对我们说话的方式进行分类,对人进行分类

IF 0.1 4区 文学 0 LITERATURE, ROMANCE
Laurence Arrighi
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Son propos est argumenté, exemplifié, appuyé par les apports d’une sociolinguistique qui “consiste à manifester une vigilance envers les termes que nous utilisons communément pour désigner les groupes de locuteur·rice·s, en soulignant tant leur imprécision théorique que les effets politiques associés à leur usage” (14). Tout l’objectif de son ouvrage est là. En partie 1, Morvan montre que la notion de langue n’a aucune pertinence. Puisque les critères habituels utilisés pour la définir (intercompréhension, communauté linguistique) ne fonctionnent pas, il est plus fructueux d’identifier les présupposés que cette notion véhicule plutôt que de chercher d’autres critères définitoires (chapitre 1). Il montre ensuite que bien que la sociolinguistique se soit ingéniée à définir des facteurs qui font varier nos pratiques linguistiques (chapitre 2) et les formes que peuvent prendre les mélanges et influences langagières (chapitre 3), plusieurs notions (voir ci-dessous) élaborées dans cette perspective “ne résolvent pas vraiment les problèmes de la notion de “langue”, puisqu’elles en reproduisent la logique” (20). C’est l’opération de classification elle-même qui est à questionner: peu pertinentes scientifiquement, ce qui vient d’être montré, les classifications sur base langagière ont des répercussions sociales. Ainsi en partie 2, l’auteur revient sur ce travail des sociolinguistes qui ont cherché les facteurs de variation et des dénominations plus fluides (chapitre 4), ainsi que sur leur volonté de rendre compte du contact linguistique (chapitre 5). Finalement ces “nouvelles” notions (qu’elles soient usuelles comme dialecte, argot ou plus techniques comme langue Ausbau, langue Abstand) ne règlent rien puisqu’elles ne font finalement que déplacer ou rétrécir l’échelle d’application, en plus d’être souvent très mal comprises (ainsi celle de créole). C’est, on l’a compris, la démarche même de vouloir classer des pratiques langagières par nature complexes, évolutives, évanescentes, dans des catégories figées et bien délimitées qui est à interroger. La troisième et dernière partie de l’ouvrage envisage les apories de la classification (chapitre 6) et les conséquences politiques de l’usage des catégories linguistiques qui entrainent une catégorisation sociale sur base langagière (chapitre 7). Si l’ouvrage ne présente rien de nouveau (ce que dit l’auteur dès la première phrase du livre) pour les sociolinguistes rompus aux approches critiques, Malo Morvan a fait un effort d’accessibilité louable. Très rigoureux, l’auteur évite de caricaturer les positions adverses comme [End Page 264] il évite les raccourcis. Le défaut du livre (s’il en faut un) tient de quelques répétitions. Toutefois, quand l’on sait la valeur pédagogique de ces dernières, on peut avancer que l’ouvrage qui vise les étudiants et étudiantes mais aussi des personnes curieuses issues d’un public plus large, pourrait atteindre sa cible. 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摘要

评论:分类我们说话的方式,分类人马洛·莫文劳伦斯·阿里吉·莫文,马洛。分类我们说话的方式,分类人。联合,到2022年。en 979-10-95630-52-4。280多页。分类就是分类,分配一个地方。特别是在语言实践中,这些行为源于等级、包容和排斥的逻辑。有些人说一种语言,有些人说方言,方言,巴拉古因语。有些人说得不好,有些人说得好,这些社会判断被内化和归化了,包括那些受害者。马洛·莫文打算帮助解构它。他的观点得到了社会语言学贡献的论证、例证和支持,社会语言学“包括对我们通常用来指定说话者群体的术语保持警惕,强调它们在理论上的不准确性以及与它们的使用相关的政治影响”(14)。这就是他工作的全部目的。在第一部分中,Morvan指出语言的概念是无关紧要的。由于通常用于定义它的标准(相互理解、语言社区)不起作用,更成功找出假设的是这个概念车而不是寻求其他的准则(第1章)。他接着表明,虽然社会语言学》正在想方设法定义语言的因素会对我们的做法(第2章)以及可能采取的形式和语言影响的混合物(第三章),从这个角度阐述的几个概念(见下文)“并不能真正解决语言概念的问题,因为它们复制了语言的逻辑”(20)。需要质疑的是分类操作本身:正如刚才所显示的那样,基于语言的分类在科学上没有什么意义,但它会产生社会影响。以及在第2部分中,作者就回来工作的语言学试图更名称的变动因素和流体(第四章),以及他们对语言接触的意愿反映(第5章)。最终这些“新概念”(不论是等常用方言、俚语或以上技术作为一门Ausbau Abstand)语言没解决,因为终于不做移动应用或缩小规模,除了经常被误解(克里奥尔语也是如此)。正如我们所理解的,我们需要质疑的是,试图将本质上复杂的、进化的、转瞬即逝的语言实践分类为固定的、明确界定的类别。第三本书最后一部分探讨了apories分类(第6章)和政治后果,语言类的用法,这导致了语言基础上的社会分类(第7章)一书。如果不存在什么新意(作者所说的第一句话就断书)对于语言学的方法,批评,Malo Morvan做了一个无障碍的努力值得称赞。作者非常严谨,避免讽刺对手的立场,因为[结束页264]他避免捷径。这本书的缺陷(如果有的话)是由于一些重复。然而,当我们知道后者的教育价值时,我们可以说,这本书不仅针对学生,也针对更广泛的读者中好奇的人,可能会达到它的目标。Laurence Arrighi university of Moncton (NB), Canada版权所有©2023 American Association of Teachers of French
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
Classer nos manières de parler, classer les gens par Malo Morvan (review)
Reviewed by: Classer nos manières de parler, classer les gens par Malo Morvan Laurence Arrighi Morvan, Malo. Classer nos manières de parler, classer les gens. Commun, 2022. ISBN 979-10-95630-52-4. Pp. 280. Classer, c’est catégoriser, assigner une place. Appliqués notamment aux pratiques linguistiques, ces actes procèdent de logiques de hiérarchisation, d’inclusion, d’exclusion. Des personnes parleraient une langue, d’autres un dialecte, un patois, un baragouin. D’aucuns parleraient mal, d’autres bien et ces jugements sociaux sont intériorisés, naturalisés, y compris par ceux et celles qui en sont victimes. Malo Morvan entend contribuer à déconstruire cela. Son propos est argumenté, exemplifié, appuyé par les apports d’une sociolinguistique qui “consiste à manifester une vigilance envers les termes que nous utilisons communément pour désigner les groupes de locuteur·rice·s, en soulignant tant leur imprécision théorique que les effets politiques associés à leur usage” (14). Tout l’objectif de son ouvrage est là. En partie 1, Morvan montre que la notion de langue n’a aucune pertinence. Puisque les critères habituels utilisés pour la définir (intercompréhension, communauté linguistique) ne fonctionnent pas, il est plus fructueux d’identifier les présupposés que cette notion véhicule plutôt que de chercher d’autres critères définitoires (chapitre 1). Il montre ensuite que bien que la sociolinguistique se soit ingéniée à définir des facteurs qui font varier nos pratiques linguistiques (chapitre 2) et les formes que peuvent prendre les mélanges et influences langagières (chapitre 3), plusieurs notions (voir ci-dessous) élaborées dans cette perspective “ne résolvent pas vraiment les problèmes de la notion de “langue”, puisqu’elles en reproduisent la logique” (20). C’est l’opération de classification elle-même qui est à questionner: peu pertinentes scientifiquement, ce qui vient d’être montré, les classifications sur base langagière ont des répercussions sociales. Ainsi en partie 2, l’auteur revient sur ce travail des sociolinguistes qui ont cherché les facteurs de variation et des dénominations plus fluides (chapitre 4), ainsi que sur leur volonté de rendre compte du contact linguistique (chapitre 5). Finalement ces “nouvelles” notions (qu’elles soient usuelles comme dialecte, argot ou plus techniques comme langue Ausbau, langue Abstand) ne règlent rien puisqu’elles ne font finalement que déplacer ou rétrécir l’échelle d’application, en plus d’être souvent très mal comprises (ainsi celle de créole). C’est, on l’a compris, la démarche même de vouloir classer des pratiques langagières par nature complexes, évolutives, évanescentes, dans des catégories figées et bien délimitées qui est à interroger. La troisième et dernière partie de l’ouvrage envisage les apories de la classification (chapitre 6) et les conséquences politiques de l’usage des catégories linguistiques qui entrainent une catégorisation sociale sur base langagière (chapitre 7). Si l’ouvrage ne présente rien de nouveau (ce que dit l’auteur dès la première phrase du livre) pour les sociolinguistes rompus aux approches critiques, Malo Morvan a fait un effort d’accessibilité louable. Très rigoureux, l’auteur évite de caricaturer les positions adverses comme [End Page 264] il évite les raccourcis. Le défaut du livre (s’il en faut un) tient de quelques répétitions. Toutefois, quand l’on sait la valeur pédagogique de ces dernières, on peut avancer que l’ouvrage qui vise les étudiants et étudiantes mais aussi des personnes curieuses issues d’un public plus large, pourrait atteindre sa cible. [End Page 265] Laurence Arrighi Université de Moncton (NB), Canada Copyright © 2023 American Association of Teachers of French
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FRENCH REVIEW
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期刊介绍: The French Review is the official journal of the American Association of Teachers of French and has the largest circulation of any scholarly journal of French studies in the world at about 10,300. The Review publishes articles and reviews in English and French on French and francophone literature, cinema, society and culture, linguistics, technology six times a year. The May issue is always a special issue devoted to topics like Paris, Martinique and Guadeloupe, Québec, Francophone cinema, Belgium, Francophonie in the United States, pedagogy, etc. Every issue includes a column by Colette Dio entitled “La Vie des mots,” an exploration of new developments in the French language.
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GB/T 7714-2015
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