Stanislas Durrande (Lieutenant-colonel, Adjoint au bureau planification opérationnelle)
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Ces constats ont chacun leur corollaire : le nombre, la fréquence et la durée des séquences engendrent une mobilisation sans précédent des forces de l’ordre mais aussi la nécessaire prise en charge de victimes aux blessures graves. La radicalisation met les dispositifs sous tension en raison d’une médiatisation continue et d’images de nature à remettre en question l’autorité publique. Dans ces conditions, tous les services de l’État sont non seulement mis sous tension par la « professionnalisation » des fauteurs de trouble mais deviennent aussi des cibles de ces groupuscules, l’utilisation des réseaux sociaux leur conférant une réactivité et une efficacité jusque-là, inconnue.</p><p>C’est là tout l’enjeu des secours : être en mesure de répondre à ces situations diverses qui ont en commun un niveau potentiel de violence élevé, tout en assurant la sécurité du public mais également des intervenants.</p><p>La BSPP dispose pour cela de plans et de guides d’action. Toutefois, devant les évolutions constantes des typologies et des enjeux, les secours doivent évoluer eux aussi… sans pour autant renier leurs fondamentaux : le point clé consiste à se raccrocher à des modes opératoires connus tant au niveau opératif (c’est-à-dire de l’état-major avec adaptation et proportionnalité de la réponse, délestage, constitution d’une réserve, logistique de l’avant, principe de juste suffisance, une coordination inter-services renforcée notamment par l’emploi massif des officiers de liaison) qu’au niveau tactique (extraction, ramassage, tri, petite noria, grande noria, etc.).</p><p>En conclusion, les grands principes (vision macro) sont plus efficaces qu’une vision trop micro bloquée sur une tactique figée. En outre, le travail en inter-services est désormais incontournable pour permettre au personnel d’opérer en sécurité. Il suppose de nouvelles exigences en termes de partage de l’information et des ressources (ex : plan de visioprotection pour Paris – PVPP) ainsi qu’une coordination très étroite.</p></div>","PeriodicalId":100904,"journal":{"name":"Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives","volume":"7 4","pages":"Pages 279-280"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Les modalités d’intervention des secours lors des troubles urbains\",\"authors\":\"Stanislas Durrande (Lieutenant-colonel, Adjoint au bureau planification opérationnelle)\",\"doi\":\"10.1016/j.pxur.2023.10.007\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><p>Ces deux dernières décennies ont démontré que les troubles urbains peuvent revêtir les formes les plus diverses : des émeutes de 2005 aux violences urbaines de la finale de la <em>Champions League</em> opposant le Real Madrid et Liverpool au Stade de France en passant par les manifestations des gilets jaunes, les anti-bassines de Sainte-Soline ou les manifestations revendicatives pour les retraites. 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Dans ces conditions, tous les services de l’État sont non seulement mis sous tension par la « professionnalisation » des fauteurs de trouble mais deviennent aussi des cibles de ces groupuscules, l’utilisation des réseaux sociaux leur conférant une réactivité et une efficacité jusque-là, inconnue.</p><p>C’est là tout l’enjeu des secours : être en mesure de répondre à ces situations diverses qui ont en commun un niveau potentiel de violence élevé, tout en assurant la sécurité du public mais également des intervenants.</p><p>La BSPP dispose pour cela de plans et de guides d’action. 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Les modalités d’intervention des secours lors des troubles urbains
Ces deux dernières décennies ont démontré que les troubles urbains peuvent revêtir les formes les plus diverses : des émeutes de 2005 aux violences urbaines de la finale de la Champions League opposant le Real Madrid et Liverpool au Stade de France en passant par les manifestations des gilets jaunes, les anti-bassines de Sainte-Soline ou les manifestations revendicatives pour les retraites. Programmés ou inopinés, mobiles ou délimités, courts ou inscrivant le rapport de force dans la durée, les troubles urbains sont bien pluriels.
On remarque d’emblée trois choses : la succession rapide des épisodes de troubles urbains d’une part, la radicalisation des violences d’autre part et enfin un niveau de préparation de plus en plus élevé des groupuscules ultra. Ces constats ont chacun leur corollaire : le nombre, la fréquence et la durée des séquences engendrent une mobilisation sans précédent des forces de l’ordre mais aussi la nécessaire prise en charge de victimes aux blessures graves. La radicalisation met les dispositifs sous tension en raison d’une médiatisation continue et d’images de nature à remettre en question l’autorité publique. Dans ces conditions, tous les services de l’État sont non seulement mis sous tension par la « professionnalisation » des fauteurs de trouble mais deviennent aussi des cibles de ces groupuscules, l’utilisation des réseaux sociaux leur conférant une réactivité et une efficacité jusque-là, inconnue.
C’est là tout l’enjeu des secours : être en mesure de répondre à ces situations diverses qui ont en commun un niveau potentiel de violence élevé, tout en assurant la sécurité du public mais également des intervenants.
La BSPP dispose pour cela de plans et de guides d’action. Toutefois, devant les évolutions constantes des typologies et des enjeux, les secours doivent évoluer eux aussi… sans pour autant renier leurs fondamentaux : le point clé consiste à se raccrocher à des modes opératoires connus tant au niveau opératif (c’est-à-dire de l’état-major avec adaptation et proportionnalité de la réponse, délestage, constitution d’une réserve, logistique de l’avant, principe de juste suffisance, une coordination inter-services renforcée notamment par l’emploi massif des officiers de liaison) qu’au niveau tactique (extraction, ramassage, tri, petite noria, grande noria, etc.).
En conclusion, les grands principes (vision macro) sont plus efficaces qu’une vision trop micro bloquée sur une tactique figée. En outre, le travail en inter-services est désormais incontournable pour permettre au personnel d’opérer en sécurité. Il suppose de nouvelles exigences en termes de partage de l’information et des ressources (ex : plan de visioprotection pour Paris – PVPP) ainsi qu’une coordination très étroite.