Étude descriptive, prospective, multicentrique, sur le harcèlement scolaire chez les collégiens porteurs d’une allergie alimentaire

Introduction (contexte de la recherche)

L’allergie alimentaire semble en constante augmentation avec une prévalence évaluée à 5–7 % en 2021 en France ; celle du harcèlement scolaire est à 18 % (source PISA 2018). Les maladies chroniques sont un facteur de risque de harcèlement, mais il y a peu de données sur le cas particulier des allergies alimentaires.

Objectif

Cette étude a pour but d’évaluer la fréquence du harcèlement scolaire chez les patients allergiques alimentaires au sein d’une population de collégiens d’Ile de France.

Méthodes

Il s’agit d’une étude descriptive, de janvier à juillet 2023, auprès de collégiens suivis pour une allergie alimentaire au sein de 5 centres hospitaliers d’allergologie de l’Île de France. Les enfants répondaient à un questionnaire portant sur leurs allergies ainsi qu’au questionnaire révisé rBVQ d’Olweus évaluant le harcèlement scolaire.

Résultats

Soixante-huit collégiens allergiques ont répondu parmi lesquels 39,7 % ont rapporté un harcèlement scolaire. Vingt-neuf virgule 6 pourcent ont estimé que ce harcèlement était en lien avec leur allergie et 5,88 % ont signalé avoir été forcés à manipuler leur allergène. Cooke et al retrouvaient ce risque dans 12 % des cas. Les allergènes majoritaires étaient l’arachide ou les fruits à coque avec des antécédents de réactions souvent sévères (42 %). Ils fréquentaient dans 70 % des cas la cantine avec une trousse d’urgence contenant de l’adrénaline. L’asthme, la dermatite atopique, l’intensité de la réaction allergique ou le fait de fréquenter la cantine scolaire ne sont pas corrélés à une augmentation de fréquence de harcèlement.

Conclusions

Notre étude sur des collégiens d’Île de France montre qu’elle est également corrélée à un risque accru de harcèlement, majorant le fardeau psychologique de la maladie. La particularité de ce harcèlement est qu’il implique parfois, un risque d’exposition à l’allergène et donc de réaction sévère. Cette étude, bien qu’elle nécessite d’être reproduite à grande échelle, montre la nécessité d’une évaluation systématique du harcèlement scolaire dont peuvent être sujets nos patients allergiques et d’une prise en charge spécifique et multidisciplinaire.