Olivier Roussel , Elizabeth Wasbrough , Ruben Goncalves , Salomé Riess , Marjorie Chèze , Vincent Cirimele
{"title":"贴近发梢","authors":"Olivier Roussel , Elizabeth Wasbrough , Ruben Goncalves , Salomé Riess , Marjorie Chèze , Vincent Cirimele","doi":"10.1016/j.toxac.2024.03.069","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><p>Dans un contexte de maltraitance infantile, les prélèvements capillaires d’un couple de parents sont analysés afin de déterminer leurs éventuelles consommations de stupéfiants et de médicaments. Chacun des deux individus étant traité par des psychotropes différents, les résultats offrent l’opportunité d’explorer l’éventuelle contamination capillaire croisée.</p><p>Souvent envisagée dans nos expertises, la contamination capillaire des adultes est peu documentée. Quelle concentration en résulterait ? À quelles concentrations, pourrions-nous ou non l’évoquer ? Nous proposons humblement de documenter cette problématique du cas présent.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Les échantillons consistent en quatre mèches de cheveux, deux par donneur. Les prélèvements du premier donneur mesurent 4<!--> <!-->cm et sont blonds, ceux du second donneur plus de 20<!--> <!-->cm et sont bruns. Par souci d’homogénéité de traitement et en raison de la petitesse des prélèvements du premier donneur, tous les échantillons ont été segmentés en deux, respectivement en section de 2 et 3<!--> <!-->cm après décontamination. Pour chaque donneur, les deux segments et les bains de lavages ont été traités et analysés selon nos méthodes de recherche et dosage (i) de stupéfiants et médicaments et (ii) de cannabinoïdes dans les cheveux par LC-MS/MS.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Pour le premier donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–2<!--> <!-->cm, segment 2–4<!--> <!-->cm et bains, ont été mis en évidence :</p><p>– Le THC-COOH à 7,1<!--> <!-->pg/mg ; 7,2<!--> <!-->pg/mg et non détecté,</p><p>– La sertraline ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg ; ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg et 10<!--> <!-->pg/mg,</p><p>– La mirtazapine à 6<!--> <!-->pg/mg ; 11<!--> <!-->pg/mg et non détecté.</p><p>Pour le second donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–3<!--> <!-->cm, segment 3–6<!--> <!-->cm et bains, ont été mis en évidence :</p><p>– Le THC non détecté ; <<!--> <!-->50<!--> <!-->pg/mg et non détecté,Pour le second donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–3<!--> <!-->cm, segment 3–6<!--> <!-->cm et bains, ont été mis en évidence :</p><p>– Le THC-COOH à 2,5<!--> <!-->pg/mg ; 2,9<!--> <!-->pg/mg et non détecté,</p><p>– La sertraline <<!--> <!-->2<!--> <!-->pg/mg ; 3<!--> <!-->pg/mg et non détecté,</p><p>– La mirtazapine ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg ; ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg et 11<!--> <!-->pg/mg.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Ces résultats suggèrent (i) un usage occasionnel de cannabis par chacun des donneurs, (ii) l’usage répété de sertraline par le premier et (iii) l’usage répété de mirtazapine par le second, au décours des périodes couvertes par leurssegments capillaires analysés. Les faibles concentrations en antidépresseurs mesurées chez chacun évoquent, en miroir, (iv) une exposition occasionnelle du premier donneur au traitement du second et (v) inversement une exposition occasionnelle du second au traitement du premier.miroir, (iv) une exposition occasionnelle du premier donneur au traitement du second et (v) inversement une exposition.</p><p>Si nous ne pouvons pas exclure totalement l’ingestion involontaire de médicament, la double ingestion involontaire, croisée et réitérée par deux adultes est peu probable. L’hypothèse d’une contamination croisée des cheveux se profile alors.</p><p>La contamination des cheveux d’enfants, plus fins et plus poreux, est décrite dans la littérature scientifique (Kintz P. et al. Forensic Sci Int 2010;196:51-54). Elle est mise à profit pour confirmer la présence de substances stupéfiantes, médicamenteuses ou autres dans leur environnement.</p><p>La contamination des cheveux d’adultes est moins documentée. Ces derniers seraient moins sensibles à la contamination externe tant que leur cuticule n’a pas été endommagée par un traitement cosmétique. Mais, à la différence du second donneur, le premier n’a pas appliqué de traitement cosmétique sur ses cheveux et pourtant tous deux présentent des traces suggérant une contamination.</p><p>Les gradients de concentration observés entre les sections proximale et distale évoqueraient une contamination répétée ; plus la section est ancienne, plus elle est contaminée. Ce type de profil de distribution est fréquemment observé chez les enfants exposés. Dans notre cas, comme souvent, la ou les voie(s) de contamination (directement par la sueur ; indirectement par un objet souillé comme du linge de maison) ne peu(ven)t être précisée(s).</p><p>Notre cas illustre la contamination capillaire probable entre deux adultes intimes. Il documente des profils de distribution similaires à ceux observés chez les enfants exposés et des concentrations équivalentes à des prises uniques ou des concentrations résiduelles.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 2","pages":"Pages S46-S47"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-05-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Intimes jusqu’au bout des cheveux\",\"authors\":\"Olivier Roussel , Elizabeth Wasbrough , Ruben Goncalves , Salomé Riess , Marjorie Chèze , Vincent Cirimele\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2024.03.069\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><h3>Objectifs</h3><p>Dans un contexte de maltraitance infantile, les prélèvements capillaires d’un couple de parents sont analysés afin de déterminer leurs éventuelles consommations de stupéfiants et de médicaments. Chacun des deux individus étant traité par des psychotropes différents, les résultats offrent l’opportunité d’explorer l’éventuelle contamination capillaire croisée.</p><p>Souvent envisagée dans nos expertises, la contamination capillaire des adultes est peu documentée. Quelle concentration en résulterait ? À quelles concentrations, pourrions-nous ou non l’évoquer ? Nous proposons humblement de documenter cette problématique du cas présent.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Les échantillons consistent en quatre mèches de cheveux, deux par donneur. Les prélèvements du premier donneur mesurent 4<!--> <!-->cm et sont blonds, ceux du second donneur plus de 20<!--> <!-->cm et sont bruns. Par souci d’homogénéité de traitement et en raison de la petitesse des prélèvements du premier donneur, tous les échantillons ont été segmentés en deux, respectivement en section de 2 et 3<!--> <!-->cm après décontamination. Pour chaque donneur, les deux segments et les bains de lavages ont été traités et analysés selon nos méthodes de recherche et dosage (i) de stupéfiants et médicaments et (ii) de cannabinoïdes dans les cheveux par LC-MS/MS.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Pour le premier donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–2<!--> <!-->cm, segment 2–4<!--> <!-->cm et bains, ont été mis en évidence :</p><p>– Le THC-COOH à 7,1<!--> <!-->pg/mg ; 7,2<!--> <!-->pg/mg et non détecté,</p><p>– La sertraline ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg ; ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg et 10<!--> <!-->pg/mg,</p><p>– La mirtazapine à 6<!--> <!-->pg/mg ; 11<!--> <!-->pg/mg et non détecté.</p><p>Pour le second donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–3<!--> <!-->cm, segment 3–6<!--> <!-->cm et bains, ont été mis en évidence :</p><p>– Le THC non détecté ; <<!--> <!-->50<!--> <!-->pg/mg et non détecté,Pour le second donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–3<!--> <!-->cm, segment 3–6<!--> <!-->cm et bains, ont été mis en évidence :</p><p>– Le THC-COOH à 2,5<!--> <!-->pg/mg ; 2,9<!--> <!-->pg/mg et non détecté,</p><p>– La sertraline <<!--> <!-->2<!--> <!-->pg/mg ; 3<!--> <!-->pg/mg et non détecté,</p><p>– La mirtazapine ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg ; ><!--> <!-->200<!--> <!-->pg/mg et 11<!--> <!-->pg/mg.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Ces résultats suggèrent (i) un usage occasionnel de cannabis par chacun des donneurs, (ii) l’usage répété de sertraline par le premier et (iii) l’usage répété de mirtazapine par le second, au décours des périodes couvertes par leurssegments capillaires analysés. Les faibles concentrations en antidépresseurs mesurées chez chacun évoquent, en miroir, (iv) une exposition occasionnelle du premier donneur au traitement du second et (v) inversement une exposition occasionnelle du second au traitement du premier.miroir, (iv) une exposition occasionnelle du premier donneur au traitement du second et (v) inversement une exposition.</p><p>Si nous ne pouvons pas exclure totalement l’ingestion involontaire de médicament, la double ingestion involontaire, croisée et réitérée par deux adultes est peu probable. L’hypothèse d’une contamination croisée des cheveux se profile alors.</p><p>La contamination des cheveux d’enfants, plus fins et plus poreux, est décrite dans la littérature scientifique (Kintz P. et al. Forensic Sci Int 2010;196:51-54). Elle est mise à profit pour confirmer la présence de substances stupéfiantes, médicamenteuses ou autres dans leur environnement.</p><p>La contamination des cheveux d’adultes est moins documentée. Ces derniers seraient moins sensibles à la contamination externe tant que leur cuticule n’a pas été endommagée par un traitement cosmétique. Mais, à la différence du second donneur, le premier n’a pas appliqué de traitement cosmétique sur ses cheveux et pourtant tous deux présentent des traces suggérant une contamination.</p><p>Les gradients de concentration observés entre les sections proximale et distale évoqueraient une contamination répétée ; plus la section est ancienne, plus elle est contaminée. Ce type de profil de distribution est fréquemment observé chez les enfants exposés. Dans notre cas, comme souvent, la ou les voie(s) de contamination (directement par la sueur ; indirectement par un objet souillé comme du linge de maison) ne peu(ven)t être précisée(s).</p><p>Notre cas illustre la contamination capillaire probable entre deux adultes intimes. 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Dans un contexte de maltraitance infantile, les prélèvements capillaires d’un couple de parents sont analysés afin de déterminer leurs éventuelles consommations de stupéfiants et de médicaments. Chacun des deux individus étant traité par des psychotropes différents, les résultats offrent l’opportunité d’explorer l’éventuelle contamination capillaire croisée.
Souvent envisagée dans nos expertises, la contamination capillaire des adultes est peu documentée. Quelle concentration en résulterait ? À quelles concentrations, pourrions-nous ou non l’évoquer ? Nous proposons humblement de documenter cette problématique du cas présent.
Méthode
Les échantillons consistent en quatre mèches de cheveux, deux par donneur. Les prélèvements du premier donneur mesurent 4 cm et sont blonds, ceux du second donneur plus de 20 cm et sont bruns. Par souci d’homogénéité de traitement et en raison de la petitesse des prélèvements du premier donneur, tous les échantillons ont été segmentés en deux, respectivement en section de 2 et 3 cm après décontamination. Pour chaque donneur, les deux segments et les bains de lavages ont été traités et analysés selon nos méthodes de recherche et dosage (i) de stupéfiants et médicaments et (ii) de cannabinoïdes dans les cheveux par LC-MS/MS.
Résultats
Pour le premier donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–2 cm, segment 2–4 cm et bains, ont été mis en évidence :
– Le THC-COOH à 7,1 pg/mg ; 7,2 pg/mg et non détecté,
– La sertraline > 200 pg/mg ; > 200 pg/mg et 10 pg/mg,
– La mirtazapine à 6 pg/mg ; 11 pg/mg et non détecté.
Pour le second donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–3 cm, segment 3–6 cm et bains, ont été mis en évidence :
– Le THC non détecté ; < 50 pg/mg et non détecté,Pour le second donneur et selon l’ordre suivant : segment 0–3 cm, segment 3–6 cm et bains, ont été mis en évidence :
– Le THC-COOH à 2,5 pg/mg ; 2,9 pg/mg et non détecté,
– La sertraline < 2 pg/mg ; 3 pg/mg et non détecté,
– La mirtazapine > 200 pg/mg ; > 200 pg/mg et 11 pg/mg.
Conclusion
Ces résultats suggèrent (i) un usage occasionnel de cannabis par chacun des donneurs, (ii) l’usage répété de sertraline par le premier et (iii) l’usage répété de mirtazapine par le second, au décours des périodes couvertes par leurssegments capillaires analysés. Les faibles concentrations en antidépresseurs mesurées chez chacun évoquent, en miroir, (iv) une exposition occasionnelle du premier donneur au traitement du second et (v) inversement une exposition occasionnelle du second au traitement du premier.miroir, (iv) une exposition occasionnelle du premier donneur au traitement du second et (v) inversement une exposition.
Si nous ne pouvons pas exclure totalement l’ingestion involontaire de médicament, la double ingestion involontaire, croisée et réitérée par deux adultes est peu probable. L’hypothèse d’une contamination croisée des cheveux se profile alors.
La contamination des cheveux d’enfants, plus fins et plus poreux, est décrite dans la littérature scientifique (Kintz P. et al. Forensic Sci Int 2010;196:51-54). Elle est mise à profit pour confirmer la présence de substances stupéfiantes, médicamenteuses ou autres dans leur environnement.
La contamination des cheveux d’adultes est moins documentée. Ces derniers seraient moins sensibles à la contamination externe tant que leur cuticule n’a pas été endommagée par un traitement cosmétique. Mais, à la différence du second donneur, le premier n’a pas appliqué de traitement cosmétique sur ses cheveux et pourtant tous deux présentent des traces suggérant une contamination.
Les gradients de concentration observés entre les sections proximale et distale évoqueraient une contamination répétée ; plus la section est ancienne, plus elle est contaminée. Ce type de profil de distribution est fréquemment observé chez les enfants exposés. Dans notre cas, comme souvent, la ou les voie(s) de contamination (directement par la sueur ; indirectement par un objet souillé comme du linge de maison) ne peu(ven)t être précisée(s).
Notre cas illustre la contamination capillaire probable entre deux adultes intimes. Il documente des profils de distribution similaires à ceux observés chez les enfants exposés et des concentrations équivalentes à des prises uniques ou des concentrations résiduelles.