANSM aient décrit plusieurs cas de soumission chimique où la phéniramine et/ou l’oxomémazine ont été utilisées, les données de dosages en milieu biologique dans ces cas de soumissions chimiques n’ont à notre connaissance pas été publiées.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Ce cas illustre l’importance d’effectuer les prélèvements biologiques le plus précocement possible. En effet, la recherche de soumission chimique n’est possible que quelques heures dans le sang à quelques jours après les faits dans les urines. 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Soumission chimique à la phéniramine et l’oxomémazine : à propos d’un possible cas
Objectif
La soumission chimique correspond à l’administration de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace à des fins criminelles ou délictuelles. Il s’agit encore aujourd’hui d’un problème sociétal pour lequel l’apport de la toxicologie analytique est important. Nous rapportons un cas de soumission chimique à la phéniramine et l’oxomémazine documenté par une analyse toxicologique.
Méthode
Une patiente s’est présentée aux urgences 15 heures 30 minutes après avoir bu un verre offert en soirée par un inconnu, à la suite duquel elle a expérimenté une sensation de malaise, d’angoisse, de somnolence et des vomissements. La patiente présente également une amnésie partielle des faits présumés. Elle est fumeuse (2 à 3 cigarettes/jours), et ne rapporte aucun usage de substances psychoactives. L’examen clinique est normal et du sang et de l’urine sont prélevés pour des analyses toxicologiques. Nous avons réalisé une recherche exhaustive des molécules psychoactives impliquées dans la soumission chimique, ainsi que des hypoglycémiants et des antiépileptiques par LCMS/MS, GC/MS et HPLC/DAD. L’alcool est dosé par GC-FID et le GHB par GC-MS/MS.
Résultats
L’analyse sanguine a permis de détecter de la phéniramine à la concentration 0,15 ng/mL. L’analyse urinaire a confirmé la présence de phéniramine à la concentration de 8 ng/mL, et a révélé également la présence d’oxomémazine à une concentration inférieure à 0,1 ng/mL et d’autres médicaments non psychotropes (paracétamol et ibuprofène). Les concentrations de GHB retrouvées dans le sang et l’urine de la patiente sont inférieures à la LDQ (0,25 mg/L). Il n’a pas été retrouvé d’alcool ni dans le sang ni dans l’urine de la patiente (LDD = 0,06 g/L). La recherche d’hypoglycémiants, et d’antiépileptiques dans les deux milieux biologiques est négative.
Discussion
La concentration très faible de GHB retrouvée dans le sang et l’urine correspond à une concentration endogène. La phéniramine et l’oxomémazine sont des antihistaminiques à usage systémique et commercialisés en vente libre respectivement pour le traitement des états grippaux et de la toux non productive. La phéniramine a une demi-vie d’élimination d’environ 1 heure à 1 heure et 30 minutes (RCP, Fervex, ANSM, 2024). Il existe peu de données concernant la pharmacocinétique de l’oxomémazine, mais sa posologie d’une prise par jour laisse supposer d’une demi-vie longue. La patiente n’a pas mentionné avoir consommé ces deux molécules et leurs très faibles concentrations dans les échantillons biologiques semblent en faveur d’une prise unique. Toutefois, le délai de prélèvement, les demi-vies décrites et les médicaments non psychotropes retrouvés peuvent orienter vers une prise de phéniramine postérieure aux faits présumés et d’une prise d’oxomémazine antérieure aux faits. Ainsi dans un tel cas une analyse capillaire réalisée un mois après les faits présumés est indispensable pour confirmer une exposition unique à ces deux molécules. Bien que les enquêtes de l’ANSM aient décrit plusieurs cas de soumission chimique où la phéniramine et/ou l’oxomémazine ont été utilisées, les données de dosages en milieu biologique dans ces cas de soumissions chimiques n’ont à notre connaissance pas été publiées.
Conclusion
Ce cas illustre l’importance d’effectuer les prélèvements biologiques le plus précocement possible. En effet, la recherche de soumission chimique n’est possible que quelques heures dans le sang à quelques jours après les faits dans les urines. Toutefois, en pratique, les délais étant souvent allongés, l’analyse capillaire permet d’augmenter la fenêtre de détection mais également d’apporter des informations sur les antériorités de consommation des substances identifiées.