Étude électroencéphalographique des capacités de régulation du traitement sensoriel dans la modalité tactile chez le nouveau-né prématuré : un marqueur néonatal pertinent du risque neurodéveloppemental ?

Introduction, objectifs

La prématurité accroît les risques de Troubles Neurodéveloppementaux (TND) ultérieurs, mais l’identification de marqueurs de vulnérabilité manque pour comprendre leur émergence et restreint le dépistage et les interventions précoces. Étudier la régulation du traitement sensoriel semble prometteur : un des processus clé du développement cognitif est la prédiction sensorielle (PS) qui régule le traitement sensoriel via la suppression par répétition (SR) lors de stimuli non-pertinents ou l’amplification des réponses lors de stimuli pertinents. Or, les TND sont associés à des déficits sensoriels, notamment tactiles. Des capacités de PS et de SR altérées pourraient constituer des mécanismes précoces des déficits cognitifs observés dans les troubles autistiques et de l’attention. La présente étude examine la PS et la SR de nouveau-nés prématurés dans la modalité tactile et l’impact du degré de prématurité–et ainsi du risque de TND–sur celles-ci.

Matériel et méthodes

À l’âge gestationnel (AG) corrigé de 35 semaines, nous avons mesuré en potentiels évoqués EEG l’activité cérébrale de 61 nouveau-nés prématurés nés entre 26 et 34 semaines d’AG lors d’un paradigme oddball-omission tactile (290 vibrations de 200 ms simulant une caresse sur l’avant-bras). Les 40 premiers et derniers stimuli étaient identiques (standards) et utilisés pour évaluer la SR. Entre ceux-ci, des stimuli organisés en blocs contigus (contenant 5 stimuli standards, 1 déviant (sens de vibration inversé) et une omission, dans un ordre pseudo-aléatoire) étaient présentés.

Résultats

Le degré de prématurité est significativement corrélé aux mesures de prédiction somatosensorielle : la diminution de l’AG à la naissance est associée à une plus grande SR dans le cortex somatosensoriel (r = 0,47, p < 0,001). De plus, l’amplification des réponses aux stimuli déviants (r = −0,61, p < 0,001) ou suivant une post-Omission (r = −0,55, p < 0,001) s’accroît avec l’augmentation de l’AG à la naissance.

Conclusion

L’AG à la naissance, associée à une augmentation de l’expérience sensorielle extra-utérine en USIN, a un impact important sur les mesures de prédiction somatosensorielle. Un suivi à 2 ans est en cours dans cette cohorte afin d’évaluer l’association de ces mesures et de leur neurodéveloppement ultérieur.