{"title":"伊亚德人逃往 \"罗马人之地\":早期伊斯兰教跨境移民理论","authors":"Simon Pierre","doi":"10.1163/15700585-202416895","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Résumé Cet article procède à l’analyse des sources narratives traitant d’un phénomène unique dans les débuts de l’islam, le passage d’une partie du groupe arabophone des Iyād au service des Romains. Les auteurs d’époque abbasside (132/750-333/945) situent les transfuges dans le contexte des conquêtes <jats:italic>(futūḥ)</jats:italic> arabo-musulmanes du Moyen-Orient romain et sassanide (v. 10/632-20/642). En mettant en évidence les contradictions, incohérences et anachronismes de ces versions, notamment leur propension à traiter en réalité plus de la migration de l’Irak vers la Syrie du Nord, nous proposons un scénario alternatif : les Iyād s’installèrent progressivement dans le nord du district militaire (<jats:italic>ǧund</jats:italic>) de Homs, du Nord de la Syrie-Mésopotamie ex-romaine. Compte tenu du contexte des migrations, ralliements et transfuges au cours de la période omeyyade (40/661-132/750) ainsi que des fréquents déplacements de la frontière dans la zone des confins (<jats:italic>ṯuġūr</jats:italic>), nous suggérons que les Iyād, comme beaucoup d’ethnies chassées et enrôlées dans la région par les deux empires, passèrent peut-être à plusieurs reprises du service des Byzantins à celui des Omeyyades. Finalement, la rigidification des frontières géographiques, politiques et confessionnelles transforma de tels déplacements opportunistes ou forcés, bien qu’encore attestés, en apostasies contre-nature. Or ce contexte prévalut à la rédaction des sources narratives sur leur fuite primordiale au « pays des Romains ».","PeriodicalId":8163,"journal":{"name":"Arabica","volume":"53 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2024-04-08","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"La fuite des Iyād au « Pays des Romains » : une théorie de migration transfrontalière aux débuts de l’Islam\",\"authors\":\"Simon Pierre\",\"doi\":\"10.1163/15700585-202416895\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Résumé Cet article procède à l’analyse des sources narratives traitant d’un phénomène unique dans les débuts de l’islam, le passage d’une partie du groupe arabophone des Iyād au service des Romains. Les auteurs d’époque abbasside (132/750-333/945) situent les transfuges dans le contexte des conquêtes <jats:italic>(futūḥ)</jats:italic> arabo-musulmanes du Moyen-Orient romain et sassanide (v. 10/632-20/642). En mettant en évidence les contradictions, incohérences et anachronismes de ces versions, notamment leur propension à traiter en réalité plus de la migration de l’Irak vers la Syrie du Nord, nous proposons un scénario alternatif : les Iyād s’installèrent progressivement dans le nord du district militaire (<jats:italic>ǧund</jats:italic>) de Homs, du Nord de la Syrie-Mésopotamie ex-romaine. Compte tenu du contexte des migrations, ralliements et transfuges au cours de la période omeyyade (40/661-132/750) ainsi que des fréquents déplacements de la frontière dans la zone des confins (<jats:italic>ṯuġūr</jats:italic>), nous suggérons que les Iyād, comme beaucoup d’ethnies chassées et enrôlées dans la région par les deux empires, passèrent peut-être à plusieurs reprises du service des Byzantins à celui des Omeyyades. Finalement, la rigidification des frontières géographiques, politiques et confessionnelles transforma de tels déplacements opportunistes ou forcés, bien qu’encore attestés, en apostasies contre-nature. Or ce contexte prévalut à la rédaction des sources narratives sur leur fuite primordiale au « pays des Romains ».\",\"PeriodicalId\":8163,\"journal\":{\"name\":\"Arabica\",\"volume\":\"53 1\",\"pages\":\"\"},\"PeriodicalIF\":0.2000,\"publicationDate\":\"2024-04-08\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Arabica\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.1163/15700585-202416895\",\"RegionNum\":4,\"RegionCategory\":\"哲学\",\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"Q2\",\"JCRName\":\"HISTORY\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Arabica","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1163/15700585-202416895","RegionNum":4,"RegionCategory":"哲学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q2","JCRName":"HISTORY","Score":null,"Total":0}
La fuite des Iyād au « Pays des Romains » : une théorie de migration transfrontalière aux débuts de l’Islam
Résumé Cet article procède à l’analyse des sources narratives traitant d’un phénomène unique dans les débuts de l’islam, le passage d’une partie du groupe arabophone des Iyād au service des Romains. Les auteurs d’époque abbasside (132/750-333/945) situent les transfuges dans le contexte des conquêtes (futūḥ) arabo-musulmanes du Moyen-Orient romain et sassanide (v. 10/632-20/642). En mettant en évidence les contradictions, incohérences et anachronismes de ces versions, notamment leur propension à traiter en réalité plus de la migration de l’Irak vers la Syrie du Nord, nous proposons un scénario alternatif : les Iyād s’installèrent progressivement dans le nord du district militaire (ǧund) de Homs, du Nord de la Syrie-Mésopotamie ex-romaine. Compte tenu du contexte des migrations, ralliements et transfuges au cours de la période omeyyade (40/661-132/750) ainsi que des fréquents déplacements de la frontière dans la zone des confins (ṯuġūr), nous suggérons que les Iyād, comme beaucoup d’ethnies chassées et enrôlées dans la région par les deux empires, passèrent peut-être à plusieurs reprises du service des Byzantins à celui des Omeyyades. Finalement, la rigidification des frontières géographiques, politiques et confessionnelles transforma de tels déplacements opportunistes ou forcés, bien qu’encore attestés, en apostasies contre-nature. Or ce contexte prévalut à la rédaction des sources narratives sur leur fuite primordiale au « pays des Romains ».