Cartographies théâtrales alternatives

Pendant les années 1980 et 1990, le théâtre indépendant de Buenos Aires a connu un essor inédit. En attestent la multiplication des espaces de représentation, le nombre croissant de créations et d’artistes émergents, ainsi que la reconnaissance de ce théâtre aussi bien dans le champ local que sur le circuit international. Pour comprendre cet essor, il est indispensable d’inscrire le phénomène artistique dans la cartographie de la ville de Buenos Aires, en analysant, d’une part, les rapports entre l’activité théâtrale et la spatialité urbaine, et d’autre part l’influence des lieux de théâtre sur le travail des artistes et sur l’esthétique des œuvres.Cet article propose une réflexion sur les interactions entre activité théâtrale et espace urbain, dans le contexte de l’émergence et de la consolidation d’un nouveau circuit de salles de théâtre à Buenos Aires. Il s’agit d’un circuit alternatif (en termes de localisation géographique, de gestion administrative et de programmation) à celui des salles de spectacles publiques et privées, historiquement situées au centre-ville. L’analyse approche de trois manières la notion de cartographie : d’abord par la distribution géographique des salles sur la carte de la ville durant la période concernée ; deuxièmement en étudiant la cartographie affective qui se constitue autour de ces salles et de ces espaces pour les artistes et le public qui y assistent ; et troisièmement en apportant une réflexion sur une cartographie fictionnelle montrant de quelle façon la spatialité urbaine intervient dans la création théâtrale.