{"title":"2023 年 2 月土耳其地震期间为 INSARAG HUSAR FRA-11 分遣队提供医疗服务","authors":"Laure Hoffman Puyfaucher (Médecin commandante)","doi":"10.1016/j.pxur.2023.10.012","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>L’<em>International Search and Rescue Advisory Group</em> (INSARAG) est un réseau humanitaire intergouvernemental opérant sous l’égide des Nations Unies. Il contribue à la stratégie internationale de renforcement de l’efficacité et de coordination des opérations de recherche et de sauvetage en milieu urbain lors de catastrophes.Lundi 6 février 2023, deux séismes de magnitude 7,8 et 7,5 sur l’échelle de Richter frappent la Turquie dans la province de Gaziantep. Le lendemain, le détachement <em>Urban Search and Rescue</em> (USAR) FRA-11 est déployé à proximité de l’épicentre à Kahramanmaraş. Composé de 64 personnels et de six chiens des SDIS franciliens et de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), le détachement en mode <em>Heavy</em> <em>Urban Search and Rescue</em> (HUSAR) est autonome en alimentation, eau, hébergement, soutien médical et logistique avec 17,5 tonnes de matériel. Il peut intervenir sur plusieurs sites éloignés pendant 10<!--> <!-->jours, 24<!--> <!-->h/24.</p><p>L’INSARAG impose la présence de deux médecins et quatre infirmiers expérimentés en médecine de catastrophe, formés à la réalisation d’amputation et aux soins vétérinaires en urgences (<span>Figure 1</span>). L’équipe comprenait un vétérinaire dont la présence est facultative. Leur mission est d’assurer le soutien sanitaire du détachement et la prise en charge des victimes ensevelies. Ils peuvent monter une salle de déchoquage et gérer une urgence absolue en situation d’isolement jusqu’au rapatriement d’un personnel de l’USAR blessé. Les <em>nurses</em> font parties des <em>Team Rescue</em> pour la prise en charge sur protocoles infirmiers de soins d’urgence (PISU zonaux) des victimes en relation avec le médecin de la <em>Base of Opération</em> (BoO) qui peut se déplacer pour aider aux soins : polytraumatisés, <em>crush syndrome</em>, déshydratations, hypothermie, amputation, etc. Le second médecin accompagne l’équipe d’<em>Assessment Search and Rescue</em> (ASR) sur les secteurs à reconnaître.</p><p>Au cours des 10<!--> <!-->jours de mission, 16 secteurs seront reconnus et seuls 18 <em>worksites</em> ciblés après reconnaissance par les <em>dog handlers</em>, bénéficieront du travail des <em>Rescue Team</em>. Seules deux victimes vivantes seront extraites avec les secours locaux et 26 victimes décédées seront localisées. Le type de décombres a causé de multiples plaies chez les chiens avec parfois recours à une antibiothérapie et une mise au repos forcée. Coté hommes, deux personnels USAR ont été blessés (une plaie de main et un <em>mallet finger</em>). L’équipe a également pris en charge des entorses de cheville liées aux terrains instables et des soins ophtalmiques liés à la présence de poussières malgré le port des équipements de protection individuelle (EPI). Les températures, jusqu’à –10<!--> <!-->°C, ont engendré des engelures et gelures de niveau 1. Le détachement n’a pas pris en charge d’urgences dans la population locale du fait de son évacuation. Mais suite à un accident à proximité de notre BoO nous avons pris en charge un turc victime d’une chute de 2<!--> <!-->m laissé aux secours locaux pour transport hospitalier après stabilisation des lésions et antalgie.</p><p>La collaboration, la formation et les manœuvres d’entraînement ont permis le bon déroulement de la mission. Le travail sur les <em>worksites</em> a été rendu difficile et dangereux par les nombreuses répliques atteignant jusqu’à 5 de magnitude sur l’échelle de Richter. Le détachement est resté en bonne santé malgré des blessures légères et aucun rapatriement n’a été à déplorer. L’expertise des logisticiens a permis de maintenir de bonnes conditions de vie sur le camp limitant les pathologies liées au froid. L’équipe cynotechnique a été très sollicitée avec de nombreuses blessures canines démontrant la présence indispensable d’un vétérinaire. L’impact psychologique de ce type de mission rend nécessaire la mise en place d’un sas de décompression de fin de mission puis d’un soutien et suivi psychologique post-mission (<span>Figure 1</span>).</p></div>","PeriodicalId":100904,"journal":{"name":"Médecine de Catastrophe - Urgences Collectives","volume":"7 4","pages":"Pages 275-276"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Médicalisation du détachement INSARAG HUSAR FRA-11 lors du séisme en Turquie en février 2023\",\"authors\":\"Laure Hoffman Puyfaucher (Médecin commandante)\",\"doi\":\"10.1016/j.pxur.2023.10.012\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><p>L’<em>International Search and Rescue Advisory Group</em> (INSARAG) est un réseau humanitaire intergouvernemental opérant sous l’égide des Nations Unies. 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Les <em>nurses</em> font parties des <em>Team Rescue</em> pour la prise en charge sur protocoles infirmiers de soins d’urgence (PISU zonaux) des victimes en relation avec le médecin de la <em>Base of Opération</em> (BoO) qui peut se déplacer pour aider aux soins : polytraumatisés, <em>crush syndrome</em>, déshydratations, hypothermie, amputation, etc. Le second médecin accompagne l’équipe d’<em>Assessment Search and Rescue</em> (ASR) sur les secteurs à reconnaître.</p><p>Au cours des 10<!--> <!-->jours de mission, 16 secteurs seront reconnus et seuls 18 <em>worksites</em> ciblés après reconnaissance par les <em>dog handlers</em>, bénéficieront du travail des <em>Rescue Team</em>. Seules deux victimes vivantes seront extraites avec les secours locaux et 26 victimes décédées seront localisées. Le type de décombres a causé de multiples plaies chez les chiens avec parfois recours à une antibiothérapie et une mise au repos forcée. Coté hommes, deux personnels USAR ont été blessés (une plaie de main et un <em>mallet finger</em>). L’équipe a également pris en charge des entorses de cheville liées aux terrains instables et des soins ophtalmiques liés à la présence de poussières malgré le port des équipements de protection individuelle (EPI). Les températures, jusqu’à –10<!--> <!-->°C, ont engendré des engelures et gelures de niveau 1. Le détachement n’a pas pris en charge d’urgences dans la population locale du fait de son évacuation. Mais suite à un accident à proximité de notre BoO nous avons pris en charge un turc victime d’une chute de 2<!--> <!-->m laissé aux secours locaux pour transport hospitalier après stabilisation des lésions et antalgie.</p><p>La collaboration, la formation et les manœuvres d’entraînement ont permis le bon déroulement de la mission. 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Médicalisation du détachement INSARAG HUSAR FRA-11 lors du séisme en Turquie en février 2023
L’International Search and Rescue Advisory Group (INSARAG) est un réseau humanitaire intergouvernemental opérant sous l’égide des Nations Unies. Il contribue à la stratégie internationale de renforcement de l’efficacité et de coordination des opérations de recherche et de sauvetage en milieu urbain lors de catastrophes.Lundi 6 février 2023, deux séismes de magnitude 7,8 et 7,5 sur l’échelle de Richter frappent la Turquie dans la province de Gaziantep. Le lendemain, le détachement Urban Search and Rescue (USAR) FRA-11 est déployé à proximité de l’épicentre à Kahramanmaraş. Composé de 64 personnels et de six chiens des SDIS franciliens et de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), le détachement en mode HeavyUrban Search and Rescue (HUSAR) est autonome en alimentation, eau, hébergement, soutien médical et logistique avec 17,5 tonnes de matériel. Il peut intervenir sur plusieurs sites éloignés pendant 10 jours, 24 h/24.
L’INSARAG impose la présence de deux médecins et quatre infirmiers expérimentés en médecine de catastrophe, formés à la réalisation d’amputation et aux soins vétérinaires en urgences (Figure 1). L’équipe comprenait un vétérinaire dont la présence est facultative. Leur mission est d’assurer le soutien sanitaire du détachement et la prise en charge des victimes ensevelies. Ils peuvent monter une salle de déchoquage et gérer une urgence absolue en situation d’isolement jusqu’au rapatriement d’un personnel de l’USAR blessé. Les nurses font parties des Team Rescue pour la prise en charge sur protocoles infirmiers de soins d’urgence (PISU zonaux) des victimes en relation avec le médecin de la Base of Opération (BoO) qui peut se déplacer pour aider aux soins : polytraumatisés, crush syndrome, déshydratations, hypothermie, amputation, etc. Le second médecin accompagne l’équipe d’Assessment Search and Rescue (ASR) sur les secteurs à reconnaître.
Au cours des 10 jours de mission, 16 secteurs seront reconnus et seuls 18 worksites ciblés après reconnaissance par les dog handlers, bénéficieront du travail des Rescue Team. Seules deux victimes vivantes seront extraites avec les secours locaux et 26 victimes décédées seront localisées. Le type de décombres a causé de multiples plaies chez les chiens avec parfois recours à une antibiothérapie et une mise au repos forcée. Coté hommes, deux personnels USAR ont été blessés (une plaie de main et un mallet finger). L’équipe a également pris en charge des entorses de cheville liées aux terrains instables et des soins ophtalmiques liés à la présence de poussières malgré le port des équipements de protection individuelle (EPI). Les températures, jusqu’à –10 °C, ont engendré des engelures et gelures de niveau 1. Le détachement n’a pas pris en charge d’urgences dans la population locale du fait de son évacuation. Mais suite à un accident à proximité de notre BoO nous avons pris en charge un turc victime d’une chute de 2 m laissé aux secours locaux pour transport hospitalier après stabilisation des lésions et antalgie.
La collaboration, la formation et les manœuvres d’entraînement ont permis le bon déroulement de la mission. Le travail sur les worksites a été rendu difficile et dangereux par les nombreuses répliques atteignant jusqu’à 5 de magnitude sur l’échelle de Richter. Le détachement est resté en bonne santé malgré des blessures légères et aucun rapatriement n’a été à déplorer. L’expertise des logisticiens a permis de maintenir de bonnes conditions de vie sur le camp limitant les pathologies liées au froid. L’équipe cynotechnique a été très sollicitée avec de nombreuses blessures canines démontrant la présence indispensable d’un vétérinaire. L’impact psychologique de ce type de mission rend nécessaire la mise en place d’un sas de décompression de fin de mission puis d’un soutien et suivi psychologique post-mission (Figure 1).