Sinusite fongique allergique et sinusite à mucine éosinophilique : critères diagnostiques différentiels. Une étude comparative bicentrique selon la méthodologie STROBE

Objectifs

La sinusite fongique allergique (SFA) et la sinusite à mucine éosinophilique (SME) sont deux formes de sinusite chronique qui se distinguent par la présence (SFA) ou l’absence (SME) d’éléments fongiques au sein des rétentions sinusiennes. Cependant, la détection de l’agent fongique est complexe et il est difficile d’affirmer que la SME est bien une entité à part, distincte de la SFA. Les objectifs de cette étude étaient, à partir d’une série rétrospective de SFA et SME, de tenter d’identifier des éléments spécifiques qui permettraient de distinguer ces deux entités sur le plan clinique et radiologique.

Matériels et méthodes

Étude bicentrique rétrospective observationnelle selon la méthodologie STROBE incluant les patients pris en charge pour une SFA ou une SME entre 2009 et 2022. Les données cliniques, mycologiques, anatomopathologiques et radiologiques étaient recueillies. Le type de traitement et l’évolution étaient également analysés. La comparaison entre les deux groupes était effectuée par des tests de Student pour l’analyse des moyennes des variables quantitatives avec calcul de la valeur de p (p) et le test de Chi² de Pearson ou test exact de Fisher pour les variables nominales avec calcul des risques relatifs (RR) et des intervalles de confiance à 95 %.

Résultats

Au total, 41 patients étaient inclus dans le groupe SFA et 34 patients dans le groupe SME. Les données démographiques étaient similaires entre les deux groupes. Le groupe SME se distinguait par un terrain asthmatique plus fréquent (79,4 % vs 31,4 % p < 0,001), une symptomatologie rhinologique plus sévère (rhinorrhée, p = 0,01, obstruction nasale, p = 0,001), une atteinte plus souvent bilatérale (85,3 % vs 58,5 %, p = 0,021). Les patients atteints de SFA présentaient plus souvent des complications (19 % vs 0 %, p = 0,006). Radiologiquement, l’accumulation de mucine était plus abondante dans la SFA que dans la SME, avec une mucine comblant l’ensemble du sinus dans 84,2 vs 26,3 % des cas (p < 0,001) et une érosion des parois sinusiennes dans 19 % vs 5,8 % des cas (p = 0,073). Le taux de récidive était plus important dans le groupe SME que dans le groupe SFA (38,2 % vs 21,9 % p = 0,087).

Conclusion

Les données de cette étude rétrospective indiquent qu’il semble exister une différence dans la présentation clinique et radiologique des SFA et des SME, avec dans la SME un tableau plus proche de celui d’une polypose nasosinusienne sévère.