{"title":"重度异丙嗪中毒:一名医护人员的病例报告","authors":"","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.055","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Présentation d’un cas grave d’intoxication professionnelle par la xylazine.</p></div><div><h3>Cas clinique</h3><p>Le centre antipoison Est a été contacté par le SAMU pour un éleveur de bovins âgé de 59<!--> <!-->ans, 80<!--> <!-->kg, traité pour une spondylarthrite ankylosante, une hypertension artérielle et une cardiopathie. En vue d’écorner lui-même ses animaux, il devait au préalable leur injecter une solution anesthésique de xylazine (20<!--> <!-->mg/mL). Il est retrouvé inconscient par son épouse dans la grange ; l’arrêt cardiaque est craint mais non objectivement documenté. En attendant les secours, un massage cardiaque est entrepris par ses proches. À l’arrivée des pompiers, le patient est en coma Glasgow 4, présente une activité cardiaque avec une bradycardie à 48 bpm (la pression artérielle initiale n’est pas documentée), une saturation en air ambiant à 98 %, et une hyperglycémie à 1,86<!--> <!-->g/L. Une trace d’effraction cutanée objectivée entre le pouce et l’index droits et la présence d’un flacon de xylazine à proximité immédiate laisse supposer une injection accidentelle du produit, ce que le patient confirmera à son réveil. Le patient est intubé sur place par l’équipe médicale du SMUR puis transporté au service d’accueil des urgences de proximité avant d’être transféré en réanimation médicale. L’étiologie d’un accident vasculaire cérébral est écartée. Le patient reste stable sur le plan hémodynamique sans recours aux amines pressives ; la prise en charge est symptomatique. À l’arrêt de la sédation, la récupération neurologique est rapide, permettant une extubation le lendemain de l’admission. Une antibiothérapie est instaurée durant 5<!--> <!-->jours pour prévenir le risque infectieux à point de départ cutané. Le patient rentre à son domicile 48<!--> <!-->heures après le début de sa prise en charge, sans séquelle.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>La xylazine est le premier α2-agoniste synthétisé, en 1962. Utilisée initialement en médecine pour ses particularités anti-hypertensives, cette molécule a très vite démontré des effets sédatifs chez les animaux, notamment chez les ruminants et se trouve utilisée depuis par les vétérinaires comme sédatif, analgésique et myorelaxant. Dans la pratique de l’écornage des bovins, la sédation de l’animal par la xylazine est généralement suivie par l’administration d’un anesthésique local (par exemple la procaïne), puis d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (par exemple le méloxicam). Le degré de l’effet analgésique diffère selon l’espèce animale. Chez l’homme, la relation dose-effet semble très variable mais un tableau clinique significatif a été observé après l’injection de 40 mg chez l’adulte. Rapidement résorbée après injection intraveineuse ou intramusculaire, la xylazine, fortement liposoluble, diffuse largement et rapidement. Le tableau clinique associe une sédation dose-dépendante, une dépression respiratoire, une hypertension passagère suivie d’hypotension et de bradycardie, une sécheresse buccale et une hyperglycémie. Des arythmies ventriculaires ont également été rapportées. En plus de l’activité α2-adrénergique, la xylazine présente des effets α1-adrénergiques et inhibe la production d’insuline et de l’hormone antidiurétique.</p><p>Le traitement est essentiellement symptomatique. Les effets cardiovasculaires peuvent être réduits ou prévenus par l’atropine, des α2-antagonistes comme la yohimbine ne sont pas des antidotes sans danger et sont généralement inutiles.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Le cas d’intoxication décrit confirme les risques de la pratique de l’écornage notamment en raison de la dangerosité des produits manipulés en présence d’un animal imprévisible et de masse corporelle très importante. Une seule piqûre accidentelle peut entraîner de graves conséquences cliniques, avec mise en jeu du pronostic vital. Face à ce constat, le Conseil de l’Europe a émis des recommandations indiquant que « l’écornage et l’ébourgeonnage des animaux de plus 4 semaines doit être réalisé sous anesthésie locale ou générale par un vétérinaire ou toute autre personne qualifiée ».</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Intoxication grave par la xylazine : à propos d’un cas professionnel\",\"authors\":\"\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2024.08.055\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Objectif</h3><p>Présentation d’un cas grave d’intoxication professionnelle par la xylazine.</p></div><div><h3>Cas clinique</h3><p>Le centre antipoison Est a été contacté par le SAMU pour un éleveur de bovins âgé de 59<!--> <!-->ans, 80<!--> <!-->kg, traité pour une spondylarthrite ankylosante, une hypertension artérielle et une cardiopathie. 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Utilisée initialement en médecine pour ses particularités anti-hypertensives, cette molécule a très vite démontré des effets sédatifs chez les animaux, notamment chez les ruminants et se trouve utilisée depuis par les vétérinaires comme sédatif, analgésique et myorelaxant. Dans la pratique de l’écornage des bovins, la sédation de l’animal par la xylazine est généralement suivie par l’administration d’un anesthésique local (par exemple la procaïne), puis d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (par exemple le méloxicam). Le degré de l’effet analgésique diffère selon l’espèce animale. Chez l’homme, la relation dose-effet semble très variable mais un tableau clinique significatif a été observé après l’injection de 40 mg chez l’adulte. Rapidement résorbée après injection intraveineuse ou intramusculaire, la xylazine, fortement liposoluble, diffuse largement et rapidement. Le tableau clinique associe une sédation dose-dépendante, une dépression respiratoire, une hypertension passagère suivie d’hypotension et de bradycardie, une sécheresse buccale et une hyperglycémie. Des arythmies ventriculaires ont également été rapportées. En plus de l’activité α2-adrénergique, la xylazine présente des effets α1-adrénergiques et inhibe la production d’insuline et de l’hormone antidiurétique.</p><p>Le traitement est essentiellement symptomatique. Les effets cardiovasculaires peuvent être réduits ou prévenus par l’atropine, des α2-antagonistes comme la yohimbine ne sont pas des antidotes sans danger et sont généralement inutiles.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Le cas d’intoxication décrit confirme les risques de la pratique de l’écornage notamment en raison de la dangerosité des produits manipulés en présence d’un animal imprévisible et de masse corporelle très importante. 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Intoxication grave par la xylazine : à propos d’un cas professionnel
Objectif
Présentation d’un cas grave d’intoxication professionnelle par la xylazine.
Cas clinique
Le centre antipoison Est a été contacté par le SAMU pour un éleveur de bovins âgé de 59 ans, 80 kg, traité pour une spondylarthrite ankylosante, une hypertension artérielle et une cardiopathie. En vue d’écorner lui-même ses animaux, il devait au préalable leur injecter une solution anesthésique de xylazine (20 mg/mL). Il est retrouvé inconscient par son épouse dans la grange ; l’arrêt cardiaque est craint mais non objectivement documenté. En attendant les secours, un massage cardiaque est entrepris par ses proches. À l’arrivée des pompiers, le patient est en coma Glasgow 4, présente une activité cardiaque avec une bradycardie à 48 bpm (la pression artérielle initiale n’est pas documentée), une saturation en air ambiant à 98 %, et une hyperglycémie à 1,86 g/L. Une trace d’effraction cutanée objectivée entre le pouce et l’index droits et la présence d’un flacon de xylazine à proximité immédiate laisse supposer une injection accidentelle du produit, ce que le patient confirmera à son réveil. Le patient est intubé sur place par l’équipe médicale du SMUR puis transporté au service d’accueil des urgences de proximité avant d’être transféré en réanimation médicale. L’étiologie d’un accident vasculaire cérébral est écartée. Le patient reste stable sur le plan hémodynamique sans recours aux amines pressives ; la prise en charge est symptomatique. À l’arrêt de la sédation, la récupération neurologique est rapide, permettant une extubation le lendemain de l’admission. Une antibiothérapie est instaurée durant 5 jours pour prévenir le risque infectieux à point de départ cutané. Le patient rentre à son domicile 48 heures après le début de sa prise en charge, sans séquelle.
Discussion
La xylazine est le premier α2-agoniste synthétisé, en 1962. Utilisée initialement en médecine pour ses particularités anti-hypertensives, cette molécule a très vite démontré des effets sédatifs chez les animaux, notamment chez les ruminants et se trouve utilisée depuis par les vétérinaires comme sédatif, analgésique et myorelaxant. Dans la pratique de l’écornage des bovins, la sédation de l’animal par la xylazine est généralement suivie par l’administration d’un anesthésique local (par exemple la procaïne), puis d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (par exemple le méloxicam). Le degré de l’effet analgésique diffère selon l’espèce animale. Chez l’homme, la relation dose-effet semble très variable mais un tableau clinique significatif a été observé après l’injection de 40 mg chez l’adulte. Rapidement résorbée après injection intraveineuse ou intramusculaire, la xylazine, fortement liposoluble, diffuse largement et rapidement. Le tableau clinique associe une sédation dose-dépendante, une dépression respiratoire, une hypertension passagère suivie d’hypotension et de bradycardie, une sécheresse buccale et une hyperglycémie. Des arythmies ventriculaires ont également été rapportées. En plus de l’activité α2-adrénergique, la xylazine présente des effets α1-adrénergiques et inhibe la production d’insuline et de l’hormone antidiurétique.
Le traitement est essentiellement symptomatique. Les effets cardiovasculaires peuvent être réduits ou prévenus par l’atropine, des α2-antagonistes comme la yohimbine ne sont pas des antidotes sans danger et sont généralement inutiles.
Conclusion
Le cas d’intoxication décrit confirme les risques de la pratique de l’écornage notamment en raison de la dangerosité des produits manipulés en présence d’un animal imprévisible et de masse corporelle très importante. Une seule piqûre accidentelle peut entraîner de graves conséquences cliniques, avec mise en jeu du pronostic vital. Face à ce constat, le Conseil de l’Europe a émis des recommandations indiquant que « l’écornage et l’ébourgeonnage des animaux de plus 4 semaines doit être réalisé sous anesthésie locale ou générale par un vétérinaire ou toute autre personne qualifiée ».