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{"title":"米歇尔·科洛的《自然的新感觉》(评论)","authors":"Jingwen Liu","doi":"10.1353/tfr.2023.a911374","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Reviewed by: Un nouveau sentiment de la nature par Michel Collot Jingwen Liu Collot, Michel. Un nouveau sentiment de la nature. Corti, 2022. ISBN 978-2-7143-1279-2. Pp. 256. Au début du livre, Michel Collot fait remarquer que la relation intime entre l’homme et la nature est perturbée par l’exploitation industrielle et la crise des ressources naturelles à travers l’évocation de sa propre expérience nostalgique de la nature. Pour remédier à la rupture avec la nature, l’auteur nous propose d’attacher de l’importance à l’expression du sentiment de la nature qui prend des formes inédites dans les arts et dans la littérature pour réformer nos façons de penser. Dans la première section, s’appuyant sur des réflexions philosophiques, l’auteur constate que plutôt que la subjectivité et le rôle dominant de l’homme, ce que le sentiment de la nature met en avant est une écosensibilité qui nous permet de prendre conscience d’une symbiose entre l’homme et d’autres êtres. Ainsi, “le territoire des sociétés humaines n’est pas un cadre extérieur” (80). En revanche, à travers un lien affectif, l’homme et son lieu de vie deviennent un continuum dynamique. La valeur affective des écosystèmes que l’écosensibilité sous-entend constitue le fondement de notre appréciation esthétique de la nature qui mobilise nos sensations et nos émotions. Dans la deuxième partie, l’auteur dissèque le lien entre l’homme et la nature sur le plan artistique. Plutôt que de collaborer avec la nature, l’artiste contemporain a un sentiment de fusion avec la nature. L’élément naturel n’est plus considéré comme “un simple matériau de la création artistique” (123) pour représenter les formes figées mais un véritable acteur et partenaire qui crée avec l’artiste. Avec l’émergence de la nouvelle vision du naturalisme intégral qui remplace l’anthropocentrisme, l’art écologique, qui se distingue de l’art contextuel et de l’art environnemental, nous rend plus sensibles à la beauté et à la fragilité de la nature. Selon Michel Collot, l’art écologique donne naissance à un nouvel humanisme qui se fonde sur une interaction féconde entre la nature et la culture, le sentiment et la raison. Avec la croissance d’une conscience écologique, non seulement l’art, mais aussi la littérature sont teintés de réflexions écologiques. Dans la troisième section, l’auteur présente l’histoire de l’évolution de l’ecocriticism et distingue l’ecopoetics du terme d’écopoétique adopté par les critiques francophones. Ce dernier fait valoir le rôle du langage littéraire dans la réinvention des interactions entre l’homme et la nature. D’après l’auteur, la littérature doit être avant tout poiesis. Elle devrait être capable de renouveler l’image de la nature et de défendre la nature par l’évocation des valeurs affectives de notre relation avec la nature. En mobilisant une sensibilité et un imaginaire, l’émotion du paysage, héritée du romantisme, pourrait être considérée comme une ouverture de l’âme et du corps vers le monde physique. Le lyrisme romantique est donc dérivé de la fusion de l’esprit humain avec le monde. Ainsi, le subjectivisme n’exclut pas l’ouverture au monde extérieur. L’homme est donc situé entre un dedans et un dehors, et dans cet entre-deux il est uni à ce qui l’entoure. Les réflexions philosophiques, artistiques et littéraires que l’on trouve dans ces trois parties en font un texte à la fois cohérent et érudit. [End Page 200] Jingwen Liu Zhejiang Normal University (China) Copyright © 2023 American Association of Teachers of French","PeriodicalId":44297,"journal":{"name":"FRENCH REVIEW","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Un nouveau sentiment de la nature par Michel Collot (review)\",\"authors\":\"Jingwen Liu\",\"doi\":\"10.1353/tfr.2023.a911374\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Reviewed by: Un nouveau sentiment de la nature par Michel Collot Jingwen Liu Collot, Michel. Un nouveau sentiment de la nature. Corti, 2022. ISBN 978-2-7143-1279-2. Pp. 256. 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Selon Michel Collot, l’art écologique donne naissance à un nouvel humanisme qui se fonde sur une interaction féconde entre la nature et la culture, le sentiment et la raison. Avec la croissance d’une conscience écologique, non seulement l’art, mais aussi la littérature sont teintés de réflexions écologiques. Dans la troisième section, l’auteur présente l’histoire de l’évolution de l’ecocriticism et distingue l’ecopoetics du terme d’écopoétique adopté par les critiques francophones. Ce dernier fait valoir le rôle du langage littéraire dans la réinvention des interactions entre l’homme et la nature. D’après l’auteur, la littérature doit être avant tout poiesis. Elle devrait être capable de renouveler l’image de la nature et de défendre la nature par l’évocation des valeurs affectives de notre relation avec la nature. 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Un nouveau sentiment de la nature par Michel Collot (review)
Reviewed by: Un nouveau sentiment de la nature par Michel Collot Jingwen Liu Collot, Michel. Un nouveau sentiment de la nature. Corti, 2022. ISBN 978-2-7143-1279-2. Pp. 256. Au début du livre, Michel Collot fait remarquer que la relation intime entre l’homme et la nature est perturbée par l’exploitation industrielle et la crise des ressources naturelles à travers l’évocation de sa propre expérience nostalgique de la nature. Pour remédier à la rupture avec la nature, l’auteur nous propose d’attacher de l’importance à l’expression du sentiment de la nature qui prend des formes inédites dans les arts et dans la littérature pour réformer nos façons de penser. Dans la première section, s’appuyant sur des réflexions philosophiques, l’auteur constate que plutôt que la subjectivité et le rôle dominant de l’homme, ce que le sentiment de la nature met en avant est une écosensibilité qui nous permet de prendre conscience d’une symbiose entre l’homme et d’autres êtres. Ainsi, “le territoire des sociétés humaines n’est pas un cadre extérieur” (80). En revanche, à travers un lien affectif, l’homme et son lieu de vie deviennent un continuum dynamique. La valeur affective des écosystèmes que l’écosensibilité sous-entend constitue le fondement de notre appréciation esthétique de la nature qui mobilise nos sensations et nos émotions. Dans la deuxième partie, l’auteur dissèque le lien entre l’homme et la nature sur le plan artistique. Plutôt que de collaborer avec la nature, l’artiste contemporain a un sentiment de fusion avec la nature. L’élément naturel n’est plus considéré comme “un simple matériau de la création artistique” (123) pour représenter les formes figées mais un véritable acteur et partenaire qui crée avec l’artiste. Avec l’émergence de la nouvelle vision du naturalisme intégral qui remplace l’anthropocentrisme, l’art écologique, qui se distingue de l’art contextuel et de l’art environnemental, nous rend plus sensibles à la beauté et à la fragilité de la nature. Selon Michel Collot, l’art écologique donne naissance à un nouvel humanisme qui se fonde sur une interaction féconde entre la nature et la culture, le sentiment et la raison. Avec la croissance d’une conscience écologique, non seulement l’art, mais aussi la littérature sont teintés de réflexions écologiques. Dans la troisième section, l’auteur présente l’histoire de l’évolution de l’ecocriticism et distingue l’ecopoetics du terme d’écopoétique adopté par les critiques francophones. Ce dernier fait valoir le rôle du langage littéraire dans la réinvention des interactions entre l’homme et la nature. D’après l’auteur, la littérature doit être avant tout poiesis. Elle devrait être capable de renouveler l’image de la nature et de défendre la nature par l’évocation des valeurs affectives de notre relation avec la nature. En mobilisant une sensibilité et un imaginaire, l’émotion du paysage, héritée du romantisme, pourrait être considérée comme une ouverture de l’âme et du corps vers le monde physique. Le lyrisme romantique est donc dérivé de la fusion de l’esprit humain avec le monde. Ainsi, le subjectivisme n’exclut pas l’ouverture au monde extérieur. L’homme est donc situé entre un dedans et un dehors, et dans cet entre-deux il est uni à ce qui l’entoure. Les réflexions philosophiques, artistiques et littéraires que l’on trouve dans ces trois parties en font un texte à la fois cohérent et érudit. [End Page 200] Jingwen Liu Zhejiang Normal University (China) Copyright © 2023 American Association of Teachers of French