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{"title":"没有上帝的人的苦难:Michel Houellebecq和信仰问题,Caroline Julliot和Agathe Novak-Lechevalier编辑(评论)","authors":"Éric Touya de Marenne","doi":"10.1353/tfr.2023.a911378","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Reviewed by: Misère de l’homme sans Dieu: Michel Houellebecq et la question de la foi éd. par Caroline Julliot et Agathe Novak-Lechevalier Éric Touya de Marenne Julliot, Caroline et Agathe Novak-Lechevalier, éd. Misère de l’homme sans Dieu: Michel Houellebecq et la question de la foi. Flammarion, 2022. ISBN 978-2-08027-317-8. Pp. 384. L’ouvrage collectif auquel participent plusieurs spécialistes de Michel Houellebecq s’efforce de sonder l’horizon religieux de l’auteur de Soumission. Face à la “misère de l’homme sans Dieu”, la religion et la littérature apparaissent comme deux espaces de résistance face à la perte de sens qui afflige le monde contemporain. La littérature est à cet égard la “seule transcendance qui nous reste” (17). Les auteurs explorent également comment Houellebecq s’inspire d’Auguste Comte. Ainsi qu’il l’affirme dans Les particules élémentaires, “aucune société n’est viable sans l’axe fédérateur d’une religion quelconque” (12). D’un point de vue politique, la religion constitue le dernier rempart contre le libéralisme. Elle est seule capable de “fournir un sens, une voie à la réconciliation de l’individu avec son semblable dans une communauté que l’on pourrait qualifier d’humaine” (13). L’ouvrage est constitué de deux parties. La première est intitulée “Religions de Michel Houellebecq”. La nouvelle religion que prône Houellebecq est fondée selon Jérôme Grévy sur l’amour et l’harmonie des corps. Son rôle est de sortir les hommes de leur individualisme désabusé. La recherche du salut chez Houellebecq est cependant “mise en œuvre sans enthousiasme et illusion, voire avec pessimisme” (44). Mathilde Hug analyse comment les romans de Houellebecq s’inspirent de l’arrière-plan théologique et philosophique de la pensée de Schopenhauer et du darwinisme social, particulièrement dans La possibilité d’une île, et Christos Grodanis explore chez Houellebecq “l’incapacité de l’individualisme à remplacer le Christianisme et conférer du sens à la vie” (78). Pour Olivier-Thomas Venard, Houellebecq conserve cependant “une nostalgie de chrétienté” (99), alors que Peter Frei met en lumière la dimension fictionnelle de toute religion dans l’œuvre de Houellebecq. Dans la deuxième partie intitulée “Le moment Soumission”, Bruno Viard soutient que le roman lance un défi à une République en pleine décadence: “N’y-a-t-il vraiment que le recours à l’Islam qui puisse rétablir un peu de chaleur humaine dans nos familles et dans notre société?” (197). Sylvie Triaire interroge la possibilité de lire Soumission “comme un récit de refondation d’une société en déclin” (211), Caroline Julliot analyse la dimension politique du roman et Bertrand Bourgeois souligne la dimension ironique d’une conversion religieuse qu’il voit plutôt comme une “insoumission” (275). L’entretien entre Michel Houellebecq et Agathe Novak-Lechevalier qui figure à la fin du livre nous éclaire davantage sur le sens et la place que l’écrivain donne à la religion dans son œuvre et dans le monde contemporain. L’auteur affirme tout d’abord que si les religions sont redevenues une force historique majeure, ce qui permet selon lui “de juger de la valeur d’une religion, c’est la qualité de la morale qu’elle permet de fonder” (363). S’il affirme être un écrivain du nihilisme et d’une époque nihiliste, il maintient que “tout bonheur est d’essence religieuse”: “La religion donne sens au monde, et à votre place dans le monde” (365). 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Misère de l’homme sans Dieu: Michel Houellebecq et la question de la foi éd. par Caroline Julliot et Agathe Novak-Lechevalier (review)
Reviewed by: Misère de l’homme sans Dieu: Michel Houellebecq et la question de la foi éd. par Caroline Julliot et Agathe Novak-Lechevalier Éric Touya de Marenne Julliot, Caroline et Agathe Novak-Lechevalier, éd. Misère de l’homme sans Dieu: Michel Houellebecq et la question de la foi. Flammarion, 2022. ISBN 978-2-08027-317-8. Pp. 384. L’ouvrage collectif auquel participent plusieurs spécialistes de Michel Houellebecq s’efforce de sonder l’horizon religieux de l’auteur de Soumission. Face à la “misère de l’homme sans Dieu”, la religion et la littérature apparaissent comme deux espaces de résistance face à la perte de sens qui afflige le monde contemporain. La littérature est à cet égard la “seule transcendance qui nous reste” (17). Les auteurs explorent également comment Houellebecq s’inspire d’Auguste Comte. Ainsi qu’il l’affirme dans Les particules élémentaires, “aucune société n’est viable sans l’axe fédérateur d’une religion quelconque” (12). D’un point de vue politique, la religion constitue le dernier rempart contre le libéralisme. Elle est seule capable de “fournir un sens, une voie à la réconciliation de l’individu avec son semblable dans une communauté que l’on pourrait qualifier d’humaine” (13). L’ouvrage est constitué de deux parties. La première est intitulée “Religions de Michel Houellebecq”. La nouvelle religion que prône Houellebecq est fondée selon Jérôme Grévy sur l’amour et l’harmonie des corps. Son rôle est de sortir les hommes de leur individualisme désabusé. La recherche du salut chez Houellebecq est cependant “mise en œuvre sans enthousiasme et illusion, voire avec pessimisme” (44). Mathilde Hug analyse comment les romans de Houellebecq s’inspirent de l’arrière-plan théologique et philosophique de la pensée de Schopenhauer et du darwinisme social, particulièrement dans La possibilité d’une île, et Christos Grodanis explore chez Houellebecq “l’incapacité de l’individualisme à remplacer le Christianisme et conférer du sens à la vie” (78). Pour Olivier-Thomas Venard, Houellebecq conserve cependant “une nostalgie de chrétienté” (99), alors que Peter Frei met en lumière la dimension fictionnelle de toute religion dans l’œuvre de Houellebecq. Dans la deuxième partie intitulée “Le moment Soumission”, Bruno Viard soutient que le roman lance un défi à une République en pleine décadence: “N’y-a-t-il vraiment que le recours à l’Islam qui puisse rétablir un peu de chaleur humaine dans nos familles et dans notre société?” (197). Sylvie Triaire interroge la possibilité de lire Soumission “comme un récit de refondation d’une société en déclin” (211), Caroline Julliot analyse la dimension politique du roman et Bertrand Bourgeois souligne la dimension ironique d’une conversion religieuse qu’il voit plutôt comme une “insoumission” (275). L’entretien entre Michel Houellebecq et Agathe Novak-Lechevalier qui figure à la fin du livre nous éclaire davantage sur le sens et la place que l’écrivain donne à la religion dans son œuvre et dans le monde contemporain. L’auteur affirme tout d’abord que si les religions sont redevenues une force historique majeure, ce qui permet selon lui “de juger de la valeur d’une religion, c’est la qualité de la morale qu’elle permet de fonder” (363). S’il affirme être un écrivain du nihilisme et d’une époque nihiliste, il maintient que “tout bonheur est d’essence religieuse”: “La religion donne sens au monde, et à votre place dans le monde” (365). [End Page 265] Éric Touya de Marenne Clemson University (SC) Éric Copyright © 2023 American Association of Teachers of French