{"title":"工作场所可卡因使用筛查中遇到的问题:案例研究","authors":"S. De Capitani di Vimercate, J. Langrand","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.047","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Le dépistage de la consommation de cocaïne en milieu de travail, passe par la réalisation d’examens toxicologiques. Discriminer une exposition passive à la cocaïne, d’une consommation active, à la seule lecture de ces différents examens, est un exercice complexe où la prudence s’impose. Parmi les substances illicites, la cocaïne est probablement la substance la plus à risque de positivité chez une personne n’en consommant pas activement. D’une part, parce que c’est une substance illicite très consommée, mais aussi de par sa présentation sous forme de poudre et de son caractère adhérent. La cocaïne est une contaminant des surfaces, et objets avec lesquels elle entre en contact. Le manuportage de la cocaïne est à l’origine de sa dissémination, et notamment de la contamination externe des cheveux (particulièrement des enfants). Les échanges de liquides biologiques peuvent également être à l’origine d’expositions significatives pouvant positiver des tests de dépistage. Au travers de cas de dépistages positifs à la cocaïne rencontrés à la consultation de pathologie professionnelle et environnementale de Paris-Fernand Widal, ce travail vise à illustrer la démarche d’interprétation de ces résultats et donner des exemples concrets, pour aider à l’interprétation dans des situations similaires, dans le but d’éviter les pièges dans leur interprétation. Le dépistage en milieu de travail de la consommation de cocaïne passe par la réalisation d’examens toxicologiques. La cocaïne et retrouvée dans le sang pendant environ 8<!--> <!-->h, donc l’analyse du sang, seule, ne peut prouver qu’une récente prise et ne donne aucune information sur une consommation chronique. En revanche les métabolites de la cocaïne (methylecgonine, Benzoylecgonine, cocaethylene, EGME et norcocaine) peuvent être détectés plus longtemps dans les urines et la matrice kératinisée, ce qui en fait les échantillons d’intérêt pour les outils de détection de stupéfiants en milieu médico-légal.</p><p>Le test de screening usuel est la bandelette urinaire, qui détecte la cocaïne et ses métabolites, notamment la benzoylecgonine à un seuil de 150 ng/mL. Des analyses plus précises peuvent être réalisées par méthode immunoenzymatique ou en spectrométrie de masse. Les analyses des phanères fournissent un historique de consommation sur plusieurs mois, et la SoHT recommande alors des seuils de 500 pg/mg pour la cocaïne, associée à la présence d’au moins un métabolite.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Une étude rétrospective des cas vus en consultation à la CPPE de Fernand Widal entre le 01/01/2018 et le 01/03/2024 concernant une demande d’aide à l’interprétation des dépistages positifs de la cocaïne en milieu de travail a été réalisée.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Cinq cas ont été vus en consultation au CAP de Paris pendant la période d’étude. Pour chaque cas extrait, les données suivantes ont été analysées : le métier, les résultats des dosages de cocaïne, et la cause retenue du dépistage. Les postes concernés étaient chauffeur de bus (<em>n</em>=<!--> <!-->2), contrôleur aérien (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2) et employé au sein d’un ministère (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). Les résultats pour chacun de ces dossiers sont illustrés dans le tableau suivant (<span><span>Tableau 5</span></span>). En analysant pour chaque patient la concentration urinaire maximale et la concentration capillaire maximale ont peu donc s’orienter en faveur d’une consommation ou d’une exposition passive.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Les résultats de cette étude mettent en lumière l’importance de procédures adéquates de confirmation des résultats positifs, comme l’analyse urinaire par spectrométrie de masse et l’analyse des phanères, qui apporte une dimension chronologique. Compte-tenu des limites des dosages urinaires du fait du temps court de négativation, la question de leur pertinence en cas d’examen programmé se pose. Sans analyse capillaire associée, il est ainsi facile pour un usager de cocaïne de cesser sa consommation quelques jours auparavant, pour obtenir un dépistage négatif. Au contraire, des personnes non-consommatrices, mais contaminées indirectement peuvent être prises à tort pour des usagers de cocaïne, en cas d’interprétation excessive des résultats. Dans ces contextes, la réalisation d’analyses capillaires permet de répondre à cette double limite, de mieux dépister les usagers, et de ne pas incriminer les personnes contaminées à leur insu. En outre, les analyses capillaires permettent également un screening global, et de dépister les autres substances illicites consommées. Néanmoins, la réalisation d’analyses capillaires doit être précisément encadrée, et présente un coût non négligeable, qui peut limiter son utilisation en milieu de travail.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Cette étude montre que des résultats de dépistage urinaire positifs peuvent être dus à de nombreux facteurs (contamination). Il est indispensable de réaliser des analyses par spectrométrie de masse et par analyse capillaire en cas de doute sur la consommation de stupéfiants lors d’un test urinaire positif dans le cadre d’un dépistage professionnel à la cocaïne.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Pages S97-S98"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Problématiques rencontrées dans le dépistage de la consommation cocaïne en milieu de travail : étude de cas\",\"authors\":\"S. De Capitani di Vimercate, J. Langrand\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2024.08.047\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Objectif</h3><p>Le dépistage de la consommation de cocaïne en milieu de travail, passe par la réalisation d’examens toxicologiques. 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Au travers de cas de dépistages positifs à la cocaïne rencontrés à la consultation de pathologie professionnelle et environnementale de Paris-Fernand Widal, ce travail vise à illustrer la démarche d’interprétation de ces résultats et donner des exemples concrets, pour aider à l’interprétation dans des situations similaires, dans le but d’éviter les pièges dans leur interprétation. Le dépistage en milieu de travail de la consommation de cocaïne passe par la réalisation d’examens toxicologiques. La cocaïne et retrouvée dans le sang pendant environ 8<!--> <!-->h, donc l’analyse du sang, seule, ne peut prouver qu’une récente prise et ne donne aucune information sur une consommation chronique. En revanche les métabolites de la cocaïne (methylecgonine, Benzoylecgonine, cocaethylene, EGME et norcocaine) peuvent être détectés plus longtemps dans les urines et la matrice kératinisée, ce qui en fait les échantillons d’intérêt pour les outils de détection de stupéfiants en milieu médico-légal.</p><p>Le test de screening usuel est la bandelette urinaire, qui détecte la cocaïne et ses métabolites, notamment la benzoylecgonine à un seuil de 150 ng/mL. Des analyses plus précises peuvent être réalisées par méthode immunoenzymatique ou en spectrométrie de masse. Les analyses des phanères fournissent un historique de consommation sur plusieurs mois, et la SoHT recommande alors des seuils de 500 pg/mg pour la cocaïne, associée à la présence d’au moins un métabolite.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Une étude rétrospective des cas vus en consultation à la CPPE de Fernand Widal entre le 01/01/2018 et le 01/03/2024 concernant une demande d’aide à l’interprétation des dépistages positifs de la cocaïne en milieu de travail a été réalisée.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Cinq cas ont été vus en consultation au CAP de Paris pendant la période d’étude. Pour chaque cas extrait, les données suivantes ont été analysées : le métier, les résultats des dosages de cocaïne, et la cause retenue du dépistage. Les postes concernés étaient chauffeur de bus (<em>n</em>=<!--> <!-->2), contrôleur aérien (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2) et employé au sein d’un ministère (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). Les résultats pour chacun de ces dossiers sont illustrés dans le tableau suivant (<span><span>Tableau 5</span></span>). En analysant pour chaque patient la concentration urinaire maximale et la concentration capillaire maximale ont peu donc s’orienter en faveur d’une consommation ou d’une exposition passive.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Les résultats de cette étude mettent en lumière l’importance de procédures adéquates de confirmation des résultats positifs, comme l’analyse urinaire par spectrométrie de masse et l’analyse des phanères, qui apporte une dimension chronologique. Compte-tenu des limites des dosages urinaires du fait du temps court de négativation, la question de leur pertinence en cas d’examen programmé se pose. Sans analyse capillaire associée, il est ainsi facile pour un usager de cocaïne de cesser sa consommation quelques jours auparavant, pour obtenir un dépistage négatif. Au contraire, des personnes non-consommatrices, mais contaminées indirectement peuvent être prises à tort pour des usagers de cocaïne, en cas d’interprétation excessive des résultats. Dans ces contextes, la réalisation d’analyses capillaires permet de répondre à cette double limite, de mieux dépister les usagers, et de ne pas incriminer les personnes contaminées à leur insu. En outre, les analyses capillaires permettent également un screening global, et de dépister les autres substances illicites consommées. Néanmoins, la réalisation d’analyses capillaires doit être précisément encadrée, et présente un coût non négligeable, qui peut limiter son utilisation en milieu de travail.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Cette étude montre que des résultats de dépistage urinaire positifs peuvent être dus à de nombreux facteurs (contamination). 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Problématiques rencontrées dans le dépistage de la consommation cocaïne en milieu de travail : étude de cas
Objectif
Le dépistage de la consommation de cocaïne en milieu de travail, passe par la réalisation d’examens toxicologiques. Discriminer une exposition passive à la cocaïne, d’une consommation active, à la seule lecture de ces différents examens, est un exercice complexe où la prudence s’impose. Parmi les substances illicites, la cocaïne est probablement la substance la plus à risque de positivité chez une personne n’en consommant pas activement. D’une part, parce que c’est une substance illicite très consommée, mais aussi de par sa présentation sous forme de poudre et de son caractère adhérent. La cocaïne est une contaminant des surfaces, et objets avec lesquels elle entre en contact. Le manuportage de la cocaïne est à l’origine de sa dissémination, et notamment de la contamination externe des cheveux (particulièrement des enfants). Les échanges de liquides biologiques peuvent également être à l’origine d’expositions significatives pouvant positiver des tests de dépistage. Au travers de cas de dépistages positifs à la cocaïne rencontrés à la consultation de pathologie professionnelle et environnementale de Paris-Fernand Widal, ce travail vise à illustrer la démarche d’interprétation de ces résultats et donner des exemples concrets, pour aider à l’interprétation dans des situations similaires, dans le but d’éviter les pièges dans leur interprétation. Le dépistage en milieu de travail de la consommation de cocaïne passe par la réalisation d’examens toxicologiques. La cocaïne et retrouvée dans le sang pendant environ 8 h, donc l’analyse du sang, seule, ne peut prouver qu’une récente prise et ne donne aucune information sur une consommation chronique. En revanche les métabolites de la cocaïne (methylecgonine, Benzoylecgonine, cocaethylene, EGME et norcocaine) peuvent être détectés plus longtemps dans les urines et la matrice kératinisée, ce qui en fait les échantillons d’intérêt pour les outils de détection de stupéfiants en milieu médico-légal.
Le test de screening usuel est la bandelette urinaire, qui détecte la cocaïne et ses métabolites, notamment la benzoylecgonine à un seuil de 150 ng/mL. Des analyses plus précises peuvent être réalisées par méthode immunoenzymatique ou en spectrométrie de masse. Les analyses des phanères fournissent un historique de consommation sur plusieurs mois, et la SoHT recommande alors des seuils de 500 pg/mg pour la cocaïne, associée à la présence d’au moins un métabolite.
Méthode
Une étude rétrospective des cas vus en consultation à la CPPE de Fernand Widal entre le 01/01/2018 et le 01/03/2024 concernant une demande d’aide à l’interprétation des dépistages positifs de la cocaïne en milieu de travail a été réalisée.
Résultats
Cinq cas ont été vus en consultation au CAP de Paris pendant la période d’étude. Pour chaque cas extrait, les données suivantes ont été analysées : le métier, les résultats des dosages de cocaïne, et la cause retenue du dépistage. Les postes concernés étaient chauffeur de bus (n= 2), contrôleur aérien (n = 2) et employé au sein d’un ministère (n = 1). Les résultats pour chacun de ces dossiers sont illustrés dans le tableau suivant (Tableau 5). En analysant pour chaque patient la concentration urinaire maximale et la concentration capillaire maximale ont peu donc s’orienter en faveur d’une consommation ou d’une exposition passive.
Discussion
Les résultats de cette étude mettent en lumière l’importance de procédures adéquates de confirmation des résultats positifs, comme l’analyse urinaire par spectrométrie de masse et l’analyse des phanères, qui apporte une dimension chronologique. Compte-tenu des limites des dosages urinaires du fait du temps court de négativation, la question de leur pertinence en cas d’examen programmé se pose. Sans analyse capillaire associée, il est ainsi facile pour un usager de cocaïne de cesser sa consommation quelques jours auparavant, pour obtenir un dépistage négatif. Au contraire, des personnes non-consommatrices, mais contaminées indirectement peuvent être prises à tort pour des usagers de cocaïne, en cas d’interprétation excessive des résultats. Dans ces contextes, la réalisation d’analyses capillaires permet de répondre à cette double limite, de mieux dépister les usagers, et de ne pas incriminer les personnes contaminées à leur insu. En outre, les analyses capillaires permettent également un screening global, et de dépister les autres substances illicites consommées. Néanmoins, la réalisation d’analyses capillaires doit être précisément encadrée, et présente un coût non négligeable, qui peut limiter son utilisation en milieu de travail.
Conclusion
Cette étude montre que des résultats de dépistage urinaire positifs peuvent être dus à de nombreux facteurs (contamination). Il est indispensable de réaliser des analyses par spectrométrie de masse et par analyse capillaire en cas de doute sur la consommation de stupéfiants lors d’un test urinaire positif dans le cadre d’un dépistage professionnel à la cocaïne.