R. Devaux , C. Tan , P. Carlier , M. Pottier , A. Dozier , K. Hembert , S. Mainil , L. Real
{"title":"青霉素过敏:临床药剂师的作用是什么?","authors":"R. Devaux , C. Tan , P. Carlier , M. Pottier , A. Dozier , K. Hembert , S. Mainil , L. Real","doi":"10.1016/j.phacli.2024.04.032","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Contexte</h3><p>Une allergie aux pénicillines (AP) est souvent retrouvée dans les antécédents des patients lors de l’analyse pharmaceutique. Elle est pourtant parfois non avérée, entraînant l’utilisation d’antibiotiques (ATB) de 2<sup>e</sup> ligne de plus large spectre, moins bien tolérés ou moins efficaces. Le bon usage des ATB faisant partie des missions du pharmacien clinicien, il a donc un rôle à jouer dans la réévaluation de l’étiquette d’AP.</p></div><div><h3>Objectifs</h3><p>Réévaluer via l’historique médicamenteux la notion d’AP mentionnée dans le dossier patient informatisé (DPI) afin de statuer si une intervention pharmaceutique aurait pu permettre l’utilisation de bêta-lactamines (BL).</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Une étude rétrospective, monocentrique, observationnelle d’une durée de 3 mois a été effectuée au sein de la pharmacie à usage intérieur. Le DPI a été utilisé pour extraire les prescriptions d’ATB fréquemment prescrits en cas d’AP. Une analyse pharmaceutique du DPI recherchait des informations concernant la réaction allergique survenue (ancienneté, sévérité clinique) ainsi que la réintroduction éventuelle d’ATB.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 289 dossiers ont été extraits du dossier patient informatisé. Seuls 56 dossiers mentionnant une AP ont été retenus. Les ATB utilisés étaient : Fluoroquinolones (53,6 %), pristinamycine (16,1 %), clindamycine (14,3 %), daptomycine (7,1 %), aztréonam (7,1 %), linézolide (1,8 %).</p><p>L’anaphylaxie déclarée était sévère dans 28,6 % de ces dossiers, non sévère dans 25 %, ou non caractérisée dans 46,4 %. Sa survenue datait de moins de 10<!--> <!-->ans dans 39,3 % des cas, de plus de 10<!--> <!-->ans (14,3 %) ou d’ancienneté inconnue (46,4 %).</p><p>L’AP et donc l’utilisation d’ATB de 2<sup>e</sup> ligne était justifiée pour 30,4 % des patients (avis spécialisé, manifestations sévères, échec de réintroduction). Pour 30,4 % il était impossible de conclure quant à la possibilité du recours aux BL.</p><p>Pour 22 cas (39,2 %), un recours aux BL aurait pu être proposé malgré le statut d’AP :</p><p>– 2 cas (9,1 %) présentaient uniquement une intolérance (diarrhée) ;</p><p>– 11 cas (50 %) retrouvaient un faux antécédent (réintroduction de la BL incriminée sans réaction) ;</p><p>– 9 cas (40,9 %) ont bénéficié d’autres BL (céphalosporines notamment) sans réaction.</p></div><div><h3>Discussion - Conclusion</h3><p>Cette étude démontre l’un des rôles possibles du pharmacien clinicien en infectiologie : à partir d’une analyse médicamenteuse ciblée (historique médicamenteux, conciliation médicamenteuse, exposition d’autres ATB, réactions croisées, etc), il pourrait permettre de délabelliser des patients catalogués à tort AP, et ainsi de lutter contre les conséquences néfastes de cette étiquette (utilisation de molécule plus toxique ou à risque écologique).</p><p>D’autres sources (médecin traitant, pharmacie de ville, interrogatoire patient, etc.) pourraient compléter ce dispositif dans le cadre d’une seconde étude, prospective, de plus grande envergure (interrogatoire patient par le pharmacien, recours aux acteurs de ville, entourage du patient, tests rapides allergologiques).</p></div>","PeriodicalId":100870,"journal":{"name":"Le Pharmacien Clinicien","volume":"59 2","pages":"Page e35"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Allergie aux pénicillines : quels rôles pour le pharmacien clinicien ?\",\"authors\":\"R. 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Le bon usage des ATB faisant partie des missions du pharmacien clinicien, il a donc un rôle à jouer dans la réévaluation de l’étiquette d’AP.</p></div><div><h3>Objectifs</h3><p>Réévaluer via l’historique médicamenteux la notion d’AP mentionnée dans le dossier patient informatisé (DPI) afin de statuer si une intervention pharmaceutique aurait pu permettre l’utilisation de bêta-lactamines (BL).</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Une étude rétrospective, monocentrique, observationnelle d’une durée de 3 mois a été effectuée au sein de la pharmacie à usage intérieur. Le DPI a été utilisé pour extraire les prescriptions d’ATB fréquemment prescrits en cas d’AP. Une analyse pharmaceutique du DPI recherchait des informations concernant la réaction allergique survenue (ancienneté, sévérité clinique) ainsi que la réintroduction éventuelle d’ATB.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 289 dossiers ont été extraits du dossier patient informatisé. Seuls 56 dossiers mentionnant une AP ont été retenus. Les ATB utilisés étaient : Fluoroquinolones (53,6 %), pristinamycine (16,1 %), clindamycine (14,3 %), daptomycine (7,1 %), aztréonam (7,1 %), linézolide (1,8 %).</p><p>L’anaphylaxie déclarée était sévère dans 28,6 % de ces dossiers, non sévère dans 25 %, ou non caractérisée dans 46,4 %. Sa survenue datait de moins de 10<!--> <!-->ans dans 39,3 % des cas, de plus de 10<!--> <!-->ans (14,3 %) ou d’ancienneté inconnue (46,4 %).</p><p>L’AP et donc l’utilisation d’ATB de 2<sup>e</sup> ligne était justifiée pour 30,4 % des patients (avis spécialisé, manifestations sévères, échec de réintroduction). 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Allergie aux pénicillines : quels rôles pour le pharmacien clinicien ?
Contexte
Une allergie aux pénicillines (AP) est souvent retrouvée dans les antécédents des patients lors de l’analyse pharmaceutique. Elle est pourtant parfois non avérée, entraînant l’utilisation d’antibiotiques (ATB) de 2e ligne de plus large spectre, moins bien tolérés ou moins efficaces. Le bon usage des ATB faisant partie des missions du pharmacien clinicien, il a donc un rôle à jouer dans la réévaluation de l’étiquette d’AP.
Objectifs
Réévaluer via l’historique médicamenteux la notion d’AP mentionnée dans le dossier patient informatisé (DPI) afin de statuer si une intervention pharmaceutique aurait pu permettre l’utilisation de bêta-lactamines (BL).
Méthode
Une étude rétrospective, monocentrique, observationnelle d’une durée de 3 mois a été effectuée au sein de la pharmacie à usage intérieur. Le DPI a été utilisé pour extraire les prescriptions d’ATB fréquemment prescrits en cas d’AP. Une analyse pharmaceutique du DPI recherchait des informations concernant la réaction allergique survenue (ancienneté, sévérité clinique) ainsi que la réintroduction éventuelle d’ATB.
Résultats
Au total, 289 dossiers ont été extraits du dossier patient informatisé. Seuls 56 dossiers mentionnant une AP ont été retenus. Les ATB utilisés étaient : Fluoroquinolones (53,6 %), pristinamycine (16,1 %), clindamycine (14,3 %), daptomycine (7,1 %), aztréonam (7,1 %), linézolide (1,8 %).
L’anaphylaxie déclarée était sévère dans 28,6 % de ces dossiers, non sévère dans 25 %, ou non caractérisée dans 46,4 %. Sa survenue datait de moins de 10 ans dans 39,3 % des cas, de plus de 10 ans (14,3 %) ou d’ancienneté inconnue (46,4 %).
L’AP et donc l’utilisation d’ATB de 2e ligne était justifiée pour 30,4 % des patients (avis spécialisé, manifestations sévères, échec de réintroduction). Pour 30,4 % il était impossible de conclure quant à la possibilité du recours aux BL.
Pour 22 cas (39,2 %), un recours aux BL aurait pu être proposé malgré le statut d’AP :
– 2 cas (9,1 %) présentaient uniquement une intolérance (diarrhée) ;
– 11 cas (50 %) retrouvaient un faux antécédent (réintroduction de la BL incriminée sans réaction) ;
– 9 cas (40,9 %) ont bénéficié d’autres BL (céphalosporines notamment) sans réaction.
Discussion - Conclusion
Cette étude démontre l’un des rôles possibles du pharmacien clinicien en infectiologie : à partir d’une analyse médicamenteuse ciblée (historique médicamenteux, conciliation médicamenteuse, exposition d’autres ATB, réactions croisées, etc), il pourrait permettre de délabelliser des patients catalogués à tort AP, et ainsi de lutter contre les conséquences néfastes de cette étiquette (utilisation de molécule plus toxique ou à risque écologique).
D’autres sources (médecin traitant, pharmacie de ville, interrogatoire patient, etc.) pourraient compléter ce dispositif dans le cadre d’une seconde étude, prospective, de plus grande envergure (interrogatoire patient par le pharmacien, recours aux acteurs de ville, entourage du patient, tests rapides allergologiques).